MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 24 mai 2012

P. 147. Albert Szerman, rescapé des rafles du Vél d'Hiv' et de La Varenne

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Les deux Justes parmi les Nations : Henri et Solange Ardourel, sauveteurs d'Albert Szerman (Mont. JEA/Droits Réservés à ce seul blog) (1).

Introduction (2)

Immigrés de Pologne, Josek Szerman et son épouse, Rywka Szerman née Basz, abandonnent cette terre de pogroms pour gagner la France dans les années 1930. En 1936, la naissance d'Albert Szerman agrandit la famille.
Comme le couple travaille très dur, Albert est confié à une nourrice.
Survient la guerre. En 1942, la politique de la « solution finale » se concrétise par la chasse systématique aux juifs. Josek et Rywka Szerman sont arrêtés lors de la terrible rafle du Vél d’Hiv'. Le 22 juillet 1942, le couple est transféré de Drancy. Ils compteront tous deux au nombre des déportés du convoi n°9 à destination d’Auschwitz (3) où ils périrent sans sépulture.
Epargné par le sort car il n’était pas avec ses parents au moment de la rafle, Albert est placé en maison d’enfants et d’orphelins. De l’été 1942 jusqu’à l’été 1944, la guerre va se poursuivre avec son cortège d’horreurs dont l'antisémitisme n'est pas des moindres.
En juillet 1944, Albert se trouve à l’orphelinat « Beiss Yessoïmim », 30 rue Saint-Hilaire à La Varenne (commune de Saint-Maur-des-Fossés, dans l’actuel département du Val-de-Marne).
Le samedi 22 juillet 1944 restera une date définitivement noire car une rafle frappe La Varenne-Saint-Hilaire. Des nazis et des collabos, sous les ordres du SS-Haupsturmführer Aloïs Brunner (4), envahissent non seulement l’orphelinat mais encore la pension d’enfants Zysman, située au 57, rue Georges-Clemenceau.
Des autobus ont été mobilisés pour emmener les gosses raflés.
Or, il advient qu’Albert Szerman soit pris de malaise en pleine rafle. Une lingère de l’institution, non juive, le prend en charge et le conduit chez elle, en face de l’orphelinat. De la fenêtre, l’enfant est témoin du drame jusqu’à ce que s’éloignent les autobus où durent monter tous ses petits copains et les monitrices de l’orphelinat. Direction : Drancy. Le 31 juillet 1944, le convoi 77 les emportera pour Auschwitz (5).
Mais Albert, 8 ans ? Il devra la vie à Henri et à Solange Ardourel dans des circonstances que le rescapé décrira lui-même ci-après.
Après la Libération, la vie reprend ses droits. Sans autres enfants, M. et Mme Ardourel envisagent d’adopter Albert. Jusqu’à ce que le frère de Josek, son père, vienne le chercher pour renouer des liens avec ses origines juives. C’est un déchirement pour Albert ! Il ne rompra pas pour autant les contacts avec ses sauveurs. Cette belle histoire se prolongera jusqu’à la retraite du couple, à Ciry-Salsogne (Aisne) et au décès d’Henri Ardourel en 1962 puis de Solange en 1978.
Albert Szerman, seul rescapé de la rafle de l’orphelinat de La Varenne-Saint-Hilaire, a témoigné sur les circonstances de son sauvetage, dans Les Orphelins de La Varenne 1941-1944, éditions L’Harmattan (2004).


Couverture de l'ouvrage contenant le témoignage d'Albert Szerman (DR).

André Kaspi, auteur de la préface :

- "Dans la dernière semaine de juillet 1944, les Alliés progressent en Normandie. Caen est libéré. Les Allemands viennent d'abandonner Saint-Lô. Les troupes du général Omar Bradley s'apprêtent à lancer l'opération Cobra qui aboutira... à la libération de Paris.

