(Mont. JEA/DR).
Georges Perec :
- "Tu peux être Dieu des chiens, Dieu des pauvres, il te suffit d'une laisse, d'un peu de mou... mais tu ne seras jamais maître de l'arbre. Tu ne pourras jamais que vouloir devenir arbre à ton tour."
Cette sombre chose survenue
le troisième jour du troisième mois 1982
Perec
Allumeur de soufre pour que s'enflamment des mots éteints.
Décorneur de boeufs à la langue de bois.
Enfonceur de fenêtres pour sortir au soleil et aérer les vocabulaires.
Architecte paysager de livres labyrinthes.
Ecrivain public alors que tant d'autres se contentent d'écrire ailleurs.
Joyeux pirate hic et nunc de la sémantique.
Alchimiste métamorphosant les plombs des imprimeurs en or de bouquins précieux.
Avec Georges Perec, les choses les plus ceci et les moins cela entrèrent dans la vraie vie par la porte de son porte-plume et reçurent leurs lettres de noblesse.
Avant que l'anniversaire (à quelque... chose ?) de sa mort ne prenne de l'ampleur, cette page de calendrier.
Hervé Le Tellier :
- "Georges Perec naît à Paris de parents juifs polonais, tous deux décédés durantla Seconde Guerre mondiale: son père au front en 1940, sa mère déportée à Auschwitz en 1942. Georges Perec passera son enfance entre Paris et le deux V entrelacés de W ou le Souvenir d’enfance, Villard-de-Lans et Lans-en-Vercors.
Perec
Allumeur de soufre pour que s'enflamment des mots éteints.
Décorneur de boeufs à la langue de bois.
Enfonceur de fenêtres pour sortir au soleil et aérer les vocabulaires.
Architecte paysager de livres labyrinthes.
Ecrivain public alors que tant d'autres se contentent d'écrire ailleurs.
Joyeux pirate hic et nunc de la sémantique.
Alchimiste métamorphosant les plombs des imprimeurs en or de bouquins précieux.
Avec Georges Perec, les choses les plus ceci et les moins cela entrèrent dans la vraie vie par la porte de son porte-plume et reçurent leurs lettres de noblesse.
Avant que l'anniversaire (à quelque... chose ?) de sa mort ne prenne de l'ampleur, cette page de calendrier.
Hervé Le Tellier :
- "Georges Perec naît à Paris de parents juifs polonais, tous deux décédés durant
Après des études de lettres, où il rencontre Marcel Bénabou, il devient documentaliste au CNRS et publie ses premiers articles dans Partisans. Il publie son premier roman, Les Choses, en 1965. Ce roman « sociologique » de facture flaubertienne est couronné par le prix Renaudot.
En 1966, il publie un bref récit truffé d’inventions verbales, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, et entre l’année suivante à l’Oulipo, dont il devient l’une des figures majeures. Il expérimente toutes sortes de contraintes formelles : La Disparition (1969) est un roman écrit sans la lettre e (lipogramme) ; Les Revenentes (1972), où la seule voyelle admise est le e. Son roman le plus ambitieux, La Vie mode d’emploi (prix Médicis 1978), est construit comme une succession d’histoires combinées à la manière des pièces d’un puzzle, et multiplie les contraintes narratives et sémantiques.
L’œuvre de Perec s’articule, semble-t-il, autour de trois champs différents : le quotidien, l’autobiographie, le goût des histoires. Le jeu est toujours présent, tout comme la quête identitaire, et l’angoisse de la disparition."
(OuLiPo).
Philippe Bach :
- On sait la déchirure qu'a constitué la Shoah dans l'existence de Perec enfant (son père est tué au début de la guerre, sa mère est déportée à Auschwitz où elle est assassinée, trois tantes subiront le même sort). Fait significatif : dans une interview parue en 1965 dans
Mais si les racines juives de Perec sont revendiquées, c'est dans une perspective essentiellement littéraire. Les Choses doivent ainsi beaucoup à L'Espèce humaine de Robert Antelme: «[Ce dernier] m'a montré comment réfléchir sur ce qu'on a vécu», explique l'auteur, «j'ai puisé dans sa dialectique entre les souvenirs et la réflexion, le détail et sa généralisation, sa distanciation, une démarche essentielle».
