.
(Graph. JEA/DR).Décembre 1884.
M. le capitaine Dreyfus est :
- "...accusé d'avoir pratiqué des machinations ou entretenu des intelligences avec un ou plusieurs agents des puissances étrangères, dans le but de leur procurer les moyens de commettre des hostilités ou d'entreprendre une guerre contre la France en leur livrant des documents secrets."
Le capitaine Dreyfus est condamné au bagne à perpétuité, il purgera sa peine sur l'Ile du Diable.
Mais voilà, il est totalement innocent. Le nom du vrai coupable : le colonel Esterhazzy. Cependant Dreyfus, lui, présente des origines juives. L'armée encore porteuse des stigmates de 1870, revancharde, ne peut ni ne veut livrer à l'opinion publique un traître qui soit un bon et vieux Français, haut en grade de par surcroît. De plus, ce scandale succède à d'autres, affairistes eux, comme l'affaire Staviski.
Il fallait une cible directement identifiable, qui soit l'arbre empêchant de voir la forêt d'une partie de l'armée magouillant autant que certains politiciens pouvaient le faire et ce, au nom de "la France éternelle".
13 janvier 1898.
Zola publie dans l'Aurore une Lettre au président de la République. Pour en lire l'intégralité, cliquer : ICI.
Zola n'en peut plus de savoir un innocent condamné à une mort lente et ignominieuse. La Justice ne veut pas passer ? Elle reste complice d'un complot antisémite ? L'écrivain ne se veut pas historien. Mais démonte pièce par pièce la machination ayant transformé Dreyfus en bouc émissaire. Il précise les noms et les responsabilités de ceux qui tirent les ficelles dans l'ombre. Il casse définitivement la loi de certains silences criminels.
Henri Mitterrand :
- "La lecture de «J’Accuse…!» montre que sur l’essentiel, sur les facteurs généraux de l’Affaire, l’antisémitisme, le militarisme, le cléricalisme, la médiocrité, la lâcheté, l’arrivisme des politiques et des militaires, la raison d’Etat, le rôle de la presse de calomnie, la bêtise des foules, Zola a tout compris et tout synthétisé. Plus encore : sur la stratégie de la riposte, il déploie un véritable génie.
Au soir du 11 janvier, la défense de Dreyfus paraissait bloquée, sans issue légale. Dreyfus, l’innocent, ne pouvait plus être libéré par la condamnation du vrai coupable, que son acquittement protégeait à jamais (…). Que faire désormais ? Le coup d’audace de Zola va consister à arracher l’Affaire, sans délai, au dédale de la justice militaire, des combinaisons parlementaires et des interventions obliques, respectueuses des procédures, pour la porter sur la place publique, dans la lumière et le feu du scandale."
(Zola, Tome III, L’honneur, 1893-1902, Fayard, 2002, 860 p., pp 381-382).
A peine la Lettre de Zola est-elle publiée que des émeutes lui répondent dans plus de 20 villes dont Paris, Marseille, Lyon, Nancy, Bordeaux, Nantes, Perpignan, Angers, Rouen, Dijon, Châlons-sur-Saône, Reims... Les manifestants défilent avec des slogans tels que : "Conspuez Zola" ou "Mort aux Juifs" !
18 juillet 1898.
Zola a été poursuivi en justice pour... 18 lignes de son "J'Accuse..." Il est condamné à la peine maximum : un an de prison. Il part à Londres pour un exil qui durera onze mois.
1899.
Un nouveau Conseil de guerre réexamine enfin l'affaire Dreyfus. Ce dernier se retrouve à nouveau condamné mais à 10 ans de travaux forcés. Une grâce présidentielle lui est accordée.
1906.
La Cour de cassation réhabilite Dreyfus.
Manuscrit de la Lettre de Zola :
- "... la vérité est en marche, rien ne l'arrêtera."
(Graph. JEA/DR).
Pour saluer à ma manière l'anniversaire du 13 janvier 1898, j'ai tenté de rassembler quelques réponses se voulant des gifles à Dreyfus ainsi qu'à Zola. Les mots appartiennent aux dictionnaires de la haine, de l'extrémisme de droite, de l'antisémitisme. Le régime de Vichy et la collaboration représenteront un de leurs aboutissements.
Ces extraits n'ont pas la prétention de dresser un tableau exhaustif. Mais ils sont autant de révélateurs. Aujourd'hui encore.
La Libre Parole :
- "Le honteux, le misérable officier qui a vendu les secrets de la défense de notre pays et qui a ainsi commis la trahison est le capitaine Dreyfus".
(1 novembre 1884).
La Croix, "le journal le plus antijuif de France" :
- "Les juifs ont pullulé dans l’Université, dans l’administration, dans la magistrature, dans l’armée elle-même, jurant que le Christ ne compte plus pour la société moderne, et que la race déicide va conquérir le monde."
