A droite : Céline (DR).
Sujet à des pertes de mémoire, Céline se statufia lui-même en persécuté...
De Céline (1894-1961), il a été longuement et diversément disserté sur de multiples blogs lors de sa mise hors la liste des "Célébrations nationales" pour l'année 2011. Presque tout et beaucoup de ses contraires se sont entrechoqués.
Du brouhaha mêlant invectives orageuses et fumées d'encens, il ne sera retenu ici qu'un moment de l'histoire : le procès de Céline.
Parce que quelques défenseurs ont argumenté en ce sens :
- "Céline a été jugé... Lourdement... On ne va pas refaire ni l'histoire ignoble de la collaboration, ni celle lamentable de l'épuration."
Ne pas "refaire l'histoire" ? Certes non. Elle se suffit à elle-même, malgré les tentatives d'instrumentalisations. Mais l'histoire n'est pas une momie mise en chambre froide. Elle progresse avec l'ouverture d'archives inédites, avec la récolte de témoignages neufs. Sa relecture est permanente. Son étude active.
Le Magazine, 11 mars 1941, annonce la sortie prochaine en librairies du pamphlet "De Beaux Draps" signé par Céline (DR).
17 juin 1944, Céline et son épouse Lucette, abandonnent leur appartement de la rue Girardon à Montmartre. Destination prévue : le Danemark où le docteur-écrivain Destouches-Céline avait pris soin de placer son or à l'abri.
Leur itinéraire débute par la case Baden-Baden pour deux mois. En septembre, le couple s'installe provisoirement au nord de Berlin, à Kraenzlin. Puis le gouvernement de Vichy et un essaim de collaborateurs ayant à leur tour pris le chemin du IIIe Reich, Céline retrouve à Sigmaringen (1) cette sinistre colonie.
Les autorités nazies lui ayant enfin délivré des passeports pour le Danemark, le couple franchit la frontière le 22 mars 1945.
Le 19 avril 1945, un mandat d'arrêt est délivré en France et à charge du sieur Destouches-Céline. Il vit donc alors au Danemark et sous une fausse identité (voir la dernière illustration de cette page). Son arrestation n'interviendra que le 17 décembre après dénonciation et sur interventions pressantes de l'Ambassadeur de France à Copenhague, Guy Girard de Charbonnière.
Céline restera onze mois derrière les barreaux tandis que s'éternisent les démarches en vue d'une extradition aux motifs "d'appartenance à des organismes de propagande germanophile et de publication de livres et d'articles soutenant l'idéologie national-socialiste".
Enfin, l'extradition demandée par Georges Bidault, le ministre français des Affaires étrangères, est rejetée. Céline sort de prison, nonobstant sa parole de ne pas fuir le Royaume danois (l'écrivain envisagea la Suisse mais en vain).
Ce sera donc par contumace que la Cour de Justice de la Seine le jugera le 21 février 1950.
Un pamphlet de 1941 mais absent de la mémoire de Céline en 1950 (DR).
Pas question pour Céline de comparaître devant la justice de son pays.
Dans un libelle intitulé "Poteau-sur-Seine", il motive comme suit son "courage, fuyons la France et restons au Danemark" :
- son procès ne pourrait être qu'un "procès Dreyfus à l'envers" ;
- le Tribunal sera uniquement composé de "juges épurateurs" ;
- en conséquence, une condamnation à mort par fusillade lui serait réservée (d'où le titre du libelle).
A la majorité, la Cour de la Seine répondra "oui" aux deux questions suivantes :
Parce que quelques défenseurs ont argumenté en ce sens :
- "Céline a été jugé... Lourdement... On ne va pas refaire ni l'histoire ignoble de la collaboration, ni celle lamentable de l'épuration."
Ne pas "refaire l'histoire" ? Certes non. Elle se suffit à elle-même, malgré les tentatives d'instrumentalisations. Mais l'histoire n'est pas une momie mise en chambre froide. Elle progresse avec l'ouverture d'archives inédites, avec la récolte de témoignages neufs. Sa relecture est permanente. Son étude active.
