MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 1 novembre 2012

P. 194. "Ein deutsches Requiem" de Johannes Brahms : Malonne, les 17 et 18 novembre


.

Brahms et la partition de son Requiem (Mont. JEA/DR).

Edith Weber

- "Johannes Brahms, musicien protestant, allie, dans le contexte du 19e siècle, tradition et modernité. Il apparaît aussi comme un humaniste tendant vers l’universalité, comme un croyant libéral à la recherche d’intériorité, enfin comme un penseur qui a réussi à faire passer son message spirituel. Ses œuvres traduisent les drames de l’existence, la résignation, mais aussi la consolation et l’espérance. Il est un romantique d’inspiration évangélique et selon la formule de Matthias Claudius, l’auteur bien connu des chorals, il symbolise « la réconciliation de l’ordre savant et de la spontanéité populaire. »"
(Professeur émérite à la Sorbonne).

Ein deutsches Requiem

- "En 1863, le compositeur espérait être nommé à la direction de la Société Philharmonique de Hambourg, sa ville natale, mais il n’obtint pas le poste. La mère de Brahms meurt en février 1865. Plusieurs relations amoureuses avec des jeunes filles sont vouées à l’échec. Toutes ces déceptions et ces deuils intimes vécus durant cette période ont affecté son moral. Il vient de s’installer à Vienne et trouve le moment propice à reprendre son projet d’un Requiem dont il avait déjà écrit quelques mouvements.
Ce ne sera pas un Requiem liturgique, composé à partir des chants en latin de la messe des défunts, mais un Requiem composé à partir des saintes Écritures, notamment de la traduction en allemand de la Bible. Les six mouvements alors existants furent joués à la cathédrale de Brême pour le Vendredi Saint 1868 avec Brahms en chef d’orchestre et Julius Stockhausen en soliste baryton. Le septième fut créé à Leipzig le 18 février 1869 par Carl Reinecke et l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig."
(Centre Polyphonique du Pays de Gex).

Gil Pressnitzer

- "Brahms n'a rien à voir avec cette Mort Baroque et superbe contre laquelle lutte l'homme dans sa terreur sacrée du jugement. La mort ne vient pas, elle est déjà là, tapie en nous, c'est elle qui « ose soudain rire en nous quand nous nous croyons au milieu de la vie » ( Rilke).
Dans cette conception, il n'y a pas de combat, de fuite dans l'amour - et Brahms n'était pas porté vers l'amour mais vers la charité -, aussi la mort devient quasiment douce et fraternelle et l'angoisse ne peut se résoudre que dans une sorte de consolation maternelle comme une voix de soprano séchant toutes les larmes et apaisant l'enfant affolé que nous ne cessons d'être."
(Esprits Nomades).


Ein deutsches Requiem, Un requiem allemand, Op. 45 de Johannes Brahms, composé de 1865 à 1868.

Invitation pour le samedi 17 novembre à 20h
et le dimanche 18 novembre à 17h
en la Chapelle de l'Abbaye Saint-Berthuin à Malonne


Interprétation : Orchestre Aria
et les Compagnons du Champeau

Présentation des Compagnons du Champeau


- "Empruntant son nom à une confrérie musicale du Moyen-Age ayant effectivement existé à Namur et rappelant une section de la colline sur laquelle se dresse la Citadelle, le chœur "Les Compagnons du Champeau" fut fondé en 1959 par Emmanuel Poiré, fondateur également du Centre de Chant Choral de la Communauté Française de Belgique.

Il s’est produit depuis de nombreuses années, à l’étranger (France, Espagne, Luxembourg) lors de manifestations comme Europa Cantat, Europalia España, les Rencontres Internationales de Chorales francophones, … mais principalement dans sa ville natale, Namur, en la magnifique église Saint-Loup.

Depuis 1989, le chœur est dirigé par Bernard Coulon.

Sous sa direction, il a produit de nombreux concerts, avec orchestre et solistes, mais également a capella.

La liste détaillée de tous les concerts produits depuis 1989 est reprise sur son site.

