MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 27 juin 2013

P. 243 . Céline : Voyage au bout de son antisémitisme

A propos du titre, veuillez vous référer à la note (1).
.
D'un Céline l'autre
Edition établie et présentée par David Alliot,
Préface de François Gibault,
Robert Laffont, Coll. Bouquins, 2011, 1184 p.


Présentation de l’Editeur :

- "Les 200 témoignages que regroupe D’un Céline l’autre jalonnent l’itinéraire d’une vie entière : celle de l’écrivain Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), depuis sa jeunesse passage Choiseul jusqu’à sa mort à Meudon. Un portrait inédit de Céline émerge ainsi à travers le regard de ceux qui l’ont connu : famille de l’écrivain, amis intimes, admirateurs ou adversaires. La nature des témoignages est d’une grande variété : correspondances, journaux intimes, mémoires, etc. S’ils proviennent généralement de la sphère française, quelques voix étrangères résonnent : les danoises, qui dévoilent le Céline de l’exil entre 1945 à 1951, les allemandes, qui dévisagent le Céline de l’Occupation. Certains textes tiennent en une ligne, d’autres s’étendent sur plusieurs dizaines de pages. Chaque témoignage est minutieusement introduit à la compréhension du lecteur à travers un appareil critique très exhaustif : notice biographique du témoin, origine du texte, contexte dans lequel il a été écrit. Enfin, l’ensemble du livre contient des annotations de nature à éclairer certains aspects de la vie de Céline. Un tiers des témoignages est connu du grand public. Un deuxième tiers ne lui était pas accessible jusqu’ici. Le dernier tiers est totalement inédit. En effet, tantôt les témoignages ont été recueillis par l’auteur auprès des derniers témoins encore en vie, tantôt ils ont été découverts dans des archives encore inexplorées. D’un Céline l’autre est préfacé par Me François Gibault, biographe de Céline, avocat et homme de confiance de Mme Lucette Destouches, veuve de l’écrivain, qui a apporté son soutien au projet. Le livre s’accompagne également d’une biographie synthétique de la vie de Céline, écrite par David Alliot, afin de livrer quelques repères au lecteur profane. Enfin, différentes annexes (chronologie, bibliographie et deux cartes) viennent compléter le contenu du livre."

4e de couverture :

- "Journaux intimes, Mémoires, correspondances... Ces témoignages sur Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), issus des sources les plus diverses, sont pour un tiers totalement inédits. Ils composent, en filigrane, une biographie kaléidoscopique de l'écrivain depuis son enfance jusqu'à sa mort, en passant par la révélation, dans les années 1930, du génial Voyage au bout de la nuit, sans occulter la période de l'Occupation et de l'exil au Danemark. Intellectuels, artistes, résistants ou collabos, patients et maîtresses, tous ont leur opinion à son sujet.
L'historien Jacques Benoist-Méchin est fasciné par la «force éruptive» qui se dégage de Céline. Gen Paul, le peintre de Montmartre, excédé par ses «vacheries», voit en lui un «monstre». Elizabeth Craig, une de ses muses emblématiques, proteste, au contraire, de son «immense tendresse». Le lieutenant allemand Gerhard Heller, qui le rencontre pendant l'Occupation, est subjugué par sa puissance visionnaire, qui capte l'«envers démoniaque» du monde. Et il n'est pas le seul.
Mais l'antisémitisme fanatique de Céline indigne aussi beaucoup de ses admirateurs. Ernst Jünger dénonce chez lui «la monstrueuse puissance du nihilisme». L'écrivain et résistant Roger Vailland voudrait littéralement en finir avec lui. Mais comment abattre l'auteur de Voyage au bout de la nuit ? L'actrice Françoise Fabian, qui le rencontre à Meudon, sa dernière retraite, témoigne d'un homme vivant dans le plus grand dénuement, enfin «sans masque».
Aux lecteurs de juger sur pièces celui qui est, avec Marcel Proust, l'écrivain français le plus important du XXe siècle. Cinquante ans après sa mort, la fascination à son égard reste intacte et les controverses qu'il continue de susciter font toujours de Céline un «impardonnable», selon la formule admirative de Dominique de Roux."

