MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

lundi 31 janvier 2011

P. 5. Brèves : dans le grand fourre-tout des actualités

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Beuquette à Bosmont-sur-Serre (Ph. JEA / DR).

Vu de la beuquette :  par ici la délation, un député en surnombre, ascensueur pour handicapés, encore une histoire belge, le président marronnier, mariages interdits, et rik et Moubarak, BB jette le gant...

Bon anniversaire, Marthe.
La beuquette de Yanny Hureaux en première page de « L’Ardennais », avec pour l’épicer, un peu du patois de là-haut :

- "Veuve depuis 1989 de l’ultime chef de gare de Vivier-au-Court, Mme Marthe Virolet-Toupet habite au deuxième étage d’un immeuble sans ascenseur de Vrigne-aux-Bois. Ce matin, comme chaque jour, elle descendra acheter son journal. Revenue chez elle, après l’avoir lu, elle découpera la beuquette et la collera sur un cahier. Celle d’aujourd’hui sera la cerise sur son gâteau d’anniversaire. Vive vos nonante-six printemps, bien chère Marthe ! Comme vous êtes originaire de la patrie des Crayats, donc de Neufmanil et que vous parlez à la perfection le patois, la beuquette vous abrache d’tout sa cœur. Et elle espère bin que rétue coume vous êtes, da quatre ans vous choufflerez un cent de bougies, en présence des maires d’Vrin et d’Neumâni et bin chûr de vos afats, petits et arrière-petits-afants ! Yauque, nem !
(12 janvier 2011).

Délation de haut niveau et de haut vol.
Une Ministre, Nathalie Kosciusko-Morizet, ne met pas de gants pour faire écarter de FR2 Nicolas Bedos, ce dernier ne répondant pas à la définition de l’humour selon la première :

- "Ce n'est pas drôle, c'est nul, c'est insultant ! Moi je n'aime pas ! C'est une perte de public immédiate ! Qui a envie d'écouter ça ? Cela fait rire quelqu'un ?  (...) Si j'étais l'animateur, je ne le réinviterai pas après un truc pareil. Moi je n'aime pas, je ne pense pas que ça participe ni du niveau ni de l'audience de la chaîne. On peut avoir de l'humour, il y en a toujours eu sur la politique. C'est bon l'humour quand on tangente quelque chose de la réalité. C'est un talent particulier. C'est un talent que manifestement cet humoriste n'a pas."
(RMC, 24 janvier 2011)

Un seul député, c’est encore trop ?
En Belgique, le Parti Populaire (mini version une fois de ces partis qui fleurissent sur les marécages des xénophobies et des nationalismes obtus) choisit la manière forte :

- "Le Parti populaire a exclu vendredi, à l’unanimité, son unique député, Laurent Louis, au terme de plusieurs semaines de tension entre ce dernier et le président du PP, Mischaël Modrikamen…
Les tensions entre l’unique député élu du Parti populaire aux élections législatives du 13 juin dernier et M. Modrikamen se sont cristallisées ces dernières semaines sur certaines positions idéologiques (peine de mort, permis à point pour les nouveaux Belges, etc) mais également sur les rapports entre M. Louis et son ancienne attachée parlementaire, devenue porte-parole du PP.
La direction du PP reproche à M. Louis son instabilité ainsi que des attitudes de harcèlement à l’égard de cette porte-parole."
(Le Soir, 28 janvier 2011).

Aff. de Zep pour Handicap international (DR).

Handicapés.
Le gouffre entre les discours officiels et les réalités sordides :

- "Nicolas Amigou, locataire au 163, boulevard Serurier (XIXe arrondissement), est bloqué chez lui du fait d’une panne d’ascenseur depuis le 1er janvier. Ses appels - répétés et pressants - auprès de l’antenne locale puis du siège de la Semidep, pour expliquer sa situation d’homme en fauteuil roulant, prisonnier dans son appartement du deuxième étage, ont longtemps été ignorés par les responsables de la société. Face à tant de négligence et de désinvolture, il vient de déposer une plainte contre X pour «mise en danger de la vie d’autrui»."
(Libération, 26 janvier 2011).

Histoire belge.
Du moins l’avant avant dernière de ces histoires et tant que le Royaume ne se conjugue pas au passé décomposé :

- "Trente enquêteurs ont effectué une perquisition jeudi sur la base aérienne de Melsbroek. Des membres du personnel sont soupçonnés d’abus divers… dont l’utilisation d’hélicoptères de la police fédérale pour un usage privé.
Selon la RTBF, en temps normal, ces hélicoptères sont chargés de surveiller le trafic routier, les manifestations ou encore de rechercher des personnes disparues mais ces hélicoptères serviraient aussi à des missions plus futiles comme se rendre dans le Limbourg juste pour boire un café, un vol assez coûteux qui est considéré comme un exercice. Autre exemple cité sur le site de la RTBF : des hélicoptères auraient été poussés au maximum pour obtenir des données statistiques revendues ensuite à une firme privée."
(LeVif.be, 28 janvier 2011).

(Graph. JEA / DR).

