MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 28 juin 2012

P. 159. Venue d'ailleurs : la Mère Castor peint-et-rature...

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(Ph. JEA/DR).

Ce fut presque chimérique
: inviter sur ce blog quelques pages venues d'ailleurs. Avec d'autres regards, des mots différents, des géographies mentales variées, des oiseaux et des fleurs inconnus ici, des parfums et des alizés non labellisés, des itinéraires passant par des fuseaux horaires farfelus.
Bref, ne pas planter ou clouer en lisière de ces Mo(t)saïques 2 des pancartes du style : "propriété privée" (sans pour autant souhaiter la bienvenue aux plagiats)...

Jusqu'ici, pour passer le cap de cette invitation, il n'y eut jamais défilé marin, foule des grands jours, manif colorée, mer humaine.
Mais néanmoins cinq pages pesant leur poids de belles plumes plongées dans des nuages-encriers portant les noms de Bruxelles, de l'île de Ré, de Namur, des Baléares et de Paris :

- "Imaginez un pays", la Belgique de Jean-Charles Verlinden, P. 18
- "Haïkus du bord de mer" et de Danièle Duteil, P. 26
- "Li Bia Bouquet" de Christian Delwiche, P. 40
- "Julos Beaucarne" sur l'île aux trésors de Colo, P. 90
- "Cette si petite surface du globe" d'Isabelle C..., p. 105.

Pour la sixième page venue d'ailleurs, autant vous prévenir : elle vient du pays de Sauve, celui de la Mère Castor
(pays à l'origine de l'expression : saine et sauve")... Ailleurs, il gèle à pierre fendre, chez elle à pierre fondre... Soit 38 degrés à l'ombre quand le soleil s'accorde enfin une sieste...

La première fois que je suis entré dans ce blog :
- "Des photos et des livres, du conte et du spectacle, des petites animations, tout ce qui passe par la tête de la Mère Castor",
j'ai enfin retrouvé des émotions, des sensations remontant à l'époque d'Emilie Carles et de sa "soupe aux herbes sauvages" !
Des femmes qui ne s'en laissent pas conter mais dont les vies portent des contes faisant rêver les enfants aussi bien que des adultes n'ayant pas étouffé l'enfant en eux. Dans une campagne qui n'est pas un paysage d'opérette avec des produits chimico-alimentaires vendus en supérette. Sous un ciel qui n'a pas à nous faire de cadeaux mais dont les étoiles ne peuvent se passer. Avec des greniers que l'on ne vide surtout pas de leurs livres-recueils d'empreintes de générations successives. Avec des jouets hétéroclites, surprenants et passant avec un plaisir évident de main en main. Avec des bouts de tout qui sont le début de (ré)créations si modestement sensationnelles.

Sur cette page, qu'elle publie alors que Rousseau fête dans l'intimité son 300e anniversaire, la Mère Castor ouvre l'un de ses labyrinthes de mots et de photos. Y fleurissent des galets. Les ombres sèment des questions. Le fleuve n'a nullement besoin d'interroger son miroir tous les matins du monde. Des inconnu(e)s ont laissé des traces indéchiffrables. Les racines ne dédaignent pas faire enrager d'éventuelles corneilles. Une herbe peut guérir de bien des paralysies. Les lumières ne dépendent pas de centrales nucléaires. Un insecte devient globe-trotteur...
Ce n'est pas un jeu de pistes tournant en rond ni de lois faisant feu de tout bois. Mais plutôt, il était une fois :

La Mère Castor : Peint-et-rature

sous les doigts maladroits
de la gauchère
la fausse pierre
chauffée à bleu
tend le dos aux bâtons
de couleur
chante
les fleurs les étoiles
les toiles
chante l’eau qui tourne vieille peau
bouillon de sépulture
couverture d’été pour fleuve évanescent
qui s’évapore
et s’exile dans les nuages
lentement aspiré par le chant perché
sciant strident
et agaçant
des cigales.
















































(S) La Mère Castor.

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lundi 25 juin 2012

P. 158. "Je sens le beat qui monte en moi", le film...

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Site du film ? Cliquer : ICI.

Synopsis

- "Rosalba, jeune guide touristique, souffre d’une affection étrange : la moindre mélodie provoque chez elle une gesticulation et elle se met à danser, de façon aussi subite qu’incontrôlable. Malgré ses ruses pour cacher son excentricité, ce corps indomptable pourrait bien séduire son surprenant collègue Alain."

Evidemment, à la lecture d'un tel synopsis, comment ne pas ressentir l'envie d'envoyer ce film dans les réserves d'un musée consacré aux navets ?
Ce serait passer à côté d'un OVNI dans le ciel du 7e art !

D. F.

- "Dans les rues de Poitiers, un conducteur de minibus très swing fait équipe avec une guide touristique frappée d’un étrange mal : au moindre rythme, son corps embraye dans une danse irrésistible…
Coloré, design et délicieusement nostalgique des années 60, ce court-métrage quasi muet rappelle l’humour et l’univers de Jacques Tati."
(Le Canard enchaîné, 20 juin 2012)

Thomas Blondau


- "Premier court métrage hyperséduisant, drôle et agité.
On y découvre une mystérieuse trentenaire (la démente chorégraphe Rosalba Torres Guerrero), contaminée par ce qui ressemble à un virus de la danse, chez qui la moindre note de musique provoque d’irrépressibles convulsions.
Une calamité pour sa vie sociale, mais dont elle perçoit une issue heureuse après sa rencontre avec un Mods (Serge Bozon, évidemment), a priori affligé du même syndrome."
(les inRocKs, 12 juin 2012).


Embarquement des touristes pour la visite mémorable d'un Poitiers en son et lumière (DR).

Mickaël Pierson

- "La comédie musicale, c’est bien. Au moment opportun, au summum de votre béatitude, votre corps peut s’emballer, se mettre à tourbillonner autour d’un réverbère afin de crier votre bonheur d’être heureux. Avec un peu de chance – et un réalisateur malicieux – c’est tout un village qui va se joindre à vous dans un ballet inespéré, avec éventuellement trois moutons et une jument qui passaient par là. Mais que se passe-t-il quand la danse n’est plus cet élan lyrique, la chorégraphie volontaire des sentiments, mais devient subie ? Que se passe-t-il quand l’expression de soi devient expression malgré soi ? C’est ce que raconte avec brio Je sens le beat qui monte en moi, moyen métrage et première réalisation prometteuse de Yann Le Quellec."
(il était une fois LE CINEMA).

Libération

- "JE SENS LE BEAT QUI MONTE EN MOI, de Yann Le Quellec, dessine une exquise carte du tendre autour du personnage magnifique d’une jeune femme réservée, saisie de convulsion dansante dès que retentit la moindre note. Un court film (32 minutes) saturé de mise en scène, où la gestuelle vaut comme précieux fragment d’un discours amoureux."

V. Dumez

- "Dans la mouvance d’un certain burlesque belge (on pense notamment au trio fou qui nous a donné L’iceberg, Rumba et La fée), ce premier essai parvient à trouver son originalité propre grâce à une cohérence esthétique de chaque instant. Cadré avec une minutie qui tiendrai presque de la maniaquerie, le court nous invite à suivre les premiers pas amoureux d’un couple peu ordinaire. Elle, prise de convulsions dès que la moindre note de musique retentit autour d’elle. Lui, obsédé par la musique, mais complètement déphasé par rapport à son environnement. Deux animaux étranges qui sont finalement destinés à se rencontrer, à s’aimer, et sans doute à esquisser un pas de danse ensemble."
(avoir-alire).

Tati, Demy, Moullet... excusez du peu pour les références... (DR).