En mai 2009, le choeur "Les Compagnons du Champeau" a fêté son cinquantième anniversaire, recevant ainsi l'appellation "choeur royal".
A cette occasion, le programme fut à la hauteur des festivités avec des œuvres de Schütz, Monteverdi, Haendel et Bach, dont le Dixit Dominus de Haendel et le Magnificat de JS BACH.

Le chœur « Les Compagnons du Champeau » est actuellement composé d'une cinquantaine de choristes, tous plus motivés les uns que les autres à participer aux répétitions hebdomadaires et à produire des concerts visant sans cesse à une qualité plus grande."


Les versions de Bernard Haiting et de Philippe Herreweghe (Mont. JEA/DR).

Essai de traduction du livret original


I
Bienheureux ceux qui souffrent car ils seront consolés (Matthieu, V, 4)
Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans la joie.
Ils s'en vont en pleurant et emportent la noble semence.
Ils s'en retournent dans la joie et rapportent les gerbes de leur moisson.
(Psaume CXXVI, 5, 6)

II
Car toute chair est comme l'herbe,
et toute la gloire de l'homme est comme la fleur de l'herbe,
L'herbe sèche et la fleur tombe.
(I Pierre I, 24)

Prenez donc patience, mes chers frères, jusqu'à l'avènement du Seigneur.
Voyez, un laboureur attend le précieux fruit de la terre
et prend patience jusqu'à ce qu'il reçoive la pluie du matin et la pluie du soir.
(Jacques, V, 7)

Mais la parole du Seigneur demeure éternellement.
(I Pierre 1 25)

Ceux que l'Éternel aura rachetés reviendront à Sion
avec des chants de triomphe.
Une joie éternelle sera sur leur tête : joie et allégresse s'empareront d'eux; douleur et gémissements devront s'enfuir.
(Isaie XXXV,10)

III

Seigneur, fais-moi savoir que mon existence doit avoir une fin,
que ma vie a un terme et que je dois partir d'ici-bas.
Vois, mes jours sont de la largeur d'une main face à toi,
et ma vie est devant toi comme un rien.
Ah, tous les hommes, pourtant si sûrs d'eux, ne sont que néant.
Ils marchent comme des ombres et s'agitent en vain ;
ils amassent des biens et ne savent pas qui les recueillera.
Seigneur, que dois-je attendre ?
Mon espérance est en toi.
(Psaume XXXIX 5, 6, 7, 8)

Les âmes justes sont dans la main de Dieu,
et nul tourment ne les atteint.
(Livre de la Sagesse III, 1)

IV
Que tes demeures sont aimables, Seigneur des armées !
Mon âme soupire et languit après les parvis du Seigneur;
mon corps et mon âme se réjouissent dans le Dieu vivant.
Heureux ceux qui habitent dans ta maison !
Ils te louent sans cesse.
(Psaume LXXXIV, 2, 3, 5)

V
Vous êtes maintenant dans la tristesse,
mais je vous reverrai et votre coeur se réjouira
et personne ne vous ravira votre joie.
(Jean XVI, 22)

Voyez : pendant peu de temps la peine et le travail ont été mon lot,
et j'ai trouvé une grande consolation.
(Ecclésiastique LI, 35)

Je vous consolerai comme une mère console son enfant.
(Isaïe LXVI, 13)

VI
Car ici-bas nous n'avons pas de cité permanente,
mais nous cherchons celle qui est à venir.
(Hébreux, XIII, 14)

Voyez, je vous dis un mystère :
nous ne mourrons pas tous,
mais nous serons tous changés,
en un moment,
en un clin d'oeil,
au son de la dernière trompette.
Car la trompette sonnera et
les morts ressusciteront incorruptibles
et nous serons changés.
Alors cette parole de l'Écriture sera accomplie :
« La mort est engloutie dans la victoire ».
0 mort ! Où est ton aiguillon?
0 enfer ! Où est ta victoire?
(I Corinthiens XV, 51 à 55)

Seigneur, tu es digne de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance
car tu as créé toutes choses,
et c'est par toi qu'elles ont été créées.
(Apocalypse, IV, II)

VII
Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur!
Oui, dit l'Esprit, ils se reposent de leurs travaux
car leurs œuvres les suivent.
(Apocalypse, XIV, 13).