Hubert Prolongeau :

- "La somme (1100 pages) est énorme. Que nous apprend-elle sur Céline ? Les anecdotes foisonnent. Sa crainte des chevaux à la caserne, ses voyages en Angleterre, son envie de voir une exécution capitale, « prix Goncourt du crime », sa rencontre avec Arletty ou Robert le Vigan… Les jugements y étonnent souvent, aussi bien par leur lucidité que par leur aveuglement parfois (Montherlant ou Léautaud niaient toute postérité possible à Céline…). Certains sont inattendus, comme ceux concernant son exil danois. L’affaire du prix Goncourt refusé à Voyage au bout de la nuit y est magnifiquement détaillée, témoignage incomparable sur le Paris littéraire de l’époque, et la réunion de longs entretiens avec Lucette Destouches, sa femme, fidèle entre tous, est très émouvante. Ses errements de la guerre ne sont bien sûr pas occultés, mais ils sont plus connus. Chaque fois, des notes, nécessaires sans être envahissantes, permettent de remettre à leur véritable place les mensonges ou omissions trop flagrants que font les uns et les autres."
(Le Magazine Littéraire, 24 mai 2011).

Question de Grégoire Leménager à Dominique Alliot :

N.O. - "L’apparition de son antisémitisme forcené reste une énigme... On cherche des signes, en se demandant si ce sont des symptômes ou des causes. Est-ce parce que le patron de son dispensaire était juif ? Ou parce qu’Elisabeth Craig lui a été «fauchée par un juif», comme il le répète ?"
D. Alliot. - "Il n’y a pas vraiment de réponse... parce qu’il a toujours été antisémite. Et raciste: les pages sur l’Afrique dans le «Voyage au bout de la nuit» sont d’ailleurs assez abominables. Et les premières traces d’antisémitisme apparaissent clairement dans «l’Eglise», cette pièce qu’il a rédigée avant le «Voyage»: la Société des nations, le cosmopolitisme, les Juifs, tout ça ne devait déjà pas vraiment lui plaire; il le brocarde donc dès 1929.
En 1937, c’est l’éruption avec «Bagatelles pour un massacre», mais il ne faut pas oublier que Céline est né pendant l’Affaire Dreyfus: son père était un antisémite convaincu, il en a bouffé pendant toute sa jeunesse."
(Le Nouvel Observateur, 31 mars 2011).

Signature du Dr Destouches sur un courrier en date du 3 février 1943 (Doc. JEA/DR)

Au sommaire de ce blog, les
- P. 7 : Le procès de Céline,
- P. 12 : Blum, Mendès France, Fabius, DSK : mêmes crachats,
- P. 24 : Caducée (Solvay-ULB) aux juifs : "direction les fours polonais",
- P. 108 : Zola accuse,
portent des citations de Céline reprises dans une documentation personnelle forcément incomplète mais suffisante pour empêcher de nier les bassesses dans lesquelles se complaisait cet antisémite.
Le volume publié dans la Collection "Bouquins" est passionnant pour tous les motifs détaillés en introduction. Et inévitablement, ce D'un Céline l'autre accumule de nombreuses autres preuves de la judéophobie totale cultivée par l'autre Céline, celui dont la hideur morale est régulièrement camouflée par des nuages de fumées complices. De cette hideur, voici quelques exemples.


(Montage JEA/DR).

Bagatelles pour un massacre

- "Céline ne pouvait plus se contenter du rôle de témoin. Il allait bientôt devenir l’accusateur dans un livre où sa verve débridée, son génie de l’invective, son éloquence magnifique allaient se donner carrière. Et c’est ainsi que parut Bagatelles pour un massacre, pamphlet formidable (2) où l’auteur dénonçait sur le mode virulent la malveillance d’Israël (…). Tous les petits écrivains juifs ou enjuivés déversèrent leur fiel dans les journaux de gauche ou d’extrême gauche."
(1937 – Témoignage de Robert Denoël, éditeur de Céline).
P. 397.

Cinéma

- "Céline gronde contre les youpins qui tiennent tout, y compris le cinéma français (…). Chenal [réalisateur] la ferme. Puis Céline désigne du doigt son propre nez. « Moi, Chenal, les youtres, je les renifle. Et de loin. J’ai le pif pour ça. » Chenal explose : « Céline, je m’appelle Cohen et je t’emmerde. »
(1932 – Témoignage de Pierre Cohen dit Chenal, recueilli par Raphaël Sorin).
P. 401.