Arnaud Hée

- "Un côté « bout de ficelle » affleure parfois, mais Yann Le Quellec fait avant tout preuve d’une conviction et d’une précision indéniables dans sa relecture assez vintage d’un burlesque teinté de comédie musicale – le code couleur pop et « pétant » des vêtements nous conduit tout droit vers Jacques Demy, même s’il n’y avait pas ici les moyens de repeindre Poitiers comme ce fut le cas pour certaines façades de Cherbourg. Si l’on n’hésite pas à servir quelques louches de potache (l’un et l’autre travaillent pour « l’agence touriste » ; on ose le « t’as de beaux œufs tu sais »), ceci prend place dans une mise en scène convoquant Jacques Tati du fait de la belle rigueur graphique au service du gag. Quant au traitement par l’absurde du tourisme, c’est l’esprit de Luc Moullet qui souffle sur le film, particulièrement lorsqu’il est question de piteux jets d’eau rappelant les inénarrables aménagements urbains méchamment autopsiés dans le génial Foix (1994). Au-delà des citations, on apprécie la fantaisie qui préside à ce film, à des détails inventifs, élégants et touchants ; par exemple lorsque Rosalba, sortant d’une session involontaire de danse endiablée, voit son prétendant ôter de sa petite besace bleue électrique un joli mouchoir rouge afin qu’elle puisse s’éponger le front."
(Critikat, 12 juin 2012).

Jacques Mandelbaum

- "De la Sonate n° 11 en la majeur de Mozart à Love potion n° 9 des Coasters, en passant par la Toccata et fugue en ré mineur de Bach et The Snake d'Al Wilson, cette inclination du corps à la transe fournit au film quelques variations pleines de poésie burlesque : comment se maquiller quand on a le bras qui se démantibule ? Comment marcher dans la rue quand on a les jambes qui tricotent ? Comment dîner aux chandelles quand on a le corps qui se disloque ? L'irrésistible montée en puissance du motif conduit les personnages à un dérèglement sensuel qui contamine les spectateurs, les jette à leur tour dans la ferveur de la possession par la danse. Si peu de mots, tant de grâce. Si peu de psychologie, tant de présence."
(Le Monde, 12 juin 2012).

Philippe Person

- "Amusant, subtil comme la carte d’un restaurant (avec sa ritournelle de fruits rouges et son concerto en sole meunière), pas sectaire musicalement (à condition qu’on passe Al Wilson), "Je sens le beat qui monte en moi" de Yann Le Quellec est surtout superbement filmé. Avec un toupet assumé dans ses partis pris d’en revenir à un cinéma essentiellement saugrenu où jouer du pipeau ne charme pas que les serpents...
Mention magnifiquement spéciale à Rosalba Torres Guerrero dont on espère que le cinéma français saura utiliser le physique si particulier. Reste à souhaiter bonne chance à Yann Le Quellec qui a l’audace de terminer son film par une citation ( un peu améliorée) de "Quai des Brumes".
(froggy’s delight).





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samedi 23 juin 2012

P. 157. 23 juin 2012 : le silence de Brigitte Engerer

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Bach : Concerto pour piano en ré mineur (BWV 1052).
Brigitte Engerer avec l'ensemble Arce XXI sous la direction de D. Dervis-Bournias.

F. Hollande :

- "Chacun gardera d'elle aussi le souvenir d'un grand courage personnel puisque, luttant contre la maladie qui vient de l'emporter, elle a trouvé la force d'animer l'an dernier encore le Festival de piano à Beauvais Pianoscope dont elle assurait la direction artistique.
L'attachement à la transmission, le souci de populariser la musique classique marqueront sans nul doute la trace que Brigitte Engerer laissera dans l'histoire de la musique".

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jeudi 21 juin 2012

P. 156. Pivoines : deuxième photo

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(Ph. JEA/DR).

Après une première photo de pivoines, cliquer : ICI
des commentaires amicaux s'interrogeaient sur un futur second cliché. Le voici.

Cette fleur est offerte à toutes celles et à tous qui hésitent, trébuchent et s'interrogent sur les directions si contradictoires données par la boussole cabossée de leur vie,


une fleur pour les interné(e)s par qui ne peut plus les voir en couleur

et pour les expulsé(e)s par les gardes uniformes de la "préférence nationale",

une fleur sur la tombe inexistante de ces pyjamas dont les bourreaux s'imprimaient des calendriers de mille ans,


une fleur pour les femmes et une fleur pour les hommes qui ne deviendront jamais des tartufes et ne ressemblent pas à des tatanes,
eux qui cultivent leur imagination quand une infinité de pesticides cherchent à la rendre infertile,
et ne danseraient pour rien au monde aux enterrements des pavés de mai,


un fleur pour qui ne brade surtout pas son honneur,
ne se pavane pas dans des habits brodés de menteries et reluisant de miroirs massacrés,
ne pille pas nos histoires,
ne standardise pas avec sadisme les enfants,
ne flatte pas avec une langue de bois enduite de guimauve,
ne boit pas à la santé des marchands des temples,


pas une seule fleur pour les monuments constipés et bronzés aux soleils artificiels des champs de batailles ni pour les boniments académiques où excellaient d'ex collabos,


mais une fleur pour les peut-être,
les on ne sait jamais,

les pourquoi pas,
les fais bien attention à toi,
les je t'aime Toi,
les obscures rencontres de midi et lumineuses de minuit,
les mots nomades aux pieds en sang,
les moineaux éparpillés épiés par les empailleurs,


une fleur pour les peurs et les pleurs, pour les rimeurs jamais en règle
pour les rabroué(e)s si pas les saccagé(e)s de la santé,
pour les mystères qui fréquentent assidument les légendes,
pour les amours sans bagues et sans bagages,
pour les parenthèses entre les pluies, pour les pluies d'étoiles
pour les amies et les amis, ces bateaux insubmersibles et jamais à quai,


une fleur dans un encrier de cendres,

sur un mauvais œil pour le guérir, dans un sursaut de dignité,
entre deux nuages d'un recueil de poèmes,
entre les dents des vents, entre trois hivers, entre cinq épouvantails,

contre les haleines des haines,

une fleur pour un ballet de mon siècle dépassé, pour un orchestre sorti de sa fosse,
pour un musée ouvert aux handicapés, pour un cirque royal ou non, pour un amphithéâtre avec des courant-d'air, pour une salle d'opération sans dégâts collatéraux, pour un chandelier aux branches impaires,


une fleur tombée dans un fossé qui lui en est reconnaissant,


cette fleur devenant une âme de violoncelle athée,
un grenier en clair obscur,

une île et une morgue sans porte de sortie surmontée d'une horloge,

un bouquet de fleurs pour Aung San Suu Kyi, pour Brigitte Engerer, pour Madeleine Roubenne
qui les partageront avec Boualem Sansal,

une fleur absurde, jamais décorée de l'ordre des artbitres des élégances ni de la croix déprogammée
et qui offrira encore des suites à nos imaginations
à nos illusions...


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lundi 18 juin 2012

P. 155. Le 17 juin 1791, Mozart compose son "Ave verum corpus"...

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Mozart et la partition (Mont. JEA/DR).

Ave verum corpus en ré majeur KV 618

Humeurs musicales :

- "Comme peut le laisser deviner son numéro dans le catalogue Köchel (musicologue qui a classifié toute la musique de Mozart et numéroté ses œuvres par ordres chronologiques, de 1 à 626), Mozart a composé cet Ave Verum Corpus à la fin de sa vie, pour un ami chef de chœur à Baden (Anton Stoll). Il y a une profondeur et un recueillement incroyables dans ce morceau, quasi inexplicables vue la simplicité apparente de la mélodie. De l'art dans toute sa maîtrise…
(2005).

A. Einstein :

- "Sa beauté séraphique finit par nous rendre aveugles à la maîtrise dont il témoigne : simplicité, perfection de la modulation, art consommé dans le traitement des voix, introduisant, pour finir, la gradation d’une discrète polyphonie."

