MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 24 mars 2011

P. 20. Collaboration et Résistance ?!? Bonjour le révisionnisme...

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A la mémoire de Léopold de Hulster, Hilaire Gemoets, Jacques Lévy, Robert Maistriau, Julien Papa, Jean Rosel, Max Sztejnberg.

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L'Union des jeunes étudiants nationalistes (flamands) : "Le révisionnisme n'est pas un délit" (Doc. JEA/DR).

15 décembre 2010, 2e session de la 53e législature du Parlement belge :

"Projet de loi effaçant, pour l’avenir, tous les effets des condamnations et sanctions infligées du chef d’actes d’incivisme prétendument commis entre le 10 mai 1940 et le 8 mai 1945".

Résumé :

- "Les auteurs proposent qu’un terme soit mis, pour l’avenir, à tous les effets des condamnations et sanctions infligées du chef d’actes d’incivisme prétendument commis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils proposent par ailleurs d’instituer une commission qui indemniserait les victimes de la répression d’après guerre ou leurs descendants."

Préambule :

- "La répression des faits de collaboration, prétendus ou non, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale constitue une des pages les plus sombres de l’histoire de l’État belge.
On ne peut se faire de l’attitude adoptée par notre population au cours des années d’occupation 1940-1945 une vision manichéenne comprenant d’un côté les collaborateurs et de l’autre les résistants, les traîtres s’opposant aux patriotes. Il est en outre pratiquement impossible de tracer une ligne de démarcation nette entre collaboration et résistance. Il y avait même, dans un certain sens, une part de résistants parmi ceux que l’on a qualifiés de collaborateurs."

Affiches appelant Wallons et Flamands à s'engager dans les corps SS correspondant à leur langue (Mont. arch. JEA/DR).

Citation dans le projet de loi d'un article d'Herman Trodts :

- "On commet l’erreur de réduire la résistance à une bande d’assassins. Telle n’était pas la résistance, telle ne pouvait, par principe, être la résistance. On pèche par simplisme en assimilant les collaborateurs à des acolytes de la Gestapo. Telle n’était pas la collaboration.
Il s’agissait là d’un exemple d’excès au même titre que les meurtres inutiles, les vols et les incendies criminels qui étaient des excès de la résistance".
(De Staandard, 16 janvier 1957).

"Justification" de la collaboration et trois "circonstances atténuantes" : 

- "Il est malveillant d’assimiler tous ceux qui ont été mêlés de près ou de loin à la collaboration à des délateurs et à des tortionnaires. Cette remarque est particulièrement vraie pour la Flandre, où de nombreuses circonstances atténuantes peuvent être invoquées pour justifier la collaboration.
(...)
L‘incorrection dont a fait preuve l’État belge à l’égard du peuple flamand a considérablement favorisé l’émergence, chez de nombreux Flamands, de tendances collaborationnistes.
(...)
À cela s’ajoutent les déportations de mai 1940 vers des camps français. Quelques milliers de “personnes suspectes” furent arrêtées, emmenées et maltraitées. Certaines arrestations étaient manifestement dictées par des sentiments antiflamands.
(...)
Outre la question flamande et les déportations aveugles et injustifiées vers la France, l’aversion pour le “bolchevisme athée” très répandue dans la Flandre très catholique de l’époque, constitue une troisième circonstance atténuante."

La répression :

- "La répression qui a sévi au lendemain de la Seconde guerre mondiale était “sans mesure et sans fin”, comme l’exprime parfaitement le titre de l’ouvrage du professeur Raymond Derine (“Repressie zonder maat of einde ?”) consacré à la répression (1).
(…)
Des milliers de personnes ont été condamnées sur la base de lois à effet rétroactif, ce qui constitue une violation flagrante de tous les principes de l’État de droit.
Des fraudes ont été commises systématiquement lors de la constitution des dossiers : les éléments qui plaidaient en faveur du prévenu étaient écartés. Les témoins de la défense étaient intimidés, menacés de poursuites ou n’étaient tout simplement pas autorisés à s’exprimer. Des milliers de témoignages accablants ont été fabriqués, bien souvent avec la complicité des magistrats.
C’est surtout le pouvoir des auditeurs militaires qui était démesuré et grotesque.
(…)
La répression de la collaboration n’a été qu’un prétexte dont on s’est servi pour frapper le mouvement flamand (…). Cela explique pourquoi tant de personnes issues des milieux culturels flamands ont été touchées par la répression.
(…)
Au total, 74.346 personnes furent déchues de nombreux droits au cours de la période de répression. Mêmes les avocats, les médecins, les pharmaciens, les agents de change et les professeurs de l’enseignement libre subventionné qui avaient été éloignés de leur communauté professionnelle furent déchus de plein droit à perpétuité de certains droits en vertu de la loi d’épuration du 19 septembre 1945, et ce, sans préjudice des sanctions pénales."