Engrais (3)

- "Hitler (…) les rafle partout, pour les envoyer dans ses camps. Pour en faire quoi ? Je vous le demande ? Des engrais à ce qu’on m’assure. Il n’y avait qu’un Juif pour avoir une idée pareille ! A qui voulez-vous qu’elle profite, sinon à eux ? Quand ils auront gagné la guerre, ils mettront cet engrais en petits sachets et le vendront sur les places publiques de toutes les villes du monde. Une grande loterie intercontinentale. «Achetez-moi mes petits sachets ! Achetez-moi mes petits sachets ! Vous refusez ? Bien. Vous serez fusillé ! – Mais avec quoi voulez-vous que je les paye ? – Avec des larmes. Nous, voilà sept mille ans qu’on pleure ! Chacun son tour !»
(Février 1944, Céline lors d'un dîner à l’ambassade allemande à Paris – témoignage de Jacques Benoist-Méchin).
PP. 543-544.

Facéties d’une Révolution nationale :


- "Céline (…) fulmina contre tous les philosémites, médecins et autres (…), contre les facéties d’une Révolution nationale qui maintient une juive dans un dispensaire de banlieue à la place d’un médecin aryen installé depuis quinze ans, l’obligeant ainsi à parcourir chaque jour 14 kilomètres « pedibus et omnibus »… Il fulmine, mais ne s‘étonne pas… La France est enjuivée jusqu’à la moelle…"
(23 décembre 1942 - Le Cri du peuple)
P. 494.

France enjuivée

- "La jeunesse allemande ça chante ; mais la jeunesse française… Quinze ans de médecine gratuite à Clichy, tu penses si je les connais. On est enjuivé jusqu'au trognon."
(1938 – Déclaration de Céline dans un reportage de Robert Dubard,
journaliste à La France enchaînée).
p. 422.

La Guerre

- "Nous avions bien assez d’armes pour nous battre mieux que ça, si nous l’avions voulu. La vérité, c’est que le cœur n’y était pas, et le cœur n’y était pas parce que ce n’était pas notre guerre. Celui qui a mené la guerre, chez nous, c’était qui ? Je veux dire le vrai, le dur, celui qui y croyait ? Ce n’était pas Daladier, ni Gamelin, ni même Reynaud, ce ouistiti mexicain conduit en laisse par Churchill. C’était Mandel (4). De son vrai nom Rothschild ! Lui n’a jamais flanché (…). Ça lui était bien égal que la France soit transformée en terre brûlée. Ce n’était pas son champ, après tout ! La guerre franco-allemande avait foiré. Fallait que la guerre judéo-hitlérienne continue. Car pour les Juifs c’était une catastrophe, un coup d’arrêt peut-être définitif dans leur escalade feutrée vers la domination du monde."
(Février 1944, Céline lors d'un dîner à l’ambassade allemande à Paris – témoignage de Jacques Benoist-Méchin).
PP. 547-548.

Guitry :

- "Céline bondissait comme s’il avait été piqué par un serpent chaque fois que l’on prononçait le nom de Sacha Guitry. Véritable langue de vipère, Céline assurait qu’il avait connu le grand-père de Guitry, un Juif qui vendait des lunettes à Montmartre. Guitry, quant à lui (…) s’en défendait de manière assez peu convaincante. Un jour, Guitry me déclara :
Je crois avoir fait un mot d’esprit ce matin. Un ami m’a demandé : « Mais un tel, il est juif ou pas ? » Savez-vous ce que j’ai répondu ? « Il en a bien peur. » Je pensai alors que ce « un tel » n’était rien d’autre que ce pauvre Guitry."
(Témoignage d’Eitel Friedrich Moellhausen, collaborateur allemand de La Gerbe).
P. 532.



Edition de 1942 (Doc. JEA/DR). 

