MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 22 août 2013

P. 259. Journal de Victor Klemperer : les mois d'août 1934, 1935, 1936 et 1937...


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Victor Klemperer
Mes soldats de papier, Journal 1933-1941

Editions du Seuil, 2000, 793 p.


4e de couverture

- "Victor Klemperer (1881-1960), cousin du célèbre chef d'orchestre Otto Klemperer (1), fils de rabbin, converti au protestantisme, était professeur de romanistique à Dresde (2). En 1934, il est destitué de ses fonctions en tant que juif et n'a plus le droit d'enseigner. Il reste à Dresde, avec sa femme Eva (3), elle-même protestante, pianiste, pendant toutes les années du nazisme. Travailler, écrire, écrire au péril de sa vie, laisser une trace authentique de l'horreur, donner une voix à ceux qui ne sont plus, c'est sa lutte à lui, ce qu'il appelle ses soldats de papier. Obstinément il poursuit sa tâche de chroniqueur et, sans même pouvoir disposer des pages écrites la veille, portées systématiquement par Eva chez une de leurs amies, note la persécution au jour le jour, dans ses moindres détails. Un document sans équivalent sur la vie quotidienne des juifs prisonniers de l'intérieur dans l'Allemagne du IIIe Reich."

Victor Klemperer

- "Je veux porter témoignage.
- Tout ce que vous écrivez, on le sait déjà, et les grandes choses, [...] vous ne les connaissez pas.
- Ce ne sont pas les grandes choses qui importent, mais la tyrannie au jour le jour que l'on va oublier. Mille piqûres de moustiques sont pires qu'un coup sur la tête. J'observe, je note les piqûres de moustiques...
Un peu plus tard :
- J'ai lu quelque part que la peur de quelque chose est pire qu'ici chose elle-même. Quelle angoisse, avant la perquisition ! Et quand la Gestapo est venue, j'étais froid et résolu. Après, qu'est-ce qu'on a bien mangé ! Toutes les bonnes choses que nous avions cachées et qu'ils n'ont pas trouvées...
- Vous voyez, voilà ce que je note :

Obligation de rester chez soi après huit ou neuf heures du soir. Contrôle ! Chassés de notre propre maison. Interdiction d’écouter la radio, interdiction d’utiliser le téléphone. Interdiction d’aller au théâtre, au cinéma, au concert, au musée. Interdiction de s’abonner à des journaux ou d’en acheter. Interdiction d’utiliser tout moyen de transport […]. Interdiction d’acheter des fleurs. […] Interdiction d’aller chez le coiffeur. […] Obligation de remettre aux autorités les machines à écrire, les fourrures et les couvertures en laine, les bicyclettes […], les chaises longues, les chiens, les chats, les oiseaux. […] interdiction d’emprunter la pelouse municipale et les rues adjacentes du Grosser Garten, interdiction… […] Voilà, je crois que c’est tout. Mais, pris tous ensemble, ces 31 points ne sont rien face au danger permanent de perquisition, de sévices, de prison, de camp de concentration et de mort violente."

J-S Félix


- « Plutôt une fin épouvantable qu'une épouvante sans fin ». Tels sont les mots d'un homme accablé par la déchéance physique et morale ; celle d'un intellectuel juif allemand, témoin de la montée en puissance et de l'avènement monstrueux du IIIe Reich. Converti au protestantisme mais persécuté en raison de ses origines hébraïques par le régime nazi, Victor Klemperer restera en Allemagne jusqu'à la fin du second conflit mondial et trouvera dans ses prises de notes quotidiennes le moyen de résister en Homme au tourbillon de brimades qui s'abattent sur la communauté juive dès 1934. Ces cahiers, qu'il parvint à conserver tant bien que mal au milieu des persécutions, ne furent jamais retouchés et nous offrent aujourd'hui un récit aussi authentique qu'effroyablement précis de la descente vers l'enfer de la Shoah. De la sorte, puissance littéraire et intérêt historique se combinent dans ces journaux de bord où l'émotion prend souvent le pas sur le témoignage atone de l'universitaire. Mémoires d'un être revenu de la nuit noire et dont l'écriture en porte encore les cruels stigmates."