Philippe Gut :

- "L’Ave verum corpus, en ré majeur, K.618, aussi connu et célèbre que le Requiem, fut composé quelques semaines auparavant pour la Fête-Dieu de juin 1791. Dans la version originale, le chœur est accompagné par les violons, les altos, la basse et l’orgue. Le texte, qui n’appartient pas à la liturgie et que nombre de compositeurs germaniques ont mis en musique, est tiré d’un manuscrit que possède le monastère de Reichenau ; cette courte page est généralement jouée au cours de la messe catholique après l’Élévation. C’est une imploration d’une extrême simplicité sur le plan musical, adressée par le chrétien à son Sauveur sur la croix, traduisant l’angoisse résignée de l’homme face à la mort."
(Chorégies d’Orange, 2012).

Paroles :

- Ave Verum Corpus natum de Maria Virgine
Vere passum, immolatum in cruce pro homine,
Cuius latus perforatum unda fluxit cum sanguine
Esto nobis praegustatum in mortis examine
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- Salut Vrai corps né de la Vierge Marie
Ayant vraiment souffert et qui fut immolé sur la croix pour l'homme
Toi dont le côté transpercé laissa couler l'eau avec le sang
Sois pour nous un réconfort à l'heure de la mort.


Détail du Manuscrit de Reichenau (JEA/DR).

Des autoroutes de mots sont tellement insignifiantes et vainement superflues devant cette oeuvre. Moins de cinq minutes sur les chronomètres dérisoires. Mais quelques notes qui franchissent les siècles comme des étoiles filantes.
Cette introduction se veut brève pour laisser place à une suite d'interprétations qu'il vous est proposé de parcourir selon vos inspirations, vos humeurs, vos fantaisies, vos sensibilités...



Leonard Bernstein - Choeur et Orchestre des Bayerischen Rundfunks.
Les silences qui viennent prolonger cette interprétation appartiennent aussi à Mozart...



Choeur d'hommes de Vienne.



King's College Cambridge



Wiener Sängerknaben




Ricardo Muti à la tête du Berlin Philharmonic Orchestra et du Swedish Radio Chorus.

Le même Ave inspira également Bizet
Fauré
Byrd
Gounot
Saint-Saens
Lizt
Tchaïkosky...



Signature de Mozart (Graph. JEA/DR).

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jeudi 14 juin 2012

P. 154. André Villeboeuf honnit Picasso et bénit Salazar...

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Picasso : Deux femmes courant sur la plage - La course (DR).

Dans "Gringoire" : le 6 avril 1939
Villeboeuf ridiculise Picasso
et encense Salazar
le 15 juin 1939...

Jusqu'à 650.000 exemplaires (1) à l'époque ! Ils sont légion (2), les lecteurs de "Gringoire", à se régaler des pages résolument extrémistes de ce journal dont l'édorialiste, Béraud, traçait ainsi sa vision du journalisme : une guerre civile. Cette stratégie poussera non seulement "Gringoire" dans une  collaboration totale mais en fera l'un des vecteurs les plus abjects de l'antisémitisme.
Mais revenons aux choix journalistiques de Béraud en 1939 :

- "Blâmer, railler, noircir, révéler, dégonfler, remettre à son rang, couvrir de ridicule" mais surtout avoir "quelques ENNEMIS" (3).

Si vous ouvrez le "Gringoire" du 6 avril 1939, vous y lirez une critique des "Deux femmes courant sur la plage" de Picasso. Enfin, plutôt qu'une critique... une vengeance d'un artiste se sentant nain de jardin devant un génie et appliquant à la lettre la tactique de son éditorialiste.

André Villeboeuf :

- "Immense toile (...) représentant deux énormes dondons aux formes éléphantines, mères putatives des bébés Cadum et qui semblent, d'elles-mêmes, fuir le peintre."

Cette volonté de ridiculiser annonce les articles (de bas fond) que la droite de la droite va pouvoir cultiver sur le fumier de l'occupation. Trois exemples pour se rafraîchir la mémoire ?
Voici Picasso "obscène", "coupable" et, excusez du peu, "ordure" bonne pour la "poubelle".
Et pour conclure, le ricanement judéophobe du SS responsable de la mise en application de la Shoah à Paris.

L’Ordre :

"On n'encourage pas l'ordure!" s'écrie pathétiquement le député Charles Bauquier. "L'ordure", c'est le cubisme qui, violemment s'est affirmé au Salon des Indépendants, l'année précédente, et qui récidive et persiste. Les peintres obscènes ? Picasso, jargeur de titres bus, algébriste des pipes ; Fernand Léger amoureux des cylindres ; Delaunay dont Apollinaire rapporte les "grincheux" propos."
(2 mars 1940).

Maurice Vlaminck :

- "Picasso est coupable d'avoir entrainé la peinture française dans la plus mortelle impasse, dans une indescriptible confusion. De 1900 à 1930, il l'a conduite à la négation, à l'impuissance faite homme. La nature lui ayant totalement refusé tout caractère propre, il a employé toute son intelligence, toute sa malice à se fabriquer une personnalité. Il emprunte aux maîtres du passé ; sans excepter ses contemporains, l'âme de création qui ne lui a pas été départie... Picasso a étouffé pour plusieurs générations d'artistes, l'esprit de création, la foi, la sincérité dans le travail et dans la vie."
(Comoedia, 6 juin 1942).

Au Pilori (dans une piètre imitation de Céline) :

- "Faudrait tout de même pas confondre les serviettes et les torchons avec les lavettes ! Chacun sa place s'il vous plaît. Rubens avec Vinci et le Gréco, d'accord ! Un tout petit peu moins haut, Monet, Cézanne, Van Gogh. Mais Braque, Picasso et Matisse, tout en bas. Dans la poubelle !!! Avec les raclures de carottes, les peaux d'oignons et les épluchures de rutabagas !"
(1 avril 1943).

SS Obergruppenführer Dannecker (affaires juives au SD de Paris ) :

- " [Picasso] ce communiste a fait toute sa carrière grâce à des Juifs : Weil, Baër, Kahnweiler, Rosenberg..." (4).

Un bol d'air et revenons à André Villeboeuf.
André Villeboeuf : Danse macabre - 1944 (DR).

Né en 1893, André Villeboeuf a laissé sa signature sur des peintures, des gravures et des écrits, y compris ses articles dans "Gringoire". Il mourut à Séville en mai 1956, en cette Espagne de Franco qu'il considérait comme étant sa "seconde patrie". A la même enseigne qu'un Darquier de Pellepoix ou un Degrelle, pour ne citer qu'eux,  ...

Quand il ne déversait pas ses sarcasmes pour des formes d'art ne correspondant pas à ses canons, Villeboeuf se piquait d'analyses politiques. Celles-ci se placent dans le contexte de la répulsion éprouvée par les fascistes français vis-à-vis du suffrage universel, de la démocratie et donc de la République accusée de tous les maux (5).

André Villeboeuf, Visite à Oliveira Salazar :

- "La république parlementaire clabaude ses cornettes dans le marais électorat. Grenouille croassante, elle trouve vite ses adulateurs. Au gouvernement, de ternes imbéciles se disputent les portefeuilles ; de plus voraces les leur arrachent pour se les laisser prendre, quelques semaines plus tard, par de plus rusés. Les grèves fleurissent telles pâquerettes d'avril, les mutineries pétaradent, et, sur Lisbonne, l'orage des coups d'état tonne hiver comme été. Dans les ruelles, on dévalise à tire-larigot ; sur les chaussées, on assomme, révolvérise et poignarde à bras raccourcis. Doux pays ! Gaiement, la légion rouge danse au son des 325 bombes qui, en cinq années de temps, explosent dans la capitale.
(…)
Encore quelques sursauts et le malade va entrer dans le coma, lorsqu'un beau jour le maréchal Gomes da Costa suivi d'une poignée de patriotes, républicains et monarchistes marche sur Lisbonne et prend le pouvoir qui s'écrase dans ses mains comme nèfle pourrie. Dans le tunnel, c'est une lueur, un espoir, mais c'est encore le tunnel".
(Gringoire, 15 juin 1939).