L’intérêt du juif

- "L’intérêt du juif est de nous diviser en partis opposés, de façon à donner excuse à notre nonchalance. On rejette les fautes sur l’opposant, ainsi artificiellement créé. La lutte des partis n’est qu’une splendide invention d’Israël."
(12 mars 1942, Le Pont reportant une déclaration de Céline lors d'une réunion de collabos).
P. 499.

Mussolini, le pape, les Bourbons…


- "Il [Céline] nous affirma, sans rire, que Mussolini qu’il traitait d’imposteur, le pape – les Bourbons – descendant de Saint-Louis, avaient du sang juif."
(Dîner avec Horace de Carbuccia, éditeur de Gringoire – témoignage recueilli par Adry de Carbuccia).
P. 558.

Remplacer Hitler


- "Céline me prit successivement pour un juif, à cause de mon nom de famille, ensuite pour un espion du clan israélite des marchands de Paris, parce que j’avais publié en 1929 un important ouvrage consacré à Modigliani (…).
Il disait : « Si un jour les Jésuites, les Maçons ou la Juiverie réussissent à remplacer Hitler par un des leurs, ils domineront d’un coup et silencieusement un peuple de 70 millions d’individus ! Jolie perspective ! Terriblement dangereux ! »
(Témoignage d’Arthur S. Pfannstiel,
spécialiste de Modigliani, traducteur des discours d’Hitler pour Grasset, et en Allemand de Bagatelles pour un massacre, collaborateur allemand du service policier français chargé des sociétés secrètes).
PP. 417-418.

S’acharner

- "Céline ne pouvait s’empêcher de s’acharner sur les Juifs. Et il en voyait partout ! Jusqu’à Fernand de Brinon (5), ambassadeur de Pétain à Paris auprès des autorités allemandes, qui avait épousé une femme juive dont il était séparé depuis des années : Céline non seulement le tenait pour coupable mais doutait même qu’il fût aryen. Un homme suspect qu’on aurait mieux fait de renvoyer chez lui, et au plus vite !"
(Témoignage d'Eitel Friedrich Moellhausen)
PP. 526-527.

Soldats allemands

- "... après le débarquement, alors que les soldats allemands - de tous âges et en pleine déconfiture - traversaient la capitale. Alors que que son compagnon [Ramon Fernandez] avec qui il marchait rue de Rivoli relevait leur triste allure, Céline se pencha vers lui et lui dit, sur le ton de la confidence : "Mais regardez-les ! Vous n'avez pas remarqué ? Ce sont tous des juifs !"
(Témoignage repris par Christian Millau).
P. 1036.



Lettre en date du 5 avril 1942 par laquelle Céline sollicite Karl Epting. Ce dernier fonda l'Institut allemand à Paris après avoir été chargé de la propagande en France lors de la "drôle de guerre". Sous sa direction, l'Institut allemand sera opérationnel de septembre 1940 jusqu'au mois d'août 1944.
(Doc. JEA/DR).

Nos Tombes

- "Céline me lança alors, à travers la table : « N’est-ce pas, Madame Eptig, que j’ai raison ; si je dis que, si tout continue ainsi, un beau jour, ce seront les juifs qui danseront sur nos tombes ? »
(Repas à l’Institut allemand, témoignage de Mme Eptig).
P. 521

Triomphe

- "Vous voyez ! dit Céline d’un air tragique (…). Tout est prêt pour leur triomphe. Et je vous assure qu’ils n’auront pas le triomphe gracieux. On n’aura pas affaire aux petits Juifs mélancoliques de la rue des Rosiers, avec leur démarche en canard et leurs yeux langoureux. Pas même aux Rothschild, ces princes de la diaspora ! Non, non ! Aux Juifs gras et replets de New York et de Chicago, aux formidables empaqueteurs de viande, aux banquiers de Wall Street qui psalmodient leurs ordres de bourse sur le ton des rabbins devant le Mur des lamentations, aux Morgenthau, aux Baruch, aux Wertheimer, ces prix Nobel de la déconfiture, ces grands stratèges de la démoralisation ! Ils vont rééduquer le monde en moins de deux, vous allez voir !"
(Février 1944, dîner à l’ambassade allemande à Paris – témoignage de Jacques Benoist-Méchin).



"Détail" de l'authentique passeport allemand remis à Céline pour lui permettre de fuir la France dès le 17 juin 1944 (on n'est jamais trop prudent) et de coucher le soir-même à Baden-Baden.
(Doc. JEA/DR).