Daniel Bermond

- "Voici un des témoignages les plus bouleversants sur la vie au quotidien dans la communauté juive de Dresde, ou ce qu'il en restait, décimée par les rafles, les assassinats, la faim et les maladies, à l'époque nazie. De 1933 à 1945, jour après jour, Victor Klemperer, auquel son mariage avec une "Aryenne" épargna le sort radical des autres juifs, raconta les brimades, les exécutions, les perquisitions, bref ce martyre distillé sur douze ans du ghetto juif de Dresde. Une effroyable litanie de mesquineries criminelles tout juste tempérée par une parole anonyme dans la rue, par une poignée de main à la sauvette. Certains, comme Klemperer qui se réfugie dans ses études du XVIIIe siècle français, résistent; d'autres n'en peuvent plus de tant d'humiliations et choisissent de mourir. De ces très belles pages écrites dans la clandestinité, sous la botte, se dégage une formidable leçon d'énergie à l'usage de toutes les générations, un concentré d'humanité et d'humanisme."
(Lire, 1 décembre 2000).


1934 : suite à un référendum pour le "oui" à Hitler, celui-ci décroche une dictature tant attendue (Graph. JEA/DR).

Journal de Victor Klemperer
Août 1934. Pour Hitler : 38 millions d'électeurs - Contre : 5 millions.


21 août, mardi

- "Les 5 millions de "non" et de bulletins nuls le 19 août (4), contre les 38 millions de "oui", signifient infiniment plus du point de vue éthique qu'un simple neuvième du total. Il y a fallu du courage et de la détermination. On a intimidé tous les électeurs, on les a soûlés de slogans et de bruits de fête. Un tiers a dit "oui" par peur, un tiers par ivresse, un tiers par peur et par ivresse. Quant à Eva et moi, nous n'avons coché le "non" que par un certain désespoir, et non sans peur.
Et pourtant, en dépit de la déroute morale : Hitler est le triomphateur incontesté, et la fin n'est pas en vue.
J'ai été frappé par la brièveté du feu roulant de la propagande. Il a été mis en oeuvre quelques jours seulement avant le 19, mais alors dans quelle orgie de drapeaux, de proclamations, d'allocutions radiophoniques. On spécule toujours sur la bêtise et la primitivité. On recouvre de vacarme l'histoire d'hier (...) et la pays laisse faire. On ne peut provoquer une telle anesthésie que juste avant l'opération. - Mais combien de temps cette psychose va-t-elle durer et sur qui agit-elle ? Le 17, Hitler a tenu son grand discours électoral à Hambourg, et c'est là que se trouvait l'épicentre des jubilations prescrites. Et c'est précisément à Hambourg qu'il a obtenu le plus de "non", 21% des suffrages exprimés (...).
A noter, le comportement en matière d'interdiction et d'autorisation de journaux étrangers. On ne peut plus verrouiller le lointain, il y a trop de gens qui écoutent les radios étrangères. On affecte donc le plus possible de ne pas craindre la presse de l'étranger, dans l'espoir que la masse, de toute façon, ne la lira pas."
(PP. 141-142).


Plaque à apposer sur sa façade pour participer à la "campagne antijuive" (Graph. JEA/DR).

Août 1935. "Nous ne voulons pas des Juifs".