Le Magazine, 11 mars 1941, annonce la sortie prochaine en librairies du pamphlet "De Beaux Draps" signé par Céline (DR).
17 juin 1944, Céline et son épouse Lucette, abandonnent leur appartement de la rue Girardon à Montmartre. Destination prévue : le Danemark où le docteur-écrivain Destouches-Céline avait pris soin de placer son or à l'abri.
Leur itinéraire débute par la case Baden-Baden pour deux mois. En septembre, le couple s'installe provisoirement au nord de Berlin, à Kraenzlin. Puis le gouvernement de Vichy et un essaim de collaborateurs ayant à leur tour pris le chemin du IIIe Reich, Céline retrouve à Sigmaringen (1) cette sinistre colonie.
Les autorités nazies lui ayant enfin délivré des passeports pour le Danemark, le couple franchit la frontière le 22 mars 1945.
Le 19 avril 1945, un mandat d'arrêt est délivré en France et à charge du sieur Destouches-Céline. Il vit donc alors au Danemark et sous une fausse identité (voir la dernière illustration de cette page). Son arrestation n'interviendra que le 17 décembre après dénonciation et sur interventions pressantes de l'Ambassadeur de France à Copenhague, Guy Girard de Charbonnière.
Céline restera onze mois derrière les barreaux tandis que s'éternisent les démarches en vue d'une extradition aux motifs "d'appartenance à des organismes de propagande germanophile et de publication de livres et d'articles soutenant l'idéologie national-socialiste".
Enfin, l'extradition demandée par Georges Bidault, le ministre français des Affaires étrangères, est rejetée. Céline sort de prison, nonobstant sa parole de ne pas fuir le Royaume danois (l'écrivain envisagea la Suisse mais en vain).
Ce sera donc par contumace que la Cour de Justice de la Seine le jugera le 21 février 1950.
Un pamphlet de 1941 mais absent de la mémoire de Céline en 1950 (DR).
Pas question pour Céline de comparaître devant la justice de son pays.
Dans un libelle intitulé "Poteau-sur-Seine", il motive comme suit son "courage, fuyons la France et restons au Danemark" :
- son procès ne pourrait être qu'un "procès Dreyfus à l'envers" ;
- le Tribunal sera uniquement composé de "juges épurateurs" ;
- en conséquence, une condamnation à mort par fusillade lui serait réservée (d'où le titre du libelle).
A la majorité, la Cour de la Seine répondra "oui" aux deux questions suivantes :
- "Louis-Ferdinand Céline (...) est-il coupable d'avoir en France, de 1940 à 1944 (...) sciemment accompli des actes de nature à nuire à la Défense nationale ?"
- "L'action (...) spécifiée sous la question numéro un a-t-elle été commise avec l'intention de favoriser les entreprises de toutes natures de l'Allemagne puissance ennemie de la France ou de l'une quelconque des Nations alliées en guerre contre les puissances de l'Axe ?"
En conséquence, et donc par contumace, la Cour condamne Céline à un an de prison, à 50.000 francs d'amende, à l'indignité nationale et à la confiscation de 50 % de ses biens.
En conséquence, et donc par contumace, la Cour condamne Céline à un an de prison, à 50.000 francs d'amende, à l'indignité nationale et à la confiscation de 50 % de ses biens.
La peine légère d'une seule année de prison concrétise la prise en considération de son statut de mutilé de la guerre 14-18 tel que mis en avant par son défenseur, Me Tixier-Vignancour (2) :
- "Il paraît utile de rappeler la magnifique conduite de CÉLINE au cours de la guerre 1914-1918 où il obtint la médaille militaire en Décembre 1914 à l'occasion d'un fait d'armes relaté dans L'Illustré National. Grièvement blessé, CÉLINE est réformé à 75%" (3).