C'est l'été des grandes espérances.
Mais du 20 au 24 juillet, en pleine nuit, le capitaine SS Aloïs Brunner, chargé des questions juives de la région parisienne, fait arrêter 250 enfants. Entassés dans des autobus, ils sont transférés à Drancy. Le 31 juillet, ils partent, 60 par wagons, "vers l'Est", à Auschwitz-Birkenau, dont aucun ne reviendra.
Ils vivaient dans des orphelinats à Paris, à Montreuil, à Louveciennes, à Neuilly, à Vincennes, à Saint-Mandé, à La Varenne Saint-Hilaire…"

Description de la rafle 22 juillet 1944, à la Pension Zysman, 57 rue Geoges Clemenceau :

- "Louise nous renseigne encore sur le déroulement de la rafle. Mise au courant par des amis, elle se précipite à la pension pour y découvrir la catastrophe et apprend le film des évènements par une voisine habitant le pavillon contigu. Vers quatre ou cinq heures du matin, cette dame avait été réveillée par le bruit de véhicules freinant devant sa maison : trois autobus.
Deux Allemands en uniforme et des civils à leurs ordres avec brassard étaient présents. On conduisit les enfants et le personnel de la pension au premier autobus. On jeta par les fenêtres, matelas, couvertures, linge que l'on entassa dans les deux autobus suivants. On y empila de la vaisselle. Les dix enfants, deux membres du personnel, la cuisinière : Lucie Lithuac, 47 ans et mademoiselle Lévy directrice du foyer furent internées à Drancy."

A l'orphelinat, 30 rue Saint-Hilaire :

- "La rafle frappe en effet l'Orphelinat la nuit même où elle s'abat sur la pension Zysman. Elle se produit dans un climat de plus grand effroi : l'Orphelinat est cerné et les S.S ordonnent son évacuation, mais les enfants, gagnés par la panique, refusent de descendre. Alors les S.S., pour montrer leur détermination tirent sur la façade à l'arme automatique. (La trace des balles marqua le bâtiment jusqu'à sa destruction en 1982).
Dix huit enfants terrorisés sortent de l'Orphelinat. On les fait monter dans un autobus, ainsi que cinq femmes membres du personnel. Cependant, l'une d'elle persuade les Allemands qu'elle n'est pas juive. On l'autorise à partir."

Sont déportés sans retour :

Les enfants de l’orphelinat Saint-Hilaire :


Volf AGREST, né en 1935
Berthe ALTER, 1938
Charlotte ALTER, 1940
Raphaël BENDERSKI, 1938
Bernard BERNSTEIN, 1939
Regina BERNSTEIN, 1937
Simon BERNSTEIN, 1936
Christiane FIX, 1936
Maurice FIX, 1933
Jean GRUMBERGER, 1937
Renée GRUMBERGER, 1936
Rolande GRUMBERGER, 1938
Emmanuel HOLZ, 1940
Alain JURKIEWICZ, 1936
André KANE, 1939
Alliah SEBBAH, 1940
David SZWALBERG, 1935
Hermann SZWALBERG, 1934
Madeleine SZWALBERG, 1936
Jacques TABAK, 1936.

Les enfants de la pension Zysman :


Justine FRIEDRICH, 1938
Jacques HOPENSZTAND, 1934
Paul JAKUBOWICZ, 1938
Isak RACHOW, 1936
Suzanne STERBER, 1938
Édouard WAJNRYB, 1939
Michel WESTREICH, 1940 (6)


Albert Szerman donnant lecture de son témoignage unique et bouleversant. A dr. : sa première page manuscrite (Ph. JEA/DR à ce seul blog).

Ce 20 mai 2012, une Cérémonie de reconnaissance des sauveurs d'Albert Szerman, les Justes Henri et Solange Ardourel, s'est déroulée à la Salle polyvalente de Crouy. L'invitation avait été envoyée par M. Daniel Moitié, Maire de Crouy ainsi que par le Comité Français pour Yad Vashem, représenté par ses délégués Viviane Saül et Alain Habif (7).

Albert Szerman rappela comment il fut arraché à la Shoah :


