Affiche FN du temps du père Le Pen. Depuis, sa fille assure le suivi (Graph. JEA/DR).
Marine Le Pen :
- "Il faut avoir un lien charnel avec notre pays, avec notre peuple (…). Il faut supprimer la double nationalité."
(Le Figaro, 30 janvier 2011).
- "Réduire l’attribution de la nationalité à une simple distribution de papiers d’identité, sans aucune assurance sur l’engagement personnel, voire affectif, que cette acceptation dans la communauté nationale suppose, est aujourd’hui criminel."
- "Réduire l’attribution de la nationalité à une simple distribution de papiers d’identité, sans aucune assurance sur l’engagement personnel, voire affectif, que cette acceptation dans la communauté nationale suppose, est aujourd’hui criminel."
(Lettre aux députés, 30 mai 2011).
Puis vient cet été, se confirmant une saison propice aux poussées de fièvre xhénobe dans les frontières de l'hexagone. Soit des manifestations polymorphes de ségrégations agressives entre anciens Français et récents, les avalanches de soupçons voire de calomnies envers ces derniers...
Eva Joly en sait quelque chose. Elle dont l'accent n'est pas seulement méprisé (1) mais dont les dernières déclarations sur les défilés militaires du 14 juillet ont servi de révélateurs à des rejets portés même par le Premier ministre...
Marine Le Pen :
- "Eva Joly est sans patrie fixe."
Bruno Gollnich :
- "Il n'est pas injurieux envers Mme Joly de constater que ses éléments concrets de rattachement à la France sont assez fragiles. Ce n'est pas un problème juridique, mais de savoir-vivre."
Patrick Trannoy, Mouvement Républicain et Citoyen :
- "On peut se demander si, au-delà du défilé militaire du 14 juillet, Mme Joly ne serait pas encline à supprimer la fête nationale tout entière, mais encore le drapeau tricolore, la Marseillaise, et, surtout, les frontières, les lois… finalement la France en tant que telle."
Philippe Bilger, magistrat :
- "Ne faudrait-il pas soumettre les candidats à l'élection présidentielle aux mêmes apprentissages et épreuves que ceux qu'on impose aux étrangers désirant séjourner durablement dans notre pays ?
(…) Je me contente seulement d'aspirer à un président de la République qui serait français sans équivoque ni confusion et dont la première mesure ne serait pas de porter atteinte à une date, à un symbole, à l'histoire de notre pays."
Lionel Lucas, député de la droite populaire :
- "Eva Joly fait preuve d’une ignorance crasse sur l’histoire du pays qu’elle aspire à représenter...
Christian Vanneste, député UMP :
- "L'esprit munichois souffle sur ces déclarations [d'Eva Joly] dégoulinantes de bêtise."
Lionel Tardy, député UMP :
- "Il est temps pour elle de retourner en Norvège !"
Guy Tessier, député UMP :
- "Je suis consterné qu'il puisse encore exister des anti-France."
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre :
- "La nature de la France lui échappe sans doute. Peut-être lui faut-il encore un peu d'accoutumance."
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre :
- "La nature de la France lui échappe sans doute. Peut-être lui faut-il encore un peu d'accoutumance."
François Fillon :
- "Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne de la tradition française, de l'histoire française et des valeurs françaises."
(Caricature JEA/DR).
Ce genre de danse du scalp autour du thème de "La France aux Français", ravive inévitablement la mémoire des arguments, des métaphores, des sarcasmes, des exclusions, des haines, des fantasmes agités au siècle dernier, notamment dans le contexte de cette "divine surprise" concrétisée par l'avènement du régime de Pétain.
Dans les boues de l'histoire de France, en voici quelques traces...
Editorial du Monde :
- "En clair, selon M. Fillon, Mme Joly, d'origine norvégienne, n'est pas assez française. Ou pas depuis assez longtemps. De façon à peine cachée, c'est sa "francité" que l'on conteste. C'est la question de la double nationalité qui est relancée.
Il faut le dire clairement : cet angle d'attaque est odieux et flirte avec la xénophobie. La France n'a pas besoin de cela. Hélas !"
(18 juillet 2011).
(Caricature JEA/DR).
Ce genre de danse du scalp autour du thème de "La France aux Français", ravive inévitablement la mémoire des arguments, des métaphores, des sarcasmes, des exclusions, des haines, des fantasmes agités au siècle dernier, notamment dans le contexte de cette "divine surprise" concrétisée par l'avènement du régime de Pétain.
Dans les boues de l'histoire de France, en voici quelques traces...
Henri Béraud (2) :
- "Que penserons nos fils, lorsque au soir de leurs jours amers, ils auront à nous juger ? Liront-ils les pièces du procès ? Ouvriront-ils nos livres, feuilletteront-ils nos journaux ?... Nos journaux, témoins de notre sottise et de notre lâcheté. La France redevenue française sera dure à la France des frontières ouvertes, des politiciens errants, des ministres apatrides et des bellicistes de ghettos.
On imagine l'étudiant de 1960, sa jeunesse au coeur dur, sa curiosité méprisante à l'égard d'un temps où les fils de notre terre obéissaient à des bohémiens." (3)
Le Réveil du Peuple, journal créé par Jean Boisseil, alias Marie Jean Anselme (Doc. JEA/DR).
Jean Boissel (4) :
- "Depuis la loi de la Constituante, c'est-à-dire depuis le 27 septembre 1791, date de l'octroi de la citoyenneté française aux Juifs, loi qu'il faudra abroger au plus tôt, notre pays est littéralement corrompu et empoisonné.
Il faudrait donc exiger de tout Français de souche des preuves d'aryanité remontant AU DELA de la Révolution dite française, laquelle ne fut en réalité qu'une révolution juive, maçonnique et anglaise. Tout le reste devrait être considéré comme suspect et impitoyablement rejeté des postes de commandement et réduit au rôle de subalterne.
Au moment de reconstruire la France, il s'agit, avant tout, de s'assurer de la qualité et de la mise en oeuvre des matériaux.
Et ceci appelle une double remarque : la reconstruction de la France exige :
1° L'élimination radicale et complète de tous les éléments impurs, et la solution de la question juive ne saurait constituer, de toute façon, qu'une étape de l'immense programme à accomplir ;
2° La recherche et le choix des éléments aryens, lesquels devront être soumis immédiatement à tous les examens, médicaux et autres, permettant la sélection."(5)
Henry Coston (6) :
- "Nul homme ne peut servir deux maîtres à la fois.
Nul homme ne peut se réclamer à la fois de deux nations, ni jouir des prérogatives attachées à chaque nationalité en esquivant les charges de l'une et de l'autre.
(...)
Trop d'occasions se produisent où les intérêts de ces deux nations se trouvent opposés ; dans les circonstances critiques c'est naturellement et nécessairement les voix du sang, des ancêtres de la race, de la croyance première qui commandent."(7)
René Gillouin (8) :
- "L'Etat français bannit de son sein (...) les individus et les groupes qui, pour des raisons de race ou de conviction, ne peuvent ou ne veulent souscrire au primat de la patrie française : étrangers, juifs, francs-maçons, communistes, internationalistes de toute origine et de toute obédiance." (9)
Propagande de Vichy (Doc. JEA/DR).
René Martial (10) :
- "En fin de compte la France sera peuplée de gens qui n'auront plus de Français que le nom, qu'ils soient Métis ou Etrangers. A ce moment, la France sera totalement perdue historiquement et n'ayant plus aucune tradition n'aura aucune raison d'être. Elle deviendra un territoire de colonisation pour les nations et les races les plus fortes.
Telles sont les conséquences des mauvais métissages, des greffes médiocres et des greffes mauvaises. Je ne dis pas que ce malheur est déjà arrivé. Je ne le crois même pas, parce que je sais que la souche de l'arbre français est encore très forte, que ses racines sont encore vivantes et que notre arbre donnera encore de beaux fruits. Mais il faut faire attention et ne pas te dissimuler que tu as déjà commencé à subir une transformation dangereuse." (11)
- "Notre peuple, égaré par les sophismes des négateurs de la race, a perdu tout contrôle sur l'admission des étrangers au foyer français et s'est naïvement imaginé qu'il suffisait de coller l'étiquette "français" sur un individu quelconque pour compter un Français de plus. Mais nos rois ne donnaient des lettres de naturalité qu'à bon escient et non par milliers à la fois (...). En bactériologie, on connaît des microbes qui liquéfient le milieu nutritif sur lequel ils vivent. C'est extrêmement dangereux, cela vient de nous arriver [avec les juifs]. Ne recommençons pas." (12)
- "La qualité de français exige une longue hérédité et une constance dans le sang qui déterminent une communauté d'âme et de pensée.
(...)
La race (...) aime le pays et le sert parce qu'elle hérite, dans son coeur comme dans son cerveau, de devoirs et de droits remontant à la plus haute antiquité.
(...)
Le vrai patriotisme se transmet de génération en génération à travers les millénaires, intact, pur, à la condition que un ou des mariages malencontreux, avec des femmes prises dans une mauvaise aire raciale, ne viennent altérer le sang de la race." (13)
Charles Maurras (14) :
- "Puisqu'on a commencé par l'unité de la patrie française en se groupant autour du Maréchal Pétain ; (...) puisque le premier acte du gouvernement a été de dire : la France aux Français, place au enfants directs de la terre et du sang, les métèques ne viendront qu'après eux." (15)
- "Nous sommes les maîtres de la maison que nos pères ont construite et pour laquelle ils ont donné leurs sueurs et leur sang. Nous avons le droit absolu de faire nos conditions aux nomades que nous recevons sous nos toits. Et nous avons aussi le droit de fixer la mesure dans laquelle se donne une hospitalité que nous pourrions ne pas donner." (16)
Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives sous Vichy (Graph. JEA/DR).
Xavier Vallat (17) :
- "En France, nous sommes chez nous, les étrangers ne peuvent y être que des invités, des visiteurs ou des domestiques (...). Les autochtones ont, non seulement le droit de ne pas être désavantagés au regard des métèques, mais aussi celui de jouir sur ces derniers de certaines prérogatives (...).
Pendant la guerre [14-18], la foule d'étrangers attirés par l'espoir de l'agio et les affaires louches s'est précipitée sur la France et l'a envahie ; elle s'y est gorgée d'argent, tandis que le peuple français se faisait décimer (...). Nous avons des parasites, épouillons-nous (...). Nous avons supporté les totos des tranchées parce qu'il le fallait, nous ne supporterons pas la vermine du monde." (18)
NOTES :
(1) Dans la bouche de Jean-Marie Le Pen, l'accent norvégien devient comme par hasard allemand...
(2) Lire la page 12 ainsi que la page 24 de ce blog.
(3) H. Béraud, Sans haine et sans crainte, Ed. de France, 1942, p. 234.
(4) Pseudonyme de Marie Jean Anselme (1891-1951). Fonde en 1934 une publication intitulée Racisme International Fascisme. En 1937, crée une Ligue Antijuive Universelle. Est arrêté pour collaboration avec les nazis en 1939. Libéré par les occupants, il écrit dans La France au travail, Le Réveil du Peuple et L'Epoque. Fuit la libération jusqu'à Sigmaringen. Condamné à mort en 1946, peine commuée en travaux forcés. Meurt en prison.
(5) Le Réveil du Peuple, 10 août 1942.
(6) Lire la page 24 de ce blog.
Sous le pseudonyme de Georges Virebeau. L'un des publicistes antisémites les plus prolifiques du siècle dernier (1910-2001). Directeur du Centre d'Action et de Documentation, service de publication et de délation au bénéfice des nazis avec lesquels il se sauvera à la fin de l'occupation. Condamné aux travaux forcés à perpétuité (peine commuée). Reprendra ensuite ses activités antisémites et antimaçonniques.
(7) Paris-Soir, 25 août 1940.
(8) R. Gillouin (1881-1971). Idéologue traditionnaliste de la "Révolution nationale", auteur de nombreux discours de Pétain jusqu'en 1942.
(9) René Gillouin, France 1941. La Révolution nationale constructive, Ed. Alsatia, 1941, p. 79.
(10) Dr Martial (1873-1955). Théoricien du "racisme scientifique" à "la française", soit "l'anthropobiologie des races"...
(11) René Martial, Français, qui es-tu ?, Mercure de France, 1942, p. 103.
(12) Aujourd'hui, 6 mai 1942.
(13) René Martial, Notre race et ses aïeux, Secrétariat général à la Jeunesse, 1943, p. 9.
(14) C. Maurras (1868-1952). A la tête de l'Action française, prône un retour à la monarchie héréditaire, se veut l'ennemi du régime parlementaire, se confirme un partisan acharné d'un antisémitisme d'Etat. En 1945, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Bénéficie d'une grâce médicale en 1952.
(15) Charles Maurras, La Seule France. Chronique des jours d'épreuve, H. Lardanchet, 1941, p. 272.
(16) L'Action française, 31 octobre 1940.
(17) Lire la p. 12 de ce blog.
(18) Soleil de Marseille, 1919, in Laurent Joly, Xavier Vallat, Du nationalisme chrétien à l'antisémitisme d'Etat, 1891-1972, biographie, Grasset, 2001, pp. 97-98.
Editorialiste de Gringoire, Henri Béraud était fier d'avoir fait monter son tirage à 650.000 exemplaires. C'était au prix de la plus abjecte des xhénophobies... Mais d'aucuns en ont gardé aujourd'hui encore la nostalgie et/ou en restent imprégnés... (Doc. JEA/DR).
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