"Pour le bateau tranquille et qui se meurt de Port"... (Ph. JEA/DR).
Médiathèque
- "Requiem figure pour la première fois dans l'album Je te donne, paru en septembre 1976. Le terme Requiem fait référence à la messe des morts du culte catholique et de son incipit : Requiem æternam dona eis Dominum [Seigneur, donne-leur le repos éternel].
Ce requiem laïque est constitué de huit quatrains d'alexandrins aux rimes croisées. C'est un poème d'offrande adressé à tout un chacun : aux innocents (Pour le cheval enfant qui n'ira pas bien loin, Pour le mouton gracieux le couteau dans le rouge), mais aussi au monde entier (Pour ce siècle imprudent aux trois quarts éventé)... Qu'ils reposent en paix et pour eux Léo Ferré demande… le silence. Ce type de chute pourrait tenir du système - utilisé par ailleurs par Ferré ; la musique (très "classique") et l'interprétation (retenue) conjugués, subliment le procédé.
(…) Dans le domaine classique le site Requiem survey recense plus de 3000 Requiem ! Une cinquantaine de ces derniers sont passés à la postérité ; citons ceux de Berlioz, Brahms, Britten, Campra, Duruflé, Dvorak, Fauré, Mozart, Saint-Saens, Schumann et Verdi."
(Cité de la Musique).
"Pour les feux de la nuit qui enflamment l'amour..." (Ph. JEA/DR).
Léo Ferré : Requiem
- "Pour ce rythme inférieur dont t'informe la Mort
Pour ce chagrin du temps en six cent vingt-cinq lignes
Pour le bateau tranquille et qui se meurt de Port
Pour ce mouchoir à qui tes larmes font des signes
Pour le cheval enfant qui n'ira pas bien loin
Pour le mouton gracieux le couteau dans le rouge
Pour l'oiseau descendu qui te tient par la main
Pour l'homme désarmé devant l'arme qui bouge
Pour tes jeunes années à mourir chaque jour
Pour tes vieilles années à compter chaque année
Pour les feux de la nuit qui enflamment l'amour
Pour l'orgue de ta voix dans ta voix en allée
Pour la perforation qui fait l'ordinateur
Et pour l'ordinateur qui ordonne ton âme
Pour le percussionniste attentif à ton coeur
Pour son inattention au bout du cardiogramme
Pour l'enfant que tu portes au fond de l'autobus
Pour la nuit adultère où tu mets à la voile
Pour cet amant passeur qui ne passera plus
Pour la passion des araignées au fond des toiles
Pour l'aigle que tu couds sur le dos de ton jeans
Pour le loup qui se croit sur les yeux de quelqu'un
Pour le présent passé à l'imparfait du spleen
Pour le lièvre qui passe à la formule Un
Pour le chic d'une courbe où tu crois t'évader
Pour le chiffre évadé de la calculatrice
Pour le regard du chien qui veut te pardonner
Pour la Légion d'Honneur qui sort de ta matrice
Pour le salaire obscène qu'on ne peut pas montrer
Pour la haine montant du fond de l'habitude
Pour ce siècle imprudent aux trois quarts éventé
Pour ces milliards de cons qui font la solitude
Pour tout ça le silence..."
Et une version de la Folie par Pia Colombo, elle qui prit le relais de Ferré quand il était interdit d'enregistrement...