- "Alors que la France s'apprête à commémorer le 70e anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv', le rôle des Justes durant ces heures sombre ne doit pas faire oublier que l'Etat Français et ses autorités de l'époque ont porté une lourde responsabilité dans la collaboration, tandis qu'une partie de la population s'est dressée contre la barbarie. Ces milliers de personnes qui ont sauvé des Juifs malgré les risques encourus, démontrent, s'il en était besoin, qu'il était possible d'agir. En 2007, le Président Chirac a salué leur courage et leur importance dans l'Histoire, lors d'une émouvante cérémonie, en leur accordant les honneurs du Panthéon. Ils sont à tout jamais très proches de ceux qui ont fait la grandeur de la France.
A travers mon histoire, vous allez découvrir deux de ces Justes qui s'apprêtent à recevoir reconnaissance et admiration. Notre fierté est si grande, et leur émotion si belle !
Nous voici arrivés au coeur même du récit, bien longtemps après les faits. A La Varenne, petite ville charmante des bords de Marne, s'est déroulé, à un mois de la libération, un drame épouvantable, la déportation des enfants de l'Orphelinat. La machine à remonter le temps va s'arrêter le 22 juillet 1944, date qui va rester à tout jamais dans les mémoires. Ce jour d'été, a priori comme les autres, va se transformer en cauchemar pour ceux qui l'ont vécu et ceux, si rares, qui ont survécu. Rien ne laisse présager ce qui va suivre si ce n'est qu'il règne alors une animation inaccoutumée; des préparatifs de départ s'organisent, les enfants âgés de 4 à 11 ans sont brutalement réveillés, les monitrices s'efforcent de calmer leurs angoisses.
Je suis avec mes camarades quand le destin va se manifester une première fois. Pris de vomissements, je suis emmené à l'infirmerie par une employée non juive, puis à son domicile au premier étage d'où je vais être le témoin horrifié de scènes insoutenables. Les 28 orphelins vont être précipités dans les autobus de la honte avec baluchons et matelas puis conduits à Drancy.
Ils vont vivre alors d'horribles journées avant d'être acheminés le 31 juillet par le convoi 77 vers Auschwitz, dans des wagons à bestiaux. Après un épouvantable voyage de 2 jours et demi, entassés dans le noir, apeurés, assoiffés, suffocants, ils vont arriver à Birkenau à moitié nus, et sans chaussures pour la plupart. A leur descente, ils vont être immédiatement gazés.
Il faut savoir que de 1942 à 1944, en France, 11.000 enfants juifs subirent le même sort. Dans le même temps, 70.000 survécurent grâce à la solidarité et à l'aide d'hommes et de femmes qui s'opposèrent courageusement à ces "crimes contre l'humanité".


Viviane Saül et Alain Habif, délégués du Comité Français pour Yad Vashem. Au micro : Albert Szerman (Ph. JEA/DR à ce seul blog).

Suite du témoignage d'Albert Szerman :


- "Que s'était-il passé à La Varenne avant le 22 juillet 1944 ? Pour ces enfants, la menace, les rafles, pour les adultes du quartier des actes de courage et pour certains aussi des actes moins nobles.
Quant à moi, tremblant de peur, je n'ai pas conscience du miracle qui vient de se produire. Au petit patin, l'employée qui m'a sauvé, va alors se libérer de toute servitude et, par crainte de probables représailles, me laisser au bas de chez elle. C'est alors que le destin va se manifester à nouveau. Comme chaque jour, de très bon ne heure, un couple de commerçants qui possèdent une épicerie non loin de l'Orphelinat, se rend à se achats et découvre un gamin chétif, à moitié endormi; ils comprennent qu'il s'agit d'un rescapé de la rafle de la veille. Ils le ramènent et le cachent dans leur arrière boutique.
Voilà le début de cette histoire qui va ensuite s'accélérer et rendre le parcours de cet orphelin plus miraculeux encore. Mes sauveurs, vous l'aurez deviné, Solange et Henri Ardourel, vont s'évertuer à me prodiguer les soins nécessaires à mon état. Sous alimenté, mon rachitisme peut faire craindre le pire. Il va leur falloir beaucoup de patience et de temps aussi pou faire du jeune Albert un enfant comme les autres. Pour cela, ils vont prendre tous les risques et ignorer le danger qui est permanent. Le matériel ne va plus alors compter, ils vont mettre leur activité commerciale entre parenthèses, alors que les gens manquent de tout, le profit va s'avérer secondaire et tout cela en oubliant leur propre sauvegarde. Ce qui est sûr, c'est que sans une chance insensée et sans l'attitude exceptionnelle de Monsieur et de Madame Ardourel, je ne serais plus qu'un nom et une date de naissance gravés sur une plaque, apposée en 1986, sur un mur triste, sur les lieux mêmes de la tragédie : Szerman Albert 8 ans."