Nicolas Sarkozy en marronnier.
Pour CMC, Erwann Gaucher épluche Le Point, Le Nouvel Obs et L’Express :

- "Plus qu'un marronnier, une véritable obsession : Nicolas Sarkozy. J'avais beau le savoir inconsciemment, le phénomène m'a impressionné. A eux trois, ils ont consacré 85 Unes au président en trois ans !
Champion de l'obsession Sarkozy, Le Point avec 32 couv consacrées au sujet, soit 22% des Unes que j'ai passé (sic) en revue ! En moyenne, quasiment une Une par mois pendant trois ans...
Le Nouvel Obs n'est pas loin avec ses 30 Unes (21%) tandis que L'Express paraît presque timide avec "seulement" 23 Unes consacrées au président, soit 16% de ses couv."
(28 janvier 2011).

Une seule journée par an alors qu'il en faudrait, semble-t-il, 365 (DR).

Non aux mariages entre homosexuels.
En France, arrêt du Conseil Constitutionnel à propos du mariage homosexuel.
"Il n'appartient pas au Conseil constitutionnel de substituer son appréciation à celle du législateur" (28 janvier 2011).

La balle est donc relancée vers les élus au nombre desquels l’UMP Jacques Myard, député-maire de Maisons-Lafitte :
- "Je ne m’occupe pas des homos mais ce que je leur reproche c’est d’être devenus un lobby, une secte, de pratiquer le terrorisme intellectuel... Alors moi je leur dis « Messieurs les homos des deux sexes, foutez-nous la paix »…
On me dit qu'il faut prendre en compte l'homosexualité parce qu'elle existe. J'ai dit qu'à ce moment-là, toutes les perversions sexuelles… Le zoophile existe, vous allez le prendre en compte ?...
La civilisation s’est développée sur l’hétérosexualité."
(Nouvelles de France)

Christine Boutin, présidente du Parti chrétien-démocrate, plonge aussi sa plume dans une eau bénite :
- "Ceux qui ont pu penser qu'ils obtiendraient satisfaction par la multiplication de petites procédures trouvent aujourd'hui une réponse : en France, le droit n'est pas l'objet de tel ou tel lobby."
(Le Monde, 28 janvier 2010).

Kroll (Le Soir, 29 janvier 2011 / DR).

Du mou dans le pouvoir en Egypte.
En première page du Soir de Bruxelles, Kroll, témoin de notre temps. Si des Wallons se glissaient parmi les manifestants du Caire, on entendrait :

- "Et rak et rik, on va sketter l'boutik
Et rik et rak, on va sketter l' Moubarak... "

Prochaine présidentielle en France.
Les futurs électeurs (masc. gram.) l’échappent belle :

- "Brigitte Bardot ne sera pas candidate à la présidentielle de 2012, a-t-on appris jeudi, alors que l'ex-actrice réfléchissait depuis trois mois à une proposition en ce sens d'une partie de l'Alliance écologiste indépendante."
(nouvelObs.com, 28 janvier 2011).

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jeudi 27 janvier 2011

P. 4. Toponymie 1 : Lieux-dits en un recoin du Condroz

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(Ph. JEA / DR).

Rapatrié pas vraiment volontaire, un pied resté dans les Ardennes de France mais l'autre tâtant un cercle de terre condruzienne. Parmi les premiers réflexes : déployer l'une ou l'autre carte au 20.000. Imaginer pour ne pas changer les paysages à travers l'hydrographie, les couvertures du sol, les reliefs... Et la toponymie, mine d'or même pour les plus paumés des chemineaux. Une toponymie moins loquace et moins exubérante par ici qu'au pays des rièzes et des sarts. Mais avec des empreintes d'un Wallon d'autant plus attendrissant qu'il reste si expressif mais hélas près de s'éteindre...

Voici une mo(t)saïque rassemblant quelques lieux-dits autour de ce nouvel ici.

(Ph. JEA / DR).

A la Poterie
Al Baraque

Aux Goncês
Aux Roupées
Aux Trois Saules

Bassine
Baya
Belle Vue

Campagne de Djètefo
Champs Mabay
Coin à Viné

Eve

Fond de Gonwé, de la Neurette, de Morvâ, de Schelt, de Wallou, du Laveu

Fonteline
Forkechamps

Germémont
Grande France

Haponry
Havée des Fonds du Petit Jean (1)
Haveligeoule
Hiétinne
Houripont

Joskinhaie

La Béôle
La Boulhaie
La Caracole (2)
La Cour des Moines
La Pâche
La Posterie

Le Hêtre à Viné

Les Clavias
Les Comognes (3)
Les Dames Blanches
Les Golettes
Les Gottes
Les Goyés
Les Grandes Triches (4)
Les Hourlettes
Les Mâlires (5)
Les Piroux
Les Trihes
Les Tomballes

(Ph. JEA / DR).

Magrôle
Maizeroule
Malihoux
Moirnou
Muache

Offoux

Petit Brin
Pichelotte
Pré d'Amide

Pierre au Loup
Pîre al Gate (6), al Messe

Pierpont, Pont d’Ombre, Pourri Pont

Relay de Vyle
Rômont

So les Trihes
Sur Bruyère, Sur Magrôle, Sur Roiseu

Stienhla

Taille Guéry
Tchafor
Thier à la Tour
Tibiémont
Tienne aux Grives (7)

Tige de Fraiture (8), de Hody, de l'Herberain, de Pair, de Ville, d’Oneux

Trou al Wesse, Bottin, Houssion

Val Clavin

Wachenne
Wavehaye
Wérissaux

(Ph. JEA / DR).