De plus, l'incarcération préventive au Danemark couvrait la peine prononcée en France...
Le 23 février, dans une lettre à Albert Paraz, l'écrivain ne cache pas un soulagement certain :
De plus, l'incarcération préventive au Danemark couvrait la peine prononcée en France...
Le 23 février, dans une lettre à Albert Paraz, l'écrivain ne cache pas un soulagement certain :
- "Ils ont été aussi peu vaches qu'ils pouvaient, faut convenir. J'aurais tort de râler. J'ai payé pour la raison d'Etat."
Néanmoins, Céline n'espère pas ou feint ne pas espérer une amnistie :
- "Je n'y crois pas du tout à l'Amnistie ou aux Amnisties... Ramtamtam électoral et cureton et Tartufe. En attendant on crève. C'est tout."
(Lettre à Charles Deshayes, 26 avril 1950).
Plutôt que de "crever", l'écrivain se verra accorder l’amnistie le 20 avril 1951 par le Tribunal militaire de Paris, attendu, comme le précisera le Commissaire du gouvernement Camadeau, qu’il "n’y avait pas de quoi fouetter un chat".
Si la Justice se montra si prompte à passer l'éponge, l'explication ne plaide pas en faveur de l'honneur de ses avocats. Ils se gardèrent bien d'évoquer le nom de Céline devant les juges militaires mais seulement celui du sieur Destouches. Incultes, ces militaires ?
De retour en France dès 1951, l'écrivain signe avec Gaston Gallimard un contrat de 5 millions...
Le 4 septembre 1941, Notre Combat pourla Nouvelle France socialiste publie un extrait de Bagatelles pour un massacre. Le lendemain s'ouvrira à Paris l'exposition "Le Juif et la France". Céline va se plaindre de ce que ses écrits ne reçoivent pas à cette exposition la publicité qu'il en attendait. Cliquer sur le texte pour l'agrandir.
Flash-back.
Céline s'est défendu avec des ficelles aussi classiques que peu glorieuses :
- agiter l'épouvantail d'une mise à mort soi-disant programmée ;
- adopter une posture de victime pour mieux camoufler sa culpabilité ;
- s'assimiler ni plus ni moins... à Dreyfus, symbole d'une erreur judiciaire générée par l'antisémitisme alors que l'écrivain a été lui-même l'un des loups hurlant le plus ignominieusement contre les juifs.
Depuis le Danemark, Céline exécuta une pirouette mensongère pour camoufler son antisémitisme :
- "Je ne me souviens pas d’avoir écrit une seule ligne antisémite depuis 1937.
Néanmoins, Céline n'espère pas ou feint ne pas espérer une amnistie :
- "Je n'y crois pas du tout à l'Amnistie ou aux Amnisties... Ramtamtam électoral et cureton et Tartufe. En attendant on crève. C'est tout."
(Lettre à Charles Deshayes, 26 avril 1950).
Plutôt que de "crever", l'écrivain se verra accorder l’amnistie le 20 avril 1951 par le Tribunal militaire de Paris, attendu, comme le précisera le Commissaire du gouvernement Camadeau, qu’il "n’y avait pas de quoi fouetter un chat".
Si la Justice se montra si prompte à passer l'éponge, l'explication ne plaide pas en faveur de l'honneur de ses avocats. Ils se gardèrent bien d'évoquer le nom de Céline devant les juges militaires mais seulement celui du sieur Destouches. Incultes, ces militaires ?
De retour en France dès 1951, l'écrivain signe avec Gaston Gallimard un contrat de 5 millions...
Le 4 septembre 1941, Notre Combat pour
Flash-back.
Céline s'est défendu avec des ficelles aussi classiques que peu glorieuses :
- agiter l'épouvantail d'une mise à mort soi-disant programmée ;
- adopter une posture de victime pour mieux camoufler sa culpabilité ;
- s'assimiler ni plus ni moins... à Dreyfus, symbole d'une erreur judiciaire générée par l'antisémitisme alors que l'écrivain a été lui-même l'un des loups hurlant le plus ignominieusement contre les juifs.