Une salle comble à l'écoute du destin unique d'Albert Szerman et des Justes Henri et Solange Ardourel (Ph. JEA/DR à ce seul blog).

Suite du témoignage d'Albert Szerman :


- "Mais qui peut savoir que ces horreurs ont vu le jour sous le regard bienveillant, pour ne pas dire complice de gens ordinaires qui, pour la plupart, savaient ce qui se préparait et n'ont pas tenté de sauver des enfants. La lâcheté et la délation étaient alors monnaie courante. Aujourd'hui, il ne subsiste de l'inqualifiable horreur que l'évocation des souvenirs par les rares témoins encore vivants et les commémorations ici ou là qui permettent le rappel des faits, afin que ceux-ci ne tombent jamais dans l'oubli.
Encore maintenant, près de 70 ans plus tard, les cauchemars hantent mes nuits et dans ma mémoire se bousculent tous ces visages affreusement tristes pour qui amour et confiance ne furent que de vains mots. A l'instant de partir, ils avaient dans le regard ce reste d'innocence que la détresse a défloré. Privés d'un père et d'une mère, disparus dans la tourmente, ils ont tendu leurs petites mains à leurs bourreaux, sans même comprendre qu'ils seraient victimes de la barbarie des hommes.
Lors du 50e anniversaire de la déportation, les historiens de Saint Maur-La Varenne m'ont demandé d'apporter ma pierre à la commémoration et de raconter ce que fut le calvaire des enfants. Moi seul étais à même d'évoquer, dans la douleur, ce 22 juillet 1944, et cela sur les lieux mêmes, devenus depuis un Centre d'accueil pour jeunes sans foyer. Je me souviens avoir terminé par ces mots lourds de sens qui avaient été prononcés auparavant lors de l'anniversaire de la déportation des enfants d'Izieux (8) par le sinistre Barbie (9) : "Au nom de cette enfance assassinée, plus jamais ça".
Ici, devant vous, j'ai cette impression étrange qu'ils s'expriment tandis que je vous parle et que par ma bouche, ils nous disent leur bonheur d'être parmi nous. Leur destinée est à la fois insoutenable et universelle.
Je voudrais vous confier un petit secret : Solange et Henri Ardourel avaient envisagé mon adoption, quels merveilleux parents adoptifs j'aurais eu, hélas j'ai suivi une autre route..."


Médaille de Yad Vashem frappée aux noms d'Henri et de Solange Ardourel (Mont. JEA/DR à ce seul blog).

Conclusion d'Albert Szerman :

- "A l'instant de conclure, sachez que je suis heureux que leur famille et leurs amis soient présents à cette cérémonie où sont évoqués tant de souvenirs. L'émotion est bien réelle, ils sont enfin reconnus Justes parmi les Nations et je suis fier d'avoir contribué à faire reconnaître leurs immenses mérites, afin qu'ils soient honorés publiquement, et surtout qu'un hommage solennel, tardif sans doute, leur soit rendu. Le petit garçon est devenu un vieux Monsieur, il vit l'un des plus grands jours de son existence, ce 20 mai 2012.
Cette médaille et ce diplôme, s'ils mettent en lumière un moment dramatique de leur vie, sont aussi, pour nous tous ici présents, la plus belle et la plus méritée des récompenses. J'aurais tant aimé qu'ils reçoivent cet hommage de leur vivant, j'aurais tant voulu partager avec eux leur émotion, et pour tout dire, ces rares instants de pur bonheur.
J'espère qu'à travers ce récit, vous aurez appris à connaître et à aimer deux être exceptionnels, admirables de courage et de volonté et à qui je dois tant. Merci Solange, merci Henri, pour ce magnifique cadeau que vous m'avez offert : la Vie.
Le miracle, en fait, c'est que 68 ans après la déportation des orphelins de La Varenne, tout est encore présent et le sera jusqu'à mon dernier souffle. Il n'y aura jamais de place pour l'oubli. Quand on a connu et vu toutes ces horreurs, quand on a croisé la route d'hommes et de femmes si merveilleux, on peut se préparer à refermer le livre de sa vie."

(s) Albert SZERMAN
(10).

