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Synopsis
- "Lucia est morte dans un accident de voiture il y a six mois ; depuis, son mari Roberto et sa fille Alejandra, tentent de surmonter ce deuil. Afin de prendre un nouveau départ, Roberto décide de s’installer à Mexico. Alejandra se retrouve, nouvelle, dans une classe. Plus jolie, plus brillante, elle est rapidement la cible d’envie et de jalousie de la part de ses camarades. Refusant d’en parler à son père, elle devient une proie, un bouc émissaire.
Michel Franco
- "Je n’ai pas étudié le cinéma à l’école, je suis un autodidacte, ma carrière dans la com et dans la pub a été cinq années de loisirs. Ça m’a permis d’avoir le matériel et le temps pour faire deux ou trois courts métrages. J’essayais des trucs, bien et moins bien, peu importe."
(Interview dans Libération, 2 octobre 2012).
- "J’ai voulu bâtir un scénario avec plusieurs couches de récit. Un scénario que l’on ne peut pas résumer en quelques mots, ce qui, à mon sens, est toujours mauvais signe. Le point de départ, c’est le deuil d’un homme et sa cohabitation silencieuse avec sa fille. Ensuite, sont apparus les thèmes du bullying et de la violence. Ce qui m’intéresse en premier lieu dans “Después de Lucia”, ce n’est pas tant le harcèlement dont est victime Alejandra que le fait qu’elle choisisse de ne pas se défendre. L’acceptation et jusqu’où l’acceptation : telles sont les questions centrales posées par le film
(…)
Dans “Después de Lucia”, il n’y a ni glorification de la violence, ni dénonciation moralisatrice, ni discours pédagogique. Je tente de montrer objectivement un processus et ses conséquences. Ma démarche est aux antipodes de la représentation pseudo-réaliste de la violence telle qu’on peut la voir quotidiennement à la télévision, sans recul ni distance et qui suscite une fascination aussi suspecte que dangereuse."
(Rue 89).
Isabelle Regnier
- "Alejandra : victime expiatoire de toutes les frustrations [qui] sont celles de la société tout entière, envisagée ici comme une cocotte minute au bord de l'explosion, tiraillée entre une modernité imposée par la mondialisation et les nouveaux moyens de communication, et la prégnance dans ce pays catholique des structures patriarcales et autoritaires."
(Le Monde, 2 octobre 2012).
Alejandra - Tessa Ia (DR).
Arnaud Schwartz
- "L’itinéraire d’Alejandra est terrible. L’issue sera tragique – quoique inattendue. Michel Franco, qui signe aussi le scénario du film, décrit avec justesse la mécanique infernale qui mène de la fragilité du deuil à une forme de mutisme, d’une douleur à une autre, du jeu pervers à l’entreprise de déshumanisation.
Le cinéaste n’a pas voulu faire du harcèlement l’unique sujet – mais plutôt le contexte – de son film. Il offre au spectateur une salutaire distance, qui évite tout voyeurisme et préserve d’une brutalité trop crue.
Très bien maîtrisé, d’une remarquable sobriété, ce film – certes éprouvant – ouvre sur un vertigineux abysse. Interprété avec force par de jeunes comédiens non professionnels (à commencer par l’actrice principale, Tessa Ia)."
(La Croix, 2 octobre 2012).
Jacques Morice
- "Il arrive que le cinéma soit un calvaire en même temps qu'une traversée palpitante. Le second long métrage de Michel Franco, cinéaste mexicain remarqué avec Daniel et Ana (2009), procure cette double sensation, avec un art très maîtrisé de la mise en scène. Un homme, qui a perdu sa femme dans un accident de voiture, tente désespérément de refaire surface. On le voit souvent allongé, le corps lourd, fatigué, déprimé. Auprès de lui, il a sa fille, Alejandra (Tessa Ia), une quinzaine d'années, visage avenant. Il semble qu'elle surmonte mieux l'épreuve. C'est presque elle qui soutient son père. Leur relation est touchante, faite de complicité et d'attention tendre — on dirait parfois un couple. Ils ont l'air de bien s'entendre. Mais se parlent-ils vraiment ?
Des cadrages à la durée des plans, du jeu des comédiens au scénario, tout est précis, dense, déroutant, mais de manière étonnamment fluide. On ne sait jamais ce que réservera la séquence suivante, le genre lui-même (une chronique, un drame, un polar ?) demeurant incertain un long moment. Ce qui est certain, en revanche, c'est la tension extrême quoique souterraine, créée par Michel Franco, de la première à la dernière minute. Une tension qui dit à la fois la souffrance, le tumulte intérieur et l'éloignement progressif. Tandis que le père s'enfonce dans la dépression, la fille, elle, subit une série d'agressions physiques et psychologiques perpétrées par des élèves de son lycée."
(Télérama).
Le cercle des agresseurs se refermant sur leur victime (DR).
