Affiche du film de Valérie Gaudissart (DR).
Violette :
- "Alors, aujourd’hui 24 mai,
ça fait 1000 jours que Mamie est morte,
1 quinquénat que Papa ne vote plus communiste,
87 ans que Rosa Luxemburg a été assassinée
et 2 jours que je chausse du 35."
ça fait 1000 jours que Mamie est morte,
1 quinquénat que Papa ne vote plus communiste,
87 ans que Rosa Luxemburg a été assassinée
et 2 jours que je chausse du 35."
Synopsis :
- "Violette, sa fougue et ses onze ans disparaissent une belle nuit et filent à la gare acheter un billet pour partir loin. Dans son cartable : l'urne des cendres de sa grand-mère communiste et adorée, un livre d'histoire-géo de 6ème, un paquet de Choco BN entamé et les Lettres de prison de Rosa Luxembourg. Rosa la Rouge, son idole révolutionnaire, sa boussole, sa mission.
Violette fera de sa fugue de 4000 kilomètres sur les pas de sa figure tutélaire un bien curieux et singulier voyage initiatique…"
Valérie Gaudissart :
Réalisatrice et scénariste de courts métrages tels que « Apesanteurs » (1999), « Mes insomnies » (2001), « Céleste » (2005), de documentaires « Eau-delà des flaques » avec Denise Colomb (1991), « Allegretto » (1993), « Des passerelles entre vous et moi » (1997), Les Mains nues » (2009) et d'un premier long-métrage, « Ich-bin-eine-terroristin » (2010).
Valérie Gaudissart participe à la programmation cinéma de Cluny Culture et est l'une des fondatrices de l'association « Ciné Ressources 71 ».
Ich bin eine Terroristin,
le film
Clandestine films :
- "Hors de sa maison, elle marchera sur les pas de Rosa. Rosa, sa Rosa, Rosa Luxemburg, celle, dont du haut de ses 11 ans à peine, elle se sent l’héritière, la mémoire. Dans l’énergie de cette révolutionnaire, elle se reconnaît, et elle se sent portée, transportée par l’utopie et la force de ses lettres de prison, écrites en 1917.
Alors, oui, un jour, elle partira pour une longue fugue préméditée, et elle quittera sa France natale et s’en ira vers l’Est, le plus loin possible vers l’Est. Et prendra de longs trains de nuit, suivra des chemins insensés et s’arrêtera là où elle pense retrouver des traces de Rosa, où elle pense marcher dans ses pas. Les étapes se suivront mais ne se ressembleront pas, et Berlin, la Pologne, toutes les frontières traversées, franchies, seront des aventures nouvelles, des rencontres marquantes à vie. La fugue est secrète et solitaire mais le voyage sera entouré de tant de gens et de paysages, et porté par tant de mouvements, de croyances et de rebonds que le rêve de Violette sera atteint : grandir, éprouver le monde et essayer, à son niveau de gamine de 11 ans, de le changer. Alors la fugue pourra s’arrêter, à Luxembourg-Ville, lieu symbolique où elle pourra, à sa manière et selon son invention retrouver Rosa dans sa prison."
Gregory Jacob :
- "Les femmes sont le cœur du sujet. Violette transporte avec elle les cendres de sa grand-mère. Et elle va rencontrer d’autres femmes, au parcours difficile. « Les témoignages qui sont livrés montrent qu’elles osent se raconter. Elles peuvent ouvrir leur bouche comme Rosa l’a fait en son temps », déclare une cinéphile.
Désormais le film de Valérie Gaudissart va voyager. Il est destiné à être présenté dans des festivals et en salle. Mais surtout, le souhait de la réalisatrice est que l’on parle, que l’on provoque le débat autour de son œuvre. « J’ai fait ce film pour que l’on puisse rencontrer des gens pendant le tournage et après », termine-t-elle."
(Le Journal de Saône-et-Loire, 12 octobre 2010).
