Enfin, pas très précisément la centième car en chemin, l'un ou l'autre billet fut suivi d'un bis...
Mais officiellement, bon, on ne va pas chipoter : la page 100.
Comment la marquer d'une pierre blanche ?
Pas sous une avalanche de discours ni en carbonisant des petits fours. Pas en tirant des feux trop artificiels ni en distillant des statistiques élastiques qui disséquent : 23 rendez-vous avec l'histoire (d'octobre 1660 à octobre 2011), 22 films, 48 livres, 42 disques sur le phono, 10 pages dans l'album photos, 9 randonnées à la toponymie vagabonde...
Peut-être en rapprochant les pages les moins lues, en leur donnant une seconde chance. Avec de pauvres mots qui refusent les tours d'Yvoir mais s'imaginent approcher des rives de la poésie ???
La Colle (Ph. JEA/DR).
ARBRES.
un arbre affamé
peigne sans fin la crinière
et l’aujourd’hui des nuages
les arbres écorchés vifs
demandent à garder leurs écorces
aussi claires qu'avant-hier
des arbres sont de grands architectes, poètes de fond, graveurs d'eaux fortes, tisserrands apprivoisant le temps, chorégraphes visionnaires, joailliers jalousés, chemineaux solitaires, encyclopédistes distingués, bibliothécaires enthousiastes, saltimbanques plus légers que l'air, guérisseurs réputés, luthiers inspirés, photographes phénoménaux, oiseleurs mais pas empailleurs, sculpteurs monumentaux, jardiniers individualistes, astronomes parfois confondus avec des astrologues, parfumeurs modestes, dépendeurs d'andouilles, médiateurs émérites, journalistes pris en otages, saxophonistes brillants, enseignants vilipendés, traducteurs oubliés…
AURORE.
si l’on n’admire plus que poussivement
l’aurore se poudrant
pour son premier rendez-vous
alors changer l’écorce de ses yeux
AUTOMNE.
après le massacre du printemps
et la chasse à l'été indien
voici l’automne
saison qui sera amputée
si elle ne connaît pas
ses déclinaisons
sur le bout des doigts
AVENIR.
refusant un avenir de décombres
nos ombres
n'ont pas assez manifesté
CAGE.
une cage
un barreau
enrobée dans sa toge
d’avocate disparate
une dernière pie plaide
aussi vaillamment que vainement
contre la peine de mort :
celle-ci ignore tout remords
et les crabes bourreaux
des coeurs et des corps
auront beau broyer du noir
ils ne se tailladeront jamais
les veines
CAILLOU.
si l’on se sent caillou
dans la chaussure d’une rivière
autant continuer à rendre
les compromis boiteux
(Ph. JEA/DR).
CHATS.
les chats ne s'imaginent pas
métamorphosés en aiguilles aiguisées
d'une horloge aux trois coups fatidiques
CHEMINS.
les chemins de halages sont des impasses pour les grenouilles voulant se transformer en boeufs muets
CHIEN.
un chien soprano
un peu soporifique
mordille colérique
le pied bot d’une colline
CINEMA.
sur l'écran du cinéma empyrée
un film fil-de-fériste
plus en noir qu’en blanc
c’est fini, le public ?
COLOMBES.
les colombes découvrent toujours
de nouvelles amériques
sans sombrer hébétées corps et ailes
CORNEILLES.
seules des corneilles volubiles
volent encore au secours
des jours aux longs détours
si l’on entend des épouvantails
revenir dans les jardins de ses secrets
les reconvertir en portières
ouvertes sur demain
CRACHIN.
le crâne rasé
et authentique maroufle
en son uniforme noir
le crachin crachouille
ses mollards
qui s’élargissent
en marécages
pour oiseaux coupables
de vouloir peindre
le triomphe des couleurs
sur les tumeurs des douleurs
EPOUVANTAILS.
les épouvantails ne sont pour les gitans
que des promesses de mises à sac
de leurs terrains vagues
ETOILES.
