MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 28 avril 2011

P. 30. Châteaux en Condroz

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Après les pages
4 : Lieux-dits
et
17 : Condroz des Bois


Allée du château d'Ochain, hiver 2010-2011 (Ph. JEA/DR).


Toponymie 3 : un Condroz sans Bastille et loin de l'Espagne mais parsemé de châteaux...


Château d’Abée, d’Amas, d'Angoxhe,
d’Emeville,
d'Englebermont,
d’Envoz,
d’Hodoumont, d’Homezée,
d'Ochain, d'Ouhar,
d’Yernée-Fraineux,

Château de Bagatelle, de Barse,
de Beaufort, de Bémont,
de Bonne Espérance, de Bonneville,
de Castel-Alne,
de Chantraine,
de Clavier,
de Crupet,
de Doyon,
de Facqueval, de Falaën, de Faulx,
de Fléron, de Flostoy,
de Fraiture-en-Condroz, de Froidefontaine,
de Gesves,
de Goesnes, de Goyet,
de Groynne,
de Halledet, 
de Hody,
de Jallet, de Jannée,
de Lamalle,
de Libois,
de Marchin, de Magnery,
de Melroi,
de Modave, de Montaigle,
de Nahelet, de Nandrin,
de Neef de Saint-Val, de Neuville-en-Condroz,
de Pair,
de Perwez, de Petit Avin, de Petit Wallay,  
de Poilvache, de Ponthoz,
de Ramezée,
de Romanet, de Royseux,
de Saint-Fontaine, de Saint-Vitu,
de Schaltin,
de Seny,
de Sorinne-la-Longue,
de Strée, de Strivay,
de Tharoul,
de Tiliesse,
de Tornaco,
de Vervoz,
de Vierset, de Vieux-Marchin, de Villers-aux-Tours, de Villers-le-Temple,
de Vyle,
de Wagnée, de Wallay,
de Yernée


Château de Bagatelle en 1944. La bataille des Ardennes va bientôt tomber sur le casque des troupes américaines (Doc. JEA/DR).


Château des Granges,

Château de la Brasserie,
de la Commanderie,
de la Motte en Gée,
de la Neuve Cour,
de la Sarte,
de la Tour au Bois,

Château du Bois d'Alne,
du Trou du Bois,

Château Blanc,
Collignon,
Fabri,
Lavaux,
Le Fy,
Plainevaux,
Ramet.


Allée du château de Modave, crépuscule du 25 avril 2011 (Ph. JEA/DR).
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lundi 25 avril 2011

P. 29. Visages de façades

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Aveu : je suis incapable mentalement et physiquement d'enfermer en chambre noire des visages.
Visages de passants même très lents voire s'enlaçant,
d'inconnus habillés d'uniformes monotones,
de religieux mondains et même ultramontains,
de dormeurs du val avec sur leur valise en carton, l'autocollant : "Souvenir de l'eden d'Aden"
d'empailleurs et d'orpailleurs,
de magiciens sortis de leur chapeau par un lapin agile,
de collectionneurs de bras ou, à défaut, de doigts d'honneur,
de forts des foires vainqueurs du concours des plus grands mangeurs de tartes aux poires,
de délateurs se prenant pour des dératisateurs,
de plumitifs nous supposant des lecteurs primitifs,
de vaniteux admirateurs de la statue de leur commandeur armé d'un sécateur,
de fulminants fumeurs de pipe alors que ceci n'en est même pas une,
de gosses en larmes et d'adultes en armes,
de tyranneaux portant un chapeau tyrolien,
de vedettes en paillettes et de leurs claudettes,
de chasseurs fiers de leurs maximes, 
de maréchaux ferrant les chevaux de soldats inconnus,
de quarante nains jalousant le quarante-et-unième, seul à pouvoir squatter les jardins de l'Elysée au bras de Brune Neige,
de gens de la lune,
de monstres de piété,
de tripatouilleurs de l'histoire avec leurs trousseaux de clés truquées,
de dompteurs avant le festin des félins 
et de docteurs ès bricolages apocalyptiques...
Cette impossibilité de photographier des visages est heureusement compensée par la fréquentation assidue de façades. Elles parlent sans cocorico d'une douce France qui hausse les épaules quand elle entend la voix intérieure d'un ministre discourant comme un lièvre à travers les champs de l'extrême droite.
Une autre France...

Façades : album photos (2)


Ardennes de France, torchis (Ph. JEA/DR).


Ancienne gare de Bosmont-sur-Serre (ph. JEA/DR).


L'école sans élèves de l'Ile Chausey (Ph. JEA/DR).


Place d'Eygalayes. A l'époque de cette photo, le nom de cette place était mis aux enchères à condition que ce nom soit féminin (Ph. JEA/DR).


Sur un quai du port de Fécamp (Ph. JEA/DR).


Beuquette à Flaignes (Ph. JEA/DR).


Havys, à la population disparue (Ph. JEA/DR).


Meillant (Ph. JEA/DR).


Ongles (Ph. JEA/DR).


La dernière boucherie de Plomion (Ph. JEA/DR).


Rue des Esquiche-Mouches à Sault (Ph. JEA/DR).


Simiane-la-Rotonde (Ph. JEA/DR).


Stué (Ph. JEA/DR).


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jeudi 21 avril 2011

P. 28. Violette sur les pas de sa grand-mère Rosa... Luxemburg

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Affiche du film de Valérie Gaudissart (DR).

Violette :

- "Alors, aujourd’hui 24 mai,
ça fait 1000 jours que Mamie est morte,
1 quinquénat que Papa ne vote plus communiste,
87 ans que Rosa Luxemburg a été assassinée
et 2 jours que je chausse du 35."