"Ca fait 813 km que je suis une vraie révolutionnaire"... (DR).
Interview pendant le tournage, à Pienne :
- "Et les figurants ? Sont-ils à la hauteur ?
- Oui ! Ils sont formidables, bienveillants. On sent leur engouement, le plaisir qu’ils ont à être ici, sur le tournage de cette fiction. Il suffit de voir leur nombre et leur enthousiasme ! Ils ont une véritable envie de transmettre l’histoire de l’exil, de la mine, de la sidérurgie ; je crois qu’ils ont tout simplement envie de transmettre leur propre histoire. Les figurants apportent de la véracité au film, une forme de témoignage. Ils apprécient également de pouvoir se montrer créatifs, de faire fonctionner leur imaginaire. Ils ont travaillé, répété…"
(Le Républicain Lorrain, 12 juillet 2008).- Oui ! Ils sont formidables, bienveillants. On sent leur engouement, le plaisir qu’ils ont à être ici, sur le tournage de cette fiction. Il suffit de voir leur nombre et leur enthousiasme ! Ils ont une véritable envie de transmettre l’histoire de l’exil, de la mine, de la sidérurgie ; je crois qu’ils ont tout simplement envie de transmettre leur propre histoire. Les figurants apportent de la véracité au film, une forme de témoignage. Ils apprécient également de pouvoir se montrer créatifs, de faire fonctionner leur imaginaire. Ils ont travaillé, répété…"
"Ca fait 813 km que je suis une vraie révolutionnaire"... (DR).
Monic Coutheron :
- "Née en Picardie, Valérie vécut très tôt à Paris. Elle y fera des études théâtrales, avant de se lancer dans la réalisation. Depuis dix ans elle vit à Buffières en Clunisois, avec son compagnon, Morton Potash, compositeur et pianiste américain, travaillant pour le Conservatoire de Lyon. Grâce aux bons conseils de Jean Lapalus, ancien maire de Donzy-le-National et fondateur du Festival Ciné Pause, ils y ont acquis une maison. « Cette région, confie-t-elle, je l’ai toujours aimée et y suis venue régulièrement pendant 20 ans avant de m’y installer. J’y avais de la famille et tout un réseau d’amis. Je m’y sens bien. »
(…)
« Ce film, c’est l’histoire d’une enfance, une sorte de conte de fée politique porté par une enfant, et dédié à tous les enfants, y compris ceux que nous sommes restés, plein de rêves et d’utopie. Je l’ai mûri des années, puis je l‘ai réalisé en trois ans dont un an pour le tournage, d’une part parce qu’il se déroule dans plusieurs pays, d’autre part parce que l’actrice principale n’avait que 11 ans. Nous ne tournions que pendant les vacances scolaires."
Les acteurs que choisit Valérie ont une présence rare, qu’elle filme au plus près. Cette empathie envers le genre humain, que ce soit avec des réfugiés Kosovars, les femmes d’un foyer, celles d’une prison ou les mineurs de Lorraine, fait parfois écho à celle de l’ange des « Ailes du Désir » de Wim Wenders. Comme lui, Violette, avec ses grands yeux plein d’étonnement et d’amour, semble lire dans les pensées des gens qu’elle croise.
« J’ai choisi Rosa Luxemburg pour sa façon très moderne et féminine d’aborder la politique. Sa vision politique est encore très pure, belle et joyeuse. Je sais que cela ne va pas être facile de vendre ce film. Mais en même temps il a une ambition particulière. Et il y a une attente dans ce contenu autour de l’utopie. Il ne faut pas en faire une lecture trop réaliste."
(CLP, 31 août 2010).