Signé par quatre élus du Vlaamse Belang : Alexandra Colen, Gerolf Annemans, Bert Schoofs, Peter Looghe, ce projet de loi porte ensuite longuement sur les indemnisations à prévoir pour les inciviques ou leurs descendants. Cette partie "intéressée" ne sera pas évoquée ici.
Pour une version intégrale et bilingue, cliquer : ICI.

Le 25 janvier 2011, la Chambre a rejeté par 68 non (PS, MR, cdH, Ecolo/Groen!, PP et sp.a) contre 57 oui (N-VA, CD&V, VB, Open Vld, LDD) la prise en considération de cette proposition de loi du Vlaams Belang.
Outre le VB, ont donc voté en faveur dudit projet : les nationaliste flamands de la N-VA, les catholiques flamands, les libéraux flamands et les élus de la liste populiste Dedecker. Rejoignant les partis francophones unanimes, seuls les socialistes et les écolos flamands ont refusé de devenir complices d'un révisionnisme teinté de nationalisme.

Propagande pour une collaboration flamande dans la SS (Mont. arch. JEA/DR).

Quelques chiffres :

Les lecteurs auront été étonnés d'un projet de loi ne citant qu'une seule quantification : "74.346 personnes furent déchues de nombreux droits", en l'absence de toute référence et sans déterminer les droits en question. A propos de la collaboration et de sa répression, il est question de "milliers de personnes" sans plus de précision.

Le flou n'ayant rien d'artistique en ce domaine, les vagues entretenant les fantasmes et les manipulations, voici les chiffres de l'épuration en Belgique (2).

Entre 1944 et 1949 :

- 53.005 Belges ont été condamnés pour collaboration.
- 43.093 ont perdu leurs droits civils et politiques.

- 2.940 collaborateurs ont été condamnés à mort dont 1693 par contumace.
- 242 ont été exécutés dont 108 Flamands.

- 2.340 Belges ont été condamnés à perpétuité dont 501 par contumace.
Au 31 décembre 1949, il restait dans les prisons belges 5.781 hommes et 334 femmes privés de liberté pour incivisme.
En 1951, 1.255 hommes et 73 femmes.
En 1960, 99 hommes et 3 femmes.
En 1971, 1 homme.

- 14.717 dossiers ont été ouverts pour appartenance de Belges à des formations militaires comme la SS.
10.615 condamnations ont été prononcées pour ce chef d'accusation.

- 35.809 dossiers ont été constitués pour appartenance à une formation paramilitaire (Organisation Todt, Vlaamse Wacht, Garde Wallonne etc).
16.305 condamnations effectives.

- 5.202 dossiers portèrent sur des membres de services de police (Sicherheitsdienst, Feldgendarmerie etc).
1.771 condamnations.

- Sur 100 collaborateurs condamnés, 62 étaient Flamands (à l'époque, 56% de la population belge).
Sur 100 condamnations pour dénonciation, 32 frappèrent des Flamands.
Sur 100 condamnations pour port d'arme et assistance politique à l'occupant, 81 furent appliquées à des Flamands.

Dessin de Luc (André), 1944 (Arch. JEA/DR).
Légende : "- Suarez fusillé, Chack et Béraud condamnés à mort ! Cela deviendrait inquiétant si je n'étais en Belgique et n'avais quelques bons dossiers !..." (3).

Retour de balancier de l'histoire.
Cette caricature publiée en janvier 1945 par "Front", l'organe du Front de l'Indépendance, atteste de l'inquiétude de ce mouvement de résistance. La répression en France sert de référence avec trois plumes dont la notoriété a franchi les frontières. Par contre, en Belgique, l'exemple de Robert Poulet (4), semble emblématique de lendemains de la libération où une très grande majorité des collabos s'en tirera à bon compte (5).
Depuis, ceux qui furent aux côtés des nazis, leurs adulateurs, les continuateurs n'ont de cesse de réclamer une amnistie dont le dernier surgeon est l'oeuvre du nationalisme flamand en décembre dernier.