Synopsis :

- "Violette, sa fougue et ses onze ans disparaissent une belle nuit et filent à la gare acheter un billet pour partir loin. Dans son cartable : l'urne des cendres de sa grand-mère communiste et adorée, un livre d'histoire-géo de 6ème, un paquet de Choco BN entamé et les Lettres de prison de Rosa Luxembourg. Rosa la Rouge, son idole révolutionnaire, sa boussole, sa mission.
Violette fera de sa fugue de 4000 kilomètres sur les pas de sa figure tutélaire un bien curieux et singulier voyage initiatique…"

Valérie Gaudissart :

Réalisatrice et scénariste de courts métrages tels que « Apesanteurs » (1999), « Mes insomnies » (2001), « Céleste » (2005), de documentaires « Eau-delà des flaques » avec Denise Colomb (1991), « Allegretto » (1993), « Des passerelles entre vous et moi » (1997), Les Mains nues » (2009) et d'un premier long-métrage,  « Ich-bin-eine-terroristin » (2010).
Valérie Gaudissart participe à la programmation cinéma de Cluny Culture et est l'une des fondatrices de l'association « Ciné Ressources 71 ».

Violette - Mathilde Besse (DR).

Ich bin eine Terroristin,
le film

Clandestine films :

- "Hors de sa maison, elle marchera sur les pas de Rosa. Rosa, sa Rosa, Rosa Luxemburg, celle, dont du haut de ses 11 ans à peine, elle se sent l’héritière, la mémoire. Dans l’énergie de cette révolutionnaire, elle se reconnaît, et elle se sent portée, transportée par l’utopie et la force de ses lettres de prison, écrites en 1917.
Alors, oui, un jour, elle partira pour une longue fugue préméditée, et elle quittera sa France natale et s’en ira vers l’Est, le plus loin possible vers l’Est. Et prendra de longs trains de nuit, suivra des chemins insensés et s’arrêtera là où elle pense retrouver des traces de Rosa, où elle pense marcher dans ses pas. Les étapes se suivront mais ne se ressembleront pas, et Berlin, la Pologne, toutes les frontières traversées, franchies, seront des aventures nouvelles, des rencontres marquantes à vie. La fugue est secrète et solitaire mais le voyage sera entouré de tant de gens et de paysages, et porté par tant de mouvements, de croyances et de rebonds que le rêve de Violette sera atteint : grandir, éprouver le monde et essayer, à son niveau de gamine de 11 ans, de le changer. Alors la fugue pourra s’arrêter, à Luxembourg-Ville, lieu symbolique où elle pourra, à sa manière et selon son invention retrouver Rosa dans sa prison."

Gregory Jacob :

- "Les femmes sont le cœur du sujet. Violette transporte avec elle les cendres de sa grand-mère. Et elle va rencontrer d’autres femmes, au parcours difficile. « Les témoignages qui sont livrés montrent qu’elles osent se raconter. Elles peuvent ouvrir leur bouche comme Rosa l’a fait en son temps », déclare une cinéphile.
Désormais le film de Valérie Gaudissart va voyager. Il est destiné à être présenté dans des festivals et en salle. Mais surtout, le souhait de la réalisatrice est que l’on parle, que l’on provoque le débat autour de son œuvre. « J’ai fait ce film pour que l’on puisse rencontrer des gens pendant le tournage et après », termine-t-elle."
(Le Journal de Saône-et-Loire, 12 octobre 2010).

Interview pendant le tournage, à Pienne :

- "Et les figurants ? Sont-ils à la hauteur ?
- Oui ! Ils sont formidables, bienveillants. On sent leur engouement, le plaisir qu’ils ont à être ici, sur le tournage de cette fiction. Il suffit de voir leur nombre et leur enthousiasme ! Ils ont une véritable envie de transmettre l’histoire de l’exil, de la mine, de la sidérurgie ; je crois qu’ils ont tout simplement envie de transmettre leur propre histoire. Les figurants apportent de la véracité au film, une forme de témoignage. Ils apprécient également de pouvoir se montrer créatifs, de faire fonctionner leur imaginaire. Ils ont travaillé, répété…"
(Le Républicain Lorrain, 12 juillet 2008).

"Ca fait 813 km que je suis une vraie révolutionnaire"... (DR).
 
Monic Coutheron :

- "Née en Picardie, Valérie vécut très tôt à Paris. Elle y fera des études théâtrales, avant de se lancer dans la réalisation. Depuis dix ans elle vit à Buffières en Clunisois, avec son compagnon, Morton Potash, compositeur et pianiste américain, travaillant pour le Conservatoire de Lyon. Grâce aux bons conseils de Jean Lapalus, ancien maire de Donzy-le-National et fondateur du Festival Ciné Pause, ils y ont acquis une maison. « Cette région, confie-t-elle, je l’ai toujours aimée et y suis venue régulièrement pendant 20 ans avant de m’y installer. J’y avais de la famille et tout un réseau d’amis. Je m’y sens bien. »
(…)
« Ce film, c’est l’histoire d’une enfance, une sorte de conte de fée politique porté par une enfant, et dédié à tous les enfants, y compris ceux que nous sommes restés, plein de rêves et d’utopie. Je l’ai mûri des années, puis je l‘ai réalisé en trois ans dont un an pour le tournage, d’une part parce qu’il se déroule dans plusieurs pays, d’autre part parce que l’actrice principale n’avait que 11 ans. Nous ne tournions que pendant les vacances scolaires."
Les acteurs que choisit Valérie ont une présence rare, qu’elle filme au plus près. Cette empathie envers le genre humain, que ce soit avec des réfugiés Kosovars, les femmes d’un foyer, celles d’une prison ou les mineurs de Lorraine, fait parfois écho à celle de l’ange des « Ailes du Désir » de Wim Wenders. Comme lui, Violette, avec ses grands yeux plein d’étonnement et d’amour, semble lire dans les pensées des gens qu’elle croise.
« J’ai choisi Rosa Luxemburg pour sa façon très moderne et féminine d’aborder la politique. Sa vision politique est encore très pure, belle et joyeuse. Je sais que cela ne va pas être facile de vendre ce film. Mais en même temps il a une ambition particulière. Et il y a une attente dans ce contenu autour de l’utopie. Il ne faut pas en faire une lecture trop réaliste."
(CLP, 31 août 2010).