Depuis le Danemark, Céline exécuta une pirouette mensongère pour camoufler son antisémitisme :
- "Je ne me souviens pas d’avoir écrit une seule ligne antisémite depuis 1937.
Les Juifs devraient m’élever une statue pour le mal que je ne leur ai pas fait et que j’aurais pu leur faire. Eux me persécutent, je ne les ai jamais persécutés" (4).
A cette tromperie "kolossale", s'associa devant le Tribunal, le fondateur du "Crapouillot" (5), Jean Galtier-Boissière :
- "Pendant l'Occupation, Céline n'a publié aucun pamphlet politique."
Dopées aux provocations du style : "Eux [les juifs] me persécutent", ces contrevérités ne tiennent pas une seconde.
Si la mémoire de Céline reste faussement et volontairement et si peu courageusement sélective, restent des extraits de presse tels que ceux figurant sur cette page. Et le dégoût à devoir relire par exemple des passages de ces "Beaux Draps" publiés en 1941 (6):
Si la mémoire de Céline reste faussement et volontairement et si peu courageusement sélective, restent des extraits de presse tels que ceux figurant sur cette page. Et le dégoût à devoir relire par exemple des passages de ces "Beaux Draps" publiés en 1941 (6):
- "Justice sociale pour le juif ? Lui le faisan, le Pharaon, le jeteur de poudre, le maquereau-né de l’Univers, l’hystérique satrape rebut de l’Orient, le bâtard de toutes les mystiques, l’incapable de tous les métiers, le parasite de tous les temps, l’imposteur de tous les trafics, le malagauffre tourné canaille ? C’est ça l’homme nouveau ? Ah pardon ! Ça serait drôle, ça serait un miracle, ça serait la première fois au monde qu’on verrait le juif sortir des phrases, des saloperies, des complots, pour se replier au rang commun, au tapin, réguler, correct, marner comme tout le monde, à égalité. Alors ça jamais ! Ça n’existe pas ! C’est tout le contraire de sa nature ! Chié par Moïse il tient son rang de caque supraluxe, copain qu’avec les autres chiés, en Moïse, en l’Éternel ! Il est que pourri, pourrissant. Il a qu’une chose d’authentique au fond de sa substance d’ordure, c’est sa haine pour nous, son mépris, sa rage à nous faire crouler, toujours plus bas en fosse commune. Qu’est-ce qu’il attend du communisme ? De nous cintrer encore plus étroit, nous garrotter d’encore plus près dans la prison juive."
(Denoël, 1941, p. 55).
Ou encore :
- "C’est un mimétique, un putain, il serait dissous depuis longtemps à force de passer dans les autres, s’il avait pas l’avidité, mais son avidité le sauve, il a fatigué toutes les races, tous les hommes, tous les animaux, la Terre est maintenant sur le flanc, rendue par ses tripatouillages, il est pas encore rassasié, il emmerde toujours l’Univers, le Ciel, le Bon Dieu, les Étoiles, il veut tout, il veut davantage, il veut la Lune, il veut nos os, il veut nos tripes en bigoudis pour installer au Sabbat, pour pavoiser au Carnaval. Il est fol, à lier complètement, c’est qu’un absurde sale con, un faux sapajou hystérique, un imposteur de ménagerie, un emmerdant trémousseux, crochu hybridon à complots. Il nous escorte c’est le malheur, c’est le monstre qui colle, l’Horreur chez soi, il est monté dans la nef à la place d’un vrai animal.
Il veut plus jamais nous quitter du moment que c’est lui qui commande."
(P. 68).
Il veut plus jamais nous quitter du moment que c’est lui qui commande."
(P. 68).
Inutile aujourd'hui de tenter de donner au procès (7) les apparences d'une montagne. Il n'accoucha que d'une souris grise judiciaire.
