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A quand le retour à la lumière naturelle ? (Ph. JEA/DR).
un matin
sans la plus petite fenêtre
... à l’horizontale
sur une table artificielle
et sous les ampoules métalliques...
le valétudinaire amer
étendu de tout son large
dans un théâtre
aux rideaux et aux miroirs
de neige mélancolique
des acteurs costumés en facteurs
collectionnent les pertes
de mémoire et les plumes
de corbeaux albinos
les arbres se sont débranchés
et ne répondent plus
le chemin s’est arrêté
sur une aire de rien
quel écho jettera-t-il la pierre
aux ombres nouvelles
qui goudronneront le paysage ?
le suivant ira plus loin
mais n’en reviendra pas
le dernier oubliera
jusqu'au visage du premier
et le silence d'un survivant
restera infiniment
déchiré par les tourments
Lieux et banlieues de mémoire (Ph. JEA/DR).
Autres poèmes éparpillés dans ce blog ? Cliquer : ICI.
juste comme ça
RépondreSupprimerBeau poème
Lieux de mémoire, mémoire des lieux, des faits, des vivants et des morts.
RépondreSupprimer@ brigetoun
RépondreSupprimerRené Char :
- "La poésie vit d'insomnie perpétuelle."
@ Dominique Hasselmann
RépondreSupprimerWislawa Szymborska :
- "Je crois en la main suspendue
je crois en la carrière brisée
en des années de travail pour rien
je crois en un secret emporté dans la tombe.
Ces mots planent très au-dessus des formules."
Cher JEA
RépondreSupprimerles "lieux de mémoire", plus que dans les livres, nécessaires pourtant, s'entretiennent sur les tables métalliques, dans les lieux sans fenêtre
Pour un poème de vie...
@ chère Coumarine
RépondreSupprimerMilosz :
- "J'ai porté sur ma poitrine le poids de la nuit, mon front a distillé une sueur de mur.
J'ai tourné la roue d'épouvante de ceux qui partent et qui reviennent. Il ne reste de moi en maint endroit qu'un cercle d'or tombé dans une poignée de poussières."
"Un cercle d'or tombé dans une poignée de poussières", d'autres s'en pareront ou s'empareront. Qu'importe, ils en vivront.
SupprimerCher JEA, pour vous:
RépondreSupprimerWislawa Szynborska (extrait de Torture)
Tout cela sous un ciel par nature incéleste
Où se couche le soleil sans se coucher du tout,
Se cachant sans le faire derrière un nuage qui s'ignore,
Agité par le vent, sans raison que le souffle.
Une seconde qui passe.
Une autre seconde.
Une troisième seconde.
Mais il ne s'agit que de nos trois secondes.
Le temps passe tel un messager avec une nouvelle urgente.
Mais cette métaphore nous appartient en propre.
Personnage fictif, empressement factice,
Et nouvelle inhumaine.
(1986)
et aussi ce que j'appelle "éternité du messager-vent", un mobile réalisé par un ami galicien et qui se trouve chez lui, face au Portugal, face à l'océan:
http://www.youtube.com/watch?v=SVhFWM7ahH0
@ chère Colo
RépondreSupprimerJulos Beaucarne :
- "Un enfant veut répondre,
Il a levé le doigt dans une vieille école qui n’existe plus
La neige a fondu sous les bancs
Il fait chaud comme à l’écurie
Et l’instituteur a souligné tous les verbes à la craie bleue
L’enfant qui veut répondre fait claquer ses doigts tachés d’encre violette
Dans une vieille école qui n’existe plus..."
Je suis restée à coté de ce poème, songeant aux hasards qui s'ouvrent parfois au détour des allées goudronnées. J'ai songé que rien ne sert de rien et que cette certitude encore moins. Les vies ne sont rien d'autre qu'à vivre.
RépondreSupprimerJe vous embrasse.
Au passage.
Les arbres débranchés sont-ils capables de voler ou restent-ils absorbés dans une méditation, une prière bien plutôt, pour adoucir l'amertume des lieux de fragilité.
RépondreSupprimerR. Char: "L'eau est lourde à un jour de la source"....
RépondreSupprimerPuisons encore !
Je relis et relis votre poème, y trouve à chaque lecture une nouvelle fenêtre
Vertige
@ anita
RépondreSupprimerP. Austin-Grenier :
- "Travestir le temps qui passe et qui nous reste hostile, pour soi-même demeurer et, par une minuscule faille dans l'écorce des jours, dérober un brin de folie pour enfin respirer un air de liberté, voilà bien le seul programme digne de tenir l'affiche une vie durant, non ?"
@ zoé lucider
RépondreSupprimerJ. Renard :
- "La vie émouvante d'un arbre qui s'agite désespérément pour faire un pas."
@ Isabelle C .
RépondreSupprimerSchopenhauher :
- "Vous n’avez aucune chance mais saisissez-la..."
J'ai dressé mes deux mains par-dessus les chimères
RépondreSupprimerEt tous les noirs démons inconjurés du monde.
Puis m'étant détourné de leurs gueules immondes,
J'ai rejoint mon exil au coeur de la lumière.
MariaNéféli "Odysseus Elytis"
ah oui, "valétudinaire" joli mot ! si proustien...
RépondreSupprimeret le "étendu de tout son large" est une vraie trouvaille !
@ Danièle Duteil
RépondreSupprimerPierre Dalloz :
- "Se savoir exilé dans l'exil..."
@ madame de Keravel
RépondreSupprimer"égrotant" me semblait trop plombé négativement
et surtout moins euphonique...
Sans fenêtre on respire mal
RépondreSupprimerheureusement au théâtre le rideau se lève
vivre survivre revivre
au moins laisser une porte ouverte
à l'ami, l'amie qui passe
vous embrasser
@ Tania
RépondreSupprimerpromis, lundi je demande que la porte blindée puisse s'entrouvrir et que des tabliers spéciaux soient prévus (tabliers pas du tout au sens travaux ménagers) pour l'amie, l'ami s'aventurant dans les bas fonds....
un monde sclérosé par l'absence d'ouverture, ça fait peur...
RépondreSupprimer@ MARIE
RépondreSupprimerEttore Scola :
- "Nous voulions changer le monde. Mais c'est le monde qui nous a changés..."
si même les arbres se mettent à se débrancher...
RépondreSupprimer;-)
@ Lautreje
RépondreSupprimerà lire vos aventures, c'est toute la Corse qui était débranchée quand vous y fûtes invitée...
Ces visions de l'absurde sont de toute beauté !
RépondreSupprimerVotre regard acéré ne laisse aucune chance à l'approximation.
@ saravati
RépondreSupprimerCamille Laurens :
- "Je ne crois pas à l'âme, oh non, mais j'ai pitié des corps..."