Ce projet de loi représente un pot-pourri exemplaire de ce que concoctent individuellement ou collectivement les adeptes du révisionnisme.

L'incivisme ?
L'adverbe "prétendument" lui est systématiquement accolé. Autrement écrit : "faussement". Il n'y eut point d'incivisme, circulez, il n'y a rien à voir. Et puisque pas d'incivisme, pas d'inciviques. CQFD. Reste à indemniser celles et ceux qui furent dès lors non des coupables mais des victimes d'erreurs judiciaires. Cette inversion représente un classique du cinéma que se fait l'extrême droite.

La répression ?
"Une des pages les plus noires de notre histoire" : la répression elle seule, non pas la Seconde guerre mondiale avec près de 90.000 victimes en Belgique, dont 24.140 juifs. Non. 242 collabos exécutés font pencher la balance dans le sens de l'histoire réécrite par le VB.

Les résistants ?
Trois méthodes pour les déprécier sont à la mode.
Même dans les commentaires de ce blog, on colle des guillemets à "résistants" pour induire le doute voire la suspicion. Et pour faire bonne mesure, on ajoute sans preuve "résistants de la dernière heure", si pas de la "dernière minute". Calomnier, calomnier, l'important c'est de polluer leur authenticité et de rabaisser une lutte pour le retour à la démocratie, au rang d'un opportunisme sanguinaire.  
Une autre méthode ressemble à un disque rayé : sur le plateau de l'histoire regardée comme un théâtre, les rôles des résistants et des collabos seraient interchangeables. Les révisionnistes distillent à longueur de temps cette non différenciation volontaire qui permet d'insulter les premiers et de valoriser a contrario les autres.
Enfin, de glissement en glissement, on aboutit à ce projet de loi où il est affirmé qu'il est tout simplement "impossible" de distinguer les uns des autres !!! Alors que les nazis, eux, n'eurent aucun doute.
Car, en Belgique, 41.252 personnes furent arrêtées par les occupants et leurs nervis pour leur avoir résisté. Très exactement 13.958 de ces résistants furent mis à mort en Belgique ou ne revinrent jamais des camps (6).
Officiellement, 26.535 Belges et 764 étrangers obtinrent le titre de prisonniers politiques. A titre posthume, il faut ajouter 13.781 Belges et 177 étrangers (7).
Avec un tel projet de loi, on cherche toujours à rejeter dans la nuit et le brouillard leur mémoire (8).

Il serait "malveillant" d'assimiler tous les collaborateurs à des délateurs et à des tortionnaires ?
Evidemment. Les collabos ne furent pas "tous" délateurs et/ou tortionnaires. Furent aussi poursuivis celles et ceux qui portèrent les armes contre la Belgique, qui s'engagèrent politiquement auprès de l'occupant, qui profitèrent d'une collaboration économique (une de ces catégories n'excluant pas les autres).

Trois "circonstances atténuantes" ?
1. Le projet de loi évoque "l'incorrection de l'Etat belge vis-à-vis du peuple flamand". Sur le fond, cet argument relève d'une l'analyse politico-linguistique cultivée par un nationalisme rejetant l'Etat belge en bloc. Fictive ou non et quel que soit le degré de cette "incorrection", en quoi excuserait-elle voire même justifierait-elle la collaboration ? En France, par exemple, quelques Bretons ont aussi voulu jouer ce jeu-là, largement encouragé et instrumentalisé par les occupants. Vouloir faire triompher son nationalisme en adoptant le nazisme et toutes ses horreurs, y compris l'antisémitisme, voilà bien la question !

2. Le VB revient sur les "déportations de mai 1940" par ordre du gouvernement belge et vers la France, en l'absence de "camps" dans le Royaume. Des "sentiments antiflamands" auraient notamment motivé ces mesures d'internement.
En réalité, le jour de l'invasion sont arrêtés des étrangers et des nationaux soupçonnés d'être des "ennemis". Le VB omet soigneusement de relever que la très grande majorité est constituée de citoyens du Reich mais qui avaient fui le nazisme. Dès lors, des juifs composent la très grande majorité de cette majorité. 
Il faut savoir que lorsque les nazis violent la neutralité de la Belgique, 20% des juifs du Royaume sont d'immigration très récente : ils viennent d'Allemagne, d'Autriche etc... Ils ont été chassés par les persécutions raciales. Malgré quoi, le gouvernement belge en fait saisir aveuglément au moins 8.000 qui seront enfermés dans des camps comme Le Vernet, Lurs ou St-Cyprien. Vichy s'empressera ensuite de livrer ces juifs aux occupants.

