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Quatre versions : John Eliot Gardiner, Riccardo Muti, Jordi Savall et Trevor Pinnock (Mont. JEA/DR).
Présentation sur le site des spectacles au Château de Versailles
- "Parmi les œuvres les plus prestigieuses de Haendel figure la Water Music, commande royale de musique de plein air, célèbre depuis quasi 3 siècles.
Haendel avait été nommé en 1710 Maître de Chapelle de l'Electeur de Hanovre, mais demanda rapidement un congé pour se rendre à Londres, où il resta sans prévenir son employeur… qui fut couronné Roi d'Angleterre en 1714 sous le nom de Jacques II ! Haendel revint donc involontairement (mais de bonne grâce) à son service. En 1717, occasion lui fut donnée de montrer son attachement à ce nouveau souverain, qui devait effectuer un voyage sur la Tamise. Le 17 juillet, une barque royale remonta la Tamise durant 3 heures, la barque suivante interprétant les musiques de Haendel. Puis on débarqua à 23h, le Roi dîna, et le retour se fit à nouveau en musique. Le contentement royal fut acquis, et celui du public ne le démentit jamais."
(6 juillet 2012 à l’Opéra Royal).
Louis-Pierre Bergeron
- "Les trois suites pour orchestre qui composent la Water Music de George Frideric Handel font partie de ces pièces qui, par le génie de leur construction et l'énergie irrésistible qui s'en dégage, connaissent une popularité qui ne s'est jamais essoufflée depuis sa création. La quantité énorme de versions endisquées en fait foi. On en trouve de toutes les sortes et pour tous les goûts : instruments d'époque ou modernes, grand ensemble ou orchestre de chambre, esthétique baroque ou romantique, etc.
Handel, nouvellement arrivé en Angleterre, reçoit en 1717 une commande particulière : on lui demande de la musique festive, devant être jouée sur la Tamise à l'occasion d'un trajet nocturne du roi George 1er entre Whitehall et Chelsea. Le compositeur concocte alors un amalgame de pièces nouvelles et anciennes, qu'il groupe en trois suites de tonalités différentes; elles constituent de bons exemples de suite pour orchestre, genre dont la forme n'était pas fixée à l'époque. On y trouve une ouverture d'inspiration française, diverses danses et des mouvements lents. Handel fait appel, en plus des cordes, à des instruments à vent pouvant être entendus à grande distance, notamment des hautbois, des cors et des trompettes. Des comptes rendus de l'époque indiquent que le roi a tellement aimé l'oeuvre qu'il demanda aux musiciens de la rejouer entièrement deux autres fois le même soir !"
(scena, 23 janvier 2008).
Marc Vignal
- "Water Music (Musique sur l’eau) fut longtemps l’oeuvre instrumentale la plus populaire de Haendel, mais nous n’en possédons ni manuscrit autographe, ni première édition, authentique et sanctionnée par le compositeur. L’anecdote se rapportant à la composition d’un ouvrage de ce nom est dans toutes les mémoires. Haendel, directeur de la musique de l’électeur de Hanovre, avait en 1712 obtenu de ce dernier la permission de se rendre en Angleterre, à condition de ne pas y rester trop longtemps. Or Haendel était toujours à Londres en 1714, au moment où l’électeur devint le roi George Ier d’Angleterre. Selon John Mainwaring, auteur des « Mémoires sur la vie de feu Georg Friedrich Haendel » (1760), le compositeur aurait évité tout contact avec le nouveau souverain jusqu’au 22 août 1715, jour où à l’occasion d’une procession royale sur la Tamise, il aurait fait exécuter une oeuvre nouvelle, s’arrangeant pour que le roi ne put manquer d’en être ravi : d’où pardon immédiat."
(Livret Alia Vox).
Le 17 juillet 1717 sur la Tamise (DR).
Musicologia
- "Haendel a composé ses trois suites de « musique sur l’eau » pour une fête-promenade du roi sur la Tamise en 1717. Ces trois suites, dont on n’a pas gardé le manuscrit original mais seulement une copie de 1740, ont été jouées probablement l’une pour la promenade « aller » (suite en fa avec cors), la seconde, plus calme, pour le repas qu’il prenait chez un Lord (suite en sol pour flûtes), et la troisième pour le trajet de retour vers Saint James Palace (suite en ré pour trompettes et cors)."
Suite n°1, HWV 348
Ouverture (Largo – Allegro)
Adagio e staccato
Allegro – Andante – Allegro da capo
Menuet
Air
Menuet
Bourrée
Hornpipe
Allegro
Allegro (variante)
Alla Hornpipe (variante)
Suite n°2, HWV 349
Ouverture (Allegro)
Alla Hornpipe
Menuet
Lento
Bourrée
Suite n°3, HWV 350
Allegro
Rigaudon
Allegro
Menuet
Allegro
Philippe Venturini
- "On sait que "la musique spécialement composée par le fameux Handel" fut si appréciée du souverain qu'elle fut jouée trois fois. En l'absence d'un manuscrit autographe, on ne sait exactement quelle Water Music le roi entendit, peut-être sous la direction de Haendel. Avant une première intégrale en 1788, il faut composer avec des manuscrits incomplets et une réduction pour clavecin éditée en 1743.