au cadran fragile des étoiles
il sera bientôt minuit
les voyages restent éphémères
quand se confondent destins et destinations,
quelques étoiles oublient de s'endormir aux embranchements de la forêt jamais noire
quelques étoiles apatrides
s’excuseraient presque
d'avoir les yeux de faïence
des rescapées
et de ne pas saluer
les habitants amnésiques
d'une kazerne devenue
un jardin d'acclimatation
HERBES.
tant d'herbes refoulées
pour cause de folie
HIVER.
l’hiver prépare ses valises
sous les yeux fatigués
des arbres costumés
pour le carnaval des cieux
HOPITAL.
dans cet hôpital
chaque horloge est amputée
d’une aiguille au moins
c’est grave, docteur ?
HORIZON.
un seul hasard
et l’horizon accouchera
d’autres rafles de tziganes
LIEVRE.
la course d’un lièvre se termine
à travers un champ de mines…
crevés par des averses perverses
mais répétées de silex aiguisés
les horizons perdent leur sang
devenu trop froid
et finissent
par se dégonfler
en silence autour de lui
reste ce lièvre
refusant de laisser réduire en fumées
ses vieilles barricades
et de porter le deuil
de ses dernières pavanes
avec une enfance
depuis si longtemps défunte
il espérait échapper
aux histoires à sens unique
et s’arrêtant brutalement
faute d'imagination
manque de pagination
aux falaises d’une mer bien morte
dans son linceul d'écume
débordant de crabes
bons vivants...
LIVRES.
les livres se rebellent joliment
devant chaque garde-chiourme chicaneur
froissant leurs papiers
(JEA/DR).
MEMOIRE.
dans la poche de la rivière
poignardée
un peu de pluie
c’est un point d'interrogation, la mémoire ?
tant de mémoires écaillées
par l'écume des absences
nos mémoires plurielles et dépavées
s’écriront seulement après
que toutes les barricades des devoirs
aient été renversées
comme des encriers
MIGRATEUR.
si l’on se veut un tant soit peu
migrateur se fichant des heures
préférer voler
sur le dos
MORT.
dans une autre vie
la mort était grossiste
en fruits de mer périmée
elle reste une cleptomane quinteuse
et incorrigible
dont le grenier ressemble
à une brocante fichtrement
foutraque
NEIGE.
tombant de branches en étranges
la neige donne des vertiges
aux heures blanches des puits
NUAGES.
des nuages épongent les traces
de nos dépassés déchiffrés et
des futurs défrichés
si des nuages crachinants
viennent jouer aux cacochymes
sur la scène d'un théâtre en faillite
laisser les guichets fermés
NUCLEAIRE.
voici l'ère du nucléaire funambule
clairement mis à nu
sur un air plus que funèbre
NUIT.
la nuit tenait la route
à coup de cafés de plus en plus
noirs
tout ça pour retrouver
une impasse
au fin fond de laquelle
même un oiseau ayant abusé
de gros rouge qui tache les brumes
ne penserait jamais qu'à déchanter
chaque soir, la nuit
reconnue handicapée à 68%
trébuche sur la même colline
puis tombe à la renverse
jamais personne ne la relève
... au contraire
le service d’ordre des nuages
la piétine avec ses chaussures à clous
et avec délectation
les paupières de la nuit
se font lourdes
pour protéger une double peine
OBJECTEUR.
objecteur de conscience sans illusions et sans cravate
mais coiffé volontiers d'un panama
incapable de rendre ventriloque un piano mécanique
mais sifflotant le temps des cerises
se demandant comment marcher au futur antérieur
mais jamais sur une musique militaire
encourageant les agneaux à ne pas garder le silence
mais sans pour autant importuner le vent
imitant volontiers l'accent circonflexe
mais seulement au dessus du cercle des amis disparus
clown taiseux et buvard
mais sans sortie des artistes
ne prenant jamais de médocs pour dormir
même debout
mais aimable somnambule pour du juliénas
collectionneur d'encriers
mais après les avoir écrits jusqu'à la dernière goutte
OCEAN
qui retourne sans cesse
la poivrière du ciel
et la salière de la terre
finira par renverser
l'huilier de l'océan
OISEAU
un oiseau incorrigible
incrédule se laisse porter
par un vent pourtant incurable
c’est déroutant, l’épouvantail ?
là-bas
voyez se déroulant
une course de side-cars pour oiseaux
se défoulant en pagaille…
quels sont ces oiseaux
traversant les rêves des migrants
pour réanimer leurs mystères ?