Quant à la notion d'absence et de manque, autre notion-phare de l'oeuvre de Georges Perec, elle est évoquée dès les premiers entretiens. On fait bien sûr le lien avec La Disparition, le lipogramme en e qui en sera une traduction littéraire au niveau langage."
(Le Courrier, 12 septembre 2003).
42
Je me souviens que je me demandais si l'acteur américain William Bendix était le fils des machines à laver.
87
Je me souviens que Caravan, de Duke Ellington, était une rareté discographique et que, pendant des années, j'en connus l'existence sans l'avoir jamais entendu.
105
Je me souviens de "Bébé Cadum".
112
Je me souviens que Colette était membre de l'Académie royale de Belgique.
123
Je me souviens que la violoniste Ginette Neveu est morte dans le même avion que Marcel Cerdan.
148
Je me souviens que Fidel Castro était avocat.
152
Je me souviens que Warren Beatty est le petit frère de Shirley McLaine.
167
Je me souviens que les Platters furent impliqués dans une affaire de drogue, et aussi que le bruit courut que Dalida était un agent du F.L.N.
196
Je me souviens que Marina Vlady est la soeur d'Odile Versois (et qu'elles sont les filles du peintre Poliakoff).
211
Je me souviens d'un fromage qui s'appelait "la Vache sérieuse" ("la Vache qui rit" lui a fait un procès et l'a gagné).
230
Je me souviens qu'à la fin de la guerre, il y eut une "affaire Petiot" qui ressemblait à l'affaire Landru.
268
Je me souviens que pendant son procès, Eichmann était enfermé dans une cage de verre.
313
Je me souviens de Bourvil.
Je me souviens d'un sketch de Bourvil dans lequel il répétait plusieurs fois en conclusion de chaque paragraphe de sa pseudo-conférence: "L'alcool, non, l'eau ferrugineuse, oui!"
363
Je me souviens du film de Louis Daquin, l'Ecole buissonnière, avec Bernard Blier, qui s'inspirait des méthodes Freinet.
369
Je me souviens de Caryl Chessman.
382
Je me souviens de la colombe de Picasso, et de son portrait de Staline.
______
Nous nous souvenons de Georges Perec et de Bernard Queysanne :
"Un homme qui dort"
(les dix premières minutes de ce sommeil éveillé avec des rêves en 24 images/seconde)
Arte :
- "Paris, 1974. Un étudiant (Jacques Spiesser) refuse de continuer ses études et choisit de "vivre au point mort". "Un Homme qui dort" est le journal strict et précis de cette contestation radicale et existentielle de la société, à la limite de la schizophrénie.
(Mont. JEA/DR).
Georges Perec : Je me souviens
(extraits, à vous de tisser vos propres liens).Georges Perec : Je me souviens
42
Je me souviens que je me demandais si l'acteur américain William Bendix était le fils des machines à laver.
87
Je me souviens que Caravan, de Duke Ellington, était une rareté discographique et que, pendant des années, j'en connus l'existence sans l'avoir jamais entendu.
105
Je me souviens de "Bébé Cadum".
112
Je me souviens que Colette était membre de l'Académie royale de Belgique.
123
Je me souviens que la violoniste Ginette Neveu est morte dans le même avion que Marcel Cerdan.
148
Je me souviens que Fidel Castro était avocat.
152
Je me souviens que Warren Beatty est le petit frère de Shirley McLaine.
167
Je me souviens que les Platters furent impliqués dans une affaire de drogue, et aussi que le bruit courut que Dalida était un agent du F.L.N.
196
Je me souviens que Marina Vlady est la soeur d'Odile Versois (et qu'elles sont les filles du peintre Poliakoff).
211
Je me souviens d'un fromage qui s'appelait "la Vache sérieuse" ("la Vache qui rit" lui a fait un procès et l'a gagné).
230
Je me souviens qu'à la fin de la guerre, il y eut une "affaire Petiot" qui ressemblait à l'affaire Landru.
268
Je me souviens que pendant son procès, Eichmann était enfermé dans une cage de verre.
313
Je me souviens de Bourvil.