(3 novembre 1894).
Edouard Drumont :
- "Judas Dreyfus ! ! !"
(La Libre Parole, 10 novembre 1894).
Claude Lourmont :
- "Depuis huit années sans trêve, sans repos, Drumont montre à la France entière le caractère juif, le danger juif, les exemples se succédant de jour en jour. Rien n’y fait. […]. C’est au français, aux électeurs seuls, qu’appartient le remède vraiment curatif; nous voulons encore espérer qu’ils réfléchiront et délivreront la France de la plaie juive en laissant sur le carreau les protecteurs invétérés de la race."
(La Libre Parole, La France aux Français, 10 novembre 1894).
Caricature en première page du Grelot, le 11 novembre 1894.
Guesde et Jaurès portent une bannière maçonnique. Dreyfus s'exclame : "Moi aussi, je fais ma bedide gommerce internationaliste, et pis après ?"
Un fantasmatique complot judéo-maçonnique qui aura toujours de beaux jours sous Vichy... Quant à prêter un accent supposé allemand à un(e) adversaire, c'est encore d'actualité en France.
(Doc. JEA/DR).
Le Grelot :
- "Le traître Dreyfus était un homme d’affaire protégé par la haute juiverie, dont Reinach et Rothschild sont les souverains pontifes."
(11 novembre 1894).
Emile Pouget :
- "Un youtre alsacien, Dreyfus, grosse légume au ministère de la Guerre, a bazardé un tas de secrets militaires en Allemagne. Ohé, bourgeois, ne vous épatez donc pas; les militaires ont ça dans le sang."
(Le Père peinard, novembre 1894).
Léon Daudet :
- "Il n’a plus d’âge. Il n’a plus de nom. Il n’a plus de teint. Il est couleur traître. Sa face est terreuse, aplatie et basse, sans apparence de remords, étrangère à coup sûr, épave de ghetto (…). Le misérable n’est pas français. Nous l’avions tous compris part son acte, par son allure, par son visage. Il a comploté notre désastre, mais son crime nous a exaltés."
(Le Figaro, 6 janvier 1895).
1895. Chanson antidreyfusarde de Lelièvre et Spencer (Doc. JEA/DR).
Charles Maurras :
- "Le parti de Dreyfus mériterait qu'on le fusillât tout entier… cette affaire était et est vitale pour nous. À bas les Juifs ! À bas les Juifs !"
(Lettre à Barrès, 2 décembre 1897).
Léon Daudet :
- "Derrière le cercueil de mon père, portant un des cordons du poêle, il [Zola] se contenait : mais les « A bas Zola », qui partaient de la foule parisienne (…) le rendaient pâle et titubant. Il m’apparaît, au souvenir, ruisselant de fiel, et assouvissant dans son œuvre, la rage de dégradation qui le tenait contre l’ensemble du genre humain."
(Funérailles d’Alphonse Daudet, 20 décembre 1897).
Jean Baffier :
- "La lutte doit être aujourd'hui et sera demain, en France, entre deux idées dominantes tenant de deux traditions. D'un côté, les cosmopolites dits humanitaires-libertaires, procédant de races juives ainsi que des sémites nomades du bassin de la Méditerranée, avec leur idéologie ténébreuse et anarchique, leur matérialisme outrancier ; leur rapacité mercantile et leur instinct de turpitude. De l'autre, les hommes du pays, relevant des traditions celtiques, avec leur religion basée sur l'administration et l'étude de la Nature ; leur science sociale établie sur l'équité et la Justice, l'esprit familial, le respect de l'Ïuvre ancestrale, le culte des héros, le sentiment de l'honneur, l'entente de la probité et de la dignité du travail."
(Les marges d’un carnet d’ouvrier, 1898).
Jean-François Latrique :
- "Un jour un youpin
Rencontra Zola-Pot-Bouille
Et lui dit : Malin
Viens nous donner un coup d’main
Nous payerons pour ça
Pas besoin d’avoir la trouille
A ce discours-là
Sourit la gueule à Zola
Zola répondit :
Du coup « J’en fais mon affaire »
Mais mon vieux Youdi
Faut payer avant midi
Le Youtre paya
Emile empocha l’salaire
On vit. Oh ! la ! la !
Rire la gueule à Zola"
(Chanson éditée par Léon Hayard, 18 janvier 1898).
Edouard Drumont :
- "Ecoutez le cri qui s’élève de tous les coins de France : « A bas les Juifs ! » C’est le cri du passé sans doute, mais c’est aussi le cri de l’avenir…"
(La Libre Parole, 22 janvier 1898).
