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Pierre de la mémoire, inaugurée le 16 juillet 2005 face au site du Camp pour juifs des Mazures, Ardennes de France (Ph. JEA/DR).Cette Pierre répond à Soazig Aaron qui, dans "Le non de Klara" (1), écrit :
- "Les images, il faut les convoquer. Ici, rien ne rappelle sauf ... sauf les cauchemars..."
Et quels cauchemars résumés en quelques mots au relief douloureux :
Plaque apposée sur la Pierre de la mémoire aux Mazures
.............................Ici se dressa de juillet 1942 à janvier 1944
......................................le « Judenlager » des Mazures
...............................antichambre de la mort avant Auschwitz
..........................Près de 300 déportés juifs d'Anvers ( Belgique)
...............................furent mis au travail forcé dans ce camp
............................ 237 sont morts ensuite à Auschwitz-Birkenau
..........................Bergen-Belsen Buchenwald Dachau Flossenbürg
...............................Mauthausen Natzwiller Teresienstadt
........................................27 survécurent aux camps
............................2 furent fusillés en Belgique après évasion
........................................22 réussirent leur évasion
.......................« Visiteur, observe les vestiges de ce camp et médite
........................ de quelque pays que tu sois, tu n'es pas un étranger.
.............................. Fais que ton voyage ne soit pas inutile,
.............................. que notre mort n'ait pas été inutile... »
............................................................................................Primo LEVI
Six années de recherches furent nécessaires, de 2002 à 2008 pour retrouver les identités de tous les déportés des Mazures. Puis leur destin individuel. En précisant autant que possible sur base d'archives en majorité originale et des derniers témoignages, les conditions d'internement et de mise au travail forcé de ces Anversois dans la "zone militaire interdite" des Ardennes (2). Ce travail de mémoire s'inscrivait dans un contexte donnant le vertige : un camp racial resta "oublié" soixante ans alors qu'il représentait un cas unique en Champagne-Ardenne et dans le contexte de la déportation depuis la Belgique de juifs vers cette zone de la France occupée.
Si par hasard ou par nécessité, vos pas vous conduisaient devant l'actuel terrain de football des Mazures et que vous ayez emporté "Les Angles morts", roman d'Alain Fleischer (3), n'hésitez pas à l'ouvrir à la page 75 :
- "Nous faisons partie de ceux qui ont continué d'exister après la destruction. De ce monde irrémédiablement perdu, chacun de nous garde des souvenirs et chacun de nous est là avec autour de soi un monde qui s'est absenté. De ce monde, nous sommes les derniers dépositaires, les derniers héritiers."
Les souvenirs qui appartiennent à ce coin de terre enfoncé dans une forêt aussitôt touffue, bordé à droite par la route de Revin et surplombant le village se creusant jusqu'à son ancienne "Place des Juifs" (4), ces souvenirs sont imprégnés des couleurs et des douleurs d'un Judenlager qui griffa ce paysage avec ses barbelés et ce, de 1942 à 1944.
Prononçant le discours d'inauguration de la Pierre, Yaël Reicher, présidente de l'Association pour la Mémoire du Judenlager des Mazures et fille de rescapé, salua à juste titre la mémoire d'Ardennais qui enrayèrent la mécanique impitoyable de la Shoah :
- "Malgré les petits moyens dont ils disposaient, ces résistants de la région ardennaise ont réussi, au péril de leur propre vie et de celles de leurs familles, à déjouer les plans d’extermination et à vaincre les projets antisémites de la machine de guerre nazie. Ils n’ont jamais cessé de croire en une cause juste. Leur courage et leur intégrité évoquent pour moi, en tant qu’enfant d’un survivant des Mazures, des sentiments intenses d’humble admiration.
Emile Fontaine, magnifique personnage (5). Capitaine FFI, connu sous le nom de guerre Tanguy, grande âme courageuse de la résistance ardennaise et personnage juste qui a sauvé des dizaines de vies, dont la vie de mon père, Emile Fontaine a été abattu lâchement par des assassins de la Gestapo, Emile Fontaine était entouré d’un réseau de gens remarquables, parmi eux je veux citer Madame Mireille Colet-Doé, Madame Marie Arnould-Jacques, Mr et Mme Léon Devingt, Mr et Mme Gaston Doé, Mme Marguerite Henon."