NB :

(1) Une havée serait une mesure de grains et par extension, la surface nécessaire à la récolte de ces grains.

(2) Mot wallon pour "escargot". Bien loin du terme de cavalerie...

(3) Terres communales.

(4) Déformation de "friches".

(5) Nom donné aux anciennes exploitations de marne.

(6) Pierre de la chèvre.

(7) Un tienne correspond à une côte, à une montée.

(8) Une tige représente une ligne de crête.




lundi 24 janvier 2011

P. 3. Bobigny, "Gare de la Déportation"

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Gare de Bobigny (Graph. JEA / DR).

Reçu de Viviane, cette Invitation à partager :

Rendez-vous le mardi 25 janvier 2011 à 11 h :
ancienne gare de Bobigny.

- "La ville de Bobigny et la SNCF signeront publiquement l’acte de cession par la SNCF de l’ensemble du site à la Ville de Bobigny pour l’euro symbolique.
C’est une étape importante pour la réalisation du projet de mise en valeur de ce site.

La « Gare de la Déportation », dénomination officielle de l’ancienne gare de Bobigny, qui est déjà classée au titre des Monuments historiques, va enfin pouvoir, sans aucun obstacle administratif, devenir un lieu de préservation de la mémoire, en partenariat avec Drancy et le Mémorial de la Shoah."

Cette invitation est accompagnée d'une présentation par le site Passion-Trains :

- "Bobigny a gagné son triste rang de « gare de déportation » le 18 juillet 1943, lorsqu'un premier convoi de 1 126 prisonniers a pris la direction de l'Allemagne, vers l'un de ses camps de l'horreur. Vingt autres convois suivront durant la guerre, emportant 22 407 personnes, dont sont revenues seulement 1 515. Un peu en retrait du bâtiment voyageurs, posée comme une pâtisserie grise entre des chemins de rails, la gare de marchandises était l'ultime étape avant Auschwitz.

Lorsque le projet, évoqué une première fois il y a près de vingt ans, aura abouti, la friche de l'avenue Henri-Barbusse n'aura pas seulement rang de mémorial.
Elle deviendra aussi lieu « d'éducation citoyenne » et d'événements culturels comme celui initié, au printemps 2005, par la compagnie théâtrale de la Pierre Noire avec les « Lignes de vie », un parcours scénographique sur le thème de la déportation. D'ici là, la ville aura peut-être convaincu la SNCF de lui rétrocéder l'ensemble du terrain de 3,5 ha (Bobigny n'a acquis que 1 450 m 2 et la gare voyageurs).

La halle marchandises, d'où partaient les convois, sera réhabilitée mais en la laissant délibérément vide, « pour évoquer l'absence de tous ceux qui, un jour, ont embarqué devant ce bâtiment », expliquent les coordinateurs du projet. Bien avant cela, une étape cruciale sera franchie en septembre : le début de la restauration du bâtiment voyageurs." (1)

Le projet tel que présenté sur le site de la Ville de Bobigny.

Pour la Belgique, la question d'une "Gare de la Déportation" ne se pose pas. Le Royaume n'a compté qu'un seul Sammellager - camp de rassemblement pour juifs - sur son territoire : la Caserne Dossin à Mechelen-Malines.
28 convois en partirent du 4 août 1942 au 31 juillet 1944 avec non seulement des juifs de Belgique mais notamment aussi, ceux du Nord de la France rattaché alors au Haut commandement allemand de Bruxelles. Soit un total de 18.522 déportés raciaux, y compris 351 Tziganes (2).
Sortis de la Kazerne, les déportés n'avaient que la rue à traverser pour immédiatement monter dans les wagons stationnés sur une voie de chemin de fer construite là en prévision de la Shoah.
Il n'existe donc pas de "Gare de la Déportation" en Belgique.

En France, Drancy fut loin d'être l'unique Judenlager mais de là partirent le plus de convois vers l'extermination (3). Enfin, "de là", pas exactement.
Des autobus y embarquèrent d'abord les déportés pour la gare du Bourget, ensuite pour celle de Bobigny:

- 42 convois entre le 27 mars 1942 et le 23 juin 1943 au départ de la gare du Bourget (plus de 42.000 juifs) ;
- 21 convois du 18 juillet 1943 au 17 août 1944 depuis la gare de Bobigny (plus de 22.400 déportés).

Le convoi 57 du 18 juillet 1943 emporta 1.126 porteurs d'étoile dont 126 enfants.
Le 77 du 31 juillet 1944 engloutit dans ses wagons 1.300 persécutés raciaux au nombre desquels 330 enfants (4).
Enfin, les départs depuis Bobigny vers les camps de la mort prennent fin par l'histoire du convoi du 17 août 1944. C'en était fini pour les Nazis à Paris. Brunner, le persécuteur par horreur, décida néanmoins d'un ultime convoi. Avec des juifs, des résistants et des otages. Chef de gare de Bobigny, Georges Achille appliqua des sabotages non violents. Finalement, les nazis ne purent rassembler que trois wagons. Ils emmenèrent, avec leurs bagages de fuyards, 51 déportés entassés dans le même wagon. 21 parvinrent à s'évader de ce train 1697 (5) alors qu'il se dirigeait vers Buchenwald.