Edwy Plenel :

- "Née en Pologne – dans la partie alors sous domination russe – au sein d'une famille aimante, plutôt cultivée et relativement aisée, brillante étudiante en Suisse à Zurich, notamment dans les disciplines scientifiques, Rosa Luxemburg n'a pas choisi l'engagement socialiste par goût de revanche ou par appétit de pouvoir. Elle y est venue presque naturellement comme l'on se sent requis, convoqué par l'histoire, réclamé par son temps. Toutes les générations militantes du souci du monde et des autres – en d'autres termes, internationalistes et humanistes – ont connu et connaissent ce ressort : le sentiment d'évidence et d'urgence que l'humanité court à sa perte si rien n'est fait pour inverser le cours d'une histoire jusqu'alors menée par les plus forts, les plus riches, les plus avides et les plus égoïstes."
(Mediapart, 30 septembre 2009).

En 1914, alors que Jaurès était assassiné, Rosa Luxemburg est incarcérée pour incitation à la désobéissance civile. La guerre lui vaudra des prolongations qui se concrétiseront par un total de trois ans et quatre mois derrière les barreaux. Elle fut ainsi l’objet de mesures administratives sans procès, donc la privant de toute défense.

Rosa Luxemburg :

- "Au milieu des ténèbres, je souris à la vie, comme si je connaissais la formule magique qui change le mal et la tristesse en clarté et en bonheur. Alors, je cherche une raison à cette joie, je n'en trouve pas et ne puis m'empêcher de sourire de moi-même. Je crois que la vie elle-même est l'unique secret. Car l'obscurité profonde est belle et douce comme du velours, quand on sait l'observer. Et la vie chante aussi dans le sable qui crisse sous les pas lents et lourds de la sentinelle, quand on sait l'entendre."
(Lettre de prison).

lundi 18 avril 2011

P. 27. Barbara, Brel, Debussy, T. Dutronc, Gens, Horowitz, Melanesian choirs, Nougaro, Obele, Purcell, Voulzy... et leurs îles

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Répondant aux échos de l'île de Ré, qu'elles soient du Pônant ou d'autres levants, quelques-unes de ses soeurs ont très très provisoirement jeté l'encre dans les eaux libres de ce blog.
Juste pour ne pas tourner trop vite la page des haïkus de Danièle Duteil et pour retourner certes mais à reculons sur un plancher que les vaches ne sont pas seules à trouver parfois encombré, belliqueux, pollué, inhospitalier...


Les Marquises,
Jacques Brel



- "Ils parlent de la mort comme tu parles d’un fruit
Ils regardent la mer comme tu regardes un puits
Les femmes sont lascives au soleil redouté
Et s’il n’y a pas d’hiver, cela n’est pas l’été
La pluie est traversière, elle bat de grain en grain
Quelques vieux chevaux blancs qui fredonnent Gauguin
Et par manque de brise, le temps s’immobilise
Aux Marquises..."



L'île aux Mimosas,
Barbara



- "Il y a si peu de temps,
Entre vivre et mourir,
Qu’il faudrait bien pourtant,
S’arrêter de courir..."



L'île Hélène,
Claude Nougaro



- "Assis sur un banc devant l'océan,
Devant l'océan égal à lui-même,
Un homme pensif, se masse les tifs.
Interrogatif, à quoi pense-t-il ?
A quoi pense-t-il livré à lui-même ?
Il pense à son île, son île Hélène,
Est-ce que l'île l'aime ?"



Belle Ile en Mer,
Laurent Voulzy



Nicole Obele au Festival de la chanson française, Porto Alegre, Brésil, 2009.

- "Belle-Ile-en-Mer
Marie-Galante
Saint-Vincent
Loin Singapour
Seymour Ceylan
Vous c'est l'eau c'est l'eau
Qui vous sépare
Et vous laisse à part."


Viens dans mon île,
Thomas Dutronc



- "Viens dans mon île, mon illusion tranquille.
Dans le jardin, j'ai tué les nains.
En douce en coulisse,
Un chagrin se glisse
Sans toi dans ma maison, il pleut dans ma chanson."



The blessed islands,
Melanesian choirs



Choeurs repris sur la bande originale de "The thin red line", Terrence Malick. Compositeur : Hans Zimmer. 1998.


L'isle joyeuse,
Debussy, Horowitz



Alex Benjamin :

- "L'Isle joyeuse, c'est peut-être, au niveau purement pianistique, le chef-d'œuvre de Debussy. Lui-même, d'ailleurs, fut conscient du pas qu'il venait de franchir. Le 11 août 1904, il écrit à son éditeur Durand : "Seigneur! Que c'est difficile à jouer… Ce morceau me paraît réunir toutes les façons d'attaquer un piano, car il réunit la force et la grâce… si j'ose ainsi parler." "Toutes les façons d'attaquer un piano…" : L'Isle joyeuse, c'est ainsi la découverte de possibilités nouvelles pour l'instrument, la vision d'une transposition possible de ce qui se réalise vers la même époque à l'orchestre avec La mer, et dont l'aboutissement sera les Préludes."
(1997, Analekta).