Les archives sont là, elles ne (se) reposent pas... André Villeboeuf passait la brosse à reluire sur les bottes d'un apprenti dictateur dont le régime ne tombera qu'au temps des oeillets. Pour cette plume de "Gringoire", la démocratie n'est qu'un "tunnel" et seul le fascisme en représente la sortie...
Mais pour paraphraser Raoul Hilberg, l'Histoire est l'Histoire.
Les ennemis des libertés finissent aux champs des déshonneurs.
Et si l'histoire des arts n'a pas vraiment accordé à André Villeboeuf une renommée comparable à celle de Pablo Picasso, ce n'est que par absence de grand talent du premier...

NOTES :

(1) Henri Dubiel, Tirage des journaux en France en mars 1939.

2) Un nombre aussi élevé et constant de lecteurs, avant guerre et sous l'occupation, est en contradiction avec les tentatives de minimiser l'influence des articles - notamment antisémites - publiés dans "Gringoire".  Malgré les manoeuvres des blanchisseurs de collaborateurs, les signatures qui alimentèrent ce journal-là, restent marquées par le déshonneur.

3) Cahier VII, 2002.
A noter qu'Henri Béraud dédicace à André Villeboeuf ses "Emeutes en Espagne", Les Editions de France, 1931, 278 p.
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(Arch. JEA/DR).

(4) "Le Petit Picasso illustré", Le Crapouillot, n° 25 mai 1973, 90 p., p. 18.

(5) Henri Béraud : "Si la France s'est écroulée en 1940, c'est à la République qu'elle le doit, c'est elle qui nous a conduits aux abîmes."
(Le Pilori, 10 juillet 1942).

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lundi 11 juin 2012

P. 153. "Une seconde femme", le film

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Affiche du film (DR)
Un lien avec le Site d'"Une seconde femme" ? Cliquer : ICI.

Synopsis

- "Fatma vit à Vienne avec son mari, Mustafa, et leurs six enfants. Depuis toutes ces années, elle essaie de préserver les traditions et le prestige social de leur famille d’immigrés turcs.
Ayse, une jeune fille de 19 ans est choisie dans un village en Turquie pour officiellement épouser leur fils et se joindre à la famille.
La réalité est toute autre ; en secret, parce que Fatma l’a décidé, Ayse est promise au père, en tant que seconde épouse.
Dès lors, une relation de confiance et de complicité va se développer entre les deux femmes.
Mais cet événement va mettre en péril l’équilibre de toute la famille, qui devra faire face au regard de la communauté et à de nouvelles difficultés..."

D. F.

- "Le jeune réalisateur autrichien d’origine kurde Umut Dag, élève notamment de Michael Haneke, tient que « les femmes ont des histoires plus fascinantes à raconter » que les hommes. La preuve par ce premier film."
(Le Canard enchaîné, 6 juin 2012).

Jacques Mandelbaum


- "Tout commence en Turquie, par le prologue d'une cérémonie de mariage villageoise. Fatma et Mustafa, un couple vivant en exil, y marient leur fils Hasan à la prude Ayse. Bizarrerie : tout le monde paraît plus ou moins contrarié. Il faut même que Fatma morigène l'une des soeurs du marié, visiblement à deux doigts de faire un esclandre. L'explication a lieu à la séquence suivante, sans embarras de mots, mais par un système d'ellipses, de raccords et de plans tranchant dans le vif comme le film en produira beaucoup. La famille, nombreuse, rentre dans son appartement viennois, avec la jeune vierge dans ses valises. Tandis que son supposé mari s'éclipse et que sa belle-mère la prépare à la nuit de noces, le spectateur doit se rendre à l'évidence : ce n'est pas à Hasan qu'était destinée Ayse, mais bel et bien au vieux Mustafa, qui prend place à côté d'elle sur la couche nuptiale. Cut."
(Le Monde, 5 juin 2012).

Serge Kaganski


- "Lui-même autrichien d’origine turque, Umut Dag déploie son récit dans un style très différent de celui que l’on associe habituellement au cinéma autrichien. Loin de la froideur formaliste d’Haneke ou de Seidl, la mise en scène de Dag est souple, subtile, en empathie avec tous ses personnages.
Et le casting à dominante féminine est magnifique."
(Les inRocks, 5 juin 2012).


Face à face entre Ayse et Fatma (Mont. JEA/DR).

Dominique Widemann

- "C’est peut-être à Shakespeare qu’emprunte cette chronique familiale en constant péril, peuplée d’inattendus. Au fil d’émotions tendues à se briser, mauvaise foi et foi tout court, noblesses et mesquineries, peurs et doutes vibrent aux grâces de la bonté, aux exigences du désir, aux déchirements de la tragédie singulière dans l’enceinte du mensonge. On rencontre même deux ou trois récits de songe suppléant à l’indicible et des commères à ragots. On est dans le souffle d’acteurs formidables, à qui l’on a sans doute demandé beaucoup. D’espaces réduits s’évade l’universel, marque du beau cinéma."
(L’Humanité, 6 juin 2012).

Carole Milleliri


- "Si Nihal G. Koldas (Fatma) et Begüm Akkaya (Ayse) sont impeccables, les interprètes secondaires sont aussi pour beaucoup dans la sensibilité des rapports de force explorés par le film. Alev Imak et Aliye Esra incarnent avec un naturel désarmant les deux filles de Fatma, partagées entre colère, jalousie et compassion pour une épouse et mère de substitution qui pourrait être leur sœur. Leur énergie permet de neutraliser tout risque de pathos. Dans un appartement dont on ne sort que par nécessité expresse, les corps sont contraints par l’exiguïté d’une cuisine où colère et rancœur éclatent avec force, quand les regards sont déjà lourds de sens. Le film est rythmé par des plans silencieux sur l’étroit couloir vide, distribuant les quelques pièces d’un logement trop petit comme il sépare les membres d’une famille en conflit avec ses propres valeurs morales."
(Critikat).

Frédéric Strauss

- "On sent chez le réalisateur, né à Vienne de parents kurdes, une envie de dénoncer le poids des traditions, les arrangements secrets, aboutissant à faire d'une mariée magnifique, symbole d'amour, une femme asservie et manipulée.
L'émotion naît grâce à Begüm Akkaya, l'actrice qui interprète la mariée : son regard, d'une beauté et d'une force incroyables, fait vibrer ce personnage qui n'a que très peu droit à la parole."
(Télérama, 6 juin 2012).

Lucie Calet

- "Umut Dag, réalisateur kurde vivant en Autriche, s’empare d’un sujet formidable : le poids du mensonge (ici, tout le monde ment, même le fils, qui cache sa préférence sexuelle), le couvercle de fer communautaire et la tentation de l’émancipation. Le film, assez claustrophobe – il est presque entièrement tourné dans un appartement –, se focalise sur le point de vue des femmes de trois générations et réussit, par la tension qu’il ne desserre jamais, à imposer son point de vue très fort sur l’aliénation."
(CinéObs, 5 juin 2012).

Olivier de Bruyn

- "La cause des femmes, les difficultés de l'intégration, le choc des cultures... Dans Une seconde femme, son premier film prometteur, Umut Dag, met en scène avec une lucidité de chaque plan les relations ambivalentes entre ses deux héroïnes, toutes deux sacrifiées sur l'autel des traditions d'un autre temps. Lui-même fils d'une famille d'immigrés vivant à Vienne, le cinéaste évoque des thèmes sensibles et évite à chaque instant les pièges redoutables du "film dossier" et de la dissertation en images. Remarquablement interprété et réalisé, ce film subtil mérite deux fois plutôt qu'une d'être découvert."
(Le Point, 5 juin 2012).