OMBRES
si l’on fait de l’ombre
à sa propre ombre
se dire que minuit
n’est quand même plus très loiN
quelques ombres escortent
le passage obligé des heures
et pastichent pêle-mêle
les peines de mort
et les amnisties porte-clefs
(Ph. JEA/DR).
PAPILLON
un papillon en fauteuil roulant
tente encore de tirer son épingle
de ce jeu de perdants
au soleil déclinant
dérivant déprimant
déchirant
le papillon fera un noeud
au mouchoir de ses ailes
pour ne pas oublier
l'anniversaire de la mort du cygne...
PLANETE
aux quatre coins
de notre planète faisant sa ronde
de nuit
combien d'enfants
avec dans les yeux
le sable des punitions
car ils sont plus attirés
par les secrets à l'abandon
que par les jardins publics ?
PLUIES
les pluies n'ont pas assez
de larmes pour pleurer
la barbarie gangster gangreneuse
REVES
les rêves argentés craignent d'être
irradiés par tant de champignons
aux hallucinations contaminées
RIVIERES
les draps de lit de la rivière
restent froidement froissés
et des crétins homophobes
cherchent un gué
pour le massacrer à la massette
les rivières paniquées ne veulent pas
devenir des vallées de pierres tombales
et les pierres être liquidées...
ROMS
tandis que sur les roms
fulgure la foudre
un seul arbre ose protester
un ruisseau peint la scène
avant qu’elle ne s’efface
comme si c’était la dernière
SOLEIL
le soleil migrant désire vivre encore
après minuit sans monter
sur de grands chevaux radioactifs
le soleil s’est pris les pieds
dans un tapis de nuages
et rate une marche
vers la Sambre
ou la Meuse
demain matin, le soleil,
encore en bretelles et en pantoufles,
se fatiguera de taper
mécaniquement du piano
et passera la main...
un soleil sans-culotte
mais son chiffon rouge autour du cou
chante comme on s'aime
c’est sans lendemain, l’artiste ?
(Ph. JEA/DR).
SOLITUDES
tant de fausses sollicitudes
pour tant de vraies solitudes
TERRE
la terre a tellement peur
des heures que sa peau en crevasse
à la surface des lassitudes
VENT
le vent découpe
comme un diamant brut
et se disperse en averses de cendres
le vent tire les nuages
par les cheveux
sous prétexte qu’ils sont bohèmes
VIE
gare au terminus d'une vie mise sur les rails d'un train-train quotidien
VILLE
sur les murs qui amochent la ville
la prose des affiches proclame
la proscription des mendiants
c’est glorieux, M. le Maire ?
ZIGZAGS
les zigzags perturbent profondément ceux qui prennent les voyages pour des autoroutes de la désinformation...
Mais officiellement, bon, on ne va pas chipoter : la page 100.
Comment la marquer d'une pierre blanche ?
Pas sous une avalanche de discours ni en carbonisant des petits fours. Pas en tirant des feux trop artificiels ni en distillant des statistiques élastiques qui disséquent : 23 rendez-vous avec l'histoire (d'octobre 1660 à octobre 2011), 22 films, 48 livres, 42 disques sur le phono, 10 pages dans l'album photos, 9 randonnées à la toponymie vagabonde...
Peut-être en rapprochant les pages les moins lues, en leur donnant une seconde chance. Avec de pauvres mots qui refusent les tours d'Yvoir mais s'imaginent approcher des rives de la poésie ???