Fairest isle,
King Arthur, Purcell



Les Arts Florissants, direction William Christie, Véronique Gens soprano, 2006.

- "Fairest Isle, all isles excelling.
Seat of pleasure and of love,
Venus here will choose her dwelling,
And forsake her Cyprian grove.
Cupid from his fav'rite nation,
Care and energy will remove;
Jealousy that poisnous passion,
And despair that dies for love."

(Ph. JEA/DR).

jeudi 14 avril 2011

P. 26. Danièle Duteil : "Haïkus du bord de mer"

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Après Jean-Charles Verlinden : "Imaginez un pays..." (la Belgique),
une deuxième page
invitée sur ce blog...

(Ph. JEA/DR).

Venue de l'île de Ré et par ailleurs bienvenue...
Danièle Duteil
avec ses haïkus traversant les champs des mots
et les forêts des blogs et les océans des oublis
pour faire entendre sur ce rivage
leurs petites musiques métissant
les nuits blanches et les beaux jours ténébreux ... 

Ah les îles... Toujours encerclées et assiégées solitaires quand le dernier bateau est reparti pour un continent absent. Elles refusent les complexes d'infériorité (et pitié, si possible, les complexes hôteliers). La surface émergée est-elle réduite ? Les îles surcompensent en rêvant encore plus grand et encore plus large. Elles sont nomades dans leur tête. Toujours à surmonter les horizons. A divaguer de vague en vague. Et leurs rives prennent des rides mais l'âge leur va bien tant elles trésorisent des histoires impossibles que colportent les coquillages de plage en page...
Sur la portée de ces îles : Ré.
Quand les volets sont refermés, les sentiers vides de tout douanier, les marées lasses, le pont égaré, alors des oiseaux bagués prennent sans hésiter la direction de l'Asie et d'autres s'en reviennent en des vols soyeux. Ils s'élancent des mains de Danièle Duteil ou retrouvent ses épaules. Même et surtout s'il ne figure sur aucune carte, ces oiseaux ont leur phare sur l'île de Ré. Son nom est peint en lettres que nulle tempête ne parvient à effacer :
- "haïkud'aile".
Une bibliothèque double l'escalier en spirale qui monte vers les feux. Vous y découvrirez "des haïkus, des haïgas, des tankas et d'autres textes libres encore..." :


nuit d’août
une étoile tire un trait
jusqu’à la mer

vol de l’alouette
sur les tournesols fanés
au loin les canons


brouillard au port
le cri d’un goéland
au bord de nulle part

grande marée
dans la laisse-de-mer
quelques squelettes

plage érodée
sur la falaise un pin
au bord du vide

veille de grands froids
les cercles des goélands
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(Ph. JEA/DR).

matin sur le port
  converser avec les mouettes
en congé hivernal

marée ronde* 
le dos gris des bigorneaux
sur les algues

*marée ronde : marée de coefficient 100

à la mi-journée
le bec précis de la mouette
entre brume et bruine

saison des amours
deux iris fendent la brume
entre les salines

printemps sur la baie
dans l’air vaporeux les cris
d’oiseaux invisibles


(s) Danièle Duteil



Brouillard au port (Ph. JEA/DR).


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lundi 11 avril 2011

P. 25. Abbaye de St-Michel en Thiérache : Festival 2011

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Cette page s'inscrit aussi dans un :
- "Petit coin de France"
le 24e thème d'"un lundi parmi tant d'autres"
initié par Le Journal de Chrys et par Zaza (Madame Rêve) ...
Parmi ces coinsaïques de France, vous découvrirez notamment Albi sur le Blog d'Otli.
Mais, s'il vous plaît, allez aussi et surtout saluer Véro, dans un de ces coins de France où quelques fleurs ne seraient pas superflues...


Programme (DR).

Cette page ne dépend d'aucune publicité, comme toutes les autres de ce blog. Simplement, elle vous propose de partager un Festival loin des autoroutes du snobisme et des parkings de supermarchés où se monnaie une musique passe-partout et prétexte à chloroformer l'esprit. 
A Saint-Michel, déjà le cadre ne vous décevra pas. La Thiérache ne se projete pas en technicolor ni en cinémascope sur écran plasma. Mais si vous appréciez les alternances de nuances dans les douceurs des paysages, vous ne serez pas déçu(e)s par ceux-ci qui cachent plus d'un détour dans leur sac à malices.
Puis, ce Festival reste fidèle à ses choix fondamentaux.
Un prix unique des places (enfin, presque, une réduction est prévue pour les moins de 18 ans, les étudiants et les plus de 65 ans). Pas de places réservées à des sponsors venant pour meubler leur temps et méprisant les communs des mortels.
Un prix qui n'étrangle pas : 26 Euros (ou 21) pour un concert souvent enthousiasmant. Avec des forfaits pour une journée complète.
Un public mélangé (des extrémistes retiendront le mot "cosmopolite"). Très respectueux des artistes mais exigeant aussi. Personne ne cherche à être vu : pour se montrer, il y a d'autres défilés.
Bref, un Festival en marge - au moins géographique - de la France. Les musiciens et les auditeurs s'y sentent chez eux, sans se demander si les voisins sont des étrangers. La musique embellit les moeurs...