11 août, dimanche

- "La campagne antijuive a pris une telle ampleur, pire encore que lors du premier boycott, il y a des débuts de pogroms çà et là, et nous nous attendons à être assassinés d'un jour à l'autre. Pas par les voisins, mais par les nettoyeurs que l'on mobilise tantôt ici et tantôt là en les qualifiant d'"âme du peuple". Sur les panneaux du tramway de la Prager Strasse : "Celui qui achète chez le Juif trahit le peuple" ; dans les petits magasins de Plauen (5) : sentences et vers de toutes les époques, de toutes les plumes et contextes (Marie-Thérèse (6), Goethe !, etc.), regorgeant d'insultes, et, par-dessus le marché : "Nous ne voulons pas de Juifs dans notre beau quartier de Plauen", partout (...) des histoires de profanation de la race les plus atroces, discours féroces de Goebbels - actes de violence patents dans les lieux les plus divers. - Campagne presque aussi féroce contre le catholicisme "politique", celui qui s'allie à la Kommune (7), qui souille les églises en prétendant ensuite que c'étaient les nazis (...). - Depuis des semaines, sentiment chaque jour que ça ne peut plus durer ainsi longtemps. Et ça continue pourtant."
(PP. 211-212).


Les JO à Berlin : "une opération politique" (Doc. JEA/DR).

Août 1936. "Renaissance allemande grâce à Hitler".

13 août, jeudi

- "Les jeux Olympiques (8) se terminent dimanche prochain, le congrès du NSDAP (9) s'annonce, une explosion est imminente, et il est naturel qu'on veuille d'abord se défouler contre les Juifs (...). Mussolini a impunément fait main basse sur l'Abyssinie - et depuis quelques semaines la guerre d'Espagne bat son plein. A Barcelone, quatre Allemands ont été "assassinés" par un tribunal révolutionnaire, quatre nouveaux martyrs du national-socialisme et, même avant cela, on disait déjà que les Juifs allemands émigrés menaient là-bas une campagne de haine contre l'Allemagne. Dieu sait comment tout cela va bien pouvoir tourner, mais, comme toujours, il y aura sûrement une nouvelle vague de mesures contre les Juifs (...). M. Léon Blum (10) ne peut tout de même pas ignorer ce qu'en Allemagne tous les enfants savent. Est-on si bête en France qu'on attende tout simplement d'être saigné à blanc ? Mais pourquoi a-t-on tout toléré jusqu'à présent ? En France de la part de l'Allemagne, en Angleterre de la part de l'Italie ? Tout est absolument impénétrable et obscur. Probablement personne, même parmi les gouvernants, ne connaît vraiment les forces réelle en jeu, les scrupules et les humeurs.
Les jeux Olympiques, qui se terminent bientôt, me répugnent doublement ! 1 En tant que surestimation absurde du sport; l'honneur d'un peuple dépend de ce qu'un de ses membres saute dix centimètres plus haut que les autres. Et d'ailleurs c'est un nègre des Etats-Unis qui a sauté le plus haut, et la médaille d'argent d'escrime pour l'Allemagne, c'est la Juive Hélène Meyer (11) qui l'a remportée (je ne sais pas ce qui est le plus indécent, sa participation en tant qu'Allemande du IIIe Reich ou le fait que sa performance soit revendiquée par le IIIe Reich).
(...) Et 2 si je déteste tant les jeux Olympiques, c'est parce qu'ils n'ont rien à voir avec le sport - chez nous, j'entends -, et qu'il s'agit purement et simplement d'une opération politique. J'ai lu récemment : "Renaissance allemande grâce à Hitler". On ne cesse d'inculquer au peuple et aux étrangers que ce qui se manifeste, c'est la renaissance, l'épanouissement, le nouvel esprit, l'unité, la ténacité et la magnificence et, bien entendu, l'esprit pacifique du IIIe Reich qui embrasse tendrement le monde entier."
(PP. 286-287).


10 ans : l'âge pour porter l'uniforme des jeunesses hitlériennes (DR).

Août 1937. "Entre nous..."