Paradoxalement, aucun wagon du souvenir n'a été placé en face de la Caserne Dossin à Malines (6).
Par contre, un wagon symbolise les déportations raciales à Drancy alors que les convois attendaient au Bourget ou à Bobigny...

Hommes, femmes et enfants à tellement plus que 40 (Graph. JEA / DR).

Le site de l'ancienne gare de Bobigny précise :

- "De l’été 1943 à l’été 1944, la gare de Bobigny, qui était alors une gare désaffectée de la grande ceinture, devint le lieu de déportation des Juifs détenus au camp de Drancy, situé à un peu plus de 2 Km. Dans ce rôle, elle succéda à la gare du Bourget qui dès mars 1942 fut utilisée comme principal lieu de déportation des Juifs de France. En 13 mois, 22 407 hommes, femmes et enfants de tous âges y furent embarqués, à Bobigny, dans des convois de wagons plombés qui devaient les mener vers le camp d’extermination d’Auschwitz où l’immense majorité d’entre eux trouva la mort.

Après la Seconde Guerre mondiale, ce site de 3,5 hectares fut utilisé à des fins industrielles par un ferrailleur. C’est aujourd’hui une friche ferroviaire inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, en raison de son utilisation durant la seconde guerre mondiale. Elle constitue, en France, le seul exemple de gare de déportation aujourd’hui désaffectée et préservée dans un état proche de sa configuration d’origine. En ce sens, c’est un lieu unique.

Désormais propriétaire du site, la ville de Bobigny entend lui redonner vie en mettre en valeur ce site en soulignant ses dimensions, paysagères, historiques et mémorielles.
Ce projet s’inscrira en complémentarité avec celui du mémorial de la Shoah qui doit voir le jour à Drancy."


Drancy (sans date) : arrivée de persécutés (Ph. DIZ Muehchen GMBH).

Dans le contexte de la cérémonie du 25 janvier, il est généralement regretté l'absence de témoignages directs sur la gare de Bobigny. Et de fait, Drancy puis les convois (sans oublier le 73) et enfin les camps d'extermination constituent autant de sujets sortis des approximations et mis en perspective. Alors que Bobigny restait plus que marginal.
Une explication réside dans son statut de gare-brève étape. Les témoins évoquent les traumas des préparatifs puis du départ de Drancy. Ensuite les douleurs des jours de transport vers l'inconnu. Puis la confrontation plus que brutale avec l'univers des camps tel Auschwitz. Et pour celles et ceux qui le purent, leurs récits de rescapés.
Dans le processus des déportations, Bobigny n'avait pas eu le temps ni de raison pour constituer en soi un sujet sur lequel s'arrêter.

On ne lira donc dans la littérature de la déportation que quelques lignes éparses. Comme dans ces souvenirs de Denise Holstein :
- "L'autobus nous emmena dans une petite gare près du camp. Là, des wagons à bestiaux nous attendent, à l'intérieur on avait déjà accumulé le ravitaillement, les seaux et même des matelas, et il fallut entasser encore 60 personnes dans le petit espace resté vide. Tant bien que mal, nous logeons les pauvres 48 gosses d'un côté du wagon et de l'autre, les 12 grandes personnes se casaient sur les ballots et à côté du ravitaillement" (7).

Lire aussi la P. 115 de ce blog : "Mémoire de la Shoah, la Gare de Bobigny".

NOTES :

(1) La photo illustrant l'article de Passions-Trains consacré à la Gare de la Déportation de Bobigny pose problème dans la mesure où elle a été prise à Auschwitz. L'instantané ne montre pas des juifs déportés depuis la France. En l'absence de ces précisions, des lecteurs pourraient être induits en erreur.

(2) Lire : Mecheln-Auschwitz, 1942-1944, Ed. VUBPress.

(3) Pour rappel, Beaune-la-Rolande, Compiègne et Pithiviers servirent également de points de départ vers les camps d'extermination.

(4) Serge Klarsfeld, Le calendrier de la persécution des Juifs de France, septembre 1942 - août 1944, Fayard, 2001, 2029 p.

(5) Lire : Jean-François Chaigneaux, Le Dernier Wagon, France Loisirs, 1982, 250 p.

(6) Par contre, un wagon a été placé sur le site du seul camp de concentration de Belgique, celui de Breendonk.