Pour les autres films à l'affiche de ce cinéma rural, cliquer : ICI.

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jeudi 7 juin 2012

P. 152. 7 mai 1667 : le tombeau de Johann Jakob Froberger

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Le regard baroque de Froberger (Ill. JEA/DR).

Brel :

- "Pour le doigt de la pluie au clavecin de l´étang…"

Pour cette pluie si harmonieuse et lumineuse qui tombe avec élégance sur cette page du blog,
pour un compositeur Européen avant la lettre mais surtout avant que les banques, des technocrates, des joueurs de foot, des politiques relisant le précis du parfait petit nationaliste, ne viennent nous empoisonner la vie, de la Grèce à l'Irlande, en passant par la Lorraine...
pour ce Froberger qui ne jeta jamais de la poudre aux yeux des clavecinistes mais leur offrit des suites tellement plus brillantes, plus raffinées, plus inventives, plus ouvertes que celles des hôtels et des palais les plus réputés soient-ils !
pour des figures aussi différentes mais aussi attachantes que Gustav Leonhardt et Blandine Verlet...

J. J. Froberger est mort ce jour, enfin sur le calendrier 1667


Biographie selon Musique Opus 31 :

- "Né à Stuttgart en 1616.
De 1636 à 1657, Froberger fut organiste de la cour à Vienne, d'où il fut envoyé à Rome de 1637 à 1641 pour y étudier avec Girolamo Frescobaldi. Entre 1650 et 1652, il fit un séjour triomphal à Bruxelles et à Paris, et se rendit à Londres en 1662. Mais, ayant été dépouillé par des voleurs trois fois pendant sa route, il parvint à destination dans un tel état de pauvreté qu'il dut accepter une très humble tâche : actionner les soufflets de l'orgue de Westminster Abbey où officiait Christopher Gibbons (1615-1676), second fils du célèbre Orlando. Il mourut dans la demeure de la duchesse douairière de Wurtemberg, à Héricourt.
Réalisant la fusion des styles français, italien et allemand, Froberger fut un des principaux maillons de la chaîne reliant Frescobaldi à J.S. Bach (…).
Musicien à l'imagination fertile et au goût raffiné - comme on peut l'entendre dans la suite Lamento sopra la dolorosa perdita di Ferdinando III - Froberger diffusa largement le style frescobaldien dans les pays allemands, posant les jalons de la future école d'orgue d'Allemagne du Sud. Il est également considéré comme le codificateur de la suite instrumentale avec la succession allemande-courante-sarabande-gigue."

Gilles Cantagrel:

- "Le compositeur allemand Johann Jakob Froberger, natif de Stuttgart montre à quel point l’on pouvait circuler à l’époque. Il va travailler à Vienne, à Venise, fait 3 fois l’aller-retour entre Vienne et Venise. Il va jusque dans les Flandres, à Bruxelles, séjourne à Paris, à Londres, revient à Paris, va mourir en Lorraine à 50 ans seulement. Il a été le propagateur du style italien dans toute l’Europe car toute l’Europe se met à l’école de l’Italie en matière d’architecture et de peinture."
(Voyage au pays du Baroque, Revue de l’Académie des Beaux-Arts, Canal Académie 20 juin 2010).


Vermeer : détail de la leçon de musique sur clavecin - 1662 (Ill. JEA/DR).

« Rameau » :

- "Cette merveille absolue : Froberger. Johann Jakob Froberger, compositeur inconnu du grand public, méconnu des mélomanes, et encensé par ceux qui le connaissent. Né en 1616, mort en 1667. Connu pour quelques dizaines de pièces pour clavecin et pour orgue, pour beaucoup conservées seulement sous forme manuscrite."
(Blog Musica Sola, 15 octobre 2011).

Guy Sacre :

- "Cette musique… presque jamais l'élégance ne lui fait défaut. Elle trahit une âme sensible, inclinant à la gravité, à l'introspection, un être qui souvent médite et s'interroge, qui plaint autrui autant qu'il se complaint, qui dédaigne la pompe, et qui même dans ses moments de joie évite l'éclat et la bravoure."

(La musique de piano, Robert Laffont, 1998, p. 1168.)

Michel Rusquet :

- "Froberger se montre merveilleux poète en même temps que musicien hautement raffiné, d'où, à l'écoute, un envoûtement étrange qui fait qu'on en perd presque la notion du temps."
(Le XVIIe siècle baroque, Allemagne et Pays-Bas).

Renaud Machart:

- "Froberger a une tenue racinienne ; ses Tombeaux et Lamentations, voulus non mesurés (« lentement et avec discrétion»), sanglotent d'un flot cependant organisé et souverain."
(Le Monde de la musique (155), mai 1992).

Jean-Marc Warszawski :

- "En 1650, il est à Bruxelles, certainement dans le suite du frère de l'empereur, l'archiduc Leopold Wilhelm. Sur le trajet de Bruxelles à Louvain, il est dévalisé par des soldats (Lamentation sur ce que j'ay été volé et se joüe à la discretion et encore mieux que les soldats m'ont traité, notice au premier mouvement de la Suite XIV)."


J. J. Froberger
Suites et Toccatas
par Christophe Rousset sur un clavecin Johannes Couchet (Anvers-1652)
Harmonia Mundi

Suite XXX : "Plainte faite a Londres pour passer la Melancolie".
Toccata IX.
Suite XIX "ex autographo".
Tombeau fait à Paris sur la mort de Monsieur Blancheroche.
Toccata XIV.
Suite XVIII.
Toccata II.
Suite XX.
Toccata XVIII.
Lamentation "faite sur la mort très douloureuse de Sa Majesté Impériale, Ferdinand le troisième, An. 1657."




Et sur le phonographe de ce blog ? Cliquer : ICI.

Autres dates sur les calendriers de ce blog ? Cliquer : ICI.

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P. 151. Plagiat de Mo(t)saïques 2 à propos des Justes H. et S. Ardourel

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(JEA/DR).

Université Catholique de Louvain – Belgique :


- "L'utilisation de l'information doit respecter des règles éthiques simples mais strictes : le respect de la propriété intellectuelle et de la vérité interdit que l'on fasse passer pour sien, fût-ce par omission, un travail que l'on n'a pas accompli. Il importe donc de citer clairement ses sources, ce qui permet aussi de soumettre le travail au contrôle critique du lecteur qui peut ainsi apprécier par lui-même la qualité de l'information."

Comment ne pas rougir en rappelant de telles évidences ? Mais le plagiat est une lèpre se portant tellement bien... Maladie contagieuse et répandue si pas banalisée. Internet lui a ouvert des horizons comme les plaines d'un Far-West où les plagiaires jouent aux cow-boys fiers de dépouiller les indiens, partent dans l'espace et attaquent d'autres blogs, rigolent des éthiques et des déontologies, se livrent à de la contrebande, on trouve même des plagiaires dealers ou des pirates qui vivent aux crochets de leurs victimes...

Plus d'un(e) habitué(e) de ce blog fut étonné(e) lors de la publication des pages :
- 24 mai 2012, P. 147 : "Albert Szerman, rescapé des rafles du Vél d’Hiv’ et de la Varenne."
et
- 24 mai 2012, P. 147 bis : "Henri et Solange Ardourel, Jutes parmi les Nations honorés à Crouy".
Et effet, d’aucun(e)s se sont demandé(e)s quelle mouche m'avait pour la première fois piqué de placarder au bas de ces deux pages, une Note explicite mais aucunement dans mon style :
- (1) Tous droits réservés - 2012 - JEA pour cette page du blog.
Que les lecteurs (masc. grm.) veuillent bien excuser ce rappel mais il s'impose face aux plagiaires systématiques, sans scrupules et bafouant toute éthique pour s'adonner à du "Shoah-business".
C'est qu'en la matière, j'avais été trop longtemps la cible de plagiats systématiques aussi bien d'illustrations que de textes. Et principalement à propos d'un noble sujet s'il en est : les Justes en France. Mais aussi plus largement dans le contexte de la Shoah, les histoires authentiques d'enfants cachés, de rescapés des camps, sans oublier ce Judenlager unique en Champagne-Ardenne - celui des Mazures - que mes travaux sortirent d'un oubli de près de 60 ans et pour lequel j'ai retracé les destins individuels de chaque déporté.