17 août, mardi

- "Dans le Stürmer (12) qui est affiché à chaque coin de rue, j'ai vu récemment la photographie de deux jeunes filles en costume de bain dans une station balnéaire. Au-dessus : "Interdit aux Juifs", au-dessous : "Quel bonheur d'être à nouveau entre nous !" (...) Je crois de plus en plus qu'Hitler incarne réellement l'âme populaire allemande, qu'il personnalise réellement l'"Allemagne" et que c'est justement pour cette raison qu'il se maintiendra et qu'il se maintiendra légitimement. Ce qui fait que ce n'est donc pas simplement d'un point de vue extérieur que je suis devenu apatride (...).
Dans le journal, le supplément ne s'appelle plus "L'automobile" ou "Le monde de l'automobile", ou quelque chose dans ce genre, mais "Le monde de l'automobile dans le IIIe Reich". La croix gammée doit être arborée partout. Tout doit s'y rapporter, et ne se rapporter qu'à elle."
(PP. 361-362).


Lourd de millions de morts, un "oui" à Hitler, un "non" à l'humanisme... (DR).

NOTES

(1) Otto Klemperer (1885-1973). Chef d'orchestre qui s'exila aux USA en 1933 pour échapper au nazisme. Revint en Europe après guerre mais se montra aussi rétif face au communisme. Devint citoyen d'Israël en 1970.
Charles Osborne :
- "De la génération des Bruno Walter, Wilhelm Furtwängler et Hans Knappertsbusch, chef suprême des oeuvres de Beethoven et dernier lien avec Gustav Mahler, son visage sévère masquait un sens de l'humour proverbial."

(2) Selon un recensement du 16 juin 1933, les juifs représentaient alors 0,7% de la population de Dresde, soit 4.678 habitants. Début février 1945, la ville ne comptait plus que 174 juifs ! Le bombardement de Dresde, le 14 février, désorganisa tellement les services nazis qu'il empêcha les mesures prévues à court terme pour la déportation de ces derniers juifs...

(3) Victor Klemperer épousa en 1906 Eva Schlemmer (1882-1951), pianiste et musicologue.

(4) Le 2 août 1934, mort d'Hindenburg, Président du Reich alors qu'Hitler était premier ministre (chancelier). Celui-ci organise un référendum pour le 19 août. But : son élection non comme Président mais comme Führer avec les pleins pouvoirs.

(5) Plauen. Quartier de Dresde.

(6) Marie-Thérèse (1717-1780). Impératrice d'Autriche de 1740 à 1780.

(7) Kommune. Appellation contrôlée choisie par les nazis pour désigner le mouvement communiste.

(8) En 1916, les Jeux olympiques devaient se dérouler à Berlin. La Première guerre mondiale en décida autrement. Hitler voulait une revanche. Il l'obtint en 1936, du 1er au 16 août. Preuve que ces Jeux n'étaient pas "que" sportifs : 100.000 spectateurs assistèrent à leur ouverture par un défilé des... Jeunesses hitlériennes !!! L'Allemagne décrocha 89 médailles.

(9) NSDAP : Parti national-socialiste des travailleurs allemands (les versions ne manquent pas telle : parti national-socialiste allemand du travail). Créé en 1920. Au pouvoir dès 1933 quand Hitler accède au poste de chancelier du Reich.

(10) A propos de Léon Blum, lire la page 12 de ce blog.

(11) Helene Meyer (1910-1953). Participe aux Jeux olympiques de 1928 et de 1932. L'année suivante, elle poursuit ses études aux USA et y emporte le championnat au fleuret. Elle céda aux pressions du comité olympique allemand afin d'effectuer un aller et retour au pays pour les jeux de Berlin. Seule athlète juive allemande (ou plus exactement dont le père était juif). Fera le salut nazi en recevant sa médaille d'argent. Puis retournera aux USA dont elle décroche la nationalité en 1940. Attendra 1952 pour revenir en Allemagne, s'y marier et mourir.

(12) Hebdomadaire nazi lancé en 1923. Jusqu'à sa disparition en 1945, ce journal répéta en bas de première page : "Les Juifs sont notre malheur". Son succès public tint à un mélange entre antisémitisme, anticapitalisme, mise en valeur de caricatures surdimensionnées et quelques touches de pornographie.