Edwy Plenel :
- "Née en Pologne – dans la partie alors sous domination russe – au sein d'une famille aimante, plutôt cultivée et relativement aisée, brillante étudiante en Suisse à Zurich, notamment dans les disciplines scientifiques, Rosa Luxemburg n'a pas choisi l'engagement socialiste par goût de revanche ou par appétit de pouvoir. Elle y est venue presque naturellement comme l'on se sent requis, convoqué par l'histoire, réclamé par son temps. Toutes les générations militantes du souci du monde et des autres – en d'autres termes, internationalistes et humanistes – ont connu et connaissent ce ressort : le sentiment d'évidence et d'urgence que l'humanité court à sa perte si rien n'est fait pour inverser le cours d'une histoire jusqu'alors menée par les plus forts, les plus riches, les plus avides et les plus égoïstes."
(Mediapart, 30 septembre 2009).
En 1914, alors que Jaurès était assassiné, Rosa Luxemburg est incarcérée pour incitation à la désobéissance civile. La guerre lui vaudra des prolongations qui se concrétiseront par un total de trois ans et quatre mois derrière les barreaux. Elle fut ainsi l’objet de mesures administratives sans procès, donc la privant de toute défense.
Rosa Luxemburg :
- "Au milieu des ténèbres, je souris à la vie, comme si je connaissais la formule magique qui change le mal et la tristesse en clarté et en bonheur. Alors, je cherche une raison à cette joie, je n'en trouve pas et ne puis m'empêcher de sourire de moi-même. Je crois que la vie elle-même est l'unique secret. Car l'obscurité profonde est belle et douce comme du velours, quand on sait l'observer. Et la vie chante aussi dans le sable qui crisse sous les pas lents et lourds de la sentinelle, quand on sait l'entendre."
(Lettre de prison).
oh que cela me tente ! et j'aime le joli profil buté de Mathilde Besse sur cette photo, cela va bien aux mots
RépondreSupprimerEn ce moment je vais peu au cinéma, le temps me manque mais j'ai repéré un film qui me tentait, un film iranien qui vient de sortir!
RépondreSupprimerAprès vérification sur le net, il ne passe que dans 4 ou 5 salles en France....
J'espère aller davantage au ciné pendant mes vacances!!!
Je ne connaissais pas cette réalisatrice.
@ brigetoun
RépondreSupprimerla photo de profil, on pourrait imaginer une fable moderne : "La violette et le bouleau"...
@ Le Journal de Chrys
RépondreSupprimerExtrait de la critique de Mainline par Perrin dans Libé :
- "Mainline est à la fois un documentaire et une fiction sur les ravages de l’addiction dans l’Iran de Mahmoud Ahmadinejad. Comme documentaire, s’il rend bien compte de la recherche frénétique de la dose dans les centres commerciaux de Téhéran, des raids de la police, de la violence ambiante, il ne met pas vraiment en lumière l’ampleur du phénomène qui consacre la République islamique comme le premier consommateur par habitant de drogues dures. Un phénomène qui a gagné à présent toutes les couches de la société et dont on dirait qu’il est la métaphore d’une jeunesse aux rêves confisqués et qui s’en cherchent d’autres.
Ici, c’est la classe moyenne iranienne qui est concernée, et on s’attendait à ce que les deux réalisateurs en fassent un portrait un peu moins rapide. Comme fiction, l’histoire, très linéaire, demeure un peu faible. Mais cela ne l’empêche pas d’être poignante, de viser juste, d’être criante de vérité, grâce en particulier au duo que forment Sara (Baran Kosari) et sa mère, l’étonnante Bita Farahi, tantôt complice, tantôt en guerre contre sa fille, et qui joue sur tous les registres de l’amour pour tenter de la sortir de l’abîme."
Un film très tentant comme tous les récits qui traitent du voyage initiatique. J'ai juste un problème avec l'age de Violette, 11 ans , cela me paraît peu crédible pour entreprendre une recherche aussi réfléchie. Mais il faut voir le film avant de se prononcer.
RépondreSupprimer@ Chère MH
RépondreSupprimerPour voir ce film, encore faudrait-il qu'il ne reste pas dans une oubliette. Là, hélas, la pellicule semble mise en boîtes hermétiques. Mais sa réalisatrice peut être contactée via une adresse courriels. Vous pourriez la questionner sur cette âge qu'elle a très volontairement choisi ?
