Charles Belmont sur fond de salle de cinéma programmant "Histoires d'A" (Mont. JEA/DR).
Page 34 de Libération, le 25 mai 2011, ce bref écho :
- "Charles Belmont est mort volontairement à Paris le 15 mai, à 75 ans (...) réalisant le Fratricide (1967), l’Ecume des jours (1968), Qui de nous deux (2006) et, surtout, Histoire d’A avec Marielle Issartel, film interdit et diffusé coûte que coûte en 1973, une date dans l’histoire du droit à l’avortement en France. Il a été inhumé lundi à Montparnasse."
Sauf erreur ou omission involontaires, pas d'autres articles dans la presse ni sur des blogs de cinéphiles et/ou de féministes.
Charles Belmont :
clap volontaire de fin
Charles Belmont :
clap volontaire de fin
Les lampions viennent à peine de s'éteindre à Cannes. Des lauriers vont fâner.
Le temps va continuer à collectionner ses naufrages.
Alors, juste cette page, comme un arrêt sur image.
Un au revoir à Charles Belmont qui filma ailleurs et autrement, ne mettant jamais ni ses pellicules ni le public en boîte. Pas un pilier de festivals ni un invité des émissions à paillettes. Un témoin incorruptible et un acteur engagé. Un homme libre et probe ne nous faisant pas du cinéma mais amoureux du septième art.
Retour en arrière.
Les féministes ne sont pas seules à s'être indignées quand en France, le Ministre des Affaires culturelles, le pacha Druon, censura les "Histoires d'A". Car ce film prenait sa part difficile dans les chocs de blocs composés par :
- celles et ceux réclamant pour la femme la liberté de choisir une interruption volontaire de grossesse,
- et un pouvoir estimant que des lois rédigées autrefois à l'eau bénite étaient intouchables !!!
- celles et ceux réclamant pour la femme la liberté de choisir une interruption volontaire de grossesse,
- et un pouvoir estimant que des lois rédigées autrefois à l'eau bénite étaient intouchables !!!
C'était en 1973.
Voici presque quarante ans, certes.
Depuis, sur le chemin des oublis, "Histoires d'A" a même perdu son S final...
Synopsis :
- "Un jeune couple dans un cabinet médical. Il s’agit d’une consultation précédant un avortement dans le centre d’orthogénie d’une grande ville de province. Cet avortement va se dérouler devant les spectateurs dans tout son réalisme.
Au-delà de ce qui devait être une court-métrage sur une méthode abortive, le film est l’histoire de la lutte des femmes pour rompre le silence."
Le synopsis du même film selon Toutleciné.com :
Au-delà de ce qui devait être une court-métrage sur une méthode abortive, le film est l’histoire de la lutte des femmes pour rompre le silence."
Le synopsis du même film selon Toutleciné.com :
- "Après une "efficace" démonstration de la méthode de l'avortement dite "par aspiration", un enchevêtrement de témoignages sur les problèmes sexuels, et spécialement sur l'avortement. Film fourre-tout ne traitant aucun aspect du sujet à fond, et dont la volonté militante en faveur de l'avortement ne peut être acceptée par les chrétiens."
Que ce site n'apprécie pas "Histoires d'A", représente le moindre de ses droits. Par contre, maquiller un avis critique et négatif en synopsis officiel, se veut une manipulation assez grossière. Enfin, "les chrétiens" relève de l'abusif, de la généralisation à la recherche d'un affrontement brutal.
Annie Buron :
- «Histoire d'A» (1973), A comme avortement, interdit pendant un an, jusqu'à la loi Veil, marque l'aventure Belmont. «Une partie de cache-cache avec les copies. Un vrai western», se rappelle-t-il."
(L’Express, 24 octobre 1994).
Affiche du film de Charles Belmont et de Marielle Issartel (DR).
Bruno Frappat :
- "L’avortement, décidément, vaut bien des tracas à ceux qui sont chargés de faire appliquer les lois, si désuètes soient-elles. Qu’il s’en pratique tous les jours — plus ou moins clandestinement — passe encore ! Mais qu’on y consacre un film, qu’on l’interdise et qu’il soit malgré tout diffusé, voilà qui dépasse l’entendement. Cela s’explique pourtant aisément. Il faut, en effet, se souvenir de l’importante mobilisation d’une partie de l’opinion en faveur de la liberté de l’avortement qui a abouti à ces centaines d’interruptions de grossesse qui ont lieu chaque semaine à partir de permanences bien connues et dont certains journaux, comme Actuel, ont même publié les adresses. Ces militants sont les mêmes qui assurent aujourd’hui le succès d’Histoires d’A. Rarement film aura bénéficié d’un réseau de distributeurs aussi nombreux et bénévoles."
(Le Monde, 22 février 1973).