XXVe Festival
Musique ancienne et baroque
du 5 juin au 3 juillet 2011


Extraits de la présentation officielle :

- "Impulsé en 1987 par la coproduction avec Radio France d'une journée spéciale portée par le "Train de Radio-Musique", cet événement s'est développé sans discontinuer autour de sa formule spécifique : le dimanche, deux ou trois programmes différents par journée (11h30, 14h30 et 16h30), encadrant le déjeuner susceptible d'être pris sur place (13h) et une rencontre conviviale dans le cloître avec les artistes (15h ou 15h30).
(...)
Artistes fidèles et nouvelles formations se succèdent donc ici à la faveur de journées thématiques diversifiées, ménageant grand répertoire et découvertes selon les modalités originales qui ont fait la marque du festival.
Mais cette édition est aussi placée sous le signe de l'exception et de la surprise : de Ton Koopman à Jordi Savall, de Nathalie Stutzmann aux Arts Florissants, de Fabio Bonizzoni à Hervé Niquet, les plus éminents artistes de la planète baroque sont au rendez-vous de l'anniversaire."

(Ph. JEA/DR).

Dimanche 5 juin 2011 :
Kirchenmusik, motets et cantates au temps de Bach.

11h30
Vox Luminis, sous la direction de Lionel Meunier
Jesu
Jesu bleibet meine Freude
Dietrich Buxtehude - Johann Sebastien Bach
Motets

16h30
Amsterdam Baroque Orchestra & Choir, direction Ton Kopmann
Dietrich Buxtehude
Membra Jesu nostri BuxBV 75
Johann Sebastian Bach
Cantate Actus tragicus BWV 106

Dimanche 12 juin :
Vivaldi, des palais à l'église
entre Sérénade et Stabat Mater

11h30
La Risonanza, direction Fabio Bonizzoni (clavecin)
Antonio Vivaldi
La Senna Festiggiante

16h30
Ensemble Orfeo 55, direction Nathalie Stutzmann (contralto)
Antonio Vivaldi
Stabat Mater
Airs et sinfonias d'opéras

Dimanche 19 juin :
Passions et tourments
Les alarmes de l'amour

11h30
Ensemble Mare Nostrum, direction Andrea De Carlo (viole de gambe)
Alessandro Stradella
La Forza delle Stelle

14h30
Yves Rechsteiner, orgue historique Jean-Boizard (1714) et Henri-Charles Caget, percussions
Jean-Philippe Rameau
Airs et danses d'opéra

16h30
Hespérion XXI, direction de Jordi Savall
Cantos de amor y desamor
Luys de Narvaes - Diego Ortiz - Lucas Ruiz de Ribayas - Alonso Mudarra - José Marin - Juan Hidalgo - Marin Marais

(Ph. JEA/DR).

Dimanche 26 juin :
Les plaisirs de Versailles
Un âge d'or de la musique française

11h30
Musica Favola, direction Stephan Van Dyck (ténor)
Motets pour la Chapelle royale
Nivers - Lebègue - Du Mont - Couperin - Charpentier - Bernier

14h30
François Guerrier au clavecin
Le siècle des Couperin
De Louis et François Couperin à Rameau

16h30
Le Jardin des Voix - Les Arts Florissants, direction Paul Agnew
Le jardin de Monsieur Lully
Charpentier - Lambert
Pastorale et airs de cour

Vendredi 1er juillet :
Musiques des Ténèbres

21h30
Le Parlement de musique, direction Martin Gester (orgue)
François Couperin
Trois Leçons de Ténèbres pour le Mercredy

Samedi 2 juillet :
Lever de soleil

4h45
Bartabas et le cheval Le Caravage
Emmanuelle Guigues, viole de gambe

Dimanche 3 juillet :
Apparats vénitiens et florentins
Luxuriance baroque et démesure

11h30
Les Sacqueboutiers, Ensemble de cuivres anciens de Toulouse
Monteverdi - Gabrieli - Rossi - Praetorius - Frescobaldi - Scheidt
Canzones, toccatas, ricercari et fugues

16h30
Le Concert spirituel, direction Hervé Niquet
Alexandro Striggio
Missa sopra Ecco si beato à quarante voix
Motet Ecce beatam lucem à quarante voix
Monteverdi - Fabri - Benevoli
Motets, Magnificat à quarante voix et Miserere

(Ph. JEA/DR).

Les réservations :
- du lundi au vendredi entre 14h et 18h
- le samedi de 9h à 12h

- par téléphone au 03 23 58 23 74
- par courriel : festival.saintmichel@laposte.net
- par courrier : BP 18 à 02830 Saint-Michel

Site du Festival, cliquer ICI .

Direction artistique : Association pour le Développement des Activités Musicales dans l'Aisne (ADAMA).
Avec le concours du Conseil général de l'Aisne.
En partenariat avec les Amis du site abbatial de Saint-Michel en Thiérache.

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jeudi 7 avril 2011

P. 24. "Caducée" (Solvay-ULB) aux juifs : "Direction les fours polonais"

Caducée, magazine du Cercle Solvay, Université Libre de Bruxelles - numéro de mars 2011 (DR).

Le 4 avril, la presse belge francophone annonçait que "ça" recommençait. Cette fois, c'est à l'Université du Libre examen que le magazine lié au renommé Cercle Solvay (1) servait de grosse caisse et de cymbales à l'antisémitisme new age.

Dans son numéro du mois de mars, Caducée présenta les juifs en ces termes exacts (2) :

- " Votre jeunesse a été bercée par les aventures de Minus et Cortex et vous voulez rejoindre le mouvement international dont le dessein secret est de dominer le monde ?
Vous vous êtes inscrits à Solvay car la simple évocation de l’Or fait battre votre cœur au rythme des pièces sonnantes et trébuchantes que vous cachez dans la sacoche portée autour de votre cou ?
Vous trouvez votre penne has-been et vous voulez opter pour un couvre-chef beaucoup plus compact, j’ai nommé la Kippah ?
Ne cherchez plus, direction les fours polonais, la synagogue du quartier où le rabbin vous expliquera les démarches nécessaires ! Tout comme pour les musulmans d’ailleurs, attendez-vous à ce qu’ils cherchent à soustraire une partie de votre bijou familial."