Pour être tentant c'est tentant, un film très personnel apparemment, je vais me laisser séduire et profiter des vacances pour ne pas "buller idiot "
RépondreSupprimerDepuis ma lecture et l'audition du CD d'accompagnement des lettres de Rosa Lusxemburg je suis tombée sous le charme (le mot n'est pas le bon) de cette femme, j'avais fait un billet enthousiaste car la découverte était totale et forte et la voix d'Anouk Grinberg magnifique de justesse
@ ivredelivres
RépondreSupprimerLouise Michel, Rosa Luxemburg
vous avez raison, elles ne se sont même pas arrêtées un instant à la gare de marchandises des apparences, des sensations, des superficialités
ce furent des femmes idéalistes, humanistes deux coups de pistolet furent tirés sur la première qui fut exilée chez les Canaques, la seconde périt fusillée après tant d'années derrière les barreaux
preuves terribles et cruelles que leurs luttes pour les droits humains dérangeaient, menaçaient, remettaient profondément en cause des "ordres" établis (après avoir écrasé la Commune, ce genre d'ordre accouchera plus tard d'un Pétain et après avoir écrasé la révolution en Allemagne, l'ordre donnera le relais aux nazis)...
Han ! Encore un film qui a intérêt à passer à Berlin ! D'autant que c'est là que Rosa a été jetée dans la Sprée !
RépondreSupprimerMerci pour ce billet, émouvant, une fois de plus !
J'aurai peut-être l'opportunité un jour de voir ce film à l'Utopia ou dans un cinéma Art et essai.
RépondreSupprimerIl y a comme cela de sacrées personnalités de femmes engagées.
Je pense, dans une moindre mesure aussi à Flora Tristan qui a sa tombe ici.
J'aime: "Et la vie chante aussi dans le sable qui crisse sous les pas lents et lourds de la sentinelle, quand on sait l'entendre."
MH
RépondreSupprimerJ'ai pensé à vous ce midi. Quand, à table, et alors que la conversation était à mille lieues, ce garçon de 11 ans m'a demandé :
- "Et Trotski(ou Trotsky, phonétiquement identiques), pourquoi s'est-il sauvé au Mexique ?"
@ MH : Je le trouve fort bien choisi cet âge pour commencer un voyage initiatique, c'est un chiffre miroir... et il est grand de commencer son initiation par le miroir ...
RépondreSupprimerJEA c'est très intéressant tout ça... :*
@ Euterpe
RépondreSupprimerParis-Berlin... Avec les accords d'échanges culturels. Sans oublier Arte...
Mais qui osera programmer ce film entrant déjà dans son passé avant d'avoir été affiché dans un minimum de salles obscures ?
@ Maïté/Aliénor
RépondreSupprimerEt aussi et encore Charlotte Delbo. Son fiancé fusillé, elle non juive mais transférée à Auschwitz. Et ses poèmes juste sur le fil de l'intransmissible.
Une femme de lettres, de théâtre mais pour la résistance et non la collaboration, une femme de convictions fécondes sans compromissions fétides, d'idéalisme sans cynisme...
@ Les Héphémères
RépondreSupprimerJe n'ai pas connaissance d'un texte rédigé par ou d'une interview de Mathilde Besse (mais est-ce autorisé par la loi ? elle semblait avoir 11 ans en 2007-2008).
Son écho personnel apporterait des éléments de réponses.
Sinon ma prudence est mère de silences. N'empêche, initiations et puberté s'abreuvent parfois à l'eau de mêmes fleuves...
..il ne vote pas à droite j'espère !
RépondreSupprimer@ Gérard Méry
RépondreSupprimerencore faut-il voter parce que l'image actuelle de la France...