3. En tant que troisième "circonstance atténuante", le VB retient le "bolchevisme athée". Des Flamands seraient partis en croisade contre le communisme et l'athéisme. Ces idéalistes ne pensaient qu'à sauver une Europe civilisée face à la barbarie de l'Est...
Et c'est reparti pour les clichés rabachés par l'extrême droite. Les résistants étaient évidemment des terroristes rouges. Les courageux collabos répondaient à un complot "bolchevico-judéo-maçonnique" visant à abattre une Europe chrétienne etc... etc...

Le nationalisme plus l'élitisme ?
Enfin le VB ne peut s'empêcher d'ajouter une louche d'élitisme déplacé  : "Mêmes les avocats, les médecins, les pharmaciens, les agents de change et les professeurs de l’enseignement libre subventionné..." furent inquiétés ! Sur un ton scandalisé. Comme si une profession, comme si l'appartenance à une intelligentsia rendaient intouchables des coupables et excusaient automatiquement tous leurs crimes (9). Comme si pour un philosophe nazi, pour un écrivain antisémite ou pour un journaliste collaborateur, leurs talents réels ou supposés n'avaient pas été porteurs et diffuseurs du nazisme, de l'antisémitisme, de la collaboration avec "l'ordre nouveau" (10)...

La conclusion sera empruntée à Marcello Fois :

- "Résistance, démocratie, antifascisme...
Les mots ne dorment pas, ils ne se reposent pas.
Les idées ont besoin de soins constants, envers et contre tout."

Propagande pour une collaboration wallonne à la SS (Mont. arch. JEA/DR). 

NOTES : 

(1) Remarquable tour de passe-passe. Le titre de l'ouvrage cité se termine par un point d'interrogation, lequel est tout simplement escamoté dans le projet de loi pour laisser place à une affirmation. 

(2) La présentation de ces chiffres résulte d'un travail personnel. En cas de reproduction, prière de ne pas oublier de citer ce blog comme référence.
A consulter :
- "La répression des collaborations 1942-1952. Un passé toujours présent", Luc Huyse et Steven Dhondt, éditions du CRISP, 1993 (traduit du Néerlandais, 1991), 345 p.
- "Collaboration, répression – Un passé qui résiste", José Gotovitch et Chantal Kesteloot, éditions Labor, 2002, 236 p.
- "Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique", Paul Aron et José Gotovitch, éditions André Versaille, 2008, 527 p.
- Le site RésistanceS.be.

(3) Georges Suarez (1890-1944). Dirigea sous l'occupation le journal collaborationniste "Aujourd'hui". Condamné à mort et fusillé en 1944.
Paul Chack (1876-1945). A la tête du Comité d'Action antibolchévique. Condamné à mort et fusillé en 1945.
Henri Béraud (1885-1958). Plume principale de "Gringoire". Condamné à mort en 1944. Libéré en 1950. Voir la page 12.

(4) Robert Poulet (1893-1989). Rédacteur en chef du "Nouveau Journal" au service de l'"Ordre nouveau national-socialiste". Condamné à mort en 1945. Libéré en 1951 pour rejoindre l'extrême droite française. Objet de railleries cruelles de Céline dans "Rigodon".

(5) D'autant que 15.000 Flamands et 6.000 Wallons accompagnèrent les Allemands lors de leur reflux hors de Belgique. A la fin de la guerre, nombre d'entre eux échappèrent à la justice en bénéficiant de filières liées par exemple au Vatican ou à la Croix Rouge. L'Espagne en accueillit à bras ouvert, Degrelle au premier rang.

(6) "La mortalité des victimes de la guerre en Belgique", Rapport final de la Commission Buysse, 2002.

(7) "Les yeux du témoin et le regard du borgne. L'histoire face au révisionnisme", Maxime Steinberg, Les Editions du Cerf, 1990.

(8) Des écrits délétères sur la résistance et les déportés furent publiés dès les premiers lendemains de la libération. Par exemple sous la signature de Jean-Galtier Boissière :
- "(21 avril 1945) Il y a des déportés d'honneur comme il y eut une Résistance de luxe."
In "Mon journal depuis la libération", La Jeune Parque, 1945, 333 p., p. 226.