Finalement, Céline fut condamné pour avoir égratigné la "défense nationale". Il ne répondit jamais devant un tribunal de son antisémitisme. Il ne fut même pas inquiété pour avoir proféré des appels à la mort comme celui-ci :
- "Bouffer du juif, ça ne suffit pas, je le dis bien, ça tourne en rond, en rigolade, une façon de battre du tambour si on saisit pas les ficelles, qu'on les étrangle pas avec. Voilà le travail, voilà l'homme."
(Les Beaux Draps, p. 115).
Ceux qui affirment en 2011 que le fuyard au Danemark fut "lourdement" condamné, se trompent ou cherchent à tromper.
Et la Shoah ? (8)
Aucune des deux questions posées à la Cour de Justice ne portait sur l'antisémitisme. A cette époque, les réalités du judéocide se trouvaient marginalisées, minimisées par rapport aux horreurs de l'occupation et de la collaboration. Même au procès de Pétain, la persécution des juifs officialisée par Vichy, resta hors des problèmes évoqués devant le Tribunal...
Gaullistes et communistes s'entredéchiraient. Les uns accordaient globalement aux Français un faux certificat de résistants. Les autres s'autoproclamaient parti des 75.000 fusillés. Et ces mythes laissaient le judéocide dans "la nuit et le brouillard".
Dans le contexte des années 50, il importe également de resituer les néovichystes. Avec leur volonté de dépeindre mensongèrement et grossièrement l'épuration (on lut même chez Fayard une "étude" chiffrant les victimes de celle-ci en y englobant Oradour-sur-Glanne !).
Une fois l'épuration déformée puis condamnée, ces néovichystes s'en prenaient à la Résistance en la calomniant si pas en la niant.
Pour enfin aboutir au rejet d'une IIIe République - avec le programme du CNR (9) - née d'une Libération mettant à bas le régime vichyste. Nostalgie active de revanchards...
Le procès de Céline se déroula à cette charnière de l'histoire de France : l'extrême droite relevant la tête, les conflits se prolongeant autour de l'héritage de la Résistance et la persécution des juifs toujours en attente de sa reconnaissance.
Que conclure ?
En 1945, il manquait en France et à la France près de 80.000 juifs, tous victimes de la Shoah.
En 1951, planqué au Danemark, camelot de son faux martyre, Céline crachait toujours sur leurs ombres étoilées du haut de sa statue d'antisémite ! Ceux qui affirment en 2011 que le fuyard au Danemark fut "lourdement" condamné, se trompent ou cherchent à tromper.
Et la Shoah ? (8)
Aucune des deux questions posées à la Cour de Justice ne portait sur l'antisémitisme. A cette époque, les réalités du judéocide se trouvaient marginalisées, minimisées par rapport aux horreurs de l'occupation et de la collaboration. Même au procès de Pétain, la persécution des juifs officialisée par Vichy, resta hors des problèmes évoqués devant le Tribunal...
Gaullistes et communistes s'entredéchiraient. Les uns accordaient globalement aux Français un faux certificat de résistants. Les autres s'autoproclamaient parti des 75.000 fusillés. Et ces mythes laissaient le judéocide dans "la nuit et le brouillard".
Dans le contexte des années 50, il importe également de resituer les néovichystes. Avec leur volonté de dépeindre mensongèrement et grossièrement l'épuration (on lut même chez Fayard une "étude" chiffrant les victimes de celle-ci en y englobant Oradour-sur-Glanne !).
Une fois l'épuration déformée puis condamnée, ces néovichystes s'en prenaient à la Résistance en la calomniant si pas en la niant.
Pour enfin aboutir au rejet d'une IIIe République - avec le programme du CNR (9) - née d'une Libération mettant à bas le régime vichyste. Nostalgie active de revanchards...
Le procès de Céline se déroula à cette charnière de l'histoire de France : l'extrême droite relevant la tête, les conflits se prolongeant autour de l'héritage de la Résistance et la persécution des juifs toujours en attente de sa reconnaissance.