Didier Péron
- "Il s’agit d’une dramaturgie tendue qui puise sa force d’attraction d’un processus inexorable. Ici, Alejandra subit brimades, insultes, gifles. Elle est de plus en plus isolée, enfermée dans sa condition de paria. Les adultes autour ne voient rien et les ados rigolards paraissent dénués de tout sens moral, de toute empathie. On a beau savoir que la réalité nous abreuve de faits divers sordides où se coalisent des individus dans le seul but de faire souffrir quelqu’un par le harcèlement moral ou sexuel, on en veut quand même au film de nous attacher à une fiction qui se nourrit de l’éclat révoltant du supplice de la jeune fille (…)
Tel quel, le film demeure étrangement opaque et persistant, une fable contemporaine qui agace les nerfs et laisse pantois grâce à un long dernier plan séquence particulièrement réaliste dans sa brutalité."
(Libération, 2 octobre 2012).
Serge Kaganski
- "Comme son aîné Pasolini, Franco (aucun lien de parenté avec le défunt caudillo) regarde la barbarie en face pour mieux nous en faire ressentir la perversité, mais en restant toujours du côté de la victime : impossible de jouir en compagnie des lycéens tortionnaires, de ne pas être révulsé par leur comportement.
(…)
Pas besoin d’aller chercher les repoussoirs nazis ou fascistes, les graines du mal sont potentiellement au bout du couloir, ou en nous.
Thème qui n’est certes pas nouveau, mais que Michel Franco traite avec clarté et frontalité, sans en rajouter dans le spectaculaire, allant jusqu’au fond de son sujet et d’un dénouement dont on ne dévoilera rien, si ce n’est qu’il nous laisse au bord d’un abîme de réflexion, sonné et songeur."
(les inRocKs, 2 octobre 2012).
Stéphane Argentin
- "Dire que Après Lucia va loin dans le registre du harcèlement (sans pour autant sombrer dans le voyeurisme) serait un doux euphémisme tant le spectateur aura littéralement envie d'exploser et / ou de se rebeller aux côtés / à la place de l'adolescente. D'autant que, pour son deuxième long-métrage, Michel Franco va jusqu'au point de non retour, ne laissant à ses protagonistes aucun échappatoire possible. C'est donc littéralement sonné que le spectateur ressort lui-aussi de ce brillant et cruel Après Lucia."
(Ecranlarge).
Romain Le Vern
- "Pour raconter cette trajectoire effrayante de beauté ruinée (une adolescente maltraitée par ses camarades de classe et son père à sa recherche pour la défendre), Michel Franco recompose un puzzle en le compliquant de différents niveaux chronologiques et propose une incroyable étude de cas sur les thèmes de la culpabilité et de la vengeance. Au-delà du sujet qui peut faire peur, "Despues de Lucia" se révèle l'alliance d'une mise en scène viscérale et d'un script raisonné. Le spectateur peut avoir la sensation d'être pris en otage et pour peu que l'on ne soit pas amateur des expériences malaisantes du réalisateur autrichien Michael Haneke ("Funny Games"), on peut trouver ça insoutenable. Pourtant, c'est du vrai et grand cinéma, pas un énième reportage racoleur sur la violence à l'école.
Tragique et puissant, "Despues de Lucia" témoigne de la vision du monde noire de son auteur et dresse un constat cruel, très contemporain (l'alienation des adolescents aux réseaux sociaux, la vindincte envers le marginal dans un groupe de monstres) qui ne sombre jamais dans la démonstration, la putasserie ou la mélodramatisation. La dernière image - terrible - prend à la gorge et hante longtemps après la projection."
(TF1 news).
Claire dans les salles obscures ? Cliquer : ICI.
Le visionnage de la bande annonce précédée de tous ces avis très précis, décrivent bien une ambiance très oppressante. Comment dit-on déjà ? "La peste du XXIe siècle", je crois.
RépondreSupprimerune ambiance très début de ce siècle puisque pourrie par une utilisation inquisitrice des téléphones et autres réseaux sociaux par des ados...
Supprimer"Une étude de la violence sous toutes ses formes" dit-il dans une interview. Je ne le raterai pas, merci.
RépondreSupprimerLe jour se lève dans un ciel où tout soupçon de nuage est absent. Bonne journée à vous.
aurore pâlotte avec une légère gelée, les nuages sont annoncés pour l'après-midi
Supprimerj'aime l'idée des plusieurs strates
RépondreSupprimerje profite honteusement de votre commentaire pour répéter combien votre portrait tel que tracé dans le contexte d'échanges lors du premier vendredi du mois, combien ce portrait est fidèle et juste...
Supprimerj'en suis ressortie sonnée, incapable de toute analyse.
RépondreSupprimerTant de violence.
Puis j'ai repris le dessus. Et je me demande si ce n'est pas gratuit. Le réalisateur ne revendique aucun discours de dénonciation, ni pédagogie.