Hélas, Mireille Colet-Doé vient de s'éteindre. A lire les souvenirs qu'elle nous laisse, vous comprendrez que tout oubli soit inconcevable !
Le sourire de Mireille Colet-Doé, Les Mazures, août 2002 (Ph. JEA/DR).
Des Ardennais devenus des "boches du Nord"...
Mireille Colet-Doé naquit aux Mazures, le 26 juin 1914. Sous le signe d'une France entamant déjà sa seconde guerre contre les Allemands. Sa toute petite enfance se déroulera donc dans une région occupée et dont les vaincus ne se retireront en 1918 qu'après un pillage économique et des destructions systématiques.
La vocation de cette Ardennaise, sera précoce et s'affermira au fil des ans. Mireille rêve de travailler avec et pour les enfants. Afin de concrétiser ses aspirations, elle veut décrocher son diplôme d'institutrice. Et quand Mireille veut... Après l'Ecole Normale à Charleville, la voici qui entame ses premiers cours par des remplacements et autres affectations provisoires. Sa première année scolaire stable sera celle de 1938-1939, aux Vieilles Forges.
1938 représente donc une année mémorable pour elle, d'autant qu'elle se marie le 28 août avec Arthur Colet, de nationalité belge.
Puis, en 1939, l'institutrice est nommée aux Mazures. Elle va pouvoir laisser s'épanouir et s'approfondir ses qualités pédagogiques dans son village natal.
Hélas, l'Europe replonge dans le nihilisme. Le Nazisme a non seulement fourbi les armes de la revanche sur 14-18 mais va imposer son idéologie profondément antidémocratique, colonialiste et raciste.
Dès le 10 mai 1940, les Mazures sont traversées par des colonnes de Belges prenant les chemins de l'exode.
Le 12 mai avant que la cloche ne sonne le début des cours, des avions allemands survolent à basse altitude le village. L'école est fermée en toute urgence. L'institutrice explique aux gosses que ces avions peuvent les bombarder et que rester en classe pourrait se traduire par une hécatombe.
Le gouvernement de la IIIe République avait fixé un plan d'évacuation des Ardennais pour leur éviter les affres d'une occupation telle que celle subie moins de trente années plus tôt. Le 13 mai, la famille Doé part vers la Vendée où se replie la préfecture des Ardennes. La jeune institutrice se retrouve à La Tranche-sur-Mer et se présente aussitôt au directeur de l'école. De l'accueil reçu, ou plutôt des affronts subis, elle gardera un souvenir aussi vivace que blessant :
- "On nous appelait les Boches du Nord... Alors que je veux reprendre des fonctions d'institutrice, le directeur me demande si je viens prendre des vacances au bord de l'océan ? Heureusement, à La Tranche, les gens simples comprennent que nous avons été obligés de tout abandonner derrière nous et que nous sommes en état de détresse..." (6)
Et l'époux de Mireille ? Arthur Colet a été mobilisé sous l'uniforme de l'armée belge. De la campagne de dix-huit jours face aux envahisseurs allemands, il ne connut qu'une longue retraite sans combat. Le roi Léopold III se rend alors contre l'avis de son gouvernement qui s'exile à Londres. Arthur rejoint les colonnes de prisonniers de guerre pour se retrouver derrière les barbelés du Stalag 2C en Poméranie. Désormais, il sera le matricule 34 609.
En mai 1941, le père de Mireille n'en peut plus de rester bloqué loin des Ardennes. Il décide que la famille va prendre la route inverse. Mais l'une des conséquences de l'occupation se traduit par une ligne de démarcation le long de l'Aisne. Les Mazures figurent dorénavant en "zone militaire interdite". Les Ardennais ne peuvent plus rentrer chez eux... Au volant de sa voiture, le père finit néanmoins par pouvoir traverser l'Aisne à Vouziers et ce, malgré les contrôles allemands. Son bébé dans les bras, Mireille est repoussée. Il lui faudra attendre un changement de garde pour qu'une seconde tentative aboutisse. Elle retrouve ses terres ardennaises.
Son constat : "On est revenu en fraude. Nous étions indésirables."