Die Stürmer - L'Attaquant, 1er mai 1934, avec la caricature antisémite de service dénonçant les crimes et complots attribués aux juifs et en bas de page, ce leitmotiv : "Les Juifs sont notre malheur" (Doc JEA/DR).
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23 commentaires:

  1. merci de nous y introduire ... se dire devrais le lire, mais tant en cours.. alors profiter de ce qui est là, se dire plus tard...

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    1. et après ce plus tard, un deuxième tome : "Je veux témoigner jusqu'au bout : 1942-1945" (toujours au Seuil).

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  2. l'absurdité de la liste des interdits (la chaise longue !) est hélas proportionnelle à l'horreur du projet : monstrueuse excroissance de tous les travers humains, bêtise et cruauté réunies, haine de l'autre comme mécanisme de l'amour de soi devenu perversion collective sous la conduite d'un chef, insoutenable. Tout ce qui est dit sur les jeux olympiques de 36 (sans compter leur mise en scène par l'image aux bons soins de Leni Riefentstahl) pourrait être transposé à l'époque contemporaine, et ce qui est effrayant, ce n'est pas seulement l'horreur des faits, mais leurs racines, toujours présentes, toujours prêtes pour une exploitation de masse, industrielle, mondialisée et médiastisée. Il est nécessaire que tout cela soit rappelé, et pas seulement au travers des prix Goncourt (à mon sens, plus les soldats de papier de Klemperer et les disparus de Mendelsohn, que les bienveillantes de Littell...).

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    1. A propos de LA cinéaste du IIIe Reich, ce "détail" souvent oublié. Pierre Dac correspondant de guerre pour la radio, enregistra son interview juste après l'arrestation de la dame par les troupes françaises. L'émission se termine par la conclusion de P. Dac ne doutant pas que cette ultra-propagandiste allait connaître des jours difficiles.
      Que nenni. Cocteau et d'autres intervinrent avec un succès immédiat pour qu'elle ne soit nullement inquiétée.
      Surtout pas pour ces 60 Tziganes retirés très provisoirement de leur camp, le temps de servir de figurants dans "Tiefland". Rien à reprocher à la cinéaste : c'était de l'art - officiel certes et même celui d'un IIIe Reich barbare -, mais de l'art quand même. Des Tziganes répondaient aux besoins du cinéma. Cette exploitation dans un contexte de persécutions suivies d'extermination : les autorités françaises gommèrent le tout...

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  3. Je connaissais (un peu) l'œuvre de Victor Klemperer grâce au livre d'Eric Hazan, "LQR, La propagande du quotidien"(Raisons d'agir, 2006) dans lequel il rappelle que l'écrivain allemand avait écrit en 1947 "LTI, Notizbuch Eines Philologen", où les initiales LTI signifient : "Lingua Tertii Imperii", c'est-à-dire "la langue du Troisième Reich", qu'il va ainsi démonter avec son paravent idéologique.

    Eric Hazan avait alors entrepris de montrer comment le langage officiel du pouvoir masque les "chômeurs" en "demandeurs d'emploi", les "balayeurs" en "techniciens de surface" et autres expressions dont l'hypocrisie est au service du matraquage mental.

    Merci pour cet article passionnant, cher JEA.

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    1. Soyez remercié d'élargir ainsi les lectures d'ouvrages signés par Victor Klemperer.
      Voici le 4e de couverture de son "LTI, la langue du IIIe Reich, Pockett, 2003, 375 p. :
      - "Le philosophe allemand Victor Klemperer s'attacha dès 1933 à l'étude de la langue et des mots employés par les nazis. En puisant à une multitude de sources (discours radiodiffusés d'Adolf Hitler ou de Joseph Paul Goebbels, faire-part de naissance et de décès, journaux, livres et brochures, conversations, etc.), il a pu examiner la destruction de l'esprit et de la culture allemands par la novlangue nazie. En tenant ainsi son journal il accomplissait aussi un acte de résistance et de survie. En 1947, il tirera de son travail ce livre : "LTI, Lingua Tertii Imperii, la langue du IIIe Reich", devenu la référence de toute réflexion sur le langage totalitaire. Sa lecture, à cinquante ans de distance, montre combien le monde contemporain a du mal à se guérir de cette langue contaminée ; et qu'aucune langue n'est à l'abri de nouvelles manipulations."