Que conclure ?
En 1945, il manquait en France et à la France près de 80.000 juifs, tous victimes de la Shoah.
Et notre mémoire n'a besoin ni de travail ni de devoir pour en garder les preuves.
NOTES :
(1) De septembre 1944 à avril 1945, ville et son château où s'agglomérèrent un millier de Français collabos. Y siégea la dérisoire "Commission gouvernementale française pour la défense des intérêts nationaux"...
(2) Jean-Louis Tixier-Vignancour (1907-1989). Secrétaire général adjoint à l'Information du gouvernement de Vichy (1940-1941). Candidat de l'extrême droite aux Présidentielles de 1962.
(3) "Note dans l’intérêt de L-F Céline", 1949.
(4) Cahier Célinien, n°8.
(5) Journal satirique (1915-1996). De l'esprit des poilus (un crapouillot était un mortier des tranchées), cette publication a fini dans les caniveaux de l'extrême droite. Elle devint la propriété de "Minute". Serge de Beketch et Roland Gaucher, entre autres, y laissèrent leur nom.
(6) Quel paradoxe ! Il est actuellement crié à la censure, mais laquelle ? Dans le cercle même de Céline disparu, il est veillé à interdire la publication de ses écrits les plus antisémites... Tandis que la Pléiade aligne 4 tomes de romans et 2080 pages de Lettres.
(7) Cette page a été rédigée sans consultation possible de "Toujours l'article 75 au cul ! Procès de Céline. 1944-1951", Ed. Du Lérot, pour cause de premier tirage épuisé. Une seconde édition est annoncée pour le 15 février.
Les mêmes qui frappèrent du sceau infâmant du "marketing" la publication réussie d'un discours de Stéphane Hessel, n'ont pas encore entonné le même refrain à propos de ce volume Du Lérot...
(8) En Hébreu : la catastrophe. Depuis le document cinématographique de Claude Lanzmann (1985), terme retenu pour le judéocide pendant la Seconde guerre mondiale.
(9) Pour (re)lire le programme de Conseil National de la Résistance, cliquer ICI.
.
la cause était entendue pour moi - mais merci pour ce billet parce que j'ignorais tout des attendus du jugement, entre autres
RépondreSupprimer@ brigetoun
RépondreSupprimermais il y a la (semi) surdité d'autres, pour qui Céline - cet écrivain de génie - doit être dissocié du pamphlétaire, lui-même dissocié de l'individu Destouches...
pour aboutir à une mise hors de cause de l'intellectuel dont d'aucuns soulignent qu'en définitive, il n'avait pas "de sang sur les mains"... comme si l'écriture ne pouvait être assassine !
Si le sujet m'est connu c'est d'une façon un peu superficielle et j'ignorais tout du détail de ce jugement, pour moi un billet tout à fait intéressant.
RépondreSupprimerMalgré tous mes efforts je suis toujours incapable de séparer l'auteur de l'antisémite éructant, les romans de l'ignominie de l'homme
@ Dominique
RépondreSupprimerdevant un tribunal, il n'y a pas de lois d'exception (dans un sens ou dans l'autre) pour les écrivains...
Ce texte a le mérite d'être clair, concis, et solidement documenté. Bravo. Je suis également incapable de séparer l'œuvre de l'homme qui l'a écrit... Amateur de polars, j'appréciais Léo Malet pour sa gouaille et sa façon colorée de faire vivre les différents quartiers de Paris par exemple. Certes on ne pouvait parler "d'œuvre" littéraire mais on passait un bon moment avec son Nestor Burma. Différents textes et interviews de lui m'ont amené à pondérer sérieusement l'intérêt que je portais à cet auteur... Son penchant "libertaire" ne suffisait pas à cacher la dimension franchement raciste, anti-arabe en particulier, du discours qu'il tenait (ou faisait tenir par ses personnages) en certaines circonstances. Je n'ai plus le même regard sur ses livres depuis.
