MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

lundi 7 mars 2011

P. 15. Vous vous souvenez : 1944-2001.

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(Ph. JEA/DR).

En écho à Georges Perec :

1944
Vous vous souvenez des femmes et du bébé dénoncés par un voisin, nettoyeur de radiateurs pour voitures à La Plante.

1945
Vous vous souvenez de juste quelques mots prononcés par Paul Schaffer, matricule 160610 à Auschwitz : « personne ne nous a aidés à revenir au monde ».

1946
Vous vous souvenez avoir été privé des Paroles de Prévert parce que vous aviez dévoré trop de boudin noir.

1947
Vous vous souvenez de cette épidémie de Peste et des librairies encensant le responsable : Camus.

1948
Vous vous souvenez de l’assassinat de Gandhi et de la naissance d’Israël
.

1949
Vous vous souvenez du train miniature tournant au-dessus de l’entrée du cinéma programmant Nous irons à Paris.

1950
Vous vous souvenez du limonaire Thirion et des luminaires pour fêter la sortie d’une première moitié de siècle peu glorieuse.

1951
Vous vous souvenez d'une grille d'égoût dans le Troisième homme, film alors enfants non admis.

1952
Vous vous souvenez que l’Ilot n’était pas vraiment sacré quand Brel y chantait.

1953
Vous vous souvenez de Montand refusant d'interpréter Paris canaille de Ferré.

1954
Vous vous souvenez de la radio interrompant ses émissions pour annoncer la chute de Diên Biên Phu.

1955
Vous vous souvenez de Rosa Parks et des bus de Montgomery boycottés pendant 381 jours par les Noirs d’Alabama.

1956
Vous vous souvenez d’un peu d’Italie restée au fond du Bois du Cazier à Marcinelle.

1957
Vous vous souvenez de Laika condamnée à périr dans le spoutnik 2.

1958
Vous vous souvenez des pis de la chèvre de Picasso au pavillon français de l'Exposition universelle à Bruxelles.

1959
Vous vous souvenez pour toujours du Dernier des Justes d’André Schwarz-Bart.

1960
Vous vous souvenez des locomotives à vapeur qui crachaient tandis que vous lisiez sur un quai la déclaration d’indépendance du Congo par Lumumba.

1961
Vous vous souvenez du brasero la nuit du Nouvel An, à la gare de triage bloquée par les grèves dites insurrectionnelles.

1962
Vous vous souvenez de la Petite chanson du Bal perdu avec la voix d’André Bourvil.



1963
Vous vous souvenez avoir appris l'assassinat de Kennedy en vous agglutinant devant la vitrine du journal Vers l’Avenir, boulevard Mélot.

1964
Vous vous souvenez du prix Nobel de la Paix attribué au rêve de Martin Luther King.

1965
Vous vous souvenez de Raymond Devos jonglant avec les mots dans Pierrot le fou.

1966
Vous vous souvenez d’un premier ministre qui interdisait La Religieuse de Rivette.

1967
Vous vous souvenez que pour rien au monde vous n’auriez raté l’un des cinq volumes de L’Histoire de la Résistance en France par Noguères, Degliame-Fouché et Vigier.

1968
Vous vous souvenez que sous les pavés de cette année-là, se prolongeait la plage de votre premier mois de mai dans l’enseignement.

1969
Vous vous souvenez de Brassens, de Brel et de Ferré autour de la même table.

1970
Vous vous souvenez des élèves qui, dans une rue de Chênée, s’étaient alignés les mains au mur pour retarder de quelques minutes leur cours.

1971
Vous vous souvenez de la dernière des 898 chroniques d'Alexandre Vialatte quand c'est ainsi qu'Allah redescendit de La Montagne.

1972
Vous vous souvenez d’un François venant rejoindre Billetdoux, Bovesse, Couperin, Mansart, Perier, Pétrarque, Truffaut

1973
Vous vous souvenez que Fernand Raynaud s’est tué en écrasant sa Rolls sur le mur d’un cimetière. Il n'écoutait pourtant pas le dernier discours de Salvador Allende.

1974
Vous vous souvenez du taffetas léger d’une Florence.

1975
Vous vous souvenez de la légalisation des interruptions volontaires de grossesse après que Simone Veil ait été invitée à retourner à Auschwitz par des bergers allemands de son parti.

