MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

lundi 18 juin 2012

P. 155. Le 17 juin 1791, Mozart compose son "Ave verum corpus"...

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Mozart et la partition (Mont. JEA/DR).

Ave verum corpus en ré majeur KV 618

Humeurs musicales :

- "Comme peut le laisser deviner son numéro dans le catalogue Köchel (musicologue qui a classifié toute la musique de Mozart et numéroté ses œuvres par ordres chronologiques, de 1 à 626), Mozart a composé cet Ave Verum Corpus à la fin de sa vie, pour un ami chef de chœur à Baden (Anton Stoll). Il y a une profondeur et un recueillement incroyables dans ce morceau, quasi inexplicables vue la simplicité apparente de la mélodie. De l'art dans toute sa maîtrise…
(2005).

A. Einstein :

- "Sa beauté séraphique finit par nous rendre aveugles à la maîtrise dont il témoigne : simplicité, perfection de la modulation, art consommé dans le traitement des voix, introduisant, pour finir, la gradation d’une discrète polyphonie."

Philippe Gut :

- "L’Ave verum corpus, en ré majeur, K.618, aussi connu et célèbre que le Requiem, fut composé quelques semaines auparavant pour la Fête-Dieu de juin 1791. Dans la version originale, le chœur est accompagné par les violons, les altos, la basse et l’orgue. Le texte, qui n’appartient pas à la liturgie et que nombre de compositeurs germaniques ont mis en musique, est tiré d’un manuscrit que possède le monastère de Reichenau ; cette courte page est généralement jouée au cours de la messe catholique après l’Élévation. C’est une imploration d’une extrême simplicité sur le plan musical, adressée par le chrétien à son Sauveur sur la croix, traduisant l’angoisse résignée de l’homme face à la mort."
(Chorégies d’Orange, 2012).

Paroles :

- Ave Verum Corpus natum de Maria Virgine
Vere passum, immolatum in cruce pro homine,
Cuius latus perforatum unda fluxit cum sanguine
Esto nobis praegustatum in mortis examine
.

- Salut Vrai corps né de la Vierge Marie
Ayant vraiment souffert et qui fut immolé sur la croix pour l'homme
Toi dont le côté transpercé laissa couler l'eau avec le sang
Sois pour nous un réconfort à l'heure de la mort.


Détail du Manuscrit de Reichenau (JEA/DR).

Des autoroutes de mots sont tellement insignifiantes et vainement superflues devant cette oeuvre. Moins de cinq minutes sur les chronomètres dérisoires. Mais quelques notes qui franchissent les siècles comme des étoiles filantes.
Cette introduction se veut brève pour laisser place à une suite d'interprétations qu'il vous est proposé de parcourir selon vos inspirations, vos humeurs, vos fantaisies, vos sensibilités...



Leonard Bernstein - Choeur et Orchestre des Bayerischen Rundfunks.
Les silences qui viennent prolonger cette interprétation appartiennent aussi à Mozart...



Choeur d'hommes de Vienne.



King's College Cambridge



Wiener Sängerknaben




Ricardo Muti à la tête du Berlin Philharmonic Orchestra et du Swedish Radio Chorus.

Le même Ave inspira également Bizet
Fauré
Byrd
Gounot
Saint-Saens
Lizt
Tchaïkosky...



Signature de Mozart (Graph. JEA/DR).

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37 commentaires:

  1. Le recueillement de L. Bernstein avant de commencer est si profond, simple et majestueux à la fois!
    Superbe, merci.

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    1. Est-il jamais trop tôt ou trop tard pour écouter Mozart?
      Les rayons magiques du dernier extrait illuminent déjà la journée...

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    2. Une maladresse dans le pilotage automatique et cette page s'est précipitée ici un jour trop tôt... D'où une marche arrière. Et enfin la sortie prévue du lundi matin.
      Et le retard mis à vous dire combien nous partageons, croyants ou non, le même recueillement...

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    3. il est vrai que lors de votre premier commentaire, la page ne rassemblait que trois extraits
      j'ai franchement ramé pour pouvoir proposer aussi une version de R. Muti
      c'est fou le nombre de vidéos impossibles à diffuser via son blog, et ce pour cause d'invasions publicitaires indécentes ou d'illustrations les plus terriblement saint-sulpiciennes...