Maurice Barrès :
- "Zola ? Profondément, par ses racines, il n’est pas un Français."
(Le Journal, 1 février 1898).
La Croix :
- "L’armée, en se défendant des soufflets les plus retentissants, entame ce soir le procès contre les ennemis communs du Christ et de l’Eglise. C’est donc la libre pensée, avocate des juifs, des protestants et de tous les ennemis de la France, qui est sur la sellette de Zola."
(8 février 1898).
Ernest Judet :
- "Il était inévitable que Zola ait discerné d’emblée, dans cette armée qu’il déteste, Dreyfus comme officier modèle ; il devait aller spontanément, sans efforts, à la trahison, comme les bêtes stercoraires vont au fumier et se délectent dans la pourriture. Le capitaine aux gages de la Triple Alliance représente bien le type idéal qu’il nous souhaite pour chef et dont il essaie (…) de nous infliger la satanique réhabilitation ; c’est dans cet égout qu’il lui plaît de plonger la splendeur du drapeau tricolore."
(Le Petit Journal, 23 mai 1898).
Maurice Barrès :
- "La mise en liberté du traître Dreyfus serait après tout un fait minime, mais si Dreyfus est plus qu'un traître, s'il est un symbole, c'est une autre affaire : c'est l'affaire Dreyfus ! Halte-là ! Le triomphe du camp qui soutient Dreyfus-symbole installerait décidément au pouvoir les hommes qui poursuivent la transformation de la France selon leur esprit propre. Et moi je veux conserver la France."
(Le Journal, 4 octobre 1898).
André du Quesnay de Boisandré :
- "A l’heure actuelle, on peut dire qu’il y n’y a plus dans notre pays que deux partis en présence : d’un côté, les Juifs et les agents de l’Etranger ; de l’autre, la France."
(Petit catéchisme antijuif, 1899).
A g. : caricature de Dreyfus par Victor Lenepveu pour son Musée des Horreurs (1900).
A dr. : caricature du juif par l'Institut des Questions juives, l'antisémitisme officiel sous Vichy.
(Mont. JEA/DR).
Charles Maurras :
- "Il faut admettre à la base du dreyfusianisme les moyens financiers de la Jérusalem terrestre ; mais la Jérusalem céleste, le chœur de ces idées juives vulgarisées de 1517 à 1789, à 1848, à 1898, explique et peut seule expliquer un succès si profond et si général de l'or juif (…).
On n'a pas voulu voir les causes, les vraies causes du dreyfusianisme. On n'a pas voulu voir qu'avant même qu'Alfred Dreyfus ne fût au monde, la France était bien infectée du virus dreyfusien. On n'a pas voulu voir que le grand secret de notre faiblesse, pendant les trois années tragiques de l'Affaire, tenait à ce que le parti national était dénué d'idées directrices qui fussent propres à balancer la doctrine des dreyfusiens. Le parti national subissait à son insu la loi d'un anarchisme fortement systématisé."
(In Madame Paule Minck, 1 mai 1901).
Maurice Barrès :
- "Dreyfus n'appartient pas à la nation... Dreyfus est un déraciné qui se sent mal à l'aise dans notre vieux jardin français (...).
Judas ! Traître ! Ce fut une tempête. Fatale puissance qu’il porte en lui, ou puissance des idées associées à son nom, le malheureux détermine chez tous des charges d’antipathie. Sa figure de trace étrangère, sa raideur impassible, toute son atmosphère révoltent (…). Il n’est pas de ma race (…). Garde à vous, patriotes ! Quand donc les Français sauront-ils reconquérir la France ?"
(Scènes et doctrines du nationalisme, Félix Juven, 1902).
1906 : Alfred Dreyfus est réhabilité (Doc. JEA/DR).
L’Action française :
- "La République est le gouvernement des Juifs, des Juifs traîtres comme Dreyfus, des Juifs voleurs, des Juifs corrupteurs du peuple et persécuteurs de la religion catholique. (...)
La République est le gouvernement des francs-maçons qui n'ont qu'une haine, l'Eglise, qu'un amour : les sinécures et le Trésor public ; fabricants de guerre civile, de guerre religieuse, de guerre sociale, ils nous mènent à une banqueroute matérielle et morale, celle qui ruinera le rentier et l'ouvrier, le commerçant et le paysan.
La République est le gouvernement de ces étrangers plus ou moins naturalisés ou métèques qui, ces jours-ci, souilleront du cadavre de leur Zola le Panthéon désaffecté ; ils accaparent le sol de la France ; ils disputent aux travailleurs de sang français leur juste salaire."
(Affiche, 1908).
L’Action française :
- "Quelque jour, après lecture d'un arrêt de justice, - arrêt définitif sans merci celui-là ! - douze balles lui apprendront enfin l'art de ne plus trahir et de ne plus troubler ce pays qui l'hospitalise."