(7) S. Klarsfeld, op. cit., p. 1888.



jeudi 20 janvier 2011

P. 2. De branches en étranges...


(Ph. JEA / DR)


Tombant de branches en étranges
la neige donne des vertiges
aux heures blanches des puits

un arbre affamé
peigne sans fin la crinière
et l’aujourd’hui des nuages

seules des corneilles volubiles
volent encore au secours
des jours aux longs détours

le vent découpe
comme un diamant brut
et se disperse en averses de cendres


(Ph. JEA / DR)


un horizon longtemps anesthésié
se réveille avec la lenteur
des peurs et des amnésies secrètes

parmi les décombres et au nombre
des abandonnés absents
le soleil oublie de remonter son réveil

il se prolonge un silence radical
de ceux qui plongent dans le vide
leurs racines verticales

se retournant un revenant
découvre soulagé ne laisser derrière lui 
aucune trace de chien de garde


(Ph. JEA / DR)

NB :
Comment offrir aux Tunisien(ne)s un bonhomme de neige avec une fleur de jasmin à la main ? C’est provisoire comme cadeau mais pas si dérisoire…


lundi 17 janvier 2011

P. 1. Stéphane Hessel : la chasse bat son plein...

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"Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies."
Montaigne


Stéphane Hessel, première page :
- "Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers: pas cette société des sans-papiers, des expulsions, des soupçons à l'égard des immigrés..."

Dernière page :
- "Notre colère contre l’injustice est intacte.
Non, cette menace n’a pas totalement disparu. Aussi, appelons-nous toujours à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous."
(Indigène Ed. ; Coll. Ceux qui marchent contre le vent).

Interview sur France 24 des éditeurs :
Jean-Pierre Barou :
- "L’idée du livre est née d’un discours que Stéphane Hessel avait improvisé en mai 2009 sur le plateau des Glières, en Haute-Savoie, haut lieu de Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, lors d’un rassemblement de l’association "Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui". C’est d’ailleurs notre auteur Bastien Cazals (auteur de "Je suis prof et je désobéis") qui nous en avait informés.
L’idée est venue d’amplifier ce discours de Stéphane Hessel. Nous avons fait un travail d’interview, et au bout de trois ou quatre entretiens, nous lui avons soumis un texte, pour la plupart inédit. Il a apporté des corrections de sa propre main."

Sylvie Crossman :
- "Notre collection "Ceux qui marchent contre le vent" propose des textes courts, toujours à trois euros, rédigés par des gens qui ont des idées et du vécu. En février prochain, nous allons publier le texte d’une jeune femme, Brigitte Brami, qui a trouvé en prison plus d’humanité que dans le reste de la société. »
(30 décembre 2010).

Stéphane Hessel aux Glières, mai 2009 (DR).

Telle est donc la genèse d'Indignez-vous !.

En mars 1944, la Milice de l'Etat français ainsi que des occupants allemands donnent l'assaut au plateau des Glières. S'y trouvent retranchés des résistants FTP, de l'AS ainsi que des Républicains espagnols. Bilan humain : 120 maquisards et 20 civils perdent la vie dans des combats aux forces disproportionnées.

En mai 2009, Nicolas Sarkozy se rend en ce lieu de mémoire. Même si en France, la majorité des journalistes écrase, la conduite du Président ne passe pas inaperçue. Elle interpelle et navre profondément.
Article X :
- "Nicolas Sarkozy se laisse aller. Regarde à peine les deux républicains espagnols venus risquer leur peau plus de soixante ans plus tôt pour cette France qu’il est censé incarner, tout juste capable de leur dire : « Très heureux. C’est formidable ! Et en plus, moi je défends les Espagnols. » Rictus amusé, il enchaîne : « Mais les Italiens sont pas mal non plus… Maintenant que je suis marié à une Italienne, hein… ».
Sourire crispé, il observe un jeune militaire : « Il est beau, ce chasseur alpin ! Vous savez que j’ai été jeune, moi aussi ? »
Les anciens résistants ne disent mot, un gradé de l’armée français tente de ramener le chef d’État à un peu de dignité. « Nous nous sommes refusés à laisser des résistants qui étaient tombés dans une embuscade enterrés dans une fosse commune. Nous les avons ramenés ici dignement », explique t-il, très vite interrompu par un président qui ne feint même pas de se sentir concerné. Qui tend le doigt pour montrer une cascade sur les hauteurs. Qui rigole sur l’habit rose d’une membre de l’assistance. Et qui tourne les talons en assénant : « Ben oui, faut bien s’amuser un peu… ».


Le 17 mai 2009, un rassemblement républicain tente de rendre aux morts des Glières un autre hommage que celui futile d'un Président récupérateur. De grandes figures de la résistance sont présentes. Dont Raymond Aubrac et Stéphane Hessel. Gilles Perret y tourne des séquences de son film "Walter, Retour en Résistance" (lire Mo(t)saïques P. 184).
Stéphane Hessel prononce quelques mots. Personne n'y reste indifférent. Sans pathos ni effets de manche, celui qui gagna Londres dans la clandestinité, fut parachuté sur la France occupée, connut l'arrestation, la déportation à Buchenwald puis à Dora, rappelle le programme notamment social du CNR pour une France libérée. Puis le démantèlement de ce programme avec un Nicolas Sarkozy comme démolisseur émérite.
Le discours n'est pas écrit. Les éditeurs d'Indigène en demandent néanmoins une version publiable. Ce seront les 14 pages d'"Indignez-vous !"


"Indignez-vous !" a rencontré, depuis novembre dernier, un lectorat plus qu'inattendu. Des centaines de milliers de plaquettes vendues à 3 Euros par une maison d'édition se résumant à deux permaments.