@ JEA
RépondreSupprimerj'ai par le passé diffusé les écrits de Charlotte Delbo face à qui vous savez... Il y eut des grincements de dents par ceux qui aiment les bruits de bottes!
Je vous en supplie
RépondreSupprimerFaites quelque chose
Apprenez un pas
Une danse
Quelque chose qui vous justifie
Qui vous donne le droit
D'être habillé de votre peau, de votre poil.
Apprenez à marcher et à rire
Parce que ce serait trop bête à la fin
Que tant soient morts
Et que vous viviez
Sans rien faire de votre vie.
Charlotte Delbo. Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants.
Le poème de Charlotte Delbo est ici dans son intégralité
RépondreSupprimerhttp://brisdemots-amaryllis.blogspot.com/2009/12/charlotte-delbo.html
J'oublie que blogspot n'active pas les liens...
RépondreSupprimerMerci de nous faire connaître le travail de cette réalisatrice. Valérie Gaudissart. Je vais rechercher le DVD de ses trois courts métrages : "Apesanteurs", "Mes insomnies" et "Céleste", (sélectionné aux Césars 2006).
@ Maïté/Aliénor
RépondreSupprimerces gens-là ne parlent de poésie qu'en évoquant les chants nazis du style ode aux SS ou les bleuettes pétainistes s'extasiant devant la collaboration maréchaliste...
sinon, ils brûlaient les ailes des livres,
promettaient la nuit et le brouillard aux auteurs (masc. gram.,
confondaient propagande et culture,
des nains nazillons de jardin à côté de Charlotte Delbo
@ Michèle
RépondreSupprimervotre lien est comme une étoile à suivre vers un blog qui m'est cher, lui aussi
Charlotte Delbo ET Amaryllis sur la même île et la gravité de la terre en est changée
NB : avec des pouvoirs de fée, lucia mel place des liens actifs dans les commentaires mais ne partage pas encore son secret
@ Michèle
RépondreSupprimerQuand vous venez ici, c'est toujours marée d'équinoxe. Merci à vous.
Sauf lecture erronée de ma part, Valérie Gaudissart semble ne pas avoir dressé de murs la rendant intouchable. Cette cinéaste participe d'ailleurs à des projections - trop rares - du film où elle décline à son tour "Rosa..."
Rosa la rouge, un nom à déclinaison vers le haut.
RépondreSupprimer0 Michèle, @ JEA
RépondreSupprimerEt puis aussi:
"
O vous qui savez
saviez-vous que la faim fait briller les yeux
que la soif les ternit
O vous qui savez
saviez-vous qu'on peut voir sa mère morte
et rester sans larmes
O vous qui savez
Saviez-vous que le matin on veut mourir
que le soir on a peur
O vous qui savez
saviez-vous qu'un jour est plus qu'une année
une minute plus qu'une vie
O vous qui savez
Saviez-vous que les jambes sont plus vulnérables que les yeux
les nerfs plus durs que les os
le coeur plus solide que l'acier
saviez-vous que les pierres du chemin ne pleurent pas
qu'il n'y a qu'un mot pour l'épouvante
qu'un mot pour l'angoisse
saviez-vous que la souffrance n'a pas de limite
l'horreur pas de frontière
Le saviez-vous
vous qui savez"
Charlotte Delbo
@ Maïté/Aliénor et Michèle
RépondreSupprimerCharlotte Delbo :
- "Je reviens d'un autre monde
dans ce monde
que je n'avais pas quitté
et je ne sais
lequel est vrai
dites-moi suis-je revenue
de l'autre monde?
Pour moi
je suis encore là-bas
et je meurs là-bas
chaque jour un peu plus
je remeurs
la mort de tous ceux qui sont morts
et je ne sais plus quel est le vrai
de ce monde-là
de l'autre monde là-bas
maintenant
je ne sais plus
quand je rêve
et quand
je ne rêve pas."