(29 janvier 1912).
Abel Bonnard, "de l’Académie française" :
- "Les juifs : pour eux, la politique, c’est la discorde à domicile. Benda dit qu’il voudrait une affaire Dreyfus éternisée : c’est là un témoignage sans prix du fait que les juifs ont besoin de la guerre civile. Ce sont les juifs qui introduisirent dans le corps de la France, dans la tour France, une âme étrangère, par le moyen de l’idéologie révolutionnaire, c’est-à-dire par la faute des Français."
(Berlin, Hitler et moi, 1937).
Céline :
- "Le capitaine Dreyfus est bien plus grand que le capitaine Bonaparte. Il a conquis la France et l’a gardée."
(Bagatelles pour un massacre, Denoël, 1937, p. 199).
Lucien Rebatet :
- "Dans le déluge de sottises de l’Affaire, Maurras écarte les mensonges, les sophismes, les jérémiades, les avocassiers, rappelle les Français au seul sentiment qui devrait les étreindre. Dreyfus victime ? Dreyfus la honte ? Non ! Dreyfus la calamité ! Pour tous les maux qui ont fondu sur notre pays en son nom."
(Je suis partout, N° spécial, février 1939).
A g. : La Libre Parole, en pleine Affaire Dreyfus (1893).
A dr. : l'affiche de l'exposition "Le juif et la France" au Palais Berlitz de Paris (5 septembre 1941-15 janvier 1942).
(Mont. JEA/DR).
Armand de Puységur :
- "Dans le dreyfusisme, nous sommes en présence non pas de deux juifs, ni de dix, ni de vingt, mais bien devant la mobilisation mondiale de la juiverie.
(Qu’était le juif avant la guerre ? Tout ! Que doit-il être ? Rien !, Baudinière, 1942, p. 51).
Lucien Rebatet :
- "L’affaire Dreyfus – à l’origine, ne l’oublions jamais, dix youtres qui jouent vingt mille officiers français !"
(Je suis partout, 28 avril 1944).
Charles Maurras :
- "C’est la revanche de Dreyfus."
(Devant la cour de Lyon venant de le condamner à la réclusion perpétuelle, 27 janvier 1945).
Autres dates sur le calendrier de ce blog ? Cliquer : ICI.
18 juillet 1898.
Zola a été poursuivi en justice pour... 18 lignes de son "J'Accuse..." Il est condamné à la peine maximum : un an de prison. Il part à Londres pour un exil qui durera onze mois.
1899.
Un nouveau Conseil de guerre réexamine enfin l'affaire Dreyfus. Ce dernier se retrouve à nouveau condamné mais à 10 ans de travaux forcés. Une grâce présidentielle lui est accordée.
1906.
La Cour de cassation réhabilite Dreyfus.
Manuscrit de la Lettre de Zola :
- "... la vérité est en marche, rien ne l'arrêtera."
(Graph. JEA/DR).
Pour saluer à ma manière l'anniversaire du 13 janvier 1898, j'ai tenté de rassembler quelques réponses se voulant des gifles à Dreyfus ainsi qu'à Zola. Les mots appartiennent aux dictionnaires de la haine, de l'extrémisme de droite, de l'antisémitisme. Le régime de Vichy et la collaboration représenteront un de leurs aboutissements.
Ces extraits n'ont pas la prétention de dresser un tableau exhaustif. Mais ils sont autant de révélateurs. Aujourd'hui encore.
La Libre Parole :
- "Le honteux, le misérable officier qui a vendu les secrets de la défense de notre pays et qui a ainsi commis la trahison est le capitaine Dreyfus".
(1 novembre 1884).
La Croix, "le journal le plus antijuif de France" :
- "Les juifs ont pullulé dans l’Université, dans l’administration, dans la magistrature, dans l’armée elle-même, jurant que le Christ ne compte plus pour la société moderne, et que la race déicide va conquérir le monde."
(3 novembre 1894).
Edouard Drumont :
- "Judas Dreyfus ! ! !"
(La Libre Parole, 10 novembre 1894).
Claude Lourmont :
- "Depuis huit années sans trêve, sans repos, Drumont montre à la France entière le caractère juif, le danger juif, les exemples se succédant de jour en jour. Rien n’y fait. […]. C’est au français, aux électeurs seuls, qu’appartient le remède vraiment curatif; nous voulons encore espérer qu’ils réfléchiront et délivreront la France de la plaie juive en laissant sur le carreau les protecteurs invétérés de la race."
(La Libre Parole, La France aux Français, 10 novembre 1894).
Caricature en première page du Grelot, le 11 novembre 1894.