(9) Même raisonnement en France ? Par exemple celui du colonel Marcel Bordage, dialoguant à Fresnes avec Jean Bocogagno :
- (JB) "La France est un pays qui semble aujourd'hui préférer bâtir son histoire sur l'assassinat plutôt que sur la justice...
- (MB) "Moi, je dis que ce foutra de pays est foutu ! et c'est bien sa récompense. Je le dis en pensant à l'élite qu'ils ont anéantie et à toutes les valeurs représentatives de la nation : Chack, Suarez, Georges Claude, Hermant, Pierre Laval..."
Jean Bocognano, "Quartier des fauves. Prisons de Fresnes", préface de Jacques Isorni, Editions du Fuseau, 1953, 229 p., p. 135.

(10) Maurice De Wilde, "L'Ordre Nouveau", Duculot, 1984, 191 p.

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23 commentaires:

  1. le titre m'a fait tiquer parce que je pense qu'il y a eu des gens pour être sur cette ligne entre, tous ceux qui ne se sont pas engagés dans la résistance, pris dans les difficultés et joies de a vie quotidienne, mais ont réagi humainement chaque fois qu'ils en ont eu l'occasion.
    Mais la suite de l'article c'est autre chose - bien entendu il ne peut être oublié l'inexcusable, ou excusé la villenie

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  2. @ brigetoun

    Les guillemets du titre marquent effectivement une citation du projet de loi.
    A propos de celles et de ceux qui "ont réagi humainement", il importe de citer les Justes parmi les Nations. Seule une infime minorité fut reconnue comme appartenant à la résistance alors qu'au risque de leur vie, ils sauvèrent non seulement des persécutés mais aussi la notion même d'humanisme...

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  3. En France, même si on n'en est pas encore à ce type de projet de loi, les discussions actuelles au sein de l'UMP et, plus largement, de "la majorité présidentielle", comme dirait Claude Guéant le soir des résultats du premier tour des élections cantonales, par rapport à la montée du Front national, sont significatives.

    La droite se révèle comme n'ayant jamais chassé ses vieux démons et certaines voix de l'UMP qui préfèrent déclater voter FN plutôt que PS (ce que François Fillon a courageusement refusé face à la théorie sarkozyste du "ni-ni") sont un symptome qui renvoie effectivement à la période de la collaboration.

    Même si la fille Le Pen s'abstient soigneusement de toute référence à la deuxième guerre mondiale, les thèses et thèmes de son programme (les immigrés, la sécurité, le nationalisme à tous crins...) sont un reflet terni de cette période dont vous mettez bien en relief les dérives sanglantes.

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  4. @ Dominique Hasselmann

    Merci à vous pour cet éclairage sur l'hexagone.
    Dans les Ardennes, pas de candidat FN élu au premier tour. Pour le second, un seul est resté sur le champ de bataille électoral.
    Deux documents qui éclairent. Sur le site de Libération, vidéo d'une candidate FN du côté de Marseille. Elle ne connaît pas la zone géographique couverte par son canton, ni le budget du Conseil général ni ses compétences etc... Elle ne sait répéter qu'un slogan : "la France catholique et laïque (sic) est envahie"...
    Et sur le site de Marianne, le résultat de deux bureaux de vote à Sartory, bureaux uniquement réservés aux gendarmes : le FN y récolte le double des voix de l'UMP...

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  5. Le mieux est de résister à collaborer

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  6. @ Gérard Méry

    Baudelaire écrivait que la Révolution a été faite par des voluptueux...
    La résistance par des incorruptibles ?
    La collaboration par des cyniques ?