@ Maïté/Aliénor, Frasby & JEA
RépondreSupprimerCharlotte Delbo :
"Tout était faux, visages et livres, tout me montrait sa fausseté et j'étais désespérée d'avoir perdu toute capacité d'illusion et de rêve, toute perméabilité à l'imagination, à l'explication. Voilà ce qui, de moi, est mort à Auschwitz. Voilà ce qui fait de moi un spectre. A quoi s'intéresser quand on décèle la fausseté, quand il n'y a plus de clair-obscur, quand il n'y a plus rien a deviner, ni dans les regards ni dans les livres? Comment vivre dans un monde sans mystère? Comment vivre dans un monde où le mensonge se colore en couleur aveuglante et se sépare immédiatement de la vérité, comme dans ces mélanges qui se décomposent, où chaque ingrédient reprend sa couleur et sa densité propres?
Je me suis interrogée longtemps sans trouver la réponse. Pourquoi vivre si rien n'est vrai? Pourquoi regretter de ne plus pouvoir être dupe, c'est si confortable? Je me débattais dans un dilemme insoluble. Je regardais les livres inutiles. Tout m'était inutile. Mais à quoi sert de savoir quand on ne sait plus comment vivre?
Comment cela s'est-il passé? Je ne sais pas. Un jour, j'ai pris un livre et je l'ai lu. Je voudrais pouvoir dire comment cela s'est fait. Je ne m'en souviens plus du tout. Je ne me souviens pas non plus du titre. Cela ferait bien si je nommais quelque chef-d'œuvre. Non. C'était un livre parmi tous les autres, celui qui m'a rendu tous les autres. [...]"
JEA, merci infiniment de vos paroles, de l'amitié précieuse et la douceur qu'elle apporte... Reconnaissance.
RépondreSupprimer@ Michèle
RépondreSupprimerRené Char (qui, comme Charlotte Delbo, choisit la résistance et non l'attentisme ou la collaboration) :
- "Notre amitié est le nuage blanc préféré du soleil."
@ Frasby, Maïté/Aliénor, Michèle
RépondreSupprimerce 23 avril en vidéo dans la colonne de droite, Brel :
- "Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d’une possible fièvre
Partir où personne ne part
Aimer jusqu’à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D’atteindre l’inaccessible étoile
Telle est ma quête,
Suivre l’étoile
Peu m’importent mes chances
Peu m’importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l’or d’un mot d’amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s’éclabousseraient de bleu
Parce qu’un malheureux
Brûle encore, bien qu’ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s’en écarteler
Pour atteindre l’inaccessible étoile."
@ JEA, @ Michèle
RépondreSupprimerRêver, certes...Cette chanson de Brel me poursuit.
Merci pour ces textes et en voilà un dernier, qui dit les difficultés de réinsertion avec des fantômes plein les cieux:
Qu’on revienne de guerre ou d’ailleurs
Qu’on revienne de guerre ou d’ailleurs
Quand c’est d’un ailleurs
Aux autres inimaginable
C’est difficile de revenir.
Qu’on revienne de guerre ou d’ailleurs
Quand c’est d’un ailleurs
Qui n’est nulle part
C’est difficile de revenir :
Tout est devenu étranger
Dans la maison
Pendant qu’on était dans l’ailleurs.
Qu’on revienne de guerre ou d’ailleurs
Quand c’est un ailleurs où l’on a parlé avec la mort
C’est difficile de revenir
Et de reparler aux vivants.
Qu’on revienne de guerre ou d’ailleurs
Quand on revient d e là-bas
Et qu’il faut réapprendre
C’est difficile de revenir
Quand on a regardé la mort
A prunelle nue
C’est difficile de réapprendre
A regarder les vivants
Aux prunelles opaques.
CHARLOTTE DELBO
****
Et je salue en pensée au passage le professeur de français qui sensibilisa les jeunes cette année-là au devoir de mémoire avec des textes de Charlotte Delbo, Marie-Claude Vaillant Couturier,, Arlette Humbert-Laroche,Gisèle Guillemot qui a écrit des textes poignants dont un se termine par:
"écoute maman, il faut que tu comprennes
Ecoute, ne pleure pas...