Stéphane Hessel n'a souhaité aucun droit d'auteur. Indigène Ed. est sorti presque malgré lui de la confidentialité et du militantisme marginalisé.
Alors se lèvent les orages rageurs. S'en donnent à coeur joie les tempêtes et les pesticides. Les donneurs de leçons perfides et les foudres de la plume assassine, frappent à qui mieux mieux.
Sur la forme, la minceur de la plaquette et son prix modique entraînent moultes sarcasmes. Il est donc reproché à la retranscription du discours des Glières de se limiter à 14 pages, de ne pas avoir l'envergure d'un Ancien ou d'un Nouveau Testament, ni du Capital, ni des 35 volumes de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, pas plus que des 27 volumes des Hommes de Bonne Volonté ou encore des Pensées...
Sur le fond, le style est mis au pilon. Les idées sont piétinées. Et les deux pages sur le conflit israélo-palestinien ajoutent du napalm sur le feu des bûchers.

Stéphane Hessel a lancé un avion en papier dans le ciel trop plombé d'une France pourchassant officiellement les Roms et placée sous l'égide d'un Président caractériel se vantant de ne pas avoir augmenté le SMIG depuis 2007, avec un Ministre de l'Intérieur collectionnant les comparutions devant les tribunaux... Il semble que des milliers de lecteurs lèvent les yeux vers cet avion-là et en libèrent à leur tour pour que la voûte céleste retrouve des couleurs, des profondeurs, des courants d'airs, des étoiles filantes...
C'est peu. C'est beaucoup.

Que les quelques lignes de Stéphane Hessel soient discutables, contestables, insatisfaisantes : à chacun(e) sa lecture. Mais ouvrir la chasse à l'auteur comme certaines meutes s'y emploient actuellement, c'est effarant de haine. Une haine en béton armé. Une inquisition qui voue aux enfers des bibliothèques les quelques pages d'"Indignez-vous !"

Voici quelques documents, des archives pour une future étude sur un succès d'édition inattendu mais entraînant une avalanche stupéfiante de médiocrités, de méchancetés conscientes, de cruautés raffinées ou non...

(Graph. JEA).

Eric Aeschimann, Libération :
« De la Vieille Dame indigne, nouvelle de Bertolt Brecht, nous voilà passés au «vieux monsieur indigné».
(20 décembre 2010).

Michel Alba, commentaire sur le site de Mediapart :
« … Le programme politique vide de Stéphane Hessel dans son livre, qui est tout de même une chose effarante ! et qui en dit long sur la misère politique de notre époque quand on compare la vacuité de son  contenu à son succès en librairie. Un grand mouvement d'espoir populaire auquel on ne propose que du vide et un slogan creux. C'est tragique. C'est affreux. C'est honteux. »
(14 janvier 2011).

Franck Allusio, président des jeunes actifs de l’UMP, Le Monde :
« Cet appel est en effet inquiétant car il reprend les vieilles ficelles des populistes et des démagogues : désigner des coupables à la vindicte populaire, comparer l'incomparable, dresser un tableau apocalyptique de la situation mais sans faire le moindre début d'une proposition sérieuse pour changer les choses. Car, si certains hommes de gauche, tel Manuel Vals, découvrent les vertus du réalisme tant en matière économique qu'en matière d'ordre public, d'autres, comme Stéphane Hessel, se complaisent dans la mise en accusation et finissent par se situer entre le "qu'ils s'en aillent tous" de Jean-Lus Mélenchon et le "tous pourris" de Jean-Marie Le Pen. Et l'enfer étant pavé de bonnes intentions, on se rend compte que l'évangile selon Hessel, credo des bobos, finit par ressembler aux diatribes de ceux contre lesquels il s'est toujours battu. On sait pourtant depuis Pascal que qui veut faire l'ange fait la bête... » 
(13 janvier 2011).

Anyhow, blog In Business :
« Je lis (et je relis pour être sûr que j’ai bien lu) un texte d’une infinie platitude. Le style est décourageant de banalité. Le ‘petit livre rouge’ de Mao, par comparaison, c’était rock and roll !
Pour lui clouer le bec, j’ai convoqué Friedrich Nietzsche qui, fort à propos, disait : «Nul ne ment autant qu’un homme indigné».
(4 janvier 2011).

Claude Askolovitch, le Journal du Dimanche :
« Un prophète est né à la gauche française, désormais confite en indignation, révérant Stéphane Hessel et brandissant son livre tel un passeport best-seller pour le monde nouveau. Et cet engouement en dit long sur l’épuisement intellectuel des gauches, au bout du bout de leur histoire délavée…
C’est le droit de Hessel de ressasser des simplismes. C’est le paradoxe des médias progressistes de ne pas s’y arrêter. C’est le problème du peuple de gauche de faire un triomphe à ce brouet, achetant une posture régressive au lieu d’appréhender le chaos contemporain. La gauche n’est pas la recherche d’un gourou chenu, et l’indignation n’est pas la politique.»
(1 janvier 2011).

Pierre Assouline, sur son blog :
 « Quand on pense que ceux qui l'achètent par dizaines pour l'offrir autour d'eux y voient un programme d'action, une philosophie morale, un bréviaire, on est consterné tant le contenu manque de contenu, ce qui ne lui est guère reproché en raison de son statut d'icône.
Mais la démonstration est si faible et la plume si incertaine que l'appel n'a pas la puissance d'un pamphlet. Qui pourrait décemment s'opposer à un texte dégoulinant de bons sentiments, aux grands principes, aux grands idéaux et aux grandes idées qui y sont énoncées ? »
(4 janvier 2011).