Des plagiats en déluge donc.
Et à peine ce blog porte-t-il deux pages sur un couple de Justes et un enfant sauvé, que la pompe a été réamorcée.
Jugez-en.
Voici l'introduction aux pages 147 et 147 bis de ce blog. Et son recyclage sous forme de notices publiées ensuite sur le Site de l'"Association Anonymes, Justes et Persécutés dans la période nazie dans les communes de France" (AJPN) et ce, aux noms d'Henri et de Solange Ardourel. 

Capture d'écran de l'introduction plagiée (DR).

Mo(t)saïques 2 :
Immigrés de Pologne, Josek Szerman et son épouse, Rywka Szerman née Basz, abandonnent cette terre de pogroms pour gagner la France dans les années 1930. En 1936, la naissance d'Albert Szerman agrandit la famille.
Comme le couple travaille très dur, Albert est confié à une nourrice.

AJPN :
- "Immigrés de Pologne, Josek Szerman et son épouse, Rywka Szerman née Basz, arrivent en France dans les années 1930. En 1936, naît Albert Szerman.
Joseph et Rywka travaillent très dur et confient Albert à une nourrice."

- Survient la guerre. En 1942, la politique de la « solution finale » se concrétise par la chasse systématique aux juifs. Josek et Rywka Szerman sont arrêtés lors de la terrible rafle du Vél d’Hiv'. Le 22 juillet 1942, le couple est transféré de Drancy. Ils compteront tous deux au nombre des déportés du convoi n°9 à destination d’Auschwitz (3) où ils périrent sans sépulture.

- "En 1942, Josek et Rywka Szerman sont arrêtés lors de la rafle du Vél d’Hiv' et internés à Drancy. Le 22 juillet 1942, ils sont déportés sans retour par le convoi n°9 à destination
d’Auschwitz." 

Epargné par le sort car il n’était pas avec ses parents au moment de la rafle, Albert est placé en maison d’enfants et d’orphelins. De l’été 1942 jusqu’à l’été 1944, la guerre va se poursuivre avec son cortège d’horreurs dont l'antisémitisme n'est pas des moindres.

- "Épargné car il n’était pas avec ses parents au moment de la rafle, Albert est placé en maison d’enfants et d’orphelins."

- En juillet 1944, Albert se trouve à l’orphelinat « Beiss Yessoïmim », 30 rue Saint-Hilaire à La Varenne (commune de Saint-Maur-des-Fossés, dans l’actuel département du Val-de-Marne).

- "En juillet 1944,Albert Szerman se trouve à l’Orphelinat Beiss Yessoïmim, 30 rue Saint-Hilaire à La Varenne (commune de Saint-Maur-des-Fossés)." 
Le samedi 22 juillet 1944 restera une date définitivement noire car une rafle frappe La Varenne-Saint-Hilaire. Des nazis et des collabos, sous les ordres du SS-Haupsturmführer Aloïs Brunner (4), envahissent non seulement l’orphelinat mais encore la pension d’enfants Zysman, située au 57, rue Georges-Clemenceau.
Des autobus ont été mobilisés pour emmener les gosses raflés.

- "Le samedi 22 juillet 1944 une rafle frappe La Varenne-Saint-Hilaire. Des nazis et des miliciens, sous les ordres du SS-Haupsturmführer Aloïs Brunner, envahissent l’orphelinat et la pension d’enfants Zysman, située au 57, rue Georges-Clemenceau. Des autobus sont mobilisés pour emmener les enfants raflés."

- Or, il advient qu’Albert Szerman soit pris de malaise en pleine rafle. Une lingère de l’institution, non juive, le prend en charge et le conduit chez elle, en face de l’orphelinat. De la fenêtre, l’enfant est témoin du drame jusqu’à ce que s’éloignent les autobus où durent monter tous ses petits copains et les monitrices de l’orphelinat. Direction : Drancy. Le 31 juillet 1944, le convoi 77 les emportera pour Auschwitz (5).

- "Durant cette rafle, Albert Szerman, 8 ans, est pris de malaise. Une lingère de l’institution, non juive, le prend en charge et le conduit chez elle, en face de l’orphelinat. De la fenêtre, l’enfant est témoin du drame jusqu’à ce que s’éloignent les autobus où durent monter tous ses petits copains et les monitrices de l’orphelinat."

- Mais Albert, 8 ans ? Il devra la vie à Henri et à Solange Ardourel dans des circonstances que le rescapé décrira lui-même ci-après.
Après la Libération, la vie reprend ses droits. Sans autres enfants, M. et Mme Ardourel envisagent d’adopter Albert. Jusqu’à ce que le frère de Josek, son père, vienne le chercher pour renouer des liens avec ses origines juives. C’est un déchirement pour Albert ! Il ne rompra pas pour autant les contacts avec ses sauveurs. Cette belle histoire se prolongera jusqu’à la retraite du couple, à Ciry-Salsogne (Aisne) et au décès d’Henri Ardourel en 1962 puis de Solange en 1978.

- "Albert sera confié à Solange* et Henri Ardourel*.
Après la Libération, Solange* et Henri Ardourel* envisagent d’adopter Albert, qui sera retrouvé par le frère de Josek, son père.
C’est un déchirement pour Albert, mais il ne rompra pas pour autant les contacts avec ses sauveurs. Il restera en relation avec eux jusqu'au décès d’Henri Ardourel* en 1962 puis de Solange* en 1978."

- Albert Szerman, seul rescapé de la rafle de l’orphelinat de La Varenne-Saint-Hilaire, a témoigné sur les circonstances de son sauvetage, dans Les Orphelins de La Varenne 1941-1944, éditions L’Harmattan (2004).

- "Albert Szerman, seul rescapé de la rafle de l’orphelinat de La Varenne-Saint-Hilaire, a témoigné sur les circonstances de son sauvetage, dans Les Orphelins de La Varenne 1941-1944, éditions L’Harmattan (2004).
Cette notice est réalisée avec le concours du Comité français pour Yad Vashem."

Capture d'écran de l'une des deux notices identiques publiées sur le Site AJPN, notices dont la source n'est pas - contrairement à la précision donnée abusivement par ce Site - "le concours du Comité Français pour Yad Vashem" mais bien le blog Mo(t)saïques 2...

Une mise en demeure par recommandé a été adressée à l'AJPN le 7 juin. Le 9 juin, ce Site a retiré le plagiat prouvé ci-avant pour le remplacer par une autre notice...
Dont acte.

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Le 12 juin 2012, Madame Hellen Kaufman, Présidente de l’AJPN a transmis par courriel une demande de droit de réponse portant sur des commentaires publiés à la suite de cette page.

Appliquant la Jurisprudence en la matière, à savoir :


- « La personne qui adresse une demande d'exercice de droit de réponse peut préciser que sa demande deviendra sans objet si le directeur de publication accepte de supprimer ou de rectifier tout ou partie du message à l’origine de l'exercice de ce droit. La demande précise alors les passages du message dont la suppression est sollicitée ou la teneur de la rectification envisagée. L’auteur du blog n’est pas tenu d'insérer la réponse s’il procède à la suppression ou à la rectification sollicitée. »


dans un esprit de conciliation,

après médiation et après avoir consulté par écrit les auteurs concernés
qui donnèrent tous leur accord,
quelques mots et phrases incriminés, ont été retirés ou rectifiés des commentaires initiaux,
les retraits sont matérialisés par des pointillés entre deux crochets.
En conséquence, la demande de Madame Kaufmann est devenue « sans objet ».