Guesde et Jaurès portent une bannière maçonnique. Dreyfus s'exclame : "Moi aussi, je fais ma bedide gommerce internationaliste, et pis après ?"
Un fantasmatique complot judéo-maçonnique qui aura toujours de beaux jours sous Vichy... Quant à prêter un accent supposé allemand à un(e) adversaire, c'est encore d'actualité en France.
(Doc. JEA/DR).
Le Grelot :
- "Le traître Dreyfus était un homme d’affaire protégé par la haute juiverie, dont Reinach et Rothschild sont les souverains pontifes."
(11 novembre 1894).
Emile Pouget :
- "Un youtre alsacien, Dreyfus, grosse légume au ministère de la Guerre, a bazardé un tas de secrets militaires en Allemagne. Ohé, bourgeois, ne vous épatez donc pas; les militaires ont ça dans le sang."
(Le Père peinard, novembre 1894).
Léon Daudet :
- "Il n’a plus d’âge. Il n’a plus de nom. Il n’a plus de teint. Il est couleur traître. Sa face est terreuse, aplatie et basse, sans apparence de remords, étrangère à coup sûr, épave de ghetto (…). Le misérable n’est pas français. Nous l’avions tous compris part son acte, par son allure, par son visage. Il a comploté notre désastre, mais son crime nous a exaltés."
(Le Figaro, 6 janvier 1895).
1895. Chanson antidreyfusarde de Lelièvre et Spencer (Doc. JEA/DR).
Charles Maurras :
- "Le parti de Dreyfus mériterait qu'on le fusillât tout entier… cette affaire était et est vitale pour nous. À bas les Juifs ! À bas les Juifs !"
(Lettre à Barrès, 2 décembre 1897).
Léon Daudet :
- "Derrière le cercueil de mon père, portant un des cordons du poêle, il [Zola] se contenait : mais les « A bas Zola », qui partaient de la foule parisienne (…) le rendaient pâle et titubant. Il m’apparaît, au souvenir, ruisselant de fiel, et assouvissant dans son œuvre, la rage de dégradation qui le tenait contre l’ensemble du genre humain."
(Funérailles d’Alphonse Daudet, 20 décembre 1897).
Jean Baffier :
- "La lutte doit être aujourd'hui et sera demain, en France, entre deux idées dominantes tenant de deux traditions. D'un côté, les cosmopolites dits humanitaires-libertaires, procédant de races juives ainsi que des sémites nomades du bassin de la Méditerranée, avec leur idéologie ténébreuse et anarchique, leur matérialisme outrancier ; leur rapacité mercantile et leur instinct de turpitude. De l'autre, les hommes du pays, relevant des traditions celtiques, avec leur religion basée sur l'administration et l'étude de la Nature ; leur science sociale établie sur l'équité et la Justice, l'esprit familial, le respect de l'Ïuvre ancestrale, le culte des héros, le sentiment de l'honneur, l'entente de la probité et de la dignité du travail."
(Les marges d’un carnet d’ouvrier, 1898).
Jean-François Latrique :
- "Un jour un youpin
Rencontra Zola-Pot-Bouille
Et lui dit : Malin
Viens nous donner un coup d’main
Nous payerons pour ça
Pas besoin d’avoir la trouille
A ce discours-là
Sourit la gueule à Zola
Zola répondit :
Du coup « J’en fais mon affaire »
Mais mon vieux Youdi
Faut payer avant midi
Le Youtre paya
Emile empocha l’salaire
On vit. Oh ! la ! la !
Rire la gueule à Zola"
(Chanson éditée par Léon Hayard, 18 janvier 1898).
Edouard Drumont :
- "Ecoutez le cri qui s’élève de tous les coins de France : « A bas les Juifs ! » C’est le cri du passé sans doute, mais c’est aussi le cri de l’avenir…"
(La Libre Parole, 22 janvier 1898).
Maurice Barrès :
- "Zola ? Profondément, par ses racines, il n’est pas un Français."
(Le Journal, 1 février 1898).
La Croix :
- "L’armée, en se défendant des soufflets les plus retentissants, entame ce soir le procès contre les ennemis communs du Christ et de l’Eglise. C’est donc la libre pensée, avocate des juifs, des protestants et de tous les ennemis de la France, qui est sur la sellette de Zola."
(8 février 1898).
Ernest Judet :
- "Il était inévitable que Zola ait discerné d’emblée, dans cette armée qu’il déteste, Dreyfus comme officier modèle ; il devait aller spontanément, sans efforts, à la trahison, comme les bêtes stercoraires vont au fumier et se délectent dans la pourriture. Le capitaine aux gages de la Triple Alliance représente bien le type idéal qu’il nous souhaite pour chef et dont il essaie (…) de nous infliger la satanique réhabilitation ; c’est dans cet égout qu’il lui plaît de plonger la splendeur du drapeau tricolore."