Bardamor, sur le blog de la république des livres :
« La vieille ganache gaulliste Hessel… »
(8 janvier 2011).

Maxime Bellec, Marianne2 :
« Livre indigent qui n'offre qu'un balbutiement borgne et manichéen d'indignation : un faible diagnostic sans ordonnance. »
(9 janvier 2011).

Bertrand, sur le blog Solko :
"Oxymore de salopard qui ne sait même pas de quoi il parle sans doute, lui qui ne s'est jamais insurgé et joue au belliqueux.
Que son torchon soit un succès de librairie n'est pas étonnant : les librairies sont de plus en plus des poubelles de mercerie."

(19 janvier 2011).

Philippe Bilger, blog Marianne :
« Stéphane Hessel est un humain dont une certaine idéologie a besoin : elle le sort quand il convient et il fait mouche, il fait passer, sous la rose, les épines injustes et partiales… Celui qui formule l'injonction d'avoir à nous « indigner » s'acoquine avec la dérision contente d'elle et le progressisme superficiel et mondain… Résister ? Mais à quoi ? S'indigner ? Au contraire, ne pas s'indigner toujours, pour n'importe quoi. Ne vous indignez pas ! »
(5 janvier 2011).

Boddisatva, sur le site de Mediapart :
« Stéphane Hessel est un phénomène marketing ridicule. »
(15 janvier 2011).

Causeur, sur son blog :
« Je dis bien spectacle, car s’agit-il d’autre chose que d’une habile mise en scène de lui-même par un vieillard dont toutes les apparitions publiques révèlent l’immense plaisir narcissique d’avoir acquis le statut d’icône nationale ? »
(5 janvier 2011).

Pierre Antoine Delhommais, Le Monde :
« Ce qui est légèrement indigne, quand on a corédigé la Déclaration universelle des droits de l'homme, c'est d'être plus ému par la remise en question des acquis sociaux des Français que par le spectacle de Chinois venant, émerveillés, visiter la tour Eiffel ou déguster nos spécialités culinaires. Et eux, en plus, ont le champagne gai. »
(8 janvier 2011).

Etienne, commentaire sur Libération :
« "Indignez-vous!" semble s'exclamer M. Hessel au milieu du repas du réveillon de l'ambassadeur...il ne lui reste alors plus qu'à quitter la table dans une atmosphère pesante, un ange passe, puis les conversations reprennent et l'on passe aux desserts. »
(31 décembre 2010).

François Fillon, cérémonie de vœux de la Presse :
« J'ai vu qu'un débat s'était noué autour de l'indignation. Rien ne serait en effet moins français que l'apathie et l'indifférence. Mais l'indignation pour l'indignation n'est pas un mode de pensée…  Peut-on espérer que la difficile tâche d’agir pour la France ne soit pas étouffée par le penchant bien plus facile de tout contester ? C’est en tout cas le voeu que je formule pour notre démocratie.»
(10 janvier 2011).

Anne Fulda, Le Figaro :
« C'est une espèce de nouveau Petit Livre rouge. Le libelle dans le vent qu'il était de bon ton d'offrir à Noël. Un cadeau donnant bonne conscience à celui qui l'offre et celui qui le reçoit. »
(7 janvier 2011).

Portrait de Stéphane Hessel en couverture de ses souvenirs : "Danse avec le siècle" (Seuil).

Jean Karim, commentaire sur Libération :
« J'avais entendu ce vieux monsieur sénile radoter sur France-Culture il y a quelques années en me demandant si le prestige de quelques années passées en détention dans les camps étaient une raison suffisante pour en faire cette sorte de maître à penser qui tenait des discours d'enfants gâté sur la société et ce qui ne va pas selon lui. Un ancien diplomate dont la candeur, pour quelqu'un de son âge, est plutôt agaçante, il parle comme un bourgeois qui se serait pris de pitié pour le peuple dont il ignore tout. »
(1 janvier 2011).

Mourad Kiddo, sur le blog causeur :
« Stéphane Hessel invente l’Holocauste low-cost. Indignez-vous, qu’il disait.»
(9 janvier 2011).

Dominique Laget, sur le blog la république des livres :
« Le texte lui même fait 13 pages, ce qui en fait un des livres les plus onéreux de l’histoire, c’est là son seul mérite. »
(8 janvier 2011).

Eric Le Boucher, Slate.fr :
« Stéphane Hessel s’attaque à des moulins à vents… L’indignation, si elle s’accroche à un passé à bout de souffle, devient indigne. »
(30 décembre 2010).

Elisabeth Lévy, France2 (La semaine critique) :
« Stéphane Hessel nous explique qu'il a eu une vie merveilleuse, parce qu'à vingt ans, il a rencontré un sujet d'indignation, et ça, c'est précieux. Moi, j'aurais préféré qu'il ait une vie de merde, excusez-moi ! »
(7 janvier 2011).