1976
Vous vous souvenez avoir filmé à Ougrée le site où sont abandonnées les coulées dans lesquelles un métallo a perdu la vie.

1977
Vous vous souvenez de la voix singulière de Charles Denner, L’ homme qui aimait les femmes autant que Truffaut lui-même.

1978
Vous vous souvenez d’Isabelle-Violette Huppert-Nozière sous les projecteurs gourmets de Chabrol.

1979
Vous vous souvenez qu’après la mort de sa mère, Trenet va s’enfermer deux ans durant.

1980
Vous vous souvenez d’avoir eu Le dos au mur auprès de votre pote Jean-Pierre Thorn.

1981
Vous vous souvenez que la peine de mort allait enfin être mise à mort elle-même.

1982
Vous vous souvenez que l’homosexualité n’est plus un délit en France.

1983
Vous vous souvenez que Stern se vantait d’avoir retrouvé le pseudo Journal intime d’Hitler.

1984
Vous vous souvenez avoir filmé la fermeture du dernier charbonnage de Wallonie, le Roton, sans oublier le bistrot devant la sortie : « Au mieux qu’en face ».

1985
Vous vous souvenez de Jean-Roger Caussimon, c’était comme à La Pitié Salpetrière et comme partout ailleurs, quand sur la ville tombe la pluie...



1986
Vous vous souvenez vous être fait tant de Mauvais sang jusqu’à la rencontre d’une sucolchique dans les prés.

1987
Vous vous souvenez que Pierre Seghers n’allait plus ouvrir les cages aux oiseaux de la poésie.

1988
Vous vous souvenez d’Erik Orsenna avec sa casquette de guide de l’Exposition coloniale.

1989
Vous vous souvenez du violoncelle de Rostropovitch fissurant le mur du silence à Berlin.

1990
Vous vous souvenez, grâce à Maxime Steinberg, des yeux du témoin ainsi que du regard du borgne révisionniste.

1991
Vous vous souvenez de Tous les matins du Monde dans un Parc des Chiroux.

1992
Vous vous souvenez que Le silence des agneaux fit beaucoup parler de lui.

1993
Vous vous souvenez d’une main noire – Mandela - et d’une blanche – de Klerk - se partageant le Prix Nobel de la Paix.

1994
Vous vous souvenez de Léon Degrelle mourant enfin à Malaga après avoir obstinément refusé de passer l’arme sous prétexte que c’était à gauche.

1995
Vous vous souvenez qu’à Précy-sur-Marne, Barbara répondait sur une ligne directe aux malades du Sida.

1996
Vous vous souvenez que, laissée dans une cave depuis 1950, la peine de mort disparaît de la législation belge alors que débute l’affaire Dutroux.

1997
Deux ans après, vous vous souvenez comme hier du Train des 1000 vers Auschwitz, arrêté de nuit à la frontière polonaise, tous les élèves non blancs descendus sur les quais et sous la neige par le comité d'accueil des flics.

1998
Vous vous souvenez de Sagan rédigeant son épitaphe : « Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. »

1999
Vous vous souvenez de mouettes répétant avec effroi « Erika, Erika… » et portant leur deuil.

2000
Vous vous souvenez de vos pas dans ceux de Jean-Claude Pirotte aux alentours du Mont Afrique.

2001
Vous vous souvenez avoir quitté vos classes sans savoir que jamais vous n’y retourneriez.

(Ph. JEA/DR).

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53 commentaires:

  1. je me souviens, avec mes variantes personnelles (comme la mort de Kennedy apprise sur un transistor au son étouffé dans un foyer)

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  2. @ brigetoun

    Dans vos réminiscences évoquées sur l'un de vos blogs, m'ont particulièrement touché ces péniches louées pour l'anniversaire de votre Père...

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  3. Est-ce permis de sentir sa gorge se serrer un peu ? je prends le train en marche en 1950 mais que de souvenirs communs mais aussi que d'évènements oubliés et qui reprennent vie sous votre plume (plume ? clavier ?)

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  4. @ Dominique

    Gorge serrée... La mienne un peu plus depuis ce commentaire d'hier qui au nom de Béraud, me prend personnellement à la gorge avec, en prime, les cris de "haineux névrotique" et de "profondément malhonnête".

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  5. JEA, j'ai moi-même la gorge serrée depuis hier.

