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Affiche du film de Valérie Gaudissart (DR).
Violette :
- "Alors, aujourd’hui 24 mai,
ça fait 1000 jours que Mamie est morte,
1 quinquénat que Papa ne vote plus communiste,
87 ans que Rosa Luxemburg a été assassinée
et 2 jours que je chausse du 35."
Synopsis :
- "Violette, sa fougue et ses onze ans disparaissent une belle nuit et filent à la gare acheter un billet pour partir loin. Dans son cartable : l'urne des cendres de sa grand-mère communiste et adorée, un livre d'histoire-géo de 6ème, un paquet de Choco BN entamé et les Lettres de prison de Rosa Luxembourg. Rosa la Rouge, son idole révolutionnaire, sa boussole, sa mission.
Violette fera de sa fugue de 4000 kilomètres sur les pas de sa figure tutélaire un bien curieux et singulier voyage initiatique…"
Valérie Gaudissart :
Réalisatrice et scénariste de courts métrages tels que « Apesanteurs » (1999), « Mes insomnies » (2001), « Céleste » (2005), de documentaires « Eau-delà des flaques » avec Denise Colomb (1991), « Allegretto » (1993), « Des passerelles entre vous et moi » (1997), Les Mains nues » (2009) et d'un premier long-métrage, « Ich-bin-eine-terroristin » (2010).
Valérie Gaudissart participe à la programmation cinéma de Cluny Culture et est l'une des fondatrices de l'association « Ciné Ressources 71 ».
Violette - Mathilde Besse (DR).
Ich bin eine Terroristin,
le film
Clandestine films :
- "Hors de sa maison, elle marchera sur les pas de Rosa. Rosa, sa Rosa, Rosa Luxemburg, celle, dont du haut de ses 11 ans à peine, elle se sent l’héritière, la mémoire. Dans l’énergie de cette révolutionnaire, elle se reconnaît, et elle se sent portée, transportée par l’utopie et la force de ses lettres de prison, écrites en 1917. Alors, oui, un jour, elle partira pour une longue fugue préméditée, et elle quittera sa France natale et s’en ira vers l’Est, le plus loin possible vers l’Est. Et prendra de longs trains de nuit, suivra des chemins insensés et s’arrêtera là où elle pense retrouver des traces de Rosa, où elle pense marcher dans ses pas. Les étapes se suivront mais ne se ressembleront pas, et Berlin, la Pologne, toutes les frontières traversées, franchies, seront des aventures nouvelles, des rencontres marquantes à vie. La fugue est secrète et solitaire mais le voyage sera entouré de tant de gens et de paysages, et porté par tant de mouvements, de croyances et de rebonds que le rêve de Violette sera atteint : grandir, éprouver le monde et essayer, à son niveau de gamine de 11 ans, de le changer. Alors la fugue pourra s’arrêter, à Luxembourg-Ville, lieu symbolique où elle pourra, à sa manière et selon son invention retrouver Rosa dans sa prison."
Gregory Jacob :
- "Les femmes sont le cœur du sujet. Violette transporte avec elle les cendres de sa grand-mère. Et elle va rencontrer d’autres femmes, au parcours difficile. « Les témoignages qui sont livrés montrent qu’elles osent se raconter. Elles peuvent ouvrir leur bouche comme Rosa l’a fait en son temps », déclare une cinéphile.
Désormais le film de Valérie Gaudissart va voyager. Il est destiné à être présenté dans des festivals et en salle. Mais surtout, le souhait de la réalisatrice est que l’on parle, que l’on provoque le débat autour de son œuvre. « J’ai fait ce film pour que l’on puisse rencontrer des gens pendant le tournage et après », termine-t-elle."
(Le Journal de Saône-et-Loire, 12 octobre 2010).
Interview pendant le tournage, à Pienne :
- "Et les figurants ? Sont-ils à la hauteur ?
- Oui ! Ils sont formidables, bienveillants. On sent leur engouement, le plaisir qu’ils ont à être ici, sur le tournage de cette fiction. Il suffit de voir leur nombre et leur enthousiasme ! Ils ont une véritable envie de transmettre l’histoire de l’exil, de la mine, de la sidérurgie ; je crois qu’ils ont tout simplement envie de transmettre leur propre histoire. Les figurants apportent de la véracité au film, une forme de témoignage. Ils apprécient également de pouvoir se montrer créatifs, de faire fonctionner leur imaginaire. Ils ont travaillé, répété…"
(Le Républicain Lorrain, 12 juillet 2008).