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  4. Que de souffrances, d'interdits et aujourd'hui, nous ressentons insidieusement les mêmes effets.

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    1. et quand on entend affirmer que ce n'est "que" du passé par ailleurs "réservé" aux juifs, me reviennent invariablement ces mots d'Antonio Munoz Molina :
      - "Chacun peut devenir le juif d'un autre..."

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  5. Lu il y a quelques temps un livre sur l'opinion allemande au moment de la montée du nazisme à cette occasion j'ai noté les 2 livres de Klemperer et chance ils sont tous les 2 à la bibliothèque
    Un témoignage irremplaçable de ceux qui sont restés

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    1. nous avons tous (masc. gram.) nos ouvrages de référence, et les bibliothèques les sauvent éventuellement de la mise au pilon
      parmi ces références :
      Klaus Mann, Contre la barbarie, 1925-1948, Phebus, 2009, 368 p.

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  6. merci de nous faire connaitre ce livre, et d'autres

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    1. pour paraphraser B. Chapuis :
      - "... transformer la solitude du livre en une communauté, en une solidarité des errants assis"

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  7. Je dirais comme Miriam : merci de nous faire connaître ou rappeler ce témoignage hors du commun, surtout quand il s'agit d'un cousin du grand Otto Klemperer. Victor aura lui aussi laissé son nom dans l'Histoire, bien malgré lui..., victime de l'hyperfolie nazie.

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    1. Ton commentaire est d'autant plus le bienvenu qu'il me permet de corriger un oubli. En effet, dans la brève note consacrée à Otto Klemperer, j'ai omis de préciser que l'édition exhaustive de ses enregistrements est enfin proposée par EMI Classics. Comme une cathédrale de 78 CDs répartis en 11 coffrets (par compositeur, par genre ou par période des oeuvres).

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  8. Nebel
    " néfastes brouillards
    sifflent les trains de la mort
    dans la nuit venteuse. "
    Les racines du Mal sont si profondes ...
    Merci de nous parler de Victor Kemplerer. Il nous faut sans cesse écrire, raconter, témoigner pour que ces gens partis avant l'heure, victimes des barbares, vivent encore à travers nos mots et nos paroles.

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    1. Jean Tardieu :
      - "- Puisque les morts ne sont pas revenus,
      que reste-t-il à savoir aux vivants ?
      ...
      Puisque les morts ne peuvent plus se taire
      est-ce aux vivants à garder le silence ?"

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  9. Toujours des articles passionnants.
    Combien il aurait été intéressant de vous avoir comme professeur d'Histoire...
    Chaque commentaire apporte aussi des lumières complémentaires sur le sujet.

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    1. pour dire vrai, je n'ai presque pas donné de cours d'histoire même après avoir franchi un mémoire sur l'Orchestre Rouge en Belgique sous l'occupation
      et mes publications en histoire se sont limitées à la Shoah transfrontalière Belgique-Ardennes de France

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    2. Bonjour JEA ! si je puis me permettre, vous donniez quels cours ?

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    3. très bon jour à vous, MH, la réponse est confiée à la bague à courriels d'un pigeon voyageur

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  10. L'importance de la langue, du choix des mots... et pourtant on dit toute l'impossibilité du langage à la véritable rencontre. Faut-il donc qu'il soit collectif pour faire corps ?

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    1. la langue et les mots peuvent être un magnifique banquet populaire, un musée avec plus de gardiens que visiteurs, un espace sans places privées, un tribunal à huis clos et n'appliquant qu'une seule peine, le tour des mondes sans devoir compter les jours...

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  11. Ces livres n'ont de sens que s'ils éclairent assez puissamment notre époque et notre société. Car c'est après tout Victor Klemperer qui parlait de IVème Reich au sujet de "l'américanisation" du monde

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