Demain sans doute ils vont nous tuer
C'est dur de mourir à vingt ans
Mais sous la neige germe le blé
Et les pommiers déjà bourgeonnent
Ne pleure pas
Demain il fera beau"
Mais aussi Denise Clairouin...
Et puis l'intégralité du texte " Le retour" est ici:
RépondreSupprimerhttp://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/le_retour.htm
@ Maïté/Aliénor
RépondreSupprimerEt au nombre de celles qui portèrent un B sur leur triangle rouge : Félicie Mertens.
Ses croquis (sur bouts de papiers d'emballage) figurent encore régulièrement lors d'expositions
retraçant l'univers de Ravensbrück.
Ses poèmes bouleversent encore.
Quand, dans les années 80, Le Pen a été reçu officiellement dans une commune de la périphérie de Bruxelles, j'y répondis par un film de 30 minutes. Félicie Mertens y participait pour évoquer la résistance des femmes, Ravensbrück et les autres camps que Le Pen accablait de son mépris.
Le docu fut programmé par la RTBF (chaîne de tv publique). Ce soir-là, Félicie Mertens reçut des menaces de mort par téléphone (sa ligne était privée) et en régie télévisée, j'eus droit à une enveloppe avec une balle de révolver.
Je pense qu'à 11 ans, on prend conscience qu'on peut décider de sa vie. Ma mère a failli mourir quand j'avais onze ans et cela m'a fait passer brutalement de l'enfance à la maturité. Merci pour cette information sur un film que nous espérons voir sortir. Rosa assassinée. Hélas, beaucoup de ceux, celles qui s'élèvent contre l'iniquité risquent leur vie.
RépondreSupprimer@ zoé lucider
RépondreSupprimeril n'y a pas d'âge pour trouver beaux les arbres à palabres...
@ JEA
RépondreSupprimerJe ne suis pas étonnée, vous pouvez vous en douter.
@ Maïté/Aliénor
RépondreSupprimerMais dans cet exemple précis, le docu était réalisé au nom d'un Centre d'éducation populaire (travail de mémoire) qui avait prévu un avocat face aux promesses de poursuites émises du côté de Le Pen (j'évoquais aussi la torture en Algérie, par exemple).
Le Pen est reparti. Silence radio (ou plutôt tv). Et pas d'appels menaçants à mon domicile contrairement à...
Je te souhaite ainsi qu'à ta petite famille de joyeuses fêtes de Pâques!
RépondreSupprimerMerci, merci pour tes adorables commentaires toujours originaux et adorables!
Bisous, bisous chocolatés
@ Kenza
RépondreSupprimerNon seulement te remercier mais surtout se réjouir que pour toi et ton blog, l'ère des plagiaires soit entrée dans un passé décomposé...
Après t'avoir lu impossible de ne pas tout mettre en oeuvre pour voir ce film !!
RépondreSupprimer@ le blög d'Otli
RépondreSupprimeravant les vidéos à domicile etc etc
en vieux d'une vieille école, j'avais ouvert un ciné-club dans un village
le plus triste souvenir ?
basé sur les choix du public en fonction d'une liste de films, le programme était fixé en septembre jusqu'au mois de juin suivant
en plein hiver, la projection de février tomba le jour où un cirque faisait arrêt sur la place de la localité
ce soir-là, tous les gens du cirque sont venus au ciné-club, faute de public sous leur châpiteau
c'était déchirant
pour te répondre
mettre en oeuvre un appel commun et relancé de blog en blog
ou un appel plus ciblé sur une région, sur une ville, sur une salle d'animations ???
J'ai très envie de voir ce film. J'espère qu'il sera programmé dans le secteur.
RépondreSupprimer@ Danièle Duteil
RépondreSupprimerDommage que les cloches le soient un peu trop pour envisager ce genre de cadeau...