Concrètement, il importe de préciser que Blogspot ne communique au responsable de l’un de ses blogs ni les adresses de courriels ni IP de qui souhaite commenter une page.

Blogspot ne laisse le choix qu’entre une suppression totale des commentaires ou leur maintien.
Dès lors, tous les commentaires sans exception ont d’abord été retirés. Pour ensuite être republiés ici le 14 juin. Sous ma responsabilité mais conformément aux originaux avec les suppressions ou les rectifications acceptées.

brigitte celerier, 7 juin 2012, 7h13

tenter de prendre ça comme un hommage - je sais c'est dur, surtout sans renvoi à l'original.
JEA, 8h22

"hommage" enraciné alors...
sur la page 282 de mon ancien blog Mo(t)saïques
figure cette précision :
"Ces photos en ont été recopiées sans autorisation sur un site, lequel a volontairement tronqué sa source. Or ces photos nous avaient été confiées par Maurice Winnykamen pour le blog en question [celui du CF pour Yad Vashem] et pour Mo(t)saïques. Les clichés, retravaillés et recadrés par nos soins, sont donc parfaitement identifiables. Un problème de Droits Réservés se posait dès lors.
La responsable du site en question, s'est défendue en répondant par écrit : "ces photos sont dans le livre".
Seul problème, cet "Hommage, récit d'un enfant caché", livre de Maurice Winnykamen ne comprend aucune illustration."
Le Site plagieur était déjà l'AJPN...

Pastelle, 15h40

Ca doit être TRES énervant...
J'espère que tu pourras résoudre ce problème.
Réponse JEA, 20h07

En Belgique, tout historien(ne) se livrant à de tels plagiats serait définitivement discrédité pour cause de non respect conscient des règles élémentaires des éthiques élémentaires.
En France, d'aucuns persistent et signent jusqu'ici en toute impunité.

Lectrice assidue, 17h36

Choquée à plusieurs titres...
l'honnêteté intellectuelle est une valeur qui m'importe, ici elle est d'évidence bafouée et c'est inacceptable.
L'AJPN ne cite pas ses sources et s'approprie de manière éhontée le travail d'autrui par l'élaboration facile de compilation.
Une noble cause ne doit-elle pas s'accompagner du plus grand respect des règles éthiques? [...]
Comment est-il possible de vous aider à arrêter ces pratiques inqualifiables ?
Réponse JEA, 20h12

Aider ? Peut-être par des courriels et/ou des commentaires qui seraient joints au dossier de ce plagiat si le site incriminé ne répond pas à l'injonction - envoyée par recommandé - de retirer les deux notices résultant du plagiat évident de l'introduction à la page 147 de ce blog.

Vérité, 20h16

[…]
Copier le travail des professionnels, quand on ne l'est même pas, c'est tellement plus facile.
De tout coeur avec vous qui vous donnez tant de mal.
Réponse JEA, 20h24

Evidemment mon blog refuse toute publicité, ne demande aucun subside, ne vend rien directement ou de manière détournée, ne lance pas des appels à des dons.
Mais comme par prémonition, je le soulignais en mai dernier, il existe un "Shoah-Business" […]
Le plagiat, lui, n'est jamais qu'une immense paresse intellectuelle doublée d'une inquiétante absence de scrupules.
Mille remerciements pour votre solidarité et pour toutes celles qui me reviennent d'horizons différents...

Dominique Hasselmann, 22h59

Le plagiat est une plaie (un PPDA, avec son livre sur Hemingway, en est un exemple récent, comme en d'autres temps Jacques Attali) et d'autant plus insupportable qu'ici elle porte sur un sujet où la moindre éthique devrait être au rendez-vous.
J'espère que vos lettre auront une suite et que ces […] retireront leurs emprunts sans scrupules : mais cela ne coule, hélas, pas de source(s).
Réponse JEA 23h13

Dans "Le Monde" du 4 août 2010, Marc Schindler déplorait déjà :
- "J’ai toujours cru, parce que c’est ce qu’on m’a appris, que j’étais quelqu’un d’unique. Que c’était important pour moi d’écrire des articles originaux, avec mes mots à moi ! Que c’était immoral de copier et de plagier. C’est une attitude qui fait partie de ma culture. Pas de celle..."
Il y a longtemps que j'ai perdu ces illusions, et plus particulièrement en ayant été pillé de long en large sur une échelle de dizaines de photos et de textes originaux.

Christophe
, 8 juin 2012, 6h45

Ayant du me séparer d'un collaborateur pris la main dans le sac de plagiat et de falsification, ce furent plusieurs années de recherche scientifique mises à la poubelle, mais aussi des relations humaines et des dynamiques perdues dans un domaine où la patience, la ténacité, le temps, la confiance mutuelle et l'abnégation sont la règle commune. Ensuite il faudra redonner confiance à ceux qui restent et relancer la machine. Le plagiat est en effet une lèpre, c'est à dire une maladie qui ronge lentement celle ou celui qui en est atteint, une petite louche c'est passé, essayons deux louches ... puis une petite falsification par-ci par-là, c'est pas bien méchant ... mais cette maladie est également infectieuse : elle se propage. Si mon voisin a pu le faire et que c'est passé, c'est donc normal !
Quel dégât scientifique au bout du processus plagiaire (car c'est un processus lent) et surtout quel dégât humain.
Réponse JEA, 7h29

J'avais retenu pour l'introduction une brève présentation du plagiat par l'UCL.
Mais ce commentaire quasi médical (diagnostic et conséquences) éclaire tellement mieux cette "maladie" et ajoute, sur base d'un vécu traumatisant, une précieuse "épaisseur" humaine.
D'où toute ma gratitude.

Dominique, 9h24

Cher JEA : Christophe m'a volé (en tout bien toute honneur) le mot que je voulais employer : lèpre, c'est bien de ça qu'il s'agit, je comprends votre colère car pour l'avoir vécu .
C'est à la fois frustrant et en même temps une forme de reconnaissance mais du genre dont on se passerait bien.
je trouve ici le procédé d'autant plus choquant qu'il est mis au service d'une noble cause.
Peut être les auteurs plagiaires pensaient ils être absous en raison de cette cause juste mais en fait cela […] ne l'excuse absolument pas
Réponse JEA, 9h55

nous nous étions mobilisés lorsqu'il se confirma que votre blog avait été comme frappé par une déforestation signée de copieurs sans scrupules
ici, les auteurs plagiaires sont hélas de vieilles connaissances
un exemple de leur comportement passé :
un ancien enfant caché, David Korn, me confie personnellement des photos, dont celle prise dans un camp de la honte et me demande de retracer son odyssée
le 19 janvier 2009, je publie celle-ci, et parmi les illustrations, figure la photo du groupe de gosses mis en camp
pour distinguer David Korn des autres enfants, je trace une étoile de David au-dessus du petit Korn
la même photo avec cette étoile, se retrouve sur le site AJPN depuis le 17 février 2010 !
pas de références au blog dont j'étais responsable à l'époque mais le site "fait comme" s'il avait reçu cette photo de Monsieur Korn...

Danièle Duteil, 9h45

L'honnêteté intellectuelle ? Combien de fois, sur les lieux mêmes de mon travail, j'ai pu constater que des "collègues" avaient pillé sans vergogne des mois de boulot et revendiquaient la propriété de ce qu'ils avaient volé. […] Les sans-gêne et sans-scrupule sont malheureusement plus que monnaie courante.
Réponse JEA, 9h53

Peut-être existe-t-il des miroirs flattant des égos ?
Réponse Danièle Duteil, 10h48

Oui, il existe des miroirs amincissants. Pour les autruches, sans doute...
Réponse JEA, 10h55

grâce à vous, le vent qui souffle des îles déride les fronts les plus consternés...