(Le Petit Journal, 23 mai 1898).
Maurice Barrès :
- "La mise en liberté du traître Dreyfus serait après tout un fait minime, mais si Dreyfus est plus qu'un traître, s'il est un symbole, c'est une autre affaire : c'est l'affaire Dreyfus ! Halte-là ! Le triomphe du camp qui soutient Dreyfus-symbole installerait décidément au pouvoir les hommes qui poursuivent la transformation de la France selon leur esprit propre. Et moi je veux conserver la France."
(Le Journal, 4 octobre 1898).
André du Quesnay de Boisandré :
- "A l’heure actuelle, on peut dire qu’il y n’y a plus dans notre pays que deux partis en présence : d’un côté, les Juifs et les agents de l’Etranger ; de l’autre, la France."
(Petit catéchisme antijuif, 1899).
A g. : caricature de Dreyfus par Victor Lenepveu pour son Musée des Horreurs (1900).
A dr. : caricature du juif par l'Institut des Questions juives, l'antisémitisme officiel sous Vichy.
(Mont. JEA/DR).
Charles Maurras :
- "Il faut admettre à la base du dreyfusianisme les moyens financiers de la Jérusalem terrestre ; mais la Jérusalem céleste, le chœur de ces idées juives vulgarisées de 1517 à 1789, à 1848, à 1898, explique et peut seule expliquer un succès si profond et si général de l'or juif (…).
On n'a pas voulu voir les causes, les vraies causes du dreyfusianisme. On n'a pas voulu voir qu'avant même qu'Alfred Dreyfus ne fût au monde, la France était bien infectée du virus dreyfusien. On n'a pas voulu voir que le grand secret de notre faiblesse, pendant les trois années tragiques de l'Affaire, tenait à ce que le parti national était dénué d'idées directrices qui fussent propres à balancer la doctrine des dreyfusiens. Le parti national subissait à son insu la loi d'un anarchisme fortement systématisé."
(In Madame Paule Minck, 1 mai 1901).
Maurice Barrès :
- "Dreyfus n'appartient pas à la nation... Dreyfus est un déraciné qui se sent mal à l'aise dans notre vieux jardin français (...).
Judas ! Traître ! Ce fut une tempête. Fatale puissance qu’il porte en lui, ou puissance des idées associées à son nom, le malheureux détermine chez tous des charges d’antipathie. Sa figure de trace étrangère, sa raideur impassible, toute son atmosphère révoltent (…). Il n’est pas de ma race (…). Garde à vous, patriotes ! Quand donc les Français sauront-ils reconquérir la France ?"
(Scènes et doctrines du nationalisme, Félix Juven, 1902).
1906 : Alfred Dreyfus est réhabilité (Doc. JEA/DR).
L’Action française :
- "La République est le gouvernement des Juifs, des Juifs traîtres comme Dreyfus, des Juifs voleurs, des Juifs corrupteurs du peuple et persécuteurs de la religion catholique. (...)
La République est le gouvernement des francs-maçons qui n'ont qu'une haine, l'Eglise, qu'un amour : les sinécures et le Trésor public ; fabricants de guerre civile, de guerre religieuse, de guerre sociale, ils nous mènent à une banqueroute matérielle et morale, celle qui ruinera le rentier et l'ouvrier, le commerçant et le paysan.
La République est le gouvernement de ces étrangers plus ou moins naturalisés ou métèques qui, ces jours-ci, souilleront du cadavre de leur Zola le Panthéon désaffecté ; ils accaparent le sol de la France ; ils disputent aux travailleurs de sang français leur juste salaire."
(Affiche, 1908).
L’Action française :
- "Quelque jour, après lecture d'un arrêt de justice, - arrêt définitif sans merci celui-là ! - douze balles lui apprendront enfin l'art de ne plus trahir et de ne plus troubler ce pays qui l'hospitalise."
(29 janvier 1912).
Abel Bonnard, "de l’Académie française" :
- "Les juifs : pour eux, la politique, c’est la discorde à domicile. Benda dit qu’il voudrait une affaire Dreyfus éternisée : c’est là un témoignage sans prix du fait que les juifs ont besoin de la guerre civile. Ce sont les juifs qui introduisirent dans le corps de la France, dans la tour France, une âme étrangère, par le moyen de l’idéologie révolutionnaire, c’est-à-dire par la faute des Français."
(Berlin, Hitler et moi, 1937).
Céline :
- "Le capitaine Dreyfus est bien plus grand que le capitaine Bonaparte. Il a conquis la France et l’a gardée."
(Bagatelles pour un massacre, Denoël, 1937, p. 199).