A part ce que l'on suppose être sa recherche d'un humour estudiantin de haute tenue, l'auteur n'aura pas montré une grande originalité. Il s'est contenté de reprendre les leitmotive de l'antisémitisme basique, à savoir que les juifs ont :
- "un dessein secret... dominer le monde" ;
- "leur coeur qui bat pour l'or... caché" ;
- "les fours polonais" comme avenir ;
- une caractéristique physique qui les fit ainsi décrire par Henri Béraud : "baptisés au sécateur" (3).

Affiche de propagande de Vichy en 1943. Signature de O. Caniche (Doc. JEA/DR).

En 1941, l'ULB se saborde pour ne pas être nazifiée,
en 2011, on y rallume les crématoires...

Or donc, revoici ce grand classique du complot juif international. Avec ses variantes judéo-maçonniques. Et les "Protocoles...", faux archi-faux rédigés en France pour les services tsaristes et depuis, traduits dans toutes les langues où l'antisémitisme cherche à s'insinuer.

Quelques illustrations : deux signatures sous l'aile nazie et une contemporaine.

Céline :

- "... Mon premier possède toutes les richesses du monde.
Mon second fournit tous les cadres de la Révolution.
Mon troisième est un banquier richissime qui subventionne toutes les Révolutions.
Mon tout est un Juif.
Qui c'est le plus énorme têtard ?"
(Notre Combat pour la Nouvelle France Socialiste, n°4, septembre 1941).

Henry Coston :

- "Les auteurs des PROTOCOLES écrivent :
" (...) Nous créerons une crise économique universelle par tous les moyens détournés possibles et à l'aide de l'or qui est entre nos mains. Simultanément, nous jetterons à la rue dans toute l'Europe, des foules énormes d'ouvriers. Ces masses seront alors heureuses de se précipiter sur ceux que, dans leur ignorance, elles ont jalousées dans l'enfance ; elles répandont leur sang et pourront ensuite s'emparer de leurs biens (...).
Mais pour que la liberté puisse disloquer et ruiner la vie sociale des Gentils, il faut que nous établissions le commerce sur une base spéculative, ce qui aura pour résultat d'empêcher les Gentils de retenir entre leurs mains les richesses tirées de la production du sol ; par la spéculation, elles passeront dans nos coffres." (4)
(...)
Cette guerre constitue l'ultime phase de la lutte millénaire que le Judaïsme mène contre les peuples non juifs. Le triomphe des Juifs et de leurs "alliés" signifierait l'asservissement total de notre planète aux "Sages de Sion". (5)
( Je vous hais !, avril 1944, p. 14).

Chris Lefebvre présentant Alain Soral :

- "Comprenez ici que les nouveaux réseaux et organisations œuvrant à l’accomplissement du Nouvel Ordre Mondial  (tels que le CFR, le FMI, la Commission Trilatérale, le groupe Bilderberg, l’OMC, l’OCDE, l’OMS, les lobbys militaro-industriels, agro-alimentaires, énergétiques, pharmaco-chimiques, les Skulls & Bones, le Bohemian Club, Le Siècle, Le Club des Cordelières…et cætera)..., se retrouvent tous liés grâce à la présence commune de membres et dirigeants juifs ou sionistes dans leurs rangs.
La religion juive étant alors un réseau parmi les réseaux... et de ce fait, le "réseau des réseaux".
Concernant les actes et le projet de la Banque depuis sa prise de pouvoir, on peut y voir un fondement Judéo-Protestant puisé dans l’Ancien Testament, par opposition aux principes Héléno-Chrétiens, basés sur le partage et le message du Christ, ayant régi l’ère pré-Révolutionnaire." (6)
(Agora Vox, 10 mars 2011 : Alain Soral, Comprendre l’Empire, Editions Blanche).

Catalogue de l'exposition "Le Juif et la France" ouverte au Berlitz du 5 septembre 1941 au 15 janvier 1942 (Arch. JEA/DR).

Autre délire obsidional des antisémites : dépeindre les juifs en rapaces. Une mine d'or pour la littérature des judéophobes.

Clément Serpeille de Gobineau :

- "Les Juifs forment une race errante à la recherche d'un groupement humain dont l'exploitation lui est le plus profitable. Ils quittent la société pauvre pour s'abattre sur la société prospère qu'ils étrillent, qu'ils pompent à leur profit. Misérables au milieu des peuples peu producteurs et qui végètent, les Juifs s'enrichissent quand ils vivent chez les peuples grands producteurs, grands constructeurs, fondateurs des états civilisés, c'est-à-dire les peuples aryens. Là, ils peuvent mettre en valeur leurs dons incontestables de commerçants, de banquiers et de spéculateurs. Alors se réalise toujours la parole de Drumont (7) : "Les Juifs arrivent pauvres dans un pays riche et deviennent riches dans un pays pauvre." (8)
(Notre Combat pour la Nouvelle France Socialiste, n°4, septembre 1941, p. 1).

Pierre Costantini :

- "A la vérité, il demeure Juif : l'éternel Juif, errant à travers les patries de ses victimes. Il demeure de race juive, assoiffé des biens et du sang des non-Juifs.
Sa patrie, c'est l'argent ; il n'a pas d'autre idéal.
N'ayant pas d'idéal, il n'a pas de patrie. Il regarde la guerre d'un oeil sec comme un banquier.
(...)
Gorgé d'or et de puissance, assis sur les monceaux de cadavres de ses guerres, le Juif ricane. Rome peut brûler et Paris... et les moissons de France et les moissons spirituelles de l'Humanité. Que lui importe ! Son avocat, Roosevelt, n'a-t-il pas dit qu'avec quelques dollars on rebâtirait tout cela ! Et la majorité du peuple le croit. Plus il trompe le bétail non-juif, plus le veau d'or est adulé." (9)
(L'Appel, 26 août 1943).