Albert, 11h03

Oui, le plagiat est une lèpre. C'est un vol insidieux du travail, de la pensée, un vol de soi-même. Quelle peine pour de tels délits ?
[…]
Réponse JEA, 11h17

En France, l'Article L335-2, Modifié par Loi n°2007-1544 du 29 octobre 2007 - art. 41 JORF 30 octobre 2007, précise :
- "Toute édition d'écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit.
La contrefaçon en France d'ouvrages publiés en France ou à l'étranger est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende."

Colo, 11h12

Cher JEA, ce qui semble absolument incroyable c'est la tranquillité et l'irresponsabilité avec lesquelles ces plagiats sont réalisés. Pourvu que "le site" incriminé" réponde vite et bien à ces injonctions, sinon comptez sur nous pour remuer ciel et terre!
Réponse JEA, 11h18

le ciel et la terre n'auraient qu'à bien se tenir avec des solidarités comme la vôtre...

Tania, 16h19

Cher JEA, est-il utile d'écrire à l'AJPN ou pouvez-vous nous indiquer une autre adresse où réagir ?
Réponse JEA, 16h53

Si j'ai bien compris, trois stades sont prévus par la loi française :
1. Une demande écrite au responsable du Site pour qu’il en retire le texte copié sur mon blog en faisant l'impasse de plus sur toute référence. Envoi par recommandé déjà confié aux services postaux. Date limite pour les retraits : 16 juin prochain.
2. En cas de non application de cette proposition de conciliation, constat par huissier (ce qui est déjà accompli, à titre préventif, pour les captures d'écran).
3. Plainte en justice en veillant au respect des délais (dans ce cas, avant le 24 août sauf erreur de ma part).
L'expérience des plagiats qui tombèrent comme des hallebardes précédemment, a montré que loin de rappeler à la raison, des courriers aux plagieurs pouvaient être suivis de mensonges venant empoisonner un peu plus le litige. Il suffit de relire plus haut l'exemple d'un enfant caché me confiant ses photos pour que j'évoque la sortie en librairie de ses souvenirs. Je retravaille les clichés avant de publier un long article. L'APJN plagie des photos. Le Président d'une Association officielle s'en étonne. L'AJPN répond n'avoir repris les clichés que dans le livre de souvenirs de cet ex-enfant caché. Livre totalement dépourvu d'illustrations...
Par contre, il me semble que tout témoignage rédigé librement pour être joint au dossier éventuel en justice, serait de nature à éclairer celle-ci.

Maïté/ Aliénor, 17h22

C'est avec un peu de retard que je prends connaissance de cet article et du préjudice que vous subissez, fait de malhonnêteté intellectuelle.
Je suis à moitié étonnée, ayant connu dans mon travail, comme Danièle, cette attitude bien des fois. mais après tout, cela ne concernait que la personne et son travail; mais dans ce cas précis, il y a bien plus que la prise en compte du travail, de la collecte d'informations […].
Merci à Colo de m'avoir fait la courte échelle jusqu'à ce billet.
Réponse JEA, 17h54

Ma réponse vous a été adressée par courriel personnel. […]

Amitiés, 17h39

Sans être pessimiste, cette Association ne répondra certainement pas. Alors soyons vigilants et allons jusqu'au bout. Cette Association […] est aussi sur Facebook.
Merci à toutes et tous pour la solidarité envers JEA.
Réponse JEA, 17h59

grand merci pour l'information mais pour ce qui concerne facebook
là je vis dans un autre monde
décroché
étranger
par contre, dans les domaines du marketing et de l'informatique, il faut bien reconnaître à d'autres des compétences évidentes […].

Réponse Anonyme, 9 juin 2012, 16h31

Je vois que vous avez recouvré votre bonne santé et je m'en réjouis.
Si vous appelez plagiat le fait de tenter de rendre hommage aux Justes, avec le peu d'informations que je parviens à trouver. Je me rends et je vous prie de bien vouloir m'en excuser.
De fait, il est difficile d'inventer une autre histoire que celle du sauvetage réel, comme je ne peux changer ni les lieux, ni les noms, ni les dates, ni le déroulé des événements.
J'ai refait entièrement la notice incriminée, dont il reste difficile de nier qu'elle est réalisée avec le concours du Comité français pour Yad Vashem, comme indiqué sous les notices, puisqu'il s'agit des informations contenues dans les dossiers des Justes.
Pour le reste des commentaires, je reste à la disposition de ceux qui souhaiteront entrer en contact avec moi.
Bien cordialement.
Hellen Kaufmann, présidente de l'AJPN
hkaufmann@ajpn.org
http://www.ajpn.org
Réponse JEA, 16h33

Madame la Présidente,
Ma santé dont vous ne savez rien, n'a pas à être évoquée en public, je vous prie.
Contrairement à ce que vous écrivez, je n""appelle" pas plagiats les notices de votre site, ce sont des plagiats au sens légal du terme.
Aucune cause ne peut servir de justification à une atteinte fondamentale à la vérité : l'AJPN s'était appropriée un travail, le faisant passer pour le sien, se gardant de cette obligation légale : la mention des sources et la mise entre guillemets des passages cités.
Il ne s'agit pas "d'inventer" une histoire, surtout dans le contexte de la Shoah. Mais de la dire, de la prouver, de poursuivre les recherches, de la répandre sans cesse à la mémoire des victimes mais aussi pour que jamais les négateurs n'aient le dernier mot.
Des milliers et des milliers de livres ont été publiés sur ce terrible sujet. Ces ouvrages ne se "recopient" pas les uns les autres sous prétexte qu'on ne peut "changer ni les lieux, ni les noms, ni les dates, ni le déroulé des événements"...
Pour ce qui relève du concours du Comité Français pour Yad Vashem, je me garderai bien de répondre en son nom.
Votre second commentaire n'a pas sa place sur ce blog : c'est une longue publicité.

zoé lucider 18h27

Cher JEA, j'arrive un peu tard, mais j'étais absorbée par d'autres motifs qui me tenaient éloignés de mon blog et des blogs amis par là même. Votre dernier commentaire clôt sobrement mais justement (si je puis oser) cette détestable histoire. Bien à vous.
Réponse JEA, 10 juin 2012, 10h41

Cette page est en effet close. Non sans avoir reçu votre avis qui porte le poids non seulement d'une amie mais aussi d'une professionnelle-référence.
Mais il est temps de revenir à l'essentiel :
Aharon Appelfeld :
- "L'histoire de leur vie leur a été arrachée sans cicatriser."

JEA, 10h54

Une page close est une page close.
Il a été acté que l'AJPN a retiré ses deux notices. Sa Présidente s'en est expliquée longuement dans un commentaire.
En ajouter un second sous forme de publicité puis un troisième revient à relancer une triste polémique qui n'a plus lieu d'être : ce plagiat appartient au passé.
Le présent de ce blog retentit des harmonies d'un clavecin et demain, séance de cinéma dans la salle de nos campagnes.


NBMadame Hélène Maurel-Incart évoque en ces termes les plagiats dans un article publié par Le Monde en date du 16 avril 2013

- "La délinquance en col blanc n'est pas l'apanage des banquiers, des traders ou des affairistes de tout poil. Elle gagne aussi la vie intellectuelle et, à chaque nouvelle affaire de plagiat, c'est une prétendue pensée originale qui vole en éclats, en paragraphes recopiés, en pages subtilisées, sans autre forme de procès, sans hommage aux auteurs piratés, sans même une once d'autodérision : il ne s'agit pas d'un jeu subtil de plagiat par anticipation façon Oulipo mais d'un acte de foi de pacotille au nom d'une mission trop lourde à accomplir, trop accaparante, si chronophage qu'on rapine chez d'autres des bouts de pensées pour rapiécer la sienne..."
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