(Ph. de gauche) Albert Szerman saluant la famille et les amis des deux nouveaux Justes. (Ph. de droite) Ginette Létoffé qui reçut la Médaille attribuée à titre posthume à ses oncle et tante. A ses côtés, M. Bernard Létoffé, Président du Comité d'entente des Associations d'anciens combattants (Mont. JEA/DR à ce seul blog).

NOTES :

(1) Tous droits réservés - 2012 - JEA pour cette page du blog.
Que les lecteurs (masc. gram.) veuillent bien excuser ce rappel mais il s'impose face aux plagiaires systématiques, sans scrupules et bafouant toute éthique pour s'adonner à du "Shoah-business".

(2) Sur base du dossier établi par le Comité Français pour Yad Vashem.

(3) Convoi n°9 : 996 déportés, 5 survivants à la fin de la guerre.

(4) Alois Brunner (1912-?). Auteur de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Son itinéraire sanglant comme bras armé de la Shoah passe par Vienne, Drancy, la Grèce, Grenoble, les rafles d'enfants puis Bratislava. Il fut accueilli à bras ouverts en Syrie en 1954 où il mit son "expertise" au service du régime dictatorial. Son décès n'est pas prouvé ou du moins reste entouré de mystère.

(5) Convoi n° 77 : 1300 déportés, 209 rescapés à la libération.

(6) D'après Serge Klarsfeld, Le mémorial des enfants juifs déportés de France, 4, La Shoah en France, Fayard, 2001, 1255 p.
Liste du convoi 77 : pp. 366 à 372.

(7) Présentation lors de la Cérémonie, par Viviane Saül, déléguée :
- "Le Comité Français pour Yad Vashem est la branche française de l’arbre Yad Vashem. Régie par la loi de 1901, cette association laïque et républicaine fut fondée en 1989. Constitué de bénévoles, ce Comité est chargé de faire connaître et d’honorer les Justes parmi les Nations de France et de soutenir le Mémorial de Yad Vashem de Jérusalem dans sa mission de mémoire et d’enseignement."
Coordonnées :
- 33 rue Navier 75017 Paris
- Tél. : 01 47 20 99 57
- courriels, cliquer : ICI
- pour le remarquable site internet, cliquer : ICI.

(8) Lire sur ce blog la page 71 : "Les enfants d'Izieu n'ont que faire d'un avocat FN !". Cliquer : ICI.

(9) Consulter la page 33 de ce blog : "Le procès Barbie". Cliquer : ICI.

(10) JEA : retranscription intégrale du discours manuscrit confié par Albert Szerman à fin de publication sur ce blog.

REMERCIEMENTS :

Cette page vous est proposée grâce aux aides précieuses de :
Alain Habif, délégué du Comité Français pour Yad Vashem,
Daniel Moitié, Maire de Crouy et de son personnel municipal,
Manuel Rispal, pour la documentation sur le dossier des deux Justes,
Viviane Saül, déléguée du CF pour Yad Vashem,
Albert Szerman, enfant caché et rescapé de deux rafles.

Diplôme et Médaille remis lors de cette Cérémonie du 20 mai 2012 à Crouy (Ph. JEA/DR à ce seul blog).

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24 commentaires:

  1. quelques uns comme eux pour redonner foi en l'homme

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    1. Simone Veil :

      - "En honorant ceux qui ont refusé de se plier à la fatalité de la volonté exterminatrice de l'idéologie nazie, la médaille des Justes contribue à rétablir l'Histoire dans sa vérité."

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  2. @ JEA : L'Histoire dépassera toujours, par sa force impérieuse, n'importe quel "business" dont certains profiteurs font leur petite cuisine nauséabonde.

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    1. Certes mais j'ai été confronté au détournement de plus d'une centaine de documents originaux mais reproduits sur une autre site se contentant d'indiquer : "source inconnue" tout en s'appropriant les droits !!! Certaines de ces photos et de ces archives n'avaient même jamais été rendues publiques jusque-là.
      De plus, le même site a recopié des pages entières rédigées par mes soins. Pour la forme, ce site se limita à changer paresseusement un mot par ci, par là...
      Par contre, ce site, lui, fait non seulement appel à des subsides mais s'adresse aussi directement au porte-monnaie des familles de Justes etc.
      Le bénévolat est l'un des piliers du Comité Français pour Yad Vashem. Quel contraste avec des profiteurs du judéocide.