NOTES :

(1) Le 14 juin 1957, L'Express publia une interview de Céline par Madeleine Chapsal. Sous ce titre choisi par Françoise Giroud : "Céline ou le voyage au bout de la haine". Extrait :
- "J'ai écrit des choses sur les Juifs. j'ai dit qu'ils manigançaient une guerre, qu'ils voulaient se venger d'Hitler. Bon. Ça ne nous regardait pas. C'est une affaire qui les regardait entre eux. Ils ont foutu l'armée française, quand elle a reçu cette formidable colique en 39..."
Ainsi, en 1957, Céline restait le délateur d'un pseudo complot juif responsable de la 2e Guerre mondiale et de la débâcle !

(2) Robert Denoël estime donc "formidable" un texte aussi répulsif :
- "Un seul ongle de pied pourri, de n’importe quel vinasseux ahuri truand d’Aryen, vautré dans son dégueulage, vaut encore cent mille fois plus, et cent mille fois davantage et de n’importe quelle façon, à n’importe quel moment, que cent vingt-cinq mille Einsteins, debout, tout dérétinisants d’effarante gloire rayonnante."
(Bagatelles pour un massacre, p. 319).

(3) Dans une lettre du 8 novembre 1950 et destinée à Albert Paraz, Céline évoque la publication d'un révisionniste : Le Mensonge d'Ulysse par Paul Rassinier. Céline écrit alors :
- "... Il tend à faire douter de la magique chambre à gaz !"
Incroyable ? Mais non, une seule qualification résume pour Céline la chambre à gaz : "Magique" ?!? 
Ni oubli, ni pardon pour une telle infâmie.

(4) Georges Mandel (1885-1944). Journaliste à l'Aurore lors de la publication du J'Accuse de Zola. Chef de cabinet de Clémenceau en 1917. Ministre de 1934 à 1936 et de 1938 à 1940.
L'une des cibles préférées des antisémites français. Le payera par son arrestation, sur ordre de Pétain même, dès le 17 juin 1940. Le 7 novembre 1941, un tribunal d'exception le condamnera à la prison à vie.
Lors de l'invasion de la zone dite "libre" par les Allemands, sera remis aux occupants qui l'enferment derrière les barbelés du camp d'Orianenbourg-Sachsenhausen puis le transfèrent à Buchenwald.
Le 28 juin 1944, Philippe Henriot est assassiné à Paris par des résistants. En représailles, Georges Mandel est renvoyé en France. Le 4 juillet 1944, des miliciens le retirent de la prison du Midi à Paris et l'entraînent en forêt de Fontainebleau. Son destin s'arrête là, sous des balles françaises...
Le Dr Destouches avait fui en Allemagne depuis près de trois semaines.

(5) P. 54 de ce blog : "Quand Mauriac évoquait de Brinon..."



25 commentaires:

  1. Dur, dur de faire un commentaire...

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    1. le jour où Céline ne sera plus présenté comme un persécuté selon la vieille méthode consistant à inverser les rôles et les responsabilités, ce jour-là des pages comme celle d'aujourd'hui pourront rester dans le silence des archives mais rien ne semble annoncer que ce jour-là soit pour demain...

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  2. Céline, une plume au vitriol...

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    1. nous sommes loin du :
      - "Visita Interiorem Terrae Rectificando Invenies Operae Lapidem..."

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  3. Céline, je n'y arrive vraiment pas et je ne me forcerai pas!

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    1. ce n'est pas vous qu'il importe de préciser que la page de ce jour ne représente aucune pression, aucune atteinte à la liberté individuelle de choisir ses lectures
      mais répond aux tonnes d'éponges passées et repassées sur les abominations au bas desquelles Céline a persisté et signé !