RépondreSupprimer@ La Feuille, cher Oncle
RépondreSupprimerVotre commentaire fait penser à Tardi qui illustra aussi bien le Voyage au bout de la nuit que le Paris en noir et blanc de Malet...
Non pour exprimer à ce propos un appel à la "bienpensance", faut-il le préciser ?
Ainsi que vous l'exprimez, découvrir des cadavres nauséabonds dans les écritoires d'un auteur, métamorphose notre regard sur celui-ci mais encore sur ses (ré)créations...
Je n'ajouterai pas de commentaire, je risquerai de devenir vulgaire.
RépondreSupprimerMerci à vous JEA, d'avoir remis les pendules à l'heure comme vous savez si bien le faire.
TOLERANCE
@ visa pour la Tolérance
RépondreSupprimerLe jour où vous seriez vulgaire, ne peut figurer que sur un qualendrier aux quatre jeudis...
Dans la balance "actions" de Céline durant la période avant la Libération (ou "écrits antisémites") et "livres" (dignes de La Pléiade), les premiers pèsent lourd, très lourd sur le plateau de droite extrême.
RépondreSupprimerLa question demeure pourtant posée : sa littérature en est-elle alors frappée totalement d'inanité voire d'inacceptabilité et donc pourquoi est-elle publiée ?
L'avocat Philippe Bilger vient de publier un livre sur le procès expéditif de Robert Brasillach : encore un écrivain dont on trouve toujours des livres même en édition de poche.
Drieu Larochelle eut le bon goût de se suicider : mais, idem, ses romans peuvent tomber sous la main d'une âme innocente (ou d'un cinéaste sans scrupules).
Où va-t-on ? La vie serait tellement plus simple si les êtres humains étaient d'un seul tenant et aboutissant.
Ceci dit en toute amitié et partage profond de certaines valeurs avec vous.
Il y a une différence génante entre ces auteurs et céline ....C'est que ce dernier est peut être le plus grand écrivain du XXeme siècle alors que Drieu ou Brasiliach ....personne ne les lirait en 2013 .
SupprimerJe les ai lus parce que j'avais un travail universitaire à faire sur la collaboration ...Si ça n'est pas toujours entièrement nul d'un point de vue litteraire ...C'est souvent veule , parfois ignoble .
Il n y a aucun inconvenient à ce qu'ils demeurent dans la poubelle où leur indignité morale les a précipités .
@ Dominique Hasselmann
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire et pour votre amitié.
Cette page est forcément à mon image : limitée. Au seul procès Céline (1951) et à un antisémitisme hyperbolique mais resté ignoré de la Justice.
Je n'ai pas encore décrypté le Bilger. Il ne peut avoir que raison en rappelant combien le procès Brasillach n'a pas été non plus en l'honneur de la Justice française. Ni sur la forme, ni sur le fond. Mais j'ai déjà lu des énormités autour de ce livre : par exemple que de Gaulle n'accorda pas de grâce pour complaire au seul parti communiste...
Sinon, personnellement, mais est-ce à préciser, j'ai toujours été et reste un adversaire absolu de la peine de mort ?
Comme bien d'autres, mais moi c'est en me forçant, je lis aussi les écrivains collabos. Sans appel à jeter ces oeuvres au feu. Sinon comment les étudier et les contester ? Mais j'ai travaillé aussi sur les fiches individuelles de déportation de juifs (y compris des bébés) et/ou de résistants.
Les collabos volontaires, actifs, efficaces dans leurs domaines respectifs (y compris la littérature) ne sont pas des abstractions ni des esprits intouchables quand ils ont à répondre de tant de vies massacrées pour cause de racisme et/ou de révolte contre le IIIe Reich et Vichy.
Sous la première photo est indiqué : "à droite Céline"... à la droite du berger allemand et allité. L'image est étonnante.