La Colle (Ph. JEA/DR).
un arbre affamé
peigne sans fin la crinière
et l’aujourd’hui des nuages
les arbres écorchés vifs
demandent à garder leurs écorces
aussi claires qu'avant-hier
des arbres sont de grands architectes, poètes de fond, graveurs d'eaux fortes, tisserrands apprivoisant le temps, chorégraphes visionnaires, joailliers jalousés, chemineaux solitaires, encyclopédistes distingués, bibliothécaires enthousiastes, saltimbanques plus légers que l'air, guérisseurs réputés, luthiers inspirés, photographes phénoménaux, oiseleurs mais pas empailleurs, sculpteurs monumentaux, jardiniers individualistes, astronomes parfois confondus avec des astrologues, parfumeurs modestes, dépendeurs d'andouilles, médiateurs émérites, journalistes pris en otages, saxophonistes brillants, enseignants vilipendés, traducteurs oubliés…
AURORE.
si l’on n’admire plus que poussivement
l’aurore se poudrant
pour son premier rendez-vous
alors changer l’écorce de ses yeux
AUTOMNE.
après le massacre du printemps
et la chasse à l'été indien
voici l’automne
saison qui sera amputée
si elle ne connaît pas
ses déclinaisons
sur le bout des doigts
AVENIR.
refusant un avenir de décombres
nos ombres
n'ont pas assez manifesté
CAGE.
une cage
un barreau
enrobée dans sa toge
d’avocate disparate
une dernière pie plaide
aussi vaillamment que vainement
contre la peine de mort :
celle-ci ignore tout remords
et les crabes bourreaux
des coeurs et des corps
auront beau broyer du noir
ils ne se tailladeront jamais
les veines
CAILLOU.
si l’on se sent caillou
dans la chaussure d’une rivière
autant continuer à rendre
les compromis boiteux
(Ph. JEA/DR).
CHATS.
les chats ne s'imaginent pas
métamorphosés en aiguilles aiguisées
d'une horloge aux trois coups fatidiques
CHEMINS.
les chemins de halages sont des impasses pour les grenouilles voulant se transformer en boeufs muets
CHIEN.
un chien soprano
un peu soporifique
mordille colérique
le pied bot d’une colline
CINEMA.
sur l'écran du cinéma empyrée
un film fil-de-fériste
plus en noir qu’en blanc
c’est fini, le public ?
COLOMBES.
les colombes découvrent toujours
de nouvelles amériques
sans sombrer hébétées corps et ailes
CORNEILLES.
seules des corneilles volubiles
volent encore au secours
des jours aux longs détours
si l’on entend des épouvantails
revenir dans les jardins de ses secrets
les reconvertir en portières
ouvertes sur demain
CRACHIN.
le crâne rasé
et authentique maroufle
en son uniforme noir
le crachin crachouille
ses mollards
qui s’élargissent
en marécages
pour oiseaux coupables
de vouloir peindre
le triomphe des couleurs
sur les tumeurs des douleurs
EPOUVANTAILS.
les épouvantails ne sont pour les gitans
que des promesses de mises à sac
de leurs terrains vagues
ETOILES.
au cadran fragile des étoiles
il sera bientôt minuit
les voyages restent éphémères
quand se confondent destins et destinations,
quelques étoiles oublient de s'endormir aux embranchements de la forêt jamais noire
quelques étoiles apatrides
s’excuseraient presque
d'avoir les yeux de faïence
des rescapées
et de ne pas saluer
les habitants amnésiques
d'une kazerne devenue
un jardin d'acclimatation
HERBES.
tant d'herbes refoulées
pour cause de folie
HIVER.
l’hiver prépare ses valises
sous les yeux fatigués
des arbres costumés
pour le carnaval des cieux
HOPITAL.
dans cet hôpital
chaque horloge est amputée
d’une aiguille au moins
c’est grave, docteur ?