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  4. Quand on pense à cette guerre de 40, c'est toujours l'incompréhension qui prédomine. Comment cela a-t-il été possible ? Qu'est-ce donc qu'un homme ? D'où vient tant de haine ? D'où vient un tel mépris de la personne et de la vie ? Et ce, dans une civilisation que l'on aurait pu croire à un sommet ! Que d'amertume ! On assiste hagard à l'ineffable. C'est "1984"; tout est inversé : les chambres à gaz deviennent magiques... Sophocle, tout compte fait, avait été particulièrement lucide quand il écrivait : "Il est bien des êtres redoutables, mais nul n'est plus redoutable que l'homme" (Antigone, 332-333) ou quand il présente l'homme comme une énigme à travers Œdipe. Mais cette énigme-là était d'une grande noblesse comparée à la crasse charriée en ces temps peu glorieux.

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    1. Sophocle ? l'humanisme
      Céline antisémite ? une barbarie sachant tenir une plume

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  5. "Aux lecteurs de juger sur pièces celui qui est, AVEC MARCEL PROUST, l'écrivain français le plus important du XXe siècle." (C'est moi qui mets les capitales.) Cette phrase en 4e de couverture !

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    1. la madeleine de Proust
      l'or en barre emmené par Céline en Allemagne...

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  6. J'ai lu "Voyage au bout de la nuit", je n'étais alors qu'une adolescente qui faisais fi des opinions des uns et des autres; l'antisémitisme pour moi appartenait au passé, une page était tournée, l'horreur absurde de six millions de morts, on ne pouvait l'oublier mais on n'était pas obligé de toujours en parler.
    Ma sœur était de ceux qui ne transigent jamais, lire Céline c'était la pire des trahisons, elle connaissait par cœur la liste de tous les antisémites de tous les temps, les auteurs à ne pas lire...
    Aujourd'hui je sais qu'elle avait raison, je sais que l'homme est prêt à répéter les mêmes horreurs si l'occasion se présente, au nom de théories étranges...

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    1. peut-être votre Sœur se sentait-elle en première ligne ? comme une conscience incorruptible
      pour que les suivant(e)s n'aient pas à porter les mêmes fardeaux, les mêmes responsabilités, "ne sentent pas obligés" de veiller continuellement, de répondre à chaque sursaut de la bête...

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  7. Tous les voyages au bout de la haine, comme ils (me) sont impossibles à comprendre!

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    1. Octavio Paz :
      - "Le mot haine, je le nourris d'ordures pendant des années, jusqu'à ce qu'il éclate en une belle explosion purulente qui infecte le langage pour un siècle..."

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  8. Bonjour JEA, j'avais cru enregistrer un commentaire sur votre post précédent me réjouissant de votre retour mais comme j'étais en vadrouille, utilisant un ordi de passage, j'ai du manquer mon enregistrement. je renouvelle donc ici l'expression de mon plaisir à vous relire. Même s'il s'agit ici d'une partie douloureuse, parce que lorsque j'ai lu Céline, le Voyage, j'ai été éblouie. Ensuite, j'ai découvert ce que vous illustrez ici, terrible déception. Son antisémitisme était quasi maladif.

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    1. Chère Zoë,
      merci encore pour la constance de votre sympathie...
      son Voyage, même Tardi l'a illustré
      mais l'écrivain, quel voyageur insalubre

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  9. Votre billet est terrifiant, jamais lu Céline, jamais eu "envie".

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    1. A vous qui aimez Desnos, ce rappel :
      le 7 mars 1941, Céline dénonce Desnos dans les colonnes d'"Aujourd"hui"

      - "Votre collaborateur Robert Desnos est venu dans votre numéro du 3 mars 1941 déposer sa petite ordure rituelle sur "les Beaux Draps" (…).
      Pourquoi M. Desnos ne hurle-t-il pas plutôt le cri de son cœur, celui dont il crève inhibé… : « Mort à Céline et vivent les juifs ! »
      M. Desnos mène, il me semble, campagne philoyoutre (et votre journal) inlassablement depuis juin.
      Que ne publie-t-il pas M. Desnos, sa photo grandeur nature, face et profil, à la fin de tous ses articles ? »

      Céline, le délateur, s'en sortira. Et même avec les "honneurs". Desnos, lui, sera arrêté, déporté, connaîtra la libération des camps mais trop tard, il ne reviendra pas vivant en France.