"Ca fait 813 km que je suis une vraie révolutionnaire"... (DR).
Monic Coutheron :
- "Née en Picardie, Valérie vécut très tôt à Paris. Elle y fera des études théâtrales, avant de se lancer dans la réalisation. Depuis dix ans elle vit à Buffières en Clunisois, avec son compagnon, Morton Potash, compositeur et pianiste américain, travaillant pour le Conservatoire de Lyon. Grâce aux bons conseils de Jean Lapalus, ancien maire de Donzy-le-National et fondateur du Festival Ciné Pause, ils y ont acquis une maison. « Cette région, confie-t-elle, je l’ai toujours aimée et y suis venue régulièrement pendant 20 ans avant de m’y installer. J’y avais de la famille et tout un réseau d’amis. Je m’y sens bien. » (…)
« Ce film, c’est l’histoire d’une enfance, une sorte de conte de fée politique porté par une enfant, et dédié à tous les enfants, y compris ceux que nous sommes restés, plein de rêves et d’utopie. Je l’ai mûri des années, puis je l‘ai réalisé en trois ans dont un an pour le tournage, d’une part parce qu’il se déroule dans plusieurs pays, d’autre part parce que l’actrice principale n’avait que 11 ans. Nous ne tournions que pendant les vacances scolaires."
Les acteurs que choisit Valérie ont une présence rare, qu’elle filme au plus près. Cette empathie envers le genre humain, que ce soit avec des réfugiés Kosovars, les femmes d’un foyer, celles d’une prison ou les mineurs de Lorraine, fait parfois écho à celle de l’ange des « Ailes du Désir » de Wim Wenders. Comme lui, Violette, avec ses grands yeux plein d’étonnement et d’amour, semble lire dans les pensées des gens qu’elle croise.
« J’ai choisi Rosa Luxemburg pour sa façon très moderne et féminine d’aborder la politique. Sa vision politique est encore très pure, belle et joyeuse. Je sais que cela ne va pas être facile de vendre ce film. Mais en même temps il a une ambition particulière. Et il y a une attente dans ce contenu autour de l’utopie. Il ne faut pas en faire une lecture trop réaliste." (CLP, 31 août 2010).
Edwy Plenel :
- "Née en Pologne – dans la partie alors sous domination russe – au sein d'une famille aimante, plutôt cultivée et relativement aisée, brillante étudiante en Suisse à Zurich, notamment dans les disciplines scientifiques, Rosa Luxemburg n'a pas choisi l'engagement socialiste par goût de revanche ou par appétit de pouvoir. Elle y est venue presque naturellement comme l'on se sent requis, convoqué par l'histoire, réclamé par son temps. Toutes les générations militantes du souci du monde et des autres – en d'autres termes, internationalistes et humanistes – ont connu et connaissent ce ressort : le sentiment d'évidence et d'urgence que l'humanité court à sa perte si rien n'est fait pour inverser le cours d'une histoire jusqu'alors menée par les plus forts, les plus riches, les plus avides et les plus égoïstes."
(Mediapart, 30 septembre 2009).
En 1914, alors que Jaurès était assassiné, Rosa Luxemburg est incarcérée pour incitation à la désobéissance civile. La guerre lui vaudra des prolongations qui se concrétiseront par un total de trois ans et quatre mois derrière les barreaux. Elle fut ainsi l’objet de mesures administratives sans procès, donc la privant de toute défense.
Rosa Luxemburg :
- "Au milieu des ténèbres, je souris à la vie, comme si je connaissais la formule magique qui change le mal et la tristesse en clarté et en bonheur. Alors, je cherche une raison à cette joie, je n'en trouve pas et ne puis m'empêcher de sourire de moi-même. Je crois que la vie elle-même est l'unique secret. Car l'obscurité profonde est belle et douce comme du velours, quand on sait l'observer. Et la vie chante aussi dans le sable qui crisse sous les pas lents et lourds de la sentinelle, quand on sait l'entendre."
(Lettre de prison).