MLAC :
- "Le film de Marielle Issartel et Charles Belmont, Histoire d’A, qui filme un avortement et des débats du MLAC, est interdit en novembre 1973 au motif de troubles à l’ordre public. Mais les réseaux militants vont permettre sa large diffusion. Pendant un an, le film est projeté illégalement dans les locaux du MLAC ou de syndicats, et dans des usines en grève."
(Copernic, 2005).
Ciné-Club de Caen :
- "Histoires d'A de Charles Belmont et Marielle Issartel, est un film emblématique de la lutte féministe pour la libéralisation de l'avortement. Réalisé en 1973, il est l'un des tout premiers à montrer un avortement réalisé selon une nouvelle méthode beaucoup moins dangereuse qu'auparavant, la méthode par aspiration, dite méthode Karman. Quoiqu'aussitôt interdit, il est diffusé malgré tout et fait un grand nombre d'entrées, s'inscrivant dans le grand mouvement de désobéissance civile de l'époque."
(Le cinéma français des années 70).
Laura Laufer :
- "Le film Histoire d’A de Charles Belmont et Marielle Issartel, en 1973, signe la plus grande affaire de censure de l’époque. Son interdiction par le ministre de la Culture, Maurice Druon, soulève l’indignation. Les luttes de femmes, les acquis nés de la grève générale de mai 68 ont le vent en poupe. Devant la saisie des copies du film par la police, les groupes femmes, le MLAC (Mouvement de la libération de l’avortement et de la contraception), les organisations politiques de gauche et d’extrême-gauche (à l'exception notoire du Parti communiste) organisent projections et diffusion militante. 200 000 spectateurs « sauvages » sont revendiqués.
(LCR, Montreuil).
Clémentine Autain :
- "Fin 1973, la méthode Karman pour avorter est popularisée par la projection militante du film Histoire d’A., réalisé par Charles Belmont et Marielle Issartel. L’interdiction du film fait scandale. Face à toutes ces manifestions, des voix s’élèvent de l’Eglise catholique, virulente, du conseil de l’ordre des médecins, plus nuancé, ou de l’association « Laissez-les vivre », pour qui « tout avortement est criminel »."
(Blog, 12 septembre 2006).
Films de femmes 70 :
- "S’inscrivant au cœur de la lutte pour l’avortement, les auteur-e-s montrent un avortement réalisé avec la méthode Karman, loin des clichés sordides et des préjugés sur les risques encourus. Transgressif, cru, le film est aussi une réflexion sur la condition des femmes et leur aliénation, faisant le lien entre la lutte pour l’avortement et la nécessité d’une lutte féministe globale."
- «Histoire d'A» (1973), A comme avortement, interdit pendant un an, jusqu'à la loi Veil, marque l'aventure Belmont. «Une partie de cache-cache avec les copies. Un vrai western», se rappelle-t-il."
(L’Express, 24 octobre 1994).
Affiche du film de Charles Belmont et de Marielle Issartel (DR).
Bruno Frappat :
- "L’avortement, décidément, vaut bien des tracas à ceux qui sont chargés de faire appliquer les lois, si désuètes soient-elles. Qu’il s’en pratique tous les jours — plus ou moins clandestinement — passe encore ! Mais qu’on y consacre un film, qu’on l’interdise et qu’il soit malgré tout diffusé, voilà qui dépasse l’entendement. Cela s’explique pourtant aisément. Il faut, en effet, se souvenir de l’importante mobilisation d’une partie de l’opinion en faveur de la liberté de l’avortement qui a abouti à ces centaines d’interruptions de grossesse qui ont lieu chaque semaine à partir de permanences bien connues et dont certains journaux, comme Actuel, ont même publié les adresses. Ces militants sont les mêmes qui assurent aujourd’hui le succès d’Histoires d’A. Rarement film aura bénéficié d’un réseau de distributeurs aussi nombreux et bénévoles."
(Le Monde, 22 février 1973).
MLAC :
- "Le film de Marielle Issartel et Charles Belmont, Histoire d’A, qui filme un avortement et des débats du MLAC, est interdit en novembre 1973 au motif de troubles à l’ordre public. Mais les réseaux militants vont permettre sa large diffusion. Pendant un an, le film est projeté illégalement dans les locaux du MLAC ou de syndicats, et dans des usines en grève."
(Copernic, 2005).
Ciné-Club de Caen :
- "Histoires d'A de Charles Belmont et Marielle Issartel, est un film emblématique de la lutte féministe pour la libéralisation de l'avortement. Réalisé en 1973, il est l'un des tout premiers à montrer un avortement réalisé selon une nouvelle méthode beaucoup moins dangereuse qu'auparavant, la méthode par aspiration, dite méthode Karman. Quoiqu'aussitôt interdit, il est diffusé malgré tout et fait un grand nombre d'entrées, s'inscrivant dans le grand mouvement de désobéissance civile de l'époque."
(Le cinéma français des années 70).