Je me souviens d'un sketch de Bourvil dans lequel il répétait plusieurs fois en conclusion de chaque paragraphe de sa pseudo-conférence: "L'alcool, non, l'eau ferrugineuse, oui!"
363
Je me souviens du film de Louis Daquin, l'Ecole buissonnière, avec Bernard Blier, qui s'inspirait des méthodes Freinet.
369
Je me souviens de Caryl Chessman.
382
Je me souviens de la colombe de Picasso, et de son portrait de Staline.
______
Nous nous souvenons de Georges Perec et de Bernard Queysanne :
"Un homme qui dort"
(les dix premières minutes de ce sommeil éveillé avec des rêves en 24 images/seconde)
Arte :
- "Paris, 1974. Un étudiant (Jacques Spiesser) refuse de continuer ses études et choisit de "vivre au point mort". "Un Homme qui dort" est le journal strict et précis de cette contestation radicale et existentielle de la société, à la limite de la schizophrénie.
UN HOMME QUI DORT est un projet de cinéma un peu fou : sans vedette, deux réalisateurs quasi inconnus, en noir et blanc, entièrement en voix-off, et un pari de mise en scène reposant sur la rigueur et l’esthétique. Le résultat est fascinant."
.
merci de commémorer si bien cette date (j'avoue que je l'ignorais)
RépondreSupprimer@ brigetoun
RépondreSupprimermerci à vous pour les photos royales publiées sur votre blog ce matin...
Fabuleux aussi, "Espèces d'espaces" (Galilée, 1974/2000),
RépondreSupprimeret ces publications qu'il n'aura pas connues :
au Seuil (La Librairie du XXIe siècle): "L'infra-ordinaire"(sept. 1989) et "Penser/classer"(2003).
au Seuil (La Librairie du XXe siècle) : "Je suis né" (nov. 1990)
7.IX.70
Carros
Je suis né le 7.3.36. Combien de dizaines, de centaines de fois ai-je écrit cette phrase ? (...)
Merci, JEA, de ce billet à la mémoire de Perec, toujours bien vivant dans notre regard sur le monde.
Georges Perec : une "disparition" fictive.
RépondreSupprimerLe "Je suis né", (dont l'édition a été préparée par Philippe Lejeune avec Eric Beaumatin et Marcel Bénabou - indication donnée par le directeur de collection Maurice Olender -)
RépondreSupprimerest une préfiguration papier de ce que sont aujourd'hui beaucoup de blogues (parfois édités papier, comme tels) :
Les textes en sont divers : brouillon, nouvelle, récit oral, note critique, article de journal, interview, argument d'un livre, texte écrit pour une radio, etc.
En "switchant"(je pique le mot à Jean-Louis Kuffer) sur le nom de Brigitte, je découvre -mieux vaut tard que jamais-, qu'elle tient d'autres blogues que "Paumée", et il y a de la matière ! Quelle travailleuse ! et moi je ne suis même pas foutue d'en faire un (sourire).
@ D. Hasselmann
RépondreSupprimerVoilà bien un titre dont je rêvais inconsciemment...
@ Michèle
RépondreSupprimerLorsque vous évoquez à si juste titre "la préfiguration" de nombreux blogues actuels, je pense aussitôt à "Certains Jours" de Frasby. Mais son serveur la tourmente actuellement et c'est grandement pitoyable !!!
Tout en Brigitte est unique : son encre sympathique, sa plume étoile filante, ses ciels jamais artificiels...
Elle est unique mais pluri-elle dans ses publications...
Sur feu Mo(t)saïques et quand le temps était favorable, une page blanche était remise à des invité(e)s. A "charge" pour elles, pour eux, d'en accepter l'écriture et/ou les illustrations selon leurs inspirations.
Cette mouture 2 pourrait s'enrichir de telles (ré)ouvertures. L'une semble déjà prévue avec Paul. Et pourquoi pas aussi votre page ici ???
JEA, je suis très touchée et très honorée par votre généreuse proposition. Inutile de vous dire que je m'en sens totalement indigne. Je ne me permettrai pas de la refuser. Simplement, laissez-moi un peu de temps et je vous dirai si cela me semble possible.
RépondreSupprimerMerci infiniment, infiniment.