    Je suis très touchée par cette page-ci, admirable, qui dit beaucoup.

    Je reviendrai vous parler. Pour le moment, ma peine est trop grande. De vous savoir blessé.

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  6. 2011. Vous vous souvenez avec émotion de la renaissance de Mo(t)saïques.
    Vous souhaitez réécouter "Monsieur le Maître d'école" de Bourvil.

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  7. @ Michèle

    Malgré des années d'apprentissage et d'orages, des cratères s'ouvrent encore parce que votre mémoire ne prendra jamais la forme de nids, ceux dans lesquels des oiseaux aux plumes littéralement scintillantes voudraient déposer les oeufs troubles et vermoulus de leurs sympathies voulant tout excuser et à tout prix.

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  8. @ noel

    après 2001, je n'ai pas poursuivi : trop intime, trop proche
    mais je me souviens des roses sans épines et de leurs vents favorables encourageant une suite aux Mo(t)saïques...

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  9. @ noel

    voilà, grâce à toi, il suffit de cliquer sur Bourvil...

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  10. Beaucoup d'émotion à la lecture de cette page.

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  11. @ Danièle Duteil

    Hélas, faute d'y avoir jamais posé un carnet de notes, pas d'île de Ré sur cette page. Même pas, mais faute d'espace, Hoëdic ni Chaussey où cependant plus d'un habitant reconnaîtrait sans hésiter ma silhouette...

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  12. Ah mais je ne savais pas comment était mort Fernand Reynaud ! Oh c'est bouleversant !

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  13. @ Euterpe

    Il semblait sans âge mais les nécrologies précisaient : 47 ans. Une stèle marque sa sortie de route et des artistes à Cheix-sur-Morge dans le Puy-de-Dôme.

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  14. En attendant, voici ce haïku en direct de l'île de Ré :

    mer lisse
    sous le soleil rouge
    un voile de brouillard

    7 mars 2011, 18h30

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  15. Le petit bal perdu est toujours d'actualité, le soir tard

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  16. @ Danièle Duteil

    Des îles proches du continent, la vôtre est sans conteste la plus douée pour la gamme d'ut...
    Grâce vous soit rendue de la rendre unique pour tous les haïkus s'y métamorphosant en fruits de mer, en fleurs de soleil, en arbres de brouillards.

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  17. @ Gérard Méry

    Cette version recueillie par l'INA est d'une superbe sobriété. Le noir et blanc lui confère un plus d'atmosphère qui échappe aux rides du temps. Non ?
    Vous avez signé des photos prises ainsi tard le soir ?

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  18. Larmes aux yeux plutôt que gorge serrée...

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  19. @ Su

    Lumière dans les larmes et... arc-en-ciel.

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  20. Après 2001, vous vous souvenez pour vous et c'est bien.

    Ces signes annuels sont des empreintes dans un sable non dérangé par la mer respectueuse.

    (En 2012, on espère tous se souvenir que ce n'est pas un autre genre de marine qui viendrait pousser au débarquement. Mais les boîtes à sondages sont des cages à oiseaux de mauvais augure.)

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  21. @ Dominique Hasselmann

    Après 2001, c'est vraiment une autre histoire à moins dormir debout...

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  22. @ Danièle Duteil

    Ré : sous une bonne étoile tant que les tempêtes restent en coulisses...

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  23. JEA
    Merci d'éclairer nos mémoires
    pour les souvenirs enterrés par nos prédécesseurs alors que nous n'étions encore que des poussières d'embryons
    pour les souvenirs que nous avons oubliés, perdus dans la masse des informations assommées au gré des circonstances ou de sombres desseins
    pour des souvenirs vivaces et qui prennent ici une bolée de lumière.

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  24. @ saravati

    C'est un peu la ligne de démarcation entre le journalisme et l'histoire, tous deux complémentaires et indispensables pour oxygéner nos mémoires.
    Le premier s'attache à l'immédiateté. La seconde, avec le recul et l'élargissement des sources, compare, analyse, met en perspectives...
    Cette page puise aux deux sources...

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  25. Mais vous savez aussi bien que moi, JEA, que tout choix d'histoire est un choix engagé. Et qu'elle s'écrit non seulement en fonction de données du passé mais d'un éclairage réactualisé où nois puisons chaque jour nos sources.
    Les vôtres, en tout cas, sont fort riches et intéressantes !