Lucien Rebatet :
- "Dans le déluge de sottises de l’Affaire, Maurras écarte les mensonges, les sophismes, les jérémiades, les avocassiers, rappelle les Français au seul sentiment qui devrait les étreindre. Dreyfus victime ? Dreyfus la honte ? Non ! Dreyfus la calamité ! Pour tous les maux qui ont fondu sur notre pays en son nom."
(Je suis partout, N° spécial, février 1939).
A g. : La Libre Parole, en pleine Affaire Dreyfus (1893).
A dr. : l'affiche de l'exposition "Le juif et la France" au Palais Berlitz de Paris (5 septembre 1941-15 janvier 1942).
(Mont. JEA/DR).
Armand de Puységur :
- "Dans le dreyfusisme, nous sommes en présence non pas de deux juifs, ni de dix, ni de vingt, mais bien devant la mobilisation mondiale de la juiverie.
(Qu’était le juif avant la guerre ? Tout ! Que doit-il être ? Rien !, Baudinière, 1942, p. 51).
Lucien Rebatet :
- "L’affaire Dreyfus – à l’origine, ne l’oublions jamais, dix youtres qui jouent vingt mille officiers français !"
(Je suis partout, 28 avril 1944).
Charles Maurras :
- "C’est la revanche de Dreyfus."
(Devant la cour de Lyon venant de le condamner à la réclusion perpétuelle, 27 janvier 1945).
Autres dates sur le calendrier de ce blog ? Cliquer : ICI.
je serais certaine qu'il y a encore des anti-dreyfusards si je ne pensais pas qu'ils sont incapables de remonter jusque là
RépondreSupprimer@ brigetoun
RépondreSupprimerà lire certains sites et blog, il est évident que d'aucuns s'obstinent toujours à cultiver les doutes voire des accusations vis-à-vis de Dreyfus
les mêmes s'acharnent à prétendre que Maurras et/ou Barrès ne cultivaient pas le moindre antisémitisme...
Un bel anniversaire à fêter, un moment où en France les intellectuels ont eu à choisir et lorsque l'on regarde les listes des anti c'est parfois surprenant
RépondreSupprimerUn grand moment de la vie française , Zola aux côtés du Voltaire de l'affaire Calas
Ou quand la haine pourrit complètement l'intelligence.
RépondreSupprimer@ Dominique
RépondreSupprimerC'est effectivement, comme vous le soulignez, à l'affaire Dreyfus que remontent les engagements publics et collectifs d'intellectuels français en tant que consciences critiques de la société.
@ Pastelle
RépondreSupprimerEt pour certains, la coupe de la haine n'est jamais assez pleine !
Edifiant !
RépondreSupprimer@ Danièle Duteil
RépondreSupprimerConsternant !
PS : je suis perturbé par blogspot qui place depuis ce jour des heures en anglais plus des "Répondre Supprimer" sans voir pris mon avis...
@ JEA,
RépondreSupprimerSûr ? Des heures en anglais ? Je suis parfois un peu décalée...
Il m'avait semblé avoir mis un commentaire et je ne l'ai pas retrouvé en effet. Blogspot nous joue des tours. Tout devrait rentrer dans l'ordre rapidement, j'imagine.
@ Danièle Duteil
RépondreSupprimerainsi les AM (after) et les PM (post)...
le dernier croc-en-jambe de blogspot (ici) dura plusieurs mois...
Que de haine et de préjugés : "par son allure, par son visage" !
RépondreSupprimer... et quelles étaient ses pensées sur la photo en 1906 ?
RépondreSupprimer@ Tania
RépondreSupprimerUn des aboutissements : la publication, en 1940, d'une brochure de George Montandon : "Comment reconnaître le Juif" (Nouvelles Editions de France)...
@ MH
RépondreSupprimerIl ne pouvait alors ignorer que les Dreyfusards étaient déchirés. Entre ceux qui comprenaient l'acceptation de la grâce présidentielle mettant notamment fin à la déportation sur l'île au Diable. Et ceux qui s'opposaient à l'amnistie pour lui préférer un jugement en bonne et due forme...
c'est vraiment intéressant et impressionnant de lire les textes que vous présentez. Impressionnant de passion enragée! intéressant aussi historiquement.
RépondreSupprimerSi je peux me permettre (je sais c'est gonflé!) je trouve dommage que vous n'ayez pas publié des textes de l'autre bord, par souci d'équilibre et pour voir leur "défense".