Version du New Philarmonia Orchestra dirigé par Lorin Maazel.

NB : Dédicataire de cette page, Albert Macours grâce à qui Latin et Grec ne sont des langues mortes que pour les fossoyeurs de l'humanisme...


16 commentaires:

  1. j'aime Brahms et son Deutsches Requiem mais qu'est ce que j'aime aussi le NB :-))

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    1. à propos du NB, Jules Roy :
      - "On ne salue pas un homme au singulier mais au pluriel..."
      (évidemment pas "homme" au sens "vir")

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  2. Merci, JE, pour cette merveilleuse présentation. J'admire ton immense culture et l'art de l'exprimer. J'aime particulièrement le commentaire de Gill Pressnitzer. Mais tout ce qui est présenté ici est exactement dans la ligne du grand Johannes Brahms. Merci encore.

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    1. reste à espérer que
      se laissant porter par la douceur Mosane ou par la rudesse de la Sambre,
      traversant les arbres de la Marlagne, de Bois-de-Villers, de Dave
      descendant des rochers du Roi Albert, du Néviaux ou de Tailfer
      convergeant depuis Floriffoux, Suarlée, Temploux, Vedrin, Champion, Erpent, Gelbressée, Vierde et Wépion, Profondeville, Sart-St-Laurent...
      un public nombreux rejoigne Malonne les 17 et 18

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  3. Splendide billet sur Brahms, un musicien qui suscite admiration et le plus grand respect... ce Requiem est somptueux et combien j'aimerais me faire mienne l'idée de la mort douce, fraternelle et "engloutie dans la victoire" !!
    Merci JEA.

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    1. et merci Monsieur Macours !

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    2. Laure Mentzel :
      - "La musique adoucit les morts..."

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    3. Woody Allen : "Si Dieu existe, j'espère qu'il a une bonne excuse".
      La musique ?

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    4. Conte Peul :
      "- Il faut traverser à la nage.
      - Si nous traversons à la nage, le crocodile va nous manger.
      - Dieu est bon, dit le premier.
      - Ouis, mais si Dieu est bon pour le crocodile ?"

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  4. Vous nous gâtez JEA! Merci à vous...j'adore votre NB, merci donc aussi à Mr Macours!
    N'aimerions-nous pas tous nous entendre dire: "Je vous consolerai comme une mère console son enfant."? (Isaïe LXVI, 13)
    Musique, toujours!

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    1. Léonard Bernstein :
      - "On ne vend pas la musique. On la partage..."
      Temps crachoteux. Le soleil a déjà plié bagages : demain, un rallye automobile passe et repasse devant ma demeure condruzienne. Une spectatrice écrabouillée l'an dernier. Dès lors, succès de foule garanti ce samedi...

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    2. Si vous vous contentez de quelques notes ensoleillées, je vous les envoie à pied ou à nuage, sans bruit.

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    3. Cora Vaucaire :
      http://www.youtube.com/watch?v=YhhUq1LSOHY

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  5. Saint-Berthuin à Malonne : mon père y fit ses "humanités" et fréquenta sans doute cette chapelle. Merci pour cette page Requiem en ce Jour des Morts et en particulier, la traduction du livret.
    "Vous êtes maintenant dans la tristesse,
    mais je vous reverrai et votre coeur se réjouira
    et personne ne vous ravira votre joie."
    (Jean XVI, 22)
    Les mots de Gil Pressnitzer portent.

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    1. St-Berthuin ? Une "villa" scolaire dans le village de Malonne. De très très hauts murs entre la route Bois-de-Villers-Sambre et la colline où s'ennuie à périr un fort inutile. L'ombre d'un Frère reconnu en sainteté. Des générations de gamins et de garçons qui ne purent sortir qu'après avoir décroché ces parchemins qui ouvrent les chemins de la vie...

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  6. Merci de nous présenter "paroles et musique". Nos œuvres nous suivent alors que nous nous reposons, la mort nous délivrant de toutes nos fatigues. Ne pas accepter l'épuisement, se ressourcer pour continuer.

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Les commentaires sont modérés dans la mesure où les spams ne sont pas vraiment les bienvenus (ils ne prennent pas de vacances)