Les Mazures ont triste allure. L'ancienne institutrice en chef, atteinte par la limite d'âge, confie sa charge à Mireille. Dans sa classe se rassemblent une trentaine de gosses entre quatre et sept ans, non seulement des enfants du village mais aussi des petits citadins écartés des villes où l'on craint les bombardements aveugles.
A la Pentecôte 1942, Arthur est rapatrié en Belgique par train sanitaire s'arrêtant à Anvers. Des bords de l'Escaut, il est transporté dans sa famille qui habite à Lesve (province de Namur). Reste à organiser son retour auprès de son épouse aux Mazures. Les petits chemins par les forêts qui ignorent les frontières, se prêtent à cette dernière étape clandestine.
Anvers vient d'apparaître pour la première fois dans la vie de Mireille, comme une prémonition de la suite...
Déportés du Judenlager des Mazures, photo prise à l'été 1943 devant l'un des baraquements du Camp (Arch. JEA/DR).
Mireille Colet : "C'était tellement hallucinant...."
Le 18 juillet 1942, les Mazures entrent dans l'histoire de la Shoah. 288 juifs d'Anvers y sont déportés pour y construire leur propre camp en bordure de forêt. L'Organisation Todt (7) a obtenu du Haut commandement militaire allemand de Bruxelles des travailleurs forcés pour la fabrication de charbon de bois destiné aux gazogènes indispensables à l'effort de guerre du IIIe Reich.
L'institutrice : "Des maisons, dont l’ancien prieuré, sont réquisitionnées par les Allemands. Les officiers se réservent l’Hôtel St-Hubert. Aux premiers contacts, ces occupants n’avaient pas l’air « terribles ».
Nous, aux Mazures, nous ignorions ce qui se préparait mais comment ne pas remarquer le transport sur place de grillages et de matériels divers. Des barbelés sont dressés en bordure de la route de Revin, empêchant de voir en profondeur. Vite, nous comprenons que ce nouveau Camp doit rester secret."
Automne 1942. Un samedi soir. On frappe à la porte des époux Colet, rue Martin Marche. Mireille vient ouvrir et à son plus grand déplaisir se trouve face à un habitant du village qui traîne derrière lui la réputation de "fricoter" avec les Allemands. Lequel est accompagné d'une inconnue âgée entre vingt-cinq et trente ans.
Le collabo : " Voici une Dame dont le mari est au Camp. Elle vient d'Anvers et voudrait le voir..."
L'institutrice : "Ça m'ennuie beaucoup, mais je ne vois pas du tout comment je lui viendrais en aide. Et personnellement, je ne connais personne qui puisse le faire. Désolée..."
Voyant le visage de la jeune femme envahi par le désespoir, Mireille invite néanmoins celle-ci à entrer, tout en laissant à la rue le personnage louche : "Vous n'allez pas rester dehors à la nuit, si loin de chez vous."
Lorsqu'elles se retrouvent seules, à l'abri d'oreilles indiscrètes, la Mazuroise explique sans autres précautions comment le "fricoteur" ne cesse de rendre régulièrement des "services" aux Allemands et ne mérite pas un gramme de confiance. Par contre, le courant passe vite entre ces femmes qui découvrent partager la même passion : l'enseignement. Toutes deux sont institutrices et portées par des idéaux communs. Mireille : "Je m'en sens très proche. Elle est petite, un peu effacée, pour tout dire : timide. On ne se trompe pas quand on la devine avec une éducation de qualité " !
L'autre institutrice, Mme Casserès, vient d'Anvers et bien que Néerlandophone, parle aussi le Français. Elle se confie. Son mari a été ramassé par les Allemands à Anvers. Depuis, la vie est devenue très difficile dans la métropole, notamment à cause des problèmes de ravitaillement. Mais jamais la visiteuse du soir n'évoque l'antisémitisme. Pas une fois elle ne prononce le mot "juif" et Mireille adopte le même silence.
Mme Casserès est aux Mazures car elle a décidé de voir où a été déporté son époux. Et même, si possible, elle souhaiterait tellement ne serait-ce que le voir !