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  2. Merci, JEA, pour ces belles interprétations offertes sur un plateau. J'ai suivi le pinceau de l'enlumineur jusqu'au malicieux écureuil (si j'ai bien vu) et le texte sous les notes...
    Et pendant ce temps, l'orage s'est épuisé, la lumière est revenue avec le bleu du ciel.

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    1. vous avez raison : tout un inventaire à la Prévert
      un écureuil
      un escargot
      un chat noir
      et deux oiseaux... (une colombe et une grive ?)
      ici aussi l'orage a replacé le réveil matin que nous n'avons pas...

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  3. Je suis comme Tania, autant sous le charme de l'enluminure que sous celui de la musique, je vais voter ( oui je ne peux plus m'en passer :-) ) pour l'extrait qui va me plaire le plus car dans ma petite machine perso je n'ai hélas qu'une seule interprétation
    Je suis en train de lire sur Mozart ( si si c'est vrai !) et du coup je vais mettre un lien vers cette page pour élargir le nombre de gens heureux lors de la parution du billet dans quelques jours

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    1. Lire par exemple les lettres de Mozart, ça décoiffe
      il n'avait pas sa plume en poche, le bougre de génie
      et grand merci pour votre lien

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  4. Excellent choix avec une sorte de "tribune des disques".
    Il y a aussi le livre de Sollers sur Mozart et l'irrésistible film de Milos Forman...

    Merci pour ce début de semaine en musique !

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    1. hélas, absence ici d'un Frédéric Lodéon, violoncelliste virtuose, pour confronter, rapprocher des avis de "connaisseurs", avis judicieux et didactiques mais sans pédanterie...

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  5. Je découvre seulement aujourd'hui ce blog, et regrette déjà de ne pas l'avoir connu plutôt! Merci pour ces recherches et ce partage!

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    1. Bienvenue à vous, la porte n'est jamais fermée pour cause d'absence de porte (sinon en photos prises ailleurs, sur les bords des chemins de France)...

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  6. Interpréter cet "Ave verum", c'est se trouver exactement sur le fil du rasoir. L'interprétation que j'ai en tête est différente de toutes celles proposées ici. Le point le plus important, je crois, est qu'il faut éviter tout pathos (comme on en trouve ici dans chacune des interprétations, sauf dans celle du King's College, qui, par contre, tranche par une sorte de sèche objectivité). Cette pièce doit être chantée, selon moi, neutre, pauvre, humble, pratiquement sans nuance. Mozart d'ailleurs, je crois, omet toute indication de ce genre et précise seulement, si mes souvenirs sont bons, qu'il faut chanter "sotto voce", c'est-à-dire avec la voix en sourdine.
    Une interprétation idéale devrait ressembler à celle qui s'établit de soi dans "La Flûte enchantée" dans le choeur interprété par l'assemblée des francs-maçons. On y retrouve les mêmes couleurs harmoniques typiques de cette période hélas finale de la vie de Mozart.
    Quoi qu'il en soit, la beauté de la pièce irradie même à travers ces interprétations-ci.
    Merci, cher JEA, de nous la faire réentendre.
    Mozart est décédé le 5 décembre un peu après minuit. Je le sais si bien parce que, au cours de la soirée du 5 décembre 1991, dans le cadre du 200ème anniversaire de sa mort, j'ai organisé chez moi une "veillée" avec une bonne dizaine d'amis, en interprétant de la musique de Mozart, en en écoutant et en intervenant chacun ou presque par une contribution personnelle à propos de cet immense génie. Nous nous sommes quittés le 5 décembre peu après minuit...

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    1. Mon très cher Albert
      ton commentaire pourrait effacer toute l'introduction un peu bric-à-brac de cette page
      à la place de mes griffonnages sur mon tableau noir, tes notes justes, claires, intériorisées, sont celles d'un humaniste dont on a profondément tort de prétendre "qu'il n'en existe plus"...
      dès lors, comment ne pas te redire amicalement combien l'annonce de l'ouverture d'un blog portant ta signature, enrichirait au sens le plus noble, le monde un peu disparate d'internet
      peu après minuit, le 5 décembre 1991, au-dessus de ton village, nul doute qu'une étoile devait scintiller plus étrangement que toutes les autres...

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    2. Un oubli : répéter sans pour autant chercher d'excuses que le choix des vidéos se confirme, du moins pour cette oeuvre, très limité, assez décevant et même parfois plombé, comme expliqué dans un commentaire plus haut, par des pubs barbares...