@ Michèle
RépondreSupprimerAucun calendrier ni délai.
Merci.
RépondreSupprimerJe me souviens particulièrement de son livre " les choses" qui m'a déterminée à opter pour des études en sociologie...
RépondreSupprimer@ Su
RépondreSupprimerLà, je me souviendrai de cette première, un comment-taire de Su...
Je découvre ce film étrange et qui sonne si juste pour quiconque a été tenté par l'inertie face à la folie galopante du monde.
RépondreSupprimer@ zoé lucider
RépondreSupprimerHélas, trois fois hélas, je n'ai pas trouvé de version complète. Peut-être en Espagnol mais là, c'est plus du domaine de Colo...
Bonjour JEA, je me mets illico à sa recherche!!! Comme Zoé,j'ignorais l'existence de ce film, l'extrait est d'une puissance incroyable.
RépondreSupprimerJe reviendrai avec des nouvelles dès que possible. Bonne journée.
@ Colo
RépondreSupprimerEn préparant cette page, j'ai effectivement rencontré plusieurs versions espagnoles. Totalement dépourvu de vos qualités juxta linéaires, impossible d'en évaluer la fidélité aux mots de G. Perec.
Quel formidable billet hommage, partagée entre nostalgie et sourire je n'ai plus qu'un envie c'est lire en totalité ce texte que je ne connaissais pas , et puis écrire (pour soi) sa propre litanie...
RépondreSupprimerUn compagnon. Il m'arrive d'oublier combien je l'aime, mais jamais de cesser de le faire.
RépondreSupprimer@ Dominique
RépondreSupprimerUn scoop. La prochaine page de ce blog sera intitulée :
"Vous vous souvenez 1944-2001".
@ anita
RépondreSupprimerVos chaussures seraient-elles mouillées ? Vous nous écrivez d'un bout du monde ?
Entrez. Le temps de vous allumer un feu de tourbe paresseux mais parfumé. De réchauffer de l'eau ainsi que de rassembler des herbes et graines pour un hot que vous choisirez...
Un billet qui ravive bien des souvenirs. Merci pour cet hommage à Georges Perec.
RépondreSupprimerEn effet "fascinant" cet homme qui dort... je me souviendrai de ce rat qui n'a que sa propre évidence mais ce n'est déjà pas si mal.
RépondreSupprimer@ MH
RépondreSupprimerUn rabat-joie...
@ Danièle Duteil
RépondreSupprimerA propos de souvenirs, depuis votre retour d'un séjour entre Inde et Chine, merci pour ceux qui émaillent votre blog.
@ Colo
RépondreSupprimerMa gratitude pour vos recherches ne vous ayant conduite hélas qu'au bord d'un désert.
je me souviens que je laisse les sous venir
RépondreSupprimer@ Gérard Méry
RépondreSupprimerje me souviens de mes sous pires...
à chaque clap de chacune de vos photos, silence ! bonheur !!!
@ JEA,
RépondreSupprimerMerci ! C'était au Vietnam et Cambodge.
@ Danièle Duteil
RépondreSupprimerMa réponse fut rédigée dans l'ignorance d'un deuil n'allant pas vous épargner...
"L'espace commence ainsi, avec seulement des mots, des signes tracés sur la page blanche. Décrire l'espace: le nommer, le tracer, comme ces faiseurs de portulans qui saturaient les côtes de noms de ports, de noms de caps, de noms de criques, jusqu'à ce que la terre finisse par ne plus être séparée de la mer que par un ruban continu de texte." PEREC, Espèces d'espaces
RépondreSupprimer@ merci Tania
RépondreSupprimerau sol mot de "portulans", les horizons reculent, l'espérance change de cap, les finistrères n'en finisssent pas de rimer avec mystères...
Merci, JEA. Je partage surtout la douleur de quelqu'un que j'aime infiniment.
RépondreSupprimerUn très bel hommage! Les photos et les textes sont magnifiques. Cela fait 29 ans qu'il nous a quittés.
RépondreSupprimer@ dominique
RépondreSupprimerfranchement, cette page après de longues hésitations, m'imaginant à la traîne de la presse et de multitudes de blogs...
et puis non, un anniversaire passé aux pertes et profits de la littérature