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  7. En France, par la négligence des politiques une grande partie de la population d'origine immigrée a été récupérée par les imams et s'est enfermée dans le communaurarisme. C'est devenu réellement insupportable pour la population dite "de souche" qui réagit très allergiquement et cela se comprend tout de même. Or UMP comme FN proposent une politique ultra simpliste de rejet, de "bouquémissairisation" et le PS propose une politique tout aussi inacceptable de tolérance obligatoire au nom du multiculturalisme béat sans se préoccuper de ce qu'il y a à tolérer.
    Il es devenu impossible de voir s'opérer une assimilation comme celle que l'on a connu avec les italiens quand ils ont immigré en masse au début du 20e siècle.
    Les cultures musulmane et chrétienne se livrent désormais un bras de fer des plus âpres. Une gauche qui penche ouvertement pour la culture musulmane cela peut se révéler aussi fatal (surtout pour les femmes) qu'une droite raciste. Le racisme à l'envers n'est pas non plus une réponse.
    La situation est donc très différente de la période nazie où les personnes visées par le racisme faisaient partie intégrante de la société, ne se repliaient en rien sur eux-même, ne distillaient aucun message hostile envers leurs concitoyens chrétiens contre lesquels ils n'auraient pas eu un seul instant l'idée de lutter, au contraire, tout le monde vivait en parfait entendement. C'est pourquoi le parallèle que l'on fait tout le temps avec les nazis et les juifs est abusive. Par contre la politique de l'UMP et du FN est très clairement stigmatisante. Mais je ne crois pas possible qu'un parti comme le FN ait les mains libres pour persécuter un groupe humain qui est si solidement soutenu à l'extérieur. Il n'y a qu'à voir comment le moindre journaliste craint de se voir l'objet d'une fatwa s'il dit un mot de travers.
    Alors attention aux amalgames.
    Malheureusement il n'y aucun parti n'a la volonté d'essayer d'apporter des solutions adéquates et au prochaines élections le taux d'abstention va encore battre des records.

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  8. @ Euterpe

    Merci aussi à vous pour cet autre éclairage.
    Qu'ajouter ? Sinon qu'un étranger comme moi se pose néanmoins des questions en vivant au quotidien dans une France parfois étrange.
    Par exemple un village des Ardennes où plus de 25% de la population vote FN. Il n'y a pas un seul étranger identifiable au faciès et à l'horizon (Noirs, Nords-Africains, Asiatiques). La commune est parmi les 5 plus aisées du département. Pas d'HLM ni d'autres cités. Pas d'insécurité du tout (sinon actuellement les accidents dont sont victimes des forestiers). Je me garderai bien de généraliser. Mais il y a encore des photos de Pétain dans certaines cuisines...
    Plus dans mes relatives compétences. L'arrivée des Italiens ne fut pas une histoire à l'eau de rose. Il y eut des morts. Un racisme pas piqué des vers (j'ai encore quelque part une photo de panneau : "interdit aux chiens et aux italiens"). Avec le temps, les angles se sont adoucis mais cette époque-là connut des cruautés générées par le rejet des "autres".
    Enfin, jamais, là je suis pour une fois apaisé, jamais sous ma plume vous n'aurez lu ni ne lirez des assimilations abusives entre la Shoah et des phénomènes marquant l'actualité.
    Cette page, par exemple, est certes liée au présent par un projet de loi, mais elle ne remet à l'heure que les pendules du passé.
    Et pour conclure sans forfanterie, mes cours étaient réputés pour leur liberté de parole. Mais dans le cadre du respect des lois. Et jusqu'à plus ample informé, le racisme est un délit.

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  9. Un article nécessaire et plus largement "urgent"... je n'ai pas d'autre commentaire à faire. Merci JEA.

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  10. @ MH

    En l'absence définitive de Maxime, soyez remerciée de m'avoir motivé car parfois, une lassitude certaine rend les ornières bien profondes...

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  11. COMPLEMENT

    Lire le blog de Pascale Robert Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde (ce 24 mars 2011).
    Me Francis Szpiner, avocat, obtient une relaxe définitive pour avoir affirmé que Philippe Bliger, avocat général, est "un traître génétique"...
    Comprenez que M. Bilger Père a été condamné à 10 ans de travaux forcés à la libération et ce, pour collaboration.
    L'insulte de Me Szpiner passe donc au bleu. Alors que sur le fond comme sur la forme, elle est insupportable. Voici qu'un fils serait complice, si pas aussi coupable que son père pour le motif unique de la génétique ???
    Comment comprendre que des juges puissent rendre une telle relaxe ? Eux la motivent du fait que l'avocat général Bilger tient un blog public et donc s'expose à la vindicte ?!?
    On cauchemarde.