Laura Laufer :
- "Le film Histoire d’A de Charles Belmont et Marielle Issartel, en 1973, signe la plus grande affaire de censure de l’époque. Son interdiction par le ministre de la Culture, Maurice Druon, soulève l’indignation. Les luttes de femmes, les acquis nés de la grève générale de mai 68 ont le vent en poupe. Devant la saisie des copies du film par la police, les groupes femmes, le MLAC (Mouvement de la libération de l’avortement et de la contraception), les organisations politiques de gauche et d’extrême-gauche (à l'exception notoire du Parti communiste) organisent projections et diffusion militante. 200 000 spectateurs « sauvages » sont revendiqués.
(LCR, Montreuil).
Clémentine Autain :
- "Fin 1973, la méthode Karman pour avorter est popularisée par la projection militante du film Histoire d’A., réalisé par Charles Belmont et Marielle Issartel. L’interdiction du film fait scandale. Face à toutes ces manifestions, des voix s’élèvent de l’Eglise catholique, virulente, du conseil de l’ordre des médecins, plus nuancé, ou de l’association « Laissez-les vivre », pour qui « tout avortement est criminel »."
(Blog, 12 septembre 2006).
Films de femmes 70 :
- "S’inscrivant au cœur de la lutte pour l’avortement, les auteur-e-s montrent un avortement réalisé avec la méthode Karman, loin des clichés sordides et des préjugés sur les risques encourus. Transgressif, cru, le film est aussi une réflexion sur la condition des femmes et leur aliénation, faisant le lien entre la lutte pour l’avortement et la nécessité d’une lutte féministe globale."
Affiche de "L'Ecume des jours"
Un générique époustouflant : Annie Buron, Bernard Fresson, Samy Frey, Alexandra Stewart, Jacques Perrin, Claude Piéplu, Marie-France Pisier, Sacha Pitoëff, Delphine Seyrig… (DR)
Impossible, semble-t-il, de vous proposer un extrait des Histoires d'Avortements. La rareté même de "L' Ecume des jours" atteste du peu d'intérêt que Charles Belmont reçut en retour de ses créations.
Annie Buron :
- "En 1967, Belmont réalise «L'Ecume des jours», d'après le roman de Boris Vian (60 000 exemplaires vendus à l'époque; 4 millions aujourd'hui). Bertrand Blier, entre autres réalisateurs, s'y était en vain essayé. «C'est le coeur qui est resté», écrit Jacques Prévert. Dans cette comédie drôle et poétique, envahie par les nénuphars et louée par Jean Renoir, Sami Frey et Marie-France Pisier se disputent les brouillons de Jean-Sol Partre, Jacques Perrin s'agrippe à son pianocktail, et Godard veille. Il faut redécouvrir cette petite merveille."(L’Express, 20 octobre 1994).
Jean-Louis Bory :
- "En 1967, Belmont réalise «L'Ecume des jours», d'après le roman de Boris Vian (60 000 exemplaires vendus à l'époque; 4 millions aujourd'hui). Bertrand Blier, entre autres réalisateurs, s'y était en vain essayé. «C'est le coeur qui est resté», écrit Jacques Prévert. Dans cette comédie drôle et poétique, envahie par les nénuphars et louée par Jean Renoir, Sami Frey et Marie-France Pisier se disputent les brouillons de Jean-Sol Partre, Jacques Perrin s'agrippe à son pianocktail, et Godard veille. Il faut redécouvrir cette petite merveille."(L’Express, 20 octobre 1994).
Jean-Louis Bory :
- "Il faut retenir le nom du décorateur Auguste Pacé. C'est lui le triomphateur du film. Dans les beiges et dans les bleus, il a composé les harmonies du goût le plus exquis. Je ne suis pas près d'oublier la fabuleuse chambre aux nénuphars où Chloé meurt tout doucement du nénuphar qui l'étouffé : pièce où d'incroyables fleurs flottent dans des bulles de verre parmi des luisances d'aquarium, et, sur le lit, une belle au bois dormant sous enveloppe plastique qui nous propose, avec un pathétique atténué par l'humour, une image de la mort considérée comme une immersion douce dans un monde glauque et nacré."
(Le Nouvel Observateur, 13 mars 1968).
Nezumi :
- "L'adaptation au cinéma de ce roman complétement atypique était une entreprise folle.
Charles Belmont, réalisateur discret et presque inconnu réalise cependant l'exploit de rendre la poésie du livre, à l'aide de grands acteurs, alors débutants. Le film eut peu de succès, en parti éclipsé par les évènements prenant naissance en mars 1968. Même Charles Belmont, le réalisateur, préfère l’ambiance des barricades à celle des salles obscures et ne défend pas son film, baisse les bras. Il se sent à peine concerné par la présentation de son film au Festival de Venise."
(Blog, 6 mai 2011).
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