Ici une brève parenthèse. Mme Casserès a donc pris le train d'Anvers à Bruxelles. Elle change de gare dans la capitale. Puis monte dans un autre train jusqu'à Revin (passage de la frontière à Givet), localité mosane. Enfin à pied sans doute, montée sur plusieurs km jusqu'aux Mazures. En pleine "zone militaire interdite" et donc totalement fermée à toute personne juive (obligatoirement stigmatisée par l'étoile). On imagine le nombre de contrôles entre Anvers et les Ardennes de France.
Malgré quoi, Mme Casserès, portée par son amour, arrive un soir, dans l'inconnu, sans logement prévu (le seul petit hôtel des Mazures est réservé aux occupants), sans possibilité de retour le soir-même.
Mireille Doé évoque alors son frère, Gaston, un coquetier qui monte parfois au Camp à la demande des Allemands. Elle sait que Gaston, malgré les interdictions formelles, a des contacts avec des déportés. Mais sans plus. Car à l'intérieur même des familles, régnait une certaine loi du silence.
L'institutrice : "On ne parlait pas trop. Les Allemands avaient des moyens pour faire parler. Alors, il était préférable d'en savoir le moins possible. C'était par sagesse".
Mis au courant, Gaston réagit aussitôt. Et revient dans la nuit avec une proposition concrète : que Mme Casserès se rende le lendemain tôt matin le long du grillage du Camp, côté route de Revin.
Dimanche matin, deux silhouettes de femmes se glissent dans le petit brouillard. Mireille Colet-Doé et Mme Casserès. Elles montent la côte assez raide partant du village pour aller vers la Meuse. Au sommet, à gauche, une extrémité du camp (sans miradors mais avec des barbelés de deux mètres de haut et un fossé). Derrière la clôture, un homme vêtu de sombre. Il appelle : "Casserès, kom..."
L'Anversoise se faufile dans les brumes. Mireille revient sur ses pas. Soixante années plus tard, son émotion est restée intensément intacte : "C'était tellement hallucinant. Cette petite femme devant un Camp. J'éprouvais plein de sympathie pour elle. Mon mari venait de revenir du stalag. Ce n'était pas le bonheur. Il y avait connu les paillasses à vermine. Il en était revenu gravement malade. Et ces hommes-là ? Ceux du Camp ! Qu'allait-on en faire ? Quel sort les attendait-il ? On parlait de Silésie..."
L'institutrice, août 2002 (Ph. JEA/DR).
"C'étaient des juifs, et alors ?"
Madame Casserès reviendra dans l'après-midi et recevra l'hospitalité pour une seconde nuit. Le temps pour elle de confier le témoignage reçu de son époux :
- "Les déportés subissent des brimades, des punitions et même sont plongés dans un sadisme ambiant. Lorsqu’un détenu n’a pas respecté à la lettre le règlement, on les réveille tous à minuit. Les juifs sont rassemblés. Ils sont obligés de monter sur un tas de sable forcément instable. Avec des quarts remplis d’eau à ras bord. Gare aux maladroits !!!
Les internés se vengent parfois à leur manière. A la saison, les Allemands qui les font travailler dans les bois, les obligent à cueillir les myrtilles dans de grands seaux. Avec interdiction formelle aux juifs de se nourrir au passage. Les traces laissées inévitablement autour de la bouche par ces baies à la coloration têtue, les auraient dénoncés. Alors, faute de pouvoir en manger, les détenus « pissaient » allègrement dans les seaux...
Une évasion réussie est évoquée (8). Dix déportés sont choisis par les Allemands pour une punition exemplaire et sont réunis face à leur compagnons. Un marchandage leur est soumis. Un seul d’entre eux dit ce qu’il sait et il n’y aura pas d’exécution capitale. Sinon... Silence total dans les rangs. En conséquence, il est annoncé qu'un otage va tomber devant un peloton d'exécution. Aussitôt, dix volontaires lèvent la main !
Les Allemands sont médusés. Personne ne sera abattu mais ces dix camarades solidaires seront maltraités par la suite, question pour l’occupant de ne pas perdre ni la main ni la face... (9)"
Mme Casserès retourne à Anvers. Le 5 janvier 1944, Abraham, son mari, s'évade avec neuf de ses camarades à Sault-les-Rethel du convoi Charleville-Drancy les conduisant vers la mort. Il est pris en charge par le groupe d'un résistant ardennais, Emile Fontaine qui l'évacue vers Anvers. En effet, Abraham est persuadé que les nazis et leurs collabos le chercheront partout sauf... chez lui. Son épouse continue à donner ses cours tandis que le mari reste caché au domicile conjugal, appliquant un silence total.