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  7. De la musique à "redonner" la foi ? Foi en la musique qui fait vibrer les coeurs, en tout cas. A l'école, au cours de musique, nous avions appris ces quelques phrases ...Dommage que le prof ne nous ait pas fait écouter l'une de ces versions, histoire de nous envoler un peu ...Merci !

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    1. et quelle société que celle qui, par "économie", supprime les cours de musique dans l'enseignement secondaire...

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  8. Que de richesses encore aujourd'hui ! De fort belles interprétations, particulièrement celle du King's College Cambridge.

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    1. ces jeunes, dans la chaîne d'union entre 1791 et aujourd'hui...

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  9. Réponses
    1. et merci aussi... pour votre commentaire-témoignage lors du récent plagiat de ce blog

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  10. Merci de me permettre de commencer ma journée avec Mozart.

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  11. Réponses
    1. Avec l'espoir que vous soyez remerciée à votre tour, si vous veniez publier ici votre page "venue d'ailleurs"...

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  12. je viendrai, pour l'instant j'ai le trac. (et j'ai fait une mauvaise manipulation avec vos commentaires qui effectivement ont été considérés comme spams...)

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    1. vieux proverbe ardennais
      - "pour le paysan aussi, il n'y a pas d'heure pour le trac..."

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  13. Réconfortée ... oui sans doute parceque cette harmonie douce passe comme une caresse, l'appui tendre d'une berceuse pour l'enfant qui ferme les yeux et rêve d'un moment d'or ...

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    1. Laure Menzel ajouterait même :
      - "La musique adoucit les morts..."

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  14. Je suis venue plusieurs fois pour écouter et regarder l'enluminure.Je ne possède pas suffisamment de connaissances pour juger, comme votre ami de la meilleure interprétation ou de la plus fidèle. Je ne possède pas l'Ave Verum et le déplore.
    Merci pour ce moment musical que je savoure le jour de la fête de la musique.

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    1. un jour de fête de la musique
      navigation avec un groupe d'élèves sur une péniche à nous seuls
      glissant sur la vieille Meuse
      entrée au crépuscule dans le vieux Charleville
      ces jeunes gens avec leur musique qui remplaçait le fleuve
      une au moins lisait du Rimbaud comme pour ne pas avoir le coeur qui cesse de battre
      et sur les rives herbeuses, d'autres jeunes qui saluaient, partageaient cette musique portée par notre péniche
      il y a des souvenirs plus tristes

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    2. Un jour de fête de la musique, le premier, nous parcourions avec notre chorale qui allait bientôt se produire avec l'orchestre de Bordeaux aquitaine; mais ce jour-là, nous allions chanter dans les écoles, dans les parcs, dans les locaux de l'Inspection académique, puis sur les marches du Grand Théâtre et enfin dans les rues joyeuses, lorsque nous trouvions un endroit où nous poser!

      L'année d'après, nous avons repris le parcours libre dans les rues, mais il n'y avait plus tout à fait le même engouement que la première année.
      Maintenant, il y a nécessité d'encadrer la fête de la musique!Il y a eu assez de morts jeunes comme cela dans la Garonne ces derniers temps!
      Mais vive la musique. Vive Mozart et savez-vous pourquoi j'étais revenue?
      Tout simplement pour vous dire que j'ai retrouvé mon Ave Verum Corpus!Youpi!
      Version Muti.

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    3. si vous étiez restée sans Ave Verum Corpus, il y aurait eu de la muti-nerie dans l'air bordelais...

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  15. Commencer ainsi la journée est un grand bonheur, merci JEA, merci Dominique, que Mozart nous accompagne tous et toutes ! brigitte

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    1. et pour celles et ceux qui souhaiteraient emprunter votre itinéraire dans l'autre sens, soit vers le blog de Dominique et la prise de Mozart en otage :

      http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2012/06/18/sauver-mozart-raphael-jerusalmy.html

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  16. Bonjour,
    J'avais raté le lien dans le billet de Dominique! Pour ma "peine" j'ai écouté toutes les interprétations...les rapides, les lentes... Merci beaucoup (j'ai chanté cet Ave verum en chorale, modeste chorale)

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    1. Dominique participe au "sauvetage" de Mozart
      ici, seulement un rappel historique
      et mes remerciements pour votre aller et retour entre les deux blogs...

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Les commentaires sont modérés dans la mesure où les spams ne sont pas vraiment les bienvenus (ils ne prennent pas de vacances)