HORIZON.
un seul hasard
et l’horizon accouchera
d’autres rafles de tziganes
LIEVRE.
la course d’un lièvre se termine
à travers un champ de mines…
crevés par des averses perverses
mais répétées de silex aiguisés
les horizons perdent leur sang
devenu trop froid
et finissent
par se dégonfler
en silence autour de lui
reste ce lièvre
refusant de laisser réduire en fumées
ses vieilles barricades
et de porter le deuil
de ses dernières pavanes
avec une enfance
depuis si longtemps défunte
il espérait échapper
aux histoires à sens unique
et s’arrêtant brutalement
faute d'imagination
manque de pagination
aux falaises d’une mer bien morte
dans son linceul d'écume
débordant de crabes
bons vivants...
LIVRES.
les livres se rebellent joliment
devant chaque garde-chiourme chicaneur
froissant leurs papiers
(JEA/DR).
MEMOIRE.
dans la poche de la rivière
poignardée
un peu de pluie
c’est un point d'interrogation, la mémoire ?
tant de mémoires écaillées
par l'écume des absences
nos mémoires plurielles et dépavées
s’écriront seulement après
que toutes les barricades des devoirs
aient été renversées
comme des encriers
MIGRATEUR.
si l’on se veut un tant soit peu
migrateur se fichant des heures
préférer voler
sur le dos
MORT.
dans une autre vie
la mort était grossiste
en fruits de mer périmée
elle reste une cleptomane quinteuse
et incorrigible
dont le grenier ressemble
à une brocante fichtrement
foutraque
NEIGE.
tombant de branches en étranges
la neige donne des vertiges
aux heures blanches des puits
NUAGES.
des nuages épongent les traces
de nos dépassés déchiffrés et
des futurs défrichés
si des nuages crachinants
viennent jouer aux cacochymes
sur la scène d'un théâtre en faillite
laisser les guichets fermés
NUCLEAIRE.
voici l'ère du nucléaire funambule
clairement mis à nu
sur un air plus que funèbre
NUIT.
la nuit tenait la route
à coup de cafés de plus en plus
noirs
tout ça pour retrouver
une impasse
au fin fond de laquelle
même un oiseau ayant abusé
de gros rouge qui tache les brumes
ne penserait jamais qu'à déchanter
chaque soir, la nuit
reconnue handicapée à 68%
trébuche sur la même colline
puis tombe à la renverse
jamais personne ne la relève
... au contraire
le service d’ordre des nuages
la piétine avec ses chaussures à clous
et avec délectation
les paupières de la nuit
se font lourdes
pour protéger une double peine
OBJECTEUR.
objecteur de conscience sans illusions et sans cravate
mais coiffé volontiers d'un panama
incapable de rendre ventriloque un piano mécanique
mais sifflotant le temps des cerises
se demandant comment marcher au futur antérieur
mais jamais sur une musique militaire
encourageant les agneaux à ne pas garder le silence
mais sans pour autant importuner le vent
imitant volontiers l'accent circonflexe
mais seulement au dessus du cercle des amis disparus
clown taiseux et buvard
mais sans sortie des artistes
ne prenant jamais de médocs pour dormir
même debout
mais aimable somnambule pour du juliénas
collectionneur d'encriers
mais après les avoir écrits jusqu'à la dernière goutte
OCEAN
qui retourne sans cesse
la poivrière du ciel
et la salière de la terre
finira par renverser
l'huilier de l'océan
OISEAU
un oiseau incorrigible
incrédule se laisse porter
par un vent pourtant incurable
c’est déroutant, l’épouvantail ?
là-bas
voyez se déroulant
une course de side-cars pour oiseaux
se défoulant en pagaille…
quels sont ces oiseaux
traversant les rêves des migrants
pour réanimer leurs mystères ?
OMBRES
si l’on fait de l’ombre
à sa propre ombre
se dire que minuit
n’est quand même plus très loiN
quelques ombres escortent
le passage obligé des heures
et pastichent pêle-mêle
les peines de mort
et les amnisties porte-clefs
(Ph. JEA/DR).