Ce n'est qu'en 1955 ou en 1956 que Mireille Colet-Doé entend frapper à sa porte lors de congés scolaires. 1942 est soudain de retour ! Un silence. Depuis le pas de la porte, un couple lui sourit.
Mireille est autant surprise qu’heureuse. Et dans son for intérieur, cette évidence : "Ainsi, il a réchappé. Je vois cet homme devant moi et je le croyais mort..."
Elle découvre que "Casserès" n’est pas un prénom mais bien le nom de famille du rescapé. Son épouse, quant à elle, est née Joanna Speeck.
Profitant des vacances, le couple est descendu jusqu’à Nice. Mais sur ce balcon de la Méditerranée, se prélassent également des Allemands. Mme Casserès se montre indulgente et pense qu’une réconciliation n’est pas de l’ordre de l’impossible. Mais pour Abraham, il n’y a ni oubli ni pardon.
Le couple quitte donc le Sud et retrouve finalement les routes ardennaises. Il plante sa tente au beau milieu du site qui fut celui du Camp des Mazures. Les baraquements ont totalement disparu. Mais l’espace défriché rappelle le passé récent.
Après une nuit passée en bordure de forêt, le couple Casseres revient donc chez Mireille...
Tous deux lui remettent un 45 t enregistré sous le titre : "The years you’ve given me" (10). En effet, Abraham a abandonné son métier de dentiste pour se lancer dans des créations artistiques. D’où cette chanson accompagnée par l’orchestre de S. Railey et publiée chez "Encore Records".
Sur le disque, d’une écriture très ronde, cette dédicace à Mireille : "Amitiés".
Dernière parenthèse pour rappeler que la moindre aide apportée à des juifs en ces périodes de persécution, entraînait la peine de mort alors que tout au contraire, leur dénonciation était largement encouragée et récompensée. Mireille (11) n'a pas hésité : "C’étaient des juifs, et alors ? Ici, aux Mazures, il n’y avait pas de place pour des histoires de races, de religions... Nous n’étions pas racistes !"
16 Juillet 2005, salle des fêtes de la Commune. Présidente de l'Association pour la mémoire du Judenlager des Mazures, Yaël Reicher remet un Parchemin de la reconnaissance à Mireille Colet-Doé (Ph. Marie-France Barbe/DR).
NOTES :
(1) Soazig Aaron, Le non de Klara, M. Nadeau, 2002, 180 p.
Présentation de l'Editeur :
- "Ce récit se présente sous la forme d'un journal, celui d'Angélika, l'amie et belle-sœur de Klara qui revient d'Auschwitz à Paris après une déambulation à travers l'Europe en août 1945. Le journal s'organise autour de la parole de Klara qui, jour après jour, pendant un mois, dévoile ce qu'elle a vécu. Pas de lamentations, mais elle dit froidement, avec force et violence, sa stupeur et sa colère permanente, son incapacité à accepter les codes de la vie redevenue normale. Elle refuse de revoir sa fille de trois ans et partira, au bout d'un mois, en Amérique. Il existe peu de récits sur le retour des déportés et leur difficile réadaptation à la vie quotidienne."
(2) Immédiatement après l'invasion allemande, cette zone se trouve délimitée par une "ligne Hitler", qualifiée aussi de "ligne noire". Pour les Ardennes, celle-ci suit les méandres de l'Aisne.
Les Ardennais partis en exode se voient interdire le franchissement de cette ligne.
Parallèlement, les forces d'occupation constatent forcément des fermes et des terres à l'abandon. En conséquence, il est procédé à l'implantation de civils allemands ayant à leur service des travailleurs juifs (de la région parisienne). 110.000 hectares seront touchés par cette réelle colonisation agricole.
(3) Alain Fleischer, Les Angles morts, Seuil, 2003, 409 p.