Eric Loret, Libération :
« Stéphane Hessel est vieux, donc sage, vous ne voudriez tout de même pas lui faire de la peine en lui désobéissant, non ? En plus, il a une statue du commandeur dans sa manche, au long nez, casquée d’un chapeau étoilé : «De Londres où j’avais rejoint le général de Gaulle en mars 1941…» Critiquer le gouvernement actuel et sa politique sans se faire taxer d’antisarkozysme primaire, ce n’est pas facile. Avoir de l’expérience, la Résistance et De Gaulle de son côté est un plus, comme dirait mon voisin. Hessel gueule donc pour «une société dont nous soyions [sic] fiers… »
(11 novembre 2010).

Violaine de Montclos, Le Point :
« Son Indignez-vous - best-seller -, ce sont quelques feuillets vite écrits, vite lus et vite oubliés, qui, signés par un autre, n'auraient suscité que ricanements ou indifférence. »
(5 janvier 2011).

Pierre Marcelle, Libération :
« Radios et télés se sont saisies de Stéphane Hessel pour le figer dans son statut et sa statue de père Noël des bonnes consciences, en Tirésias des plateaux. »
(7 décembre 2010).

Richard Prasquier, Président du CRIF
"L’homme est apparemment devenu une icône. Cela lui permet  de raconter des inepties avec l’autorité nouvelle d’un oracle dont la promotion publicitaire a été soigneusement organisée."
(25 novembre 2010).

Romain Pigenel, Marianne2 :
« Et si le succès d’« Indignez-vous ! » avait d’abord été dû au fait que sous des dehors flatteusement radicaux, il ne remettait réellement rien de fondamental en cause, et brossait l’indignation consensuelle dans le sens du poil ? »
(4 janvier 2011).

Promazine, commentaire sur le blog causeur :
« Papy Hessel est-il un saint laïc ou un pervers pépère qui se vautre dans la bien pensance ? En tant que méchante quasi officielle j’aurai tendance à pencher pour la deuxième interprétation. »
(10 janvier 2011).

Le regard des mannequins, blog :
« L'opuscule de Stéphane Hessel nous pollue avec ses vœux pieux »
(3 janvier 2011).

Luc Rozenzweig, sur le blog causeur :
« S’agit-il d’autre chose que d’une habile mise en scène de lui-même par un vieillard dont toutes les apparitions publiques révèlent l’immense plaisir narcissique d’avoir acquis le statut d’icône nationale ?...
Hessel, c’est l’axe du bien à lui tout seul : toute sa vie, il a eu tout juste, a toujours été du bon côté, ne s’est jamais compromis avec les salauds, s’est toujours arrangé pour que sa biographie ne puisse être autre chose qu’une hagiographie. L’achat de son livre par les gens ordinaires relève de la croyance magique que sa lecture pourrait faire de vous un homme ou une femme meilleur(e), réveiller le Hessel qui sommeille en chacun d’entre nous. »
(5 janvier 2011).

Pierre André Taguieff, directeur de recherches au CNRS, sur Facebook :
« Quand un serpent venimeux est doté de bonne conscience, comme le nommé Hessel, il est compréhensible qu'on ait envie de lui écraser la tête…
Un soir au fond du Sahel,
un serpent piqua le vieil Hessel,
que croyez-vous qu'il arriva,
ce fut le serpent qui creva.»

Le même, sur Radio J :
"Stéphane Hessel a bien été déporté politique - triangle rouge - à Buchenwald et à Dora, sa maîtrise de la langue allemande lui a permis (comme il le dit lui-même dans ses mémoires), d'obtenir rapidement un emploi au sein de la hiérarchie au service des gardes-chiourmes du camp et il n'a partagé en aucune manière le sort des détenus juifs - triangle jaune - voués quant à eux à des tâches exténuantes jusqu'à leur extermination. Donc quand on le présente comme un rescapé de la Shoah c'est une imposture…
Son identité juive inexistante, il l’utilise quand ça lui sert pour légitimer ses appels à la haine contre Israël."
(20 octobre 2010).

Phil34, commentaire sur Libération :
« L'enfer est pavé de bonnes intentions et ces "indignés" sont un danger pour notre pays.»
(2 janvier 2011).

Eric Zemmour, RTL
«Papi Hessel, oui oui de la résistance… Propagande stalinienne… Comme le disait De Gaulle [à propos de Pétain], l’âge est un naufrage. »
(3 janvier 2011).

Enfin bien avant cette page, l'arbre à palabres de zoé lucider, a lui aussi connu un concours de lancer de noix de coco sur la cible Stéphane Hessel. Lire : ICI.

Halte au feu. Les poubelles débordent. Et pendant ce temps-là, un Le Pen sur le départ, persiste, signe et fait un pied de nez à l'antisémitisme, le vrai !

Stéphane Hessel, dialogue avec des lecteurs du Monde :
"- François B. : Que répondez-vous aux personnes indignées par votre succès ?
- Je les comprends. C'est en effet excessif. Mais je n'y peux rien, j'essaie de rester modeste, je ne me considère ni comme un sage ni comme une icône, mais seulement comme un vieux monsieur qui a derrière lui une longue expérience des développements de l'histoire moderne."
(19 janvier 2010).


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