Mouvement et durée : on compte vingt-deux numéros disposés depuis le milieu du XXe siècle en trois suites selon les tonalités et l'instrumentation : fa majeur et les cors, sol majeur et les flûtes, ré majeur et les trompettes. L'ensemble atteint les cinquante minutes.
De l'ouverture et des danses françaises (menuet, bourrée) au mouvement anglais (hornpipe) en passant par une polyphonie serrée à l'italienne, de l'éclat claironnant du ré majeur à la mélancolie du sol mineur, Haendel teinte sa Water Music de mille couleurs. Aux interprètes de ne pas se perdre dans ce vaste arc-en-ciel."
(Classica, 15 avril 2012).
Quelques versions
Academy of St-Martin in the Fields, John Elliot Gardiner.
Amsterdam Baroque Orchestra, Ton Kopman.
Le Concert des Nations, Jordi Savall.
Le Concert Spirituel, Hervé Niquet.
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j'aime cette musique, et l'occasion pour laquelle a été créée m'a toujours fait rêver
RépondreSupprimerau nord (par rapport à vous), la météo nous oblige à succomber sous les pluies et la musique sur la Tamise est seule à nous offrir quelques lumières...
Supprimertout comme votre blog des bords du Rhône, qui jour après jour, partage ses soleils multiples en ces temps de Festival d'Avignon
que j'aime vos billets sur la musique que j'aime. Merci.
RépondreSupprimeril manque cruellement à ce billet un concerto de photos telles les vôtres...
SupprimerJ’ignorais l'histoire de sa création, musique sublime, merci!
RépondreSupprimerAucun signe de pluie ici, aucune musique d'eau...
chère Colo
Supprimerhier la météo annonçait fièrement le jour le plus splendide depuis des mois et des mois,
las
du vent, des nuages, à peine quelques heures d'un soleil titubant
ce jeudi, c'est reparti pour les grandes eaux et les écuries de nuages lâchés dans la nature...
hm ! se réveiller en musique, avec Gardiner ou Savall ... de quoi nous mettre ... l'eau à la bouche ! Merci.
RépondreSupprimeren cet été fantôme, nul besoin d'aller à Spa ni surtout pas à Vichy pour subir de cruelles cures d'eau...
Supprimer1717, époque où les idées de John Locke et de Isaac Newton sont triomphantes. Le pays est unifié pour la première fois, et les dissidents doivent se taire. L'éradication culturelle des écossais et des irlandais est en marche, et de nouvelles identités vont se construire (Invention of tradition - Hobsbawm). L'anglophilie est de saison. C'est cette paix enfin trouvée en Angleterre que célèbre cette belle musique, le grondement du siècle n'y est pas perceptible, et pourtant ...
RépondreSupprimermerci d'avoir aussi magistralement dressé les décors autour de la Tamise...
SupprimerAutrefois, les princes et les rois aimaient s'entourer des fastes d'une musique qui devait être au service de leur grandeur et donc accessible à tous. Et elle nous charme encore aujourd'hui, bien qu'elle fasse partie d'un système politique et social que nous réprouvons.
RépondreSupprimerDe nos jours, les princes et les rois qui nous restent ont perdu leur éclat, les chefs d'Etat ne s'accordent plus ce luxe... et la musique contemporaine perd son caractère universel et ne se situe plus au centre de la vie. "La musique classique, c'est une histoire de vieux", disait hier une jeune fille férue de musique moderne interviewée dans un parc de Courtrai où l'on diffuse de la musique classique.
A méditer.
cher Albert
Supprimerjuste une nuance
quand un bourgmestre décide de faire diffuser de la musique "classique" dans un parc avec pour finalité d'en écarter des jeunes décrétés trop bruyants et pas assez civils
cette action entraîne forcément la réaction de jeunes qui rejettent cette musique-bras d'un pouvoir au moins autant qu'ils ne se sentent eux-mêmes rejetés...
Une deuxième nuance, peut-être !?!
SupprimerLes jeunes du temps de Haendel, et qui y avaient accès, devaient peut-être se dire la même chose: on oublie Monteverdi et la polyphonie vocale ...
La musique de Haendel était hyper moderne pour l'époque. Le pouvoir se voulait moderne, avec une image d'avant garde.
Aujourd'hui grâce à votre billet, nous sommes tous des rois et des reines...
RépondreSupprimerplus baroques que nous...
Supprimerje ne suis pas sûr ... :-)
SupprimerAh ! Merci JEA de nous présenter cette œuvre de Haendel dans son contexte. J'ai envie du coup de ressortir mon disque pour réécouter ce "Water Music" par Riccardo Muti.
RépondreSupprimeralors les géographes vont pouvoir ajouter une île à l'embouchure de la Tamise...
Supprimeron l'avoue bien humblement, musicalement on est largués !!!
RépondreSupprimerle largo est un mouvement lent, ample et majestueux...
SupprimerLes dates se suivent...
RépondreSupprimerDifficile de passer de l'horreur à la musique de plaisir.
je n'aurais néanmoins pas publié ici une page avec du Wagner...
SupprimerA la demande d'un lecteur, cette précision :
RépondreSupprimerHenry Scott Tuke a signé la toile illustrant la version d'H. Niquet
soit "Ruby, gold and malachite" (1902).