4e de couverture :
- "Pour célébrer le trentième anniversaire de leur baccalauréat - promotion de 1943 -, des Hongrois, depuis lors dispersés à travers le monde, se retrouvent à Budapest. En dépit du temps passé, de la séparation et des calamités de l'Histoire, les affinités électives jouent à nouveau. Un quatuor d'anciens amis se reconstitue, auquel manque pourtant l'un des frères jumeaux Wildenstein, que représente sa fille, la jeune Gabriela, amenée là par l'autre frère, son oncle. Les quatre personnages - trois hommes mûrs, dont le narrateur Mor Steinberg, et la jeune fille - prolongent la fête des retrouvailles par un voyage dans la puszta hongroise, sous la conduite de celui d'entre eux qui est resté au pays: Jakub. La ferme perdue, où ils vont passer quelques jours et quelques nuits au coeur de l'été, est comme une porte qui s'ouvre sur la continuité des steppes, jusqu'à des espaces qui contiennent certains replis du temps. Peut-être est-ce là que, chaque jour, la jeune Gabriela disparaît pour ne réapparaître qu'à la nuit, et entraîner le narrateur, qui fut l'amoureux malchanceux de sa mère, dans une initiation réclamée à l'homme mûr, à qui elle offre ainsi cette revanche du destin. Mais la grande plaine de l'Europe centrale est aussi le lieu d'autres phénomènes, où nos voyageurs sont les témoins d'une résistance de l'ancien monde à sa propre disparition. Ce roman, qui se joue des époques, projette sur les lieux du désastre des ombres où ce qui fut détruit trouve une étrange lumière pour réapparaître."
(4) Après la libération, aux Mazures, la "place des Juifs" fut rebaptisée : "place Charles-de-Gaulle"... Tout comme le site du Camp fut "recyclé" en terrain de football.
(5) Conséquence des recherches menés sur l'histoire de ce Judenlager des Mazures, une cérémonie de reconnaissance de trois Justes parmi les Nations se déroula le 3 décembre 2007 à Paris. Ainsi était officiellement reconnu le sauvetage d'évadés du Camp par Emile Fontaine ainsi qu'Annette et Camille Pierron.
Lire : Revue Historique Ardennaise, Exode, Résistance, Déportation en 1940-1945 : des témoignages inédits, JEA, Trois Justes dans l'histoire du Judenlager des Mazures, Tome XL, Année 2008.
(6) Témoignage recueilli aux Mazures les 6 août 2002 et 20 octobre 2003.
(7) Organisation chargée de l'infrastructure, de la défense et de la production industrielle du IIIe Reich. Se spécialisa dans l'exploitation des territoires occupés.
(8) Attestée par un Rapport de Gendarmerie, cette évasion date du 13 septembre 1942 (Archives départementales des Ardennes, IW33).
(9) Un rescapé, Vital Lieberman, dans un "Rapport : Camp des Mazures" remis aux autorités belges en 1970, décrit précisément les mauvais traitements évoqués ici (Service des victimes de la guerre, Bruxelles).
(10) Mes remerciements répétés à François Lorent. Archiviste de la ville de Revin, il fut le premier professionnel français à ne pas classer verticalement mes appels à références sur les Mazures. Beau-fils de Mireille Colet-Doé, il prépara l'écoute de celle-ci, un témoignage qui prouva combien étaient peu crédibles les bruits répétés selon lesquels le Judenlager n'était jamais qu'un camp "douteux". Lors de nos échanges, François Lorent me remit notamment une copie de cet enregistrement d'un Casserès devenu compositeur et chanteur crooner.
Que Marlène Lorent-Colet et Français Lorent trouvent ici l'expression de ma sympathie la plus respectueuse.
(11) La figure de Mireille Colet-Dohé est évoquée dans les travaux suivants :
- Revue Historique Ardennaise, Tome XXXVI, Années 2003-2004, JEA, Le Judenlager des Mazures : juillet 1942-janvier 1944, 325 p.
- TSAFON, Revue d'études juives du Nord, N°46 automne 2003 - hiver 2004, JEA, Les Mazures, un camp de juifs en Ardennes françaises, 219 p.
- TSAFON, Revue d'études juives du Nord, n°3 hors-série - octobre 2007, JEA, Mémorial des déportés du Judenlager des Mazures, 155 p.
Ombres de parents et de descendants de déportés sur le site du Judenlager des Mazures (Ph. JEA/DR).
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