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  12. COMPLEMENT

    Ce 25 mars 2011, le site du Nouvel Observateur publie une photo d'Alexandre Gabriac, candidat du FN pour le canton n°6 de Grenoble.
    Ce monsieur pose devant un drapeau nazi, le bras tendu dans un geste sans équivoque.
    Lien :
    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20110325.OBS0254/un-candidat-fn-aux-cantonales-photographie-faisant-le-salut-nazi.html

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  13. Comme toujours un article passionnant et salutaire, j'ai dans mon entourage de ces gens qui ont laissé faire, qui ne se sont pas dressés face à l'occupant, qui le disent et en sont gênés, mais le fossé est large entre ça et la collaboration, pour l'un on peut avoir une certaine gêne, de la honte, pour l'autre on est dans le domaine de la faute imprescriptible et les lois n'y peuvent rien

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  14. @ Dominique

    L'actualité belge a montré l'urgence et la nécessité de répondre à une extrême droite, rejointe par les droites flamandes, quand elles visent à semer la confusion entre les valeurs de la résistance et les soumissions de la collaboration.
    Cette page s'y essaie.
    Sans que l'histoire ne devienne un tribunal avec jugement rétroactif sur la si grande majorité des populations occupées. Elles qui ne se déshonorèrent pas. Se fixèrent pour premier but de tenir. Ecoutèrent Londres sans la rejoindre. Mais en gardant leur dignité en des années où d'autres ont basculé du côté des envahisseurs...

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  15. Alors pas traces de cyniques incorruptibles ?

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  16. @ Gérard Méry

    Pas chez René Char...

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  17. Billet de mâle plume - on aimerait promettre que la NVA ne passera pas, mais, à l'heure actuelle, ce serait aller au bois sans cognée. Les résistants flamands pas plus que les Wallons et les Bruxellois ne laisseront passer les mesures d'amnésie !

    Scandalisée que votre blog ait à se protéger à nouveau des innommables…

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  18. @ Tania

    Les innommables et ceux qui prennent un masque civilisé plus une belle plume au chapeau. Ces derniers maquillent leur assentiment quant aux crimes contre l'humanité mais ne peuvent s'empêcher de vous insulter ici même...

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  19. Bonjour JEA,
    Je suis sincèrement touchée par tes visites ainsi que par tes deux gentils commentaires sur mon blog.
    Et je te remercie chaleureusement de ton soutien actif, cela fait chaud au coeur.
    Dès que j'ai un moment dans la soirée, je reviendrai pour faire plus ample connaissance.
    Bien amicalement

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  20. @ Kenza

    Comment dire ? Un blog qui te vole la page où tu adresses un dernier signe à ton frère venant de mourir... J'ai hélas déjà vu et lu beaucoup. Mais là !
    Ce blog Diptyco-machin présente une incroyable frénésie dans le plagiat. Une boulimie pour le copier-coller. On pourrait tenter de comprendre sans pour autant excuser.
    Mais ne même pas respecter ton deuil !!! En pesant mes mots, c'est une infâmie.
    Seule consolation : les bons vents d'une solidarité aussi spontanée que chaleureuse. Ils prirent la direction des horizons de chaque victime, à commencer par toi, pour répéter que sur la toile, ne prospèrent pas que des araignées vénimeuses...

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  21. COMPLEMENT

    Le candidat du FN pris en photo devant un drapeau nazi et saluant le bras tendu (lire plus haut)... a progressé au second tour des cantonales :

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20110327.OBS0367/le-candidat-fn-qui-faisait-le-salut-nazi-progresse-au-second-tour.html

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  22. Je viens vous remercier, bien tardivement, JEA, et pour la dédicace à la mémoire de mon oncle, entre autres résistants belges, et pour la vigilance et le travail d'éclaircissement. Le vote de grands partis traditionnels flamands en faveur de la proposition du VB est scandaleux. Il exprime cette inquiétante montée du nationalisme qui tient la Belgique en otage depuis les dernières élections.
    J'imprime votre billet pour le faire lire à ma mère. Vous savez à quel point cette question la taraude, les années n'ayant aucun pouvoir pour effacer de telles blessures.

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  23. @ Tania

    En écrivant une page comme celle-ci, comment ne pas garder à l'esprit les veuves-les veufs, les mères et les pères, les orphelin(e)s, tous les parent(e)s et tous les descendant(e)s des résistant(e)s qui sauvèrent l'humanisme et sont ainsi outragés ?
    Avec la page de ce 7 avril, je pense aussi à celles et ceux qui ont perdu des proches dans les crématoires d'Auschwitz et que de sombres ahuris de l'ULB agressent au nom de la "dérision"...

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Les commentaires sont modérés dans la mesure où les spams ne sont pas vraiment les bienvenus (ils ne prennent pas de vacances)