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  3. Ce témoignage est poignant, je l'ai relu plusieurs fois, et l'hommage rendu, cette reconnaissance si vraie. Comme dit Brigitte, elle redonne fois en l'homme.

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    1. Albert Szerman dont le témoignage a été respecté ici au mot à mot, est bien au-dessus des haines, des propagandes, des légendes, des décorations, des pathos, des égocentrismes, des langues de bois...
      Sa première famille anéantie (où et comment...). Les bourreaux cherchant même à faire disparaître jusqu'aux orphelins, y compris des bébés. Ses copains déportés sous ses yeux. Son abandon total au milieu d'un drame sans commune mesure. La deuxième famille à laquelle il est finalement retiré...
      Pour paraphraser Conrad, "du seul fait qu'il est né" juif, cet "homme est tombé" dans un cauchemar "comme on tombe" dans le pire des ouragans. Or, il est resté droit, lucide, fraternel.

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  4. La Varenne c'est à deux pas de chez moi!
    Et j'ignorais cette histoire!
    Il me semble que, partout, je suis confrontée à l'absence. Absence d'inconnus. Mais absence qui me frappe de plus en plus.
    Le mois dernier on me raconte la fin des Juifs Crétois, torpillés en mer.
    L'été dernier c'était en Lituanie, au détour d'un chemin,...
    Je prépare un voyage en Bulgarie et en recherche de mes lectures, encore des écrivains errants...
    Heureusement, de temps en temps des Justes,

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    1. les orphelins de La Varenne, les juifs de Grèce : un même bourreau, Alois Brunner...

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  5. Très émue par ce témoignage cher JEA
    Dire qu'à côté des Justes, il y a eu un nombre impressionnant de collabo qui ont montré un zèle féroce aux côtés des Nazis

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    1. Lors du procès Papon, l'historien Paxton évalua à 60.000 le nombre d'Allemands chargés pour toute la France, des tâches policières et répressives.
      On atteint les 100.000 en comptant les états-majors, les administratifs etc.
      Ces chiffres ont grandement dérangé et des remous remontent régulièrement à la surface.
      Paxton souhaitait prouver qu'avec un nombre limité à 60.000 occupants actifs, la Shoah n'avait été possible qu'avec l'apport des multiples formes prises par la collaboration. L'exemple le plus sinistre reste la rafle du Vél d'Hiv' que la police parisienne fut seule à accomplir.

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    2. Oui... je viens de terminer le livre de Alexandre Jardin "des gens très bien", où il dénonce le rôle de son grand père Jean Jardin dans la rafle du Vél d'Hiv... un citoyen français très bien!

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    3. nous sommes plongés dans des drames aux prolongements plus que douloureux
      mais pas dans une fable du style : "si ce n'est toi, c'est donc ton père ou ton grand-père"
      et donc pour des descendants de collabos, on peut comprendre les traumatismes provoqués par la découverte au sein même de leur famille de complicités voire de responsabilités dans des crimes de guerre et/ou contre l'humanité
      certains descendants persistent et signent néanmoins dans des engagements par exemple dans les mouvances des négateurs
      d'autres descendants au contraire en souffrent, à ceux-là on ne peut répéter que si l'oubli est impossible par rapport aux ancêtres, la tache indélébile sur l'honneur de ceux-ci ne peut en rien retomber sur des innocents comme ces descendants
      à Auschwitz, les salles de cheveux et de valises, pour ne prendre que ces deux exemples, sont maintenues en l'état notamment par de jeunes Allemands qui "n'expient" pas par rapport aux générations de la guerre, mais qui veulent se démarquer de ces générations porteuses de l'idéologie nazie et donc offrent leur bénévolat attentif et respectueux...

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  6. Ce sont des lignes qui forcent le respect et l'admiration, pour ces personnes qui par delà leur religion, par delà les dangers ont tendu une main secourable, je suis émue à lire ce témoignage, je suis allée à plusieurs reprises à la Maison d'Izieu où l'on est submergé par l'émotion.

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    1. Et à Lizieu, le même SS Alois Brunner qu'à La Varenne, un responsable de crimes contre l'humanité, resté... impuni !

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  7. L'horreur dans toute sa perception. Lors de l'arrestation de