"Penser français" :

- "Le Juif a l'esprit critique et subversif au plus haut point. Son esprit critique n'étant pas amendé par un loyalisme national, le porte à discuter les institutions des pays où il habite, jusqu'à les ébranler et même les détruire. Voilà pourquoi il entre si volontiers dans les groupes de la Maçonnerie. En outre, le Juif a le génie de l'argent; et, par l'argent, il corrompt tout ce qu'il peut approcher. Or, dans une France qui ne se défendait plus, parce qu'elle n'avait plus de ressort national, les Juifs avaient réussi à s'introduire dans tous les carrefours importants de la vie du pays : dans la Finance, bien entendu, dont nous avons vu le pouvoir dictatorial, mais aussi dans la Politique, dans la Magistrature, dans le Barreau, dans la Presse."
(Commentaires sur la déclaration de la Légion (31 août 1941), Editions de la Légion française des combattants et volontaires de la Révolution nationale, imp. à Clermont-Ferrand, 237 p., p. 106.)

Affiche du Parti Populaire Français :

- "A qui profitent les crimes ?
Aux Français, NON.
Aux JUIFS qui ont voulu la guerre et qui ont envoyé les Français se faire tuer pendant qu'eux restaient prudemment à l'arrière.
Aux JUIFS qui veulent la victoire anglo-saxonne pour assurer leur hégémonie sur le monde.
Aux JUIFS qui utilisent les hommes de main de la Troisième Internationale pour faire régner le terrorisme.
Aux JUIFS qui veulent empêcher à tout prix que la FRANCE et l'ALLEMAGNE puissent s'entendre pour établir un nouvel ordre européen.
Aux JUIFS qui veulent que la France ne se relève pas, dans l'espoir de mieux la dominer plus tard.
Aux JUIFS qui sont les maîtres du marché noir et qui, au détriment des femmes et des enfants, stockent les marchandises pour mieux s'enrichir.
Les JUIFS sont responsables de tous nos malheurs. Ils doivent payer.
(...)
Pas de demi-mesures.
Toute la Race est responsable." (10)

1942 : affiche de Venabert. Le soldat inconnu chassant un franc-maçon et un juif (Doc. JEA/DR).

Pour ce qui concerne la Shoah et les fantasmes sur les caractéristiques physiques supposées permettre de reconnaître une personne d'origine juive, les lecteurs comprendront que le magazine Caducée ne soit pas suivi jusque-là. Ne serait-ce que par respect pour la mémoire des 25.267 déportés du Sammellager de Malines vers Auschwitz.

Magazine "d'étudiants pour des étudiants", le Caducée vient donc de connaître son heure de déshonneur. L'article déversant "joyeusement" son antisémitisme a suscité au minimum de l'incompréhension stupéfaite et plus généralement de l'indignation (encore que ce beau mot ait été pollué par l'aversion orchestrée contre Stéphane Hessel).
En conséquence, on constate l'une ou l'autre marche-arrière.

Gaulthier Roelants de Stappers, président du Cercle Solvay :

- "Ça nous a échappé, c'est une erreur de l'avoir laissé passer. Il y a des choses sur lesquelles on ne rigole pas. Le rédacteur de l'article regrette. Nous ne voulions pas choquer, cela ne nous dérange pas de choquer et de faire rire, mais pas avec la Shoah."
(Déclaration à l'ADI, 4 avril 2011).

Voilà bien la question. Comment laisser "échapper" de telles infâmies (en se dédouanant avec le mot "erreur" alors qu'il s'agit de "faute grave"). La rédaction s'est montrée incompétente et l'auteur complice d'une banalisation supplémentaire mais toujours criante de l'antisémitisme.
L'auteur n'a pas "choqué" avec son invitation grâcieuse vers les "fours". Il s'est montré ignoble en utilisant sciemment l'une des symboles les plus insupportables de la Shoah !

Jonathan Schreiber, rédacteur en chef du Caducée :

- "Le Cercle Solvay souhaite s'excuser auprès des lecteurs qui ont pu être choqués et blessés par l'article..."

Pardon ? Le Cercle s'enfonce.
 "... des lecteurs qui ont pu être choqués" ??? Parce qu'il n'y aurait pas unanimité ? La judophobie ne serait pas l'effroi des tous les humanistes mais limitée aux seuls juifs ? Le génocide des Arméniens ne concernerait que ceux-ci ? Et celui des Tutsis, que les victimes des Hutus ?

Il faut ajouter que le Cercle n'en est pas à sa première. En effet, cette année académique, quelques grands esprits de Solvay s'illustrèrent déjà en utilisant des uniformes et des drapeaux nazis pour le "baptême" des étudiants. Et pour faire plus kolossal encore, on reprit le "Arbeit macht frei" d'Auschwitz !!! Les excuses qui s'en suivirent, furent de la même eau que celles ressorties pour le Caducée de mars. D'excuses en excuses répétées, ces messieurs pourront bientôt en faire des copiés-collés.
Le Centre Communautaire Laïc Juif ne s'en montra pas dupe.

Ouri Wesoly :

- "Qu’on en parle aux dirigeants du Cercle Solvay et ils vous regarderont sans doute bouche bée : « Si on ne peut plus rigoler ! » s’exclameront-ils, mi-étonnés mi-indignés. Si on insiste, ils feront des excuses - même des officielles, s’il le faut -, pour qu’on leur fiche la paix."
(CCLJ, 1 avril 2011).