@ aléna
RépondreSupprimervous imaginez bien que faute d'espace et de compétence, je me suis cru obligé de fixer des limites à cette page
en gardant un espoir : (re)tracer une continuité dans l'antisémitisme en France de la fin du XIXe au milieu du XXe
en répétant - malgré toutes les tentatives de réhabilitations - que des hommes de lettres tels que Daudet ou Barrès ou encore Céline se vautrèrent dans la judéophobie la plus exécrable, de même que des idéologues comme Drumont ou Maurras, sans parler d'hommes et d'organes de presse dont la haine raciale était le fond de commerce
il me semble, peut-être à tort, que la tendance générale consiste à condamner globalement ces racistes sans fournir comme ici de preuves, de références
mais vous avez raison, une seule porte de l'histoire est ainsi décapée, et comme j'en avertissais, de manière partielle et non exhaustive
ce fut l'inverse d'ailleurs pour la page des voeux de Pierre Dac
si ce blog n'est pas fermé en janvier de l'an prochain, je tenterai d'escalader l'autre face du Mont de l'Affaire Dreyfus...
je salue bien entendu votre travail!
Supprimeret donc peut-être un rendez-vous dans un an pour rendre la plume et l'encre d'imprimerie aux Dreyfusards
SupprimerMerci pour ce passionnant reportage qui montre bien la notion de bouc émissaire permettant de sauver l'Armée dans son ensemble.
RépondreSupprimerMerci car je connaissais surtout la fin de la lettre de Zola.
PS: j'ai mis un message beaucoup plus bas après avoir vu le film Le Havre.
@ Maïté/ Aliénor
RépondreSupprimermais pas question de ne pas négliger le compte-rendu enthousiaste de notre envoyée spéciale au Havre...
Oh, là, là, une courte absence et voilà qu'on nous chamboule les coms!
RépondreSupprimerMerci JEA, tant de documents, beaucoup de moi inconnus.
Je suis persuadée moi aussi que les haineux se taisent, par prudence sans doute, mais qu'ils sont bel et bien là au jour d'aujourd'hui, peut-être pas aussi somnolents qu'on semble penser!
@ Colo
RépondreSupprimerprofitant de votre brève absence indépendante de votre volonté, blogspot nous a effectivement imposé des heures avec des décalages invraisemblables... et notre configuration personnelle, compte pour du beurre
mais heureux qu'un nouveau disque dur ait pris le relais du valeureux malheureux qui le précéda
enfin (et pour recommencer ?) 30% de Français affirment donc plus ou moins se retrouver dans les thèmes portés par l'extrême droite, voilà de quoi ne jamais dormir sur nos deux oreilles...
@ JEA : merci pour cette somme, il est toujours utile de rappeler les grands moments de l'Histoire.
RépondreSupprimerLe titre récent du "Monde" concernant les "30 % de Français" qui se reconnaîtraient dans les thèses du Fn est un amalgame tiré d'un sondage et destiné plus à faire vendre qu'à informer.
Enfin, on peut se dire que si Hollande avait été un Juif (ou si DSK s'était présenté...), l'antisémitisme de la "grande presse" serait vite réapparu contre ce candidat de gauche. Il reste néanmoins masqué.
@ Dominique Hasselmann
RépondreSupprimerSur la P. 12 de ce blog, j'ai tenté de rassembler quelques ignominies réservées à des hommes politiques français eu égard à leur origine juive. Dont DSK. C'était bien avant que ce dernier ne perde toute crédibilité. Depuis, toujours à son propos et alors que toutes les "surprises" ne sont sans doute pas épuisées, je suis obligé de constater que l'antisémitisme n'est pas appelé à la rescousse pour mieux le mettre à mort aux yeux du public. On me rétorquera que ce n'est pas nécessaire ?
Une somme, hélas qu'il ne faut pas considérer comme expression de la bêtise humaine. Ces gens-là étaient loin d'être bêtes ou idiots : ils faisaient partie de l'intelligentsia de l'époque ! Ces réactions sont de toutes les époques. L'histoire passe et les chiens aboient.
RépondreSupprimerExpression (s) d'un inconscient collectif selon Jung et qui se perpétue, s'entretient et s'enrichit à tout moment.
@ jeandler
RépondreSupprimervous rejoignez l'une de mes préoccupations : ne surtout pas traiter avec mépris, légèreté et facilité
la continuité en France d'un antisémitisme intellectuel
en mettant à nu certaines racines
en rappelant que la seule époque où l'extrême droite fut au pouvoir, soit Vichy, fut déshonorante
Il y a des mots qui font partie de la langue et qui la polluent. Dans toutes les langues doivent se cacher (ou pas, d'ailleurs...) ces mots qui sont comme un nid d'araignées dans la bibliothèque de l'arachnophobe.
RépondreSupprimer@ Dom A.
RépondreSupprimerMarcelle Fois :
- "Résistance, démocratie, antifascisme... Les mots ne dorment pas, ils ne se reposent pas. Les idées ont besoin de soin constant, envers et contre tout."