Il faut dire les choses par leur vrai nom. Harcèlement, mais aussi viol. Et voyeurisme, et maltraitance.
Et le spectateur là-dedans?
en attendant de vous lire plus longuement sur une prochaine page de votre blog (après les conclusions de votre voyage en Bulgarie)
Supprimeret en vous remerciant pour le lien vers Claire dans les salles obscures...
Je ne sais pas si les portables et les réseaux sociaux accroissent le phénomène, mais être scolarisé au Lycée, c'était déjà une plaie à l'époque où moi j'y étais (J'étais en Seconde en 1989, pour donner un repère). Il y a toujours eu des tas de moyens de coercition pour les adolescents voulant mettre au banc un gosse différent d'eux ; mon lycée se souvient encore de la fois où je suis passée en conseil de discipline à cause d'un coup de tête que j'ai donné à un mec (lui pétant le nez), parce qu'il m'avait dit que j'étais rien qu'une sale juive (il n'étais pas raciste, il répétait ce que ses cons de parents disaient de mon père).
RépondreSupprimerRomain Gary s'en défendait en répondant :
Supprimer- "Je suis différent, comme tout le monde !"
Un sujet qui m'intéresse!
RépondreSupprimerJ'aime les films qui interrogent, questionnent sur les chemins pris par notre société.
Merci du conseil
comme le souligne aussi miriam, c'est un film qui renvoie les enseignants à cette question renouvelée au moins chaque année scolaire : l'une de nos classes ou une partie de nos classes se livrerait-elle aussi à sa chasse à l'enfant, à l'ado, sans même que nous ne l'imaginions de l'ordre du possible ???
SupprimerMerci beaucoup d'avoir inséré ce lien vers mon blog!
RépondreSupprimerc'est miriam qui a lancé ce pont par-dessus les eaux tumultueuses de la toile...
Supprimerl'annonce à la radio d'une jeune fille qui se défenestre après avoir été harcelée donne raison au cinéaste d'avoir mis en avant cette violence gratuite, ordinaire presque aujourd'hui
RépondreSupprimerHennig Mankell écrivait :
Supprimer- "La vie est une branche fragile suspendue au-dessus d'un abîme. Je m'y cramponne tant que j'en ai la force..."
mais certain(e)s scient cette branche pour que votre naufrage compense un tant soit peu leur médiocrité
je retourne à votre blog pour lire les commentaires des autres internautes. je suis toujours aussi retournée et me pose toujours cette même question : ce film était-il nécessaire ou non?
RépondreSupprimeret la réalité, pour ne pas changer, dépasse parfois la fiction
Supprimeren Indonésie, une ado violée est accusée de "ternir" l'image de son école :
http://www.liberation.fr/monde/2012/10/09/indonesie-une-ado-violee-accusee-de-ternir-l-image-de-son-ecole_851919
l'adolescence, l'âge des dangers, merveilleux et terrible.
RépondreSupprimerFN Nourrissier :
Supprimer- "Un adolescent, grand chimérique aux horizons fermés..."
Un film nécessaire, indispensable parce que dans un monde qui s'uniformise, la différence est de plus en plus mal vue et mal vécue... on est bien loin du "Be diferent" de Benetton... les ados n'ont plus la possibilité de se construire selon leur propre schémas et ça fait peur !
RépondreSupprimerJean-Claude Pirotte :
Supprimer- "Adolescent : dans la grâce de l'imparfait..."
L'adolescence est le pire des âges, celui où l'on apprend à savoir qui on est et où l'on doit supporter les autres qui sont sans pitié; la perte de repères actuelle et le refus de la différence ne facilitent pas les choses!
RépondreSupprimerMoustaki :
Supprimer- "J´étais adolescent ni ange ni trop bête
Ce temps-là est révolu
Je ne le reverrai plus
Et s´il m´arrive de croiser sur mon chemin
Un de ceux qui ressemblent à celui que je fus
Je lui fais un salut un signe de la main
C´est mon adolescence que je salue
Je lui fais un salut un signe de la main
Ou bien je fais semblant de ne l´avoir pas vu..."
De toute la création, l'espèce humaine est la seule qui ait inventé le mal et l'ait porté aussi loin.
RépondreSupprimeralors qu'en France, un procès pour viol collectif vient de se terminer sur un jugement marqué par une complaisance incompréhensible :
Supprimerhttp://www.liberation.fr/politiques/2012/10/11/proces-des-tournantes-desir-surpris-par-le-jugement_852443
@ JEA : concernant le procès pour viol collectif en France, vous savez sans doute que le Parquet a fait, depuis votre commentaire du 11 octobre, appel du jugement.
RépondreSupprimerQuant au film, je ne l'ai pas vu donc je n'ai aucun avis à son sujet, sinon qu'il mérite sans doute le détour !
oui, oui, merci de prolonger les infos : c'est un des défauts d'un blog comme celui-ci, ne pas travailler dans la continuité
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