PAPILLON
un papillon en fauteuil roulant
tente encore de tirer son épingle
de ce jeu de perdants
au soleil déclinant
dérivant déprimant
déchirant
le papillon fera un noeud
au mouchoir de ses ailes
pour ne pas oublier
l'anniversaire de la mort du cygne...
PLANETE
aux quatre coins
de notre planète faisant sa ronde
de nuit
combien d'enfants
avec dans les yeux
le sable des punitions
car ils sont plus attirés
par les secrets à l'abandon
que par les jardins publics ?
PLUIES
les pluies n'ont pas assez
de larmes pour pleurer
la barbarie gangster gangreneuse
REVES
les rêves argentés craignent d'être
irradiés par tant de champignons
aux hallucinations contaminées
RIVIERES
les draps de lit de la rivière
restent froidement froissés
et des crétins homophobes
cherchent un gué
pour le massacrer à la massette
les rivières paniquées ne veulent pas
devenir des vallées de pierres tombales
et les pierres être liquidées...
ROMS
tandis que sur les roms
fulgure la foudre
un seul arbre ose protester
un ruisseau peint la scène
avant qu’elle ne s’efface
comme si c’était la dernière
SOLEIL
le soleil migrant désire vivre encore
après minuit sans monter
sur de grands chevaux radioactifs
le soleil s’est pris les pieds
dans un tapis de nuages
et rate une marche
vers la Sambre
ou la Meuse
demain matin, le soleil,
encore en bretelles et en pantoufles,
se fatiguera de taper
mécaniquement du piano
et passera la main...
un soleil sans-culotte
mais son chiffon rouge autour du cou
chante comme on s'aime
c’est sans lendemain, l’artiste ?
(Ph. JEA/DR).
SOLITUDES
tant de fausses sollicitudes
pour tant de vraies solitudes
TERRE
la terre a tellement peur
des heures que sa peau en crevasse
à la surface des lassitudes
VENT
le vent découpe
comme un diamant brut
et se disperse en averses de cendres
le vent tire les nuages
par les cheveux
sous prétexte qu’ils sont bohèmes
VIE
gare au terminus d'une vie mise sur les rails d'un train-train quotidien
VILLE
sur les murs qui amochent la ville
la prose des affiches proclame
la proscription des mendiants
c’est glorieux, M. le Maire ?
ZIGZAGS
les zigzags perturbent profondément ceux qui prennent les voyages pour des autoroutes de la désinformation...
__________________________________________________________
Supplément imprévu : quelques liens déposés dans les commentaires
Couperin et pas seulement les "Barricades mystérieuses" de par la grâce de Christophe Rousset
Cesaria Evora : Sodade (Paris 2004).
.
quelle superbe façon de les fêter ces 100 pages ! devrais m'en inspirer pour la xème de paumée - mais pas certaine de savoir
RépondreSupprimer@ brigetoun
RépondreSupprimerles mille et une pages de paumée...
enfin, quand on aime votre blog, on ne compte pas
Continuez de laisser vos ombres manifester...
RépondreSupprimerQue le vent continue à tirer ces nuages poétiques à plus de 100 à l'heure!
RépondreSupprimerBelle journée cher JEA.
Aucune pitié pour nous qui allons devoir : rire, s'enthousiasmer, hocher la tête, copier et coller, relire, lire à voix haute, s'esclaffer, s'indigner, se souvenir , apprendre ....tout cela en vous lisant et relisant au moins 100 fois
RépondreSupprimer@ la bacchante
RépondreSupprimerles barricades mystérieuses...
http://www.youtube.com/watch?v=dsMSVI6ykLg&feature=watch_response
@ Colo
RépondreSupprimervous savez, dans des journaux aujourd'hui bien disparus, l'un de mes pseudos était : Jean Démiaire en souvenir de Vendémiaire...)