RépondreSupprimer@ MH
RépondreSupprimerFranchement, je n'ai pu m'empêcher de rédiger cette légende...
Cher JEA, merci pour cet article complet. Je reste d'accord avec la position de Dominique Hasselman, mais encore une fois, Céline était un type absolument écoeurant, nous sommes d'accord. Je lisais aussi, hier, une belle intervention de Thierry Ginhut à son propos sur le site de Stalker :
RépondreSupprimerhttp://stalker.hautetfort.com/archive/2011/02/04/celine-ou-l-indignite-du-genie-par-thierry-guinhut.html#more
(J'espère que le lien marchera.)
(PS : La lecture des commentaires est aussi très intéressante, notamment ceux de Francis Moury.)
RépondreSupprimer@ JEA : merci pour votre réponse. Vous aurez rectifié sans faute (!) mon Drieu La Rochelle.
RépondreSupprimerJe suis évidemment d'accord avec votre dernière phrase (je ne crois pas penser le contraire).
@ Dominique Hasselmann
RépondreSupprimerLe nombre de fois où vous avez retouché discrètement une coquille laissée par ma distraction sur votre blog, doit être astronomique...
Malheureusement, ici, je n'avais pu vous rendre la pareille, faute de pouvoir accéder au contenu des commentaires. Mes excuses...
Et moi j'ai oublié un 'n' à Dominique Hasselmann, mille excuses.
RépondreSupprimer@ Sophie K.
RépondreSupprimerSoyez remerciée pour votre lien et le PS.
Hélas, le serveur blogspot et ces Mo(t)saïques présentent des incompatibilités d'humeurs qui se traduisent par l'impossibilité technique de non seulement confier des liens aux commentaires mais même d'accéder à ces commentaires devenant par moments intouchables... Deux exemples : c'est aussi vrai pour Frasby que pour moi (un comble, quand même) !
Pour les coquilles, laissons-les prendre de l'âge. Nos pages ressemblerons alors à des plages. Et qui sait ce qu'elles nous confieront à l'oreille ?
Un billet qui remet les pendules à l'heure , il portait un doux nom et derrière se cachait un ignoble individu ! Mais voilà , nous sommes nombreux et nombreuses à avoir lu ses livres ... On a parlé assez rapidement de ses ignominies concernant son antisémitisme et néanmoins il a continué à écumer les bancs des écoles , bibliothèques etc ...Je rejoins beaucoup de commentaires ...
RépondreSupprimerMerci pour votre billet riche et instructif .... Et une photo qui en dit long aussi ...
@ Marie
RépondreSupprimerD'autres ne supposeraient aucun inconvénient à ce qu'un Lycée porte le nom de Céline...
Ah bon mais je ne savais pas qu'il avait été éjecté (enfin !) des célébrations nationales ! (ai-je bien compris ?)
RépondreSupprimerJ'ai du rater un épisode. Alors, c'est pour cela que le magazine littéraire a consacré un numéro l'année dernière à ce puant personnage ! Quand j'ai vu la couverture, je me suis éloignée en me pinçant le nez et j'ai cru que c'était juste un hommage de plus. C'en était certainement un, en fait.
Vraiment étonnant que l'on parle encore de Céline ainsi. Je termine "Nord" et peux dire que c'est une fascinante chronique de l'Allemagne sous les bombes. On perçoit à travers ce roman la complexité de l'Histoire dont la tendance actuelle est d'en donner un aspect par trop réducteur.
SupprimerA chacun(e) ses fascinations.
SupprimerJ'ajoute que sa sale mentalité m'a empêché d'apprécier son fameux génie et "Le voyage au bout de la nuit" que d'aucun m'ont prêté en me sommant de le lire absolument pour ne pas passer à côté d'un chef-d'oeuvre m'est rapidement tombé des mains tant ses lignes ignobles sont à l'image de l'individu. Les pages de ce ramassis d'ordure me brûlent encore les mains vingt ans plus tard.
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