Mais, dira-t-on, la page est tournée...
Voire !
Les premières prises de position d'étudiants donnent déjà la triste l'impression qu'ils n'éprouvent aucune envie de se remettre en cause. Que du contraire.

Etudiants Libéraux de l'ULB :

- "Le folklore étudiant constitue une véritable culture au niveau universitaire et même s’il faut pouvoir en condamner les abus, les Etudiants Libéraux tiennent à ce que l’on ne porte pas atteinte à ce mouvement qui participe à la vie sur le campus non seulement par ses animations nocturnes mais également par le développement d’un esprit critique, notamment par le biais de la dérision."
(Communiqué officiel, 4 avril 2011).

Sophie Fluyt :

- "Alors qu’il y a 30 ans, Coluche raillait les Juifs sans que cela ne choque, la donne a bien changé.
A en croire le rédacteur en chef du Caducée, Jonathan Schreiber, le magazine est avant tout une «source de divertissement avec des articles de fond comme des articles de fions » dont le maître mot est « écrire pour se marrer ». Cependant, il semblerait que ces plaisanteries ne fassent plus rire tout le monde."
(Journal en ligne de l’Ecole Universitaire de Journalisme de Bruxelles, 4 avril 2011).

Qu'ajouter ?
Les "fours" appartiendraient donc au "folklore", ce seraient des "plaisanteries", "une source de divertissement" ? On écrit un truc vachement antisémite mais uniquement "pour se marrer" ?? On se bidonne devant les quinze étudiants (juifs) de l'ULB morts à Auschwitz et devant des millions d'autres victimes  ???  
Mais stop ! Pas touche à notre forme de "culture universitaire". On s'éclate sur les cendres des autres mais des "dérisions" lumineuses comme les nôtres, pas question de les mettre en veilleuse.
Quant à Mademoiselle Fluyt, en journaliste maîtrisant son sujet, elle se contente de confondre allègrement Coluche et Dieudonné. Excusez du peu.
C'est affligeant.

L'occupant considérait que l'ULB était "un repaire de juifs". (11)
L'université fut mise sous tutelle allemande. D'abord un "prof" de Munich : le capitaine Watz puis Ipsen qui voulut faire entrer dans le corps académique des enseignants germanophiles (les juifs ayant été exclus).
Exemple unique, l'ULB se saborda elle-même le 25 novembre 1941 pour ne collaborer ni de près ni de loin avec les nazis et leurs thuriféraires. Par mesure de rétorsion, sept membres du Conseil d'administration de l'université furent emmenés comme otages à la citadelle de Huy.
En 1941, même dans le plus noir des cauchemars, ces esprits résistants ne pouvaient imaginer que certains étudiants de 2011 trahiraient ainsi leur héritage.

NOTES :

(1) En nombre d'étudiants, Cercle de plus important de l'ULB. Il résulte de la fusion entre la Solvay Business School et les Sciences économiques.

(2) Texte in extenso. Le passage sur les "fours" a été retiré du magazine depuis que ce scandale a été rendu public.

(3) Henri Béraud, citation complète :
- "Tout ce qui, depuis cinquante ans, nous pille, nous affame, nous démoralise, nous désarme, nous déshonore, nous espionne et nous trahit, porte des noms étrangers. Nos prisons et nos bagnes sont remplis de déserteurs, de filous et d'hommes d'Etat baptisés au sécateur."
(Sans haine et sans crainte, Les Ed. de France, 1942, 308 p., p. 237).

(4) Des passages entiers de l'original sont imprimés en caractères d'imprimerie majuscules.

(5) Henri Georges (dit Henry) Coston (1910-2001). Vice-président de l'Association des journalistes anti-juifs. Fondateur du Centre publiant les Bulletins d'information anti-maçonnique ainsi que d'information sur la question juive. A la fin de la guerre, prit la fuite vers l'Allemagne puis l'Autriche. Condamné aux travaux forcé à perpétuité en 1947. Grâce médicale en 1951. Resta un forcené de l'extrême droite pendant cinquante années encore.

(6) Alain Bonnet de Soral (né en 1958). Passa du PC au FN. Pour aboutir sur une liste antisioniste de Dieudonné aux dernières élections européennes.

(7) Edouard Drumont (1844 - 1917). Créateur de la Ligue nationale antisémite de France. Auteur, en 1886, de "La France juive devant l'opinion". Inventeur de la formule : "la question juive" dont se régalent encore bien des blogs habiles à crypter leur antisémitisme.

(8) Clément Serpeille dit de Gobineau (1886 - 1944). Agent d'influence des nazis. Se glorifiait de son ancêtre auteur de "L'Essai sur l'inégalité des races humaines."

(9) Pierre Costantini (1889 - 1986). Cofondateur de la Ligue française d'épuration. Y rattache en 1942 son Mouvement social européen. Directeur de l'hebdomadaire L'Appel. A réussi à échapper à toute arrestation jusqu'en 1952. Déclaré... irresponsable.

(10) Exemplaire publié dans Le dossier juif, Documents, France 1940-1945, Ed. SNRA, 1979, 80 p., p. 21.

(11) Maxime Steinberg :
- "Sur les 79 [étudiants] inscrits au moment où l'occupant posait sa question juive à l'Université, 19 furent déportés de Belgique et 2 de France. Des 20 qui arrivèrent à Auschwitz - un étudiant s'était évadé de son convoi - 5 étaient encore en vie à la libération des camps. Le seul professeur interdit qui fut déporté lui ne survécut pas à son arrivée à Auschwitz."
(Un pays occupé et ses juifs, la Belgique entre France et Pays-Bas, Quorum, 1998, 314 p.).

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