@ Dominique
RépondreSupprimeralors table ouverte, des fauteuils plus ou moins confortables, beaucoup de bougies, des papillons aux fenêtres, un pic un peu marteau dans le jardin, le téléphone qui ne sonne pas
bienvenue
il n'y a pas de pointeuse à l'entrée
vous allez et revenez sans avoir besoin de prétextes...
"tant d'herbes refoulées
RépondreSupprimerpour cause de folie"
A mon bien-aimé, il m'arrive de dire : je t'aime comme la vache aime l'herbe !
Comme quoi, il est impossible de renier ce pour quoi on est !
Bien à vous, et que votre herbe soit tendre !!
@ Lautreje
RépondreSupprimerGuillevic :
- "Je suis un ruminant.
Je broute les mots."
Qui t’a montré
RépondreSupprimerCe long chemin
http://www.youtube.com/watch?v=RhwmyfFpmLs
@ Christophe
RépondreSupprimerah j'enrage plus que jamais face à ce blogspot qui refuse les liens directs au sein des commentaires
merci encore pour cette harmonie illustrant le solstice d'hiver
Belle centième à vous!!!
RépondreSupprimerBelle centième pour nous!!!
Merci pour vos partages.
@ Chrys
RépondreSupprimeret dans un vase, quelques centaurées...
Le blog pourrait se muer en Jeancyclopédreusie ? Non ?
RépondreSupprimerPour le distinguer avec les autres encyclopédies qui elles sont mornes et sans âme !
JCh
première lecture...
RépondreSupprimerdécouverte...
émerveillement
certains mots me touchent fort...
l'histoire du papillon, photo et mots...
Et puis le soleil, éclatant de vie... je l'aime
Je reviendrai bien sûr, pour tout savourer
merci pour tes mots de poète
comme Guillevic en effet, tu broute les mots
@ jean-charles
RépondreSupprimerpeut-être un blog à part, comme on dit blaque à part ?
@ Coumarine
RépondreSupprimerLudovic Janvier :
- Je m'acharne à croire aux mots, seulement voilà : on les croit faits pour désigner les choses, or ils désignent le manque d'elles. Leur lointain, si vous préférez..."
Le soleil éclaire une céramique d'horloge italienne trouvée à Maastricht.
Il manque des lettres à cet alphabet festif, quelle chance - des poèmes à écrire dans ces trouées...
RépondreSupprimerMerci pour le chat aux moustaches de neige et pour ce potlatch époustouflant !
@ Tania
RépondreSupprimerce chat qui s'appelle "le chat"
n'est pas trop civilisé mais apprécie le chabichou et fait volontiers chabrol
si les blouses blanches me retiennent trop, il chahute généreusement
quand tombe la neige, il chaloupe entre les flocons
enfin, il se passe de chaperon même rouge malgré son charme chatoyant...
Merci d'avoir associé Césaria Evora à votre 100ème, elle le méritait amplement.
RépondreSupprimerBonne fin d'année.
Par manque de temps je viens juste vous faire un petit signe, le temps de vous souhaiter du fond du cœur un merveilleux Noël et une Année Nouvelle bercé par la joie et la sérénité.
RépondreSupprimerA très bientôt.
@ Armando
RépondreSupprimergrand merci d'avoir peint le ciel d'ici avec le bleu de vos nuages
@ Tolerance
RépondreSupprimerC'est Christophe qui offrit cette vidéo très exactement au solstice d'hiver...
Par contre, la page Jean Ferrat est inscrite au calendrier d'avril prochain.
Le jour se lève, magnifique et clair, je relis votre "Aurore"...aucune coquille mais des lunettes pour ne pas en perdre un souffle.
RépondreSupprimerBelle journée!
@ Colo
RépondreSupprimerHier en Condroz, le soleil était gréviste : écharpe rouge-rouge, cornes de brume et lances à incendie sur le ministère des pensions.
Ce matin, votre commentaire va peut-être le stimuler.