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  10. J'ai lu "voyage au bout de la nuit" un roman que je ne suis pas arrivée à apprécier totalement car j'ai trop de prévention envers l'auteur pour arriver à m'en défaire
    Pour le reste je dois dire que j'ai peu envie de me plonger dans cette prose nauséabonde.
    Mais votre billet est d'une grande utilité, juste pour ne pas se fourvoyer et se laisser séduire par des propos lénifiants et bien trop compréhensifs
    Je trouve parfaitement ignoble que l'on présente encore Céline comme un très grand auteur français !! Qui dit grand auteur dit auteur universellement reconnu, un antisémite ignoble peut il prétendre à ce titre ?

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    1. en 2011, ce fut la très âpre polémique qui marqua le 50ème anniversaire de sa mort
      il était alors prévu que Céline figure au nombre des personnalités incluses dans le recueil 2011 des... célébrations nationales, recueil publié par le ministère de la culture

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  11. Lire le bon Dr Destouches? Evidemment oui !
    Lire Céline, évidemment non!
    Je veux dire par là qu'il faudrait cesser de conceptualiser un auteur, de prendre son oeuvre hors ce qu'il est. Car l'oeuvre, même si elle ne lui appartient plus, est lui. Et se tromper sur lui, c'est se tromper sur l'oeuvre et vice versa.
    Au prix de l'abandon d'une partie du rêve que nous en attendions, peut-être qu'autre chose, qui touche à beaucoup de sentiments, mais aussi à la détresse et la bassesse humaine, de celles qui sommeillent aussi en nous, nous apprendra un petit peu sur nous à travers cette écriture puissante ?
    N'est-ce pas là aussi une raison du pourquoi nous lisons ?

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    1. Charles Bukowski :
      - "Je restai planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l'or à la décharge publique."
      ou qui s'est retrouvé avec une poubelle entre les mains alors qu'il croyait ouvrir un livre...

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    2. "... que l'important au fond n'est pas le livre, et que le vrai voleur est celui qui sait l'abandonner. Ceux qui, récupérant l'objet, croient tenir la vérité définitive, ceux-là seront toujours volés."
      (Darien: le voleur. Postface de Pierre Masson )

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  12. "Céline méprise les nouveaux maîtres du château de Sigmaringen, auxquels pourtant il a lié son destin e optant pour le fascisme; il les méprise parce qu'ils le prennent de haut, parce qu'ils ne partagent pas l'abjecte misère et les WC bouchés de ceux qui les ont suivis, parce qu'ils prétendent-comme Pétain-incarner quelque chose de supérieur et du coup vivent dans le faux, loin de la boue et de la merde de l'existence authentique.Céline, au contraire, parle depuis le bas-fond bouillonnant de la souffrance brute et immédiate, il crie avec le râle des bêtes écrasées; il ressasse ce que le mal a d'inacceptable et d'insensé. Son outrance le pousse à la distorsion et il finit par mettre sur le même plan tous ceux qui d'une façon ou d'une autre ont joué un rôle important dans l'Histoire, Hitler et Léon Blum, en ce qu'ils lui apparaissent tous autant qu'ils sont comme une expression de la volonté de puissance, comme des bénéficiaires de la faveur des masses et donc des détenteurs de pouvoir.Comme un Messie douloureux et coupable, il s'identifie avec les bourreaux nazis, parce qu'il les voit perdants." Danube - Claudio Magris

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    1. Hitler était dans son bunker, Blum à Buchenwald
      qu'ils soient perdants, les bourreaux n'en restent pas moins des bourreaux...
      encadrant officiellement les écrivains collabos à Sigmaringen, Gerhard Heller :
      - "Céline logeait avec sa femme Lili et son chat Bébert dans une petite chambre de l'auberge Zum Löwen. Il rouspétait contre tout le monde : Pétain, Laval, le personnel de Vichy ou les collaborateurs parisiens qui se trouvaient là, les Anglais, les juifs, les Allemands. Tous en prennent pour leur grade (...). Il n'avait aucune illusion sur l'avenir de l'Allemagne, il n'espérait qu'une chose : quitter ce pays et gagner le Danemark (...). Il avait mis son génie au service des idées racistes et totalitaires; par cette perversion de ses dons littéraires, il est responsable de ce que son nom reste associé aux pires atrocités du XXe siècle."
      Un Allemand à Paris, 1940-1944, Le Seuil, 1981, P. 153.

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