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  26. Merci JEA; tant de souvenirs émouvants, pas mal de découvertes aussi comme Caussimont, Pirotte...
    Mes yeux brillent toujours en écoutant Léo Ferré ou en me souvenant des immenses efforts déployés par Simone Veil. Et puis ce petit bal pas perdu dans ma mémoire.

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  27. @ Saravati

    Là je suis rouge, on va encore m'estampiller comme "histo-rien de gauche"...
    Mais c'est rouge d'authentique confusion. Merci à vous.

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  28. @ Colo

    Pendant au moins son exil ardennais, Jean-Claude Pirotte marqua sa filiation avec André Dhôtel :
    "En vérité il n'était pas question de bonheur ni de malheur, mais de passer comme passent les mouches, les oiseaux ou les crapauds. Pas inutilement. Cela demeurait très nécessaire pour la figuration du monde. Il ne fallait pas mépriser les plus simples démarches."

    Pour l'anecdote, il devait alors traîner un mandat d'arrestation belge au nom de Pirotte, lequel était hébergé par un hôtelier de Rethel, une sorte de mécène sincère offrant lit et couvert.
    Pour gagner un peu sa croûte, Jean-Claude donna par exemple une conférence organisée par le Lion's du coin. Avec au premier rang de l'assistance, l'un ou l'autre gradé de la Gendarmerie française...

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  29. Il y a bien des choses que j'ignorais!

    J'aime beaucoup la vidéo de Ferré.

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  30. @ dominique

    il y a aussi sur cette page pas mal de "choses" personnelles et seulement partagées jusqu'ici avec de très proches...

    avec Caussimon-Ferré, pas d'hiver pour la chanson française

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  31. Michèle (Pambrun)9 mars 2011 à 17:22

    J'ai relu chacun de vos fragments et lu (écouté, regardé) le lien que vous y insérez.
    Je reviendrai fréquemment sur cette page.
    Merci de ces présents précieux.

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  32. @ Michèle (Pamprun)

    La clef fermant la porte d'ici n'a pas encore été forgée. Plutôt majuscule, la table est ouverte, elle aussi. Des bouquins attendent un peu beaucoup partout et dans un aimable désordre. Le feu de bois n'est pas leur ennemi, ils cohabitent pacifiquement. Deux lièvres viennent d'élire domicile près du bureau. Deux poules noires du voisin lointain viennent parfois les inviter à rêver...
    Le téléphone est aphone. Pas d'étrange lucarne.
    Vous revenez quand vous le souhaitez.

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  33. Merci. Je me sens bien dans votre maison. J'apporte du fromage des Pyrénées, du Madiran et un duvet :)

    J'ai signé tout à l'heure de mon nom complet ; je reprends mon prénom seul, sous lequel je fréquente depuis le début votre chaleureuse table toujours ouverte...

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  34. @ Michèle

    Sur la page 147 (21 juillet 2009) de la première version de Mo(t)saïques, s'était déjà évadé votre nom complet...

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  35. Bonjour,
    je découvre vos pages...enthousiasme et admiration !
    C'est passionnant .

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  36. @ Adria Cheno

    Permettez de vous souhaiter la bienvenue...

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  37. Je me souviens et j'écoute Ferré !

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  38. @ Gérard Méry

    Allez, encore une chanson de Ferré pour la route...

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  39. Je suis allée voir la p. 147, c'était sur Ed MacBain. Et vous m'invitiez à écrire sur James Lee Burke, dont je parlais. Cette invitation-là je ne l'avais pas vue. Je me souviens de cette espèce d'intimidation que je ressentais. A l'imparfait, car aujourd'hui j'y préfère le parfait d'une évidence...
    Si j'essaie de comprendre, je crois pouvoir dire que Mo(t)saïques m'impressionnait par la somme qu'est ce site.
    Dans cette 2e mouture, cave et grenier sont encore abordables (sourire)...

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  40. @ Michèle

    Ce n'était pas une invitation d'un jour. Elle vaut toujours...

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  41. Très beau, merci. Cher JEA, à partir des années 1960, beaucoup de nos souvenirs se croisent... :0)

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  42. @ Sophie K.

    Heureux de vous lire libérée du piège de la maladie...