Par ordre alphabétique
RépondreSupprimercent trèsors
de la boîte extirpés.
Une seconde vie, dites-vous ?
Mais ils se portent fort bien
le lecteur les fait vivre
la mémoire ravivée.
@ jeandler
RépondreSupprimerj'ai même évité d'écrire : une seconde "survie"...
sur un coup de blues, il est vrai
quand les stats égrènent les 10 pages les moins en sommeil de ce blog :
4 parlent de cinéma
4 d'histoire(s)
1 de toponymie
et 1 de musique
aucune poésie à cet horizon-là
mais alors je relis Jean-Claude Pirotte :
- "... sans le savoir on devient plus sensible qu'une gouttière et plus savant qu'un notaire, avouons-le, ce n'est pas rien."
Qu'ajouter à tout cela ?
RépondreSupprimerTout est dit ou presque..à la jeanfaçon, c.d.d. précieuse (mais pas ridicule) élégante et colorée, les images fusent pour égayer nos ciels si lourds de longues percées multicolores.
Je vous souhaite de bonnes fêtes, JEA
@ saravati
RépondreSupprimerun bouquet de pivoines ne cesse de s'épanouir sur l'écran des commentaires...
@ JEA
RépondreSupprimerAvouez que la pivoine est devenue votre fleur préférée :-)
Nulle honte à pavoiner de la sorte pourtant !
@ saravati
RépondreSupprimerpas encore au point de consacrer aux pivoines un site répertoriant (presque) tous les blogs où ces fleurs sont évoquées :
http://www.euskalnet.net/xirigoien/peonia.htm
La poésie s'apprécie aussi à la nuit tombée lorsque le noir soliloque, hoquette et souffle comme tempête dans le jardin. Alors peu à peu se dessinent les mots et le poète aux expressions tirées au cordeau de la mémoire.
RépondreSupprimerJ'ai lu. Je lirai encore. Il y a parfois des leçons de poésie qui s'égrènent goute à goutte.
Merci et bonnes fêtes de fin d'année.
@ Maïté/ Aliénor
RépondreSupprimerJean-Claude Pirotte :
- "Nous ne sommes que des personnages très secondaires, très effacés, mais les figurants sont au monde comme les arbres et les planètes, comme les amours perdues et les corbeaux attentifs."
Je viens te souhaiter un Joyeux Noël et de très belles fêtes de fin d'année!
RépondreSupprimerBisous, cent bisous et merci pour ces bons mots...
@ Kenza
RépondreSupprimerl'an dernier, un Noël aux congères, avec un repas du soir improvisé
cette année, un Noël venteux et pluvieux
merci d'y distiller cette douceur signée par les pays de Loire...
un abécédaire à égrener tout au long de l'année nouvelle qui se pointe, toute rose, à l'orient
RépondreSupprimertrop à lire pour une seule fois...
quand coucheras-tu tout cela sur papier, à l'intérieur d'une couverture cartonnée qui s'offre au monde en s'ouvrant comme une stripteaseuse soulève sa jupe ?
@ madame de Keravel
RépondreSupprimerce serait plutôt un kilt "écossais ?!?
Je n'ai que quelques mots à dire après cela : merci JEA pour ce beau billet et Joyeux Noël !
RépondreSupprimerQuel menu savoureux en cette veille de fête ! Merci pour cette belle ré-création de mots, d'images et de musiques.
RépondreSupprimerJoyeux Noël !
Plus de méchante fenêtre !
RépondreSupprimer@ Euterpe
RépondreSupprimeret pour anticiper sur le Nouvel An
que 2012 se distingue par moins d'inégalités et de discriminations femmes-hommes !
@ Danièle Duteil
RépondreSupprimersincèrement soulagé que votre blog soit moins une galère technique
Noël sur une île comme la vôtre doit être encore plus... Noël...
Un millésime pour cette centième ... ! Je lève mon verre à vos vers . Merci pour vos mots ici et ailleurs . Joyeuses Fêtes JEA
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