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  43. Ce billet est extraordinaire ! J'y reviendrai de temps en temps... pour profiter un max de chacun des liens. Aujourd'hui : la voix de Camus, les mains de Juliette Greco, le regard de Bourvil et "votre" train des 1000 !
    Une question sur ce souvenir : ai-je bien compris que les élèves métissés ont été vérifiés séparément ?

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  44. @ MH

    Le train des 1.000 représentait forcément un convoi "spécial" entre Namur et Auschwitz. Le plus long d'ailleurs parti de Wallonie depuis ceux de l'occupation.
    Première alerte à la frontière allemande, ce fut plutôt tendu. Nous étions forcément annoncés et attendus.
    Mais à la frontière polonaise ! Il neige. Vers 3h du matin.
    Les Polonais de service ont fait réveiller puis descendre sur les quais, sans abris, TOUS les élèves dits de couleur. Habillés à l'as de pique. Ils étaient en ordre question papiers évidemment. Un voyage comme celui-là était préparé depuis plus d'un an.
    Mais non, les Noirs, les Asiatiques, les Nord-Africains etc, tous dehors !!!
    Sur plus de 1200 jeunes, les victimes de cette ségrégation policière faisaient nombre.
    Ce scandale absolu a été inter-minable.
    Je profite de ce commentaire pour saluer encore ces jeunes aux parents originaires d'Afrique du Nord, de Turquie. Tous venus volontairement, sachant où et pourquoi et souvent même contre les opinions familiales.
    Nous avons ensuite travaillé sur place une semaine. Pas besoin d'insister sur les difficultés provoquées par des hébergeurs polonais prévenus mais refusant de nourrir nos élèves avec autre chose que du cochon !

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  45. Merci pour votre réponse qui me laisse pantoise.

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  46. @ MH

    Et celle-ci. Tout est hypervérifié avant le départ. Vous imaginez. Plus de 1200 jeunes mais aussi la vingtaine de rescapés qui accompagnent...
    Et cependant. Quand, à l'heure prévue, se présente le premier groupe, l'entrée à Auschwitz est refusée. Une augmentation non annoncée est exigée alors que les versements ont été accomplis en temps utile et avec preuves !!! De l'arnaque à grande échelle.

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  47. Je reste moi aussi médusée, estomaquée par ce que vous dites à propos du "Train des mille".
    J'ai relu le fragment relatif à 1995 ; je crois que je n'avais pas voulu comprendre. Je remercie MH de sa question.

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  48. Le fragment 1997 et pas 1995. Soit le souvenir à vif, deux ans après que l'événement a eu lieu.

    Et je n'en reviens pas. Même en sachant qu'on n'en a jamais fini et que Rien n'est jamais acquis à l'homme.

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  49. @ Michèle

    Ce décalage 95-97 parce que, assez étrangement, ce "voyage pédagogique" a été suivi d'une période comme d'intériorisation. Avec ses silences.
    Au bout de deux ans, nous nous sommes retrouvés dans une Maison de la Culture. Avec notamment un déporté qui nous avait accompagnés là-bas. Il avait sauvé sa (sur)vie en jouant du violon à Auschwitz et n'avait plus jamais touché un instrument de musique depuis lors. L'épouse de ce rescapé est venue me regarder durement dans les yeux. Pour me reprocher d'avoir fait parler son mari qui s'était obstinément tu jusque-là, même pour elle.
    Avec le Train des 1000, des silences étaient tombés. Mais à notre tour, nous en élaborions d'autres.

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  50. J'ai lu, en retard, ces Réminiscences qui m'ont fait penser au fameux "Inventaire", mais en mieux. Si!
    Cela me fait penser que je dois écrire à Jean-Claude Pirotte dont je n'ai plus de nouvelles depuis un bout de temps. Je l'ai toujours bien aimé (déjà quand je l'ai connu, jeune avocat à Namur) et je crois avoir lu tous ses livres : un régal.
    Merci pour tout cela JEA.
    Edith.

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  51. @ Edith

    Il émigre de région viticole en vignobles. Là, il dégusterait en pays d'Arbois si je n'ai pas un déplacement de retard...
    Nous éprouvons une tendresse partagée pour lui. Et comme il l'écrit :
    - "La littérature ne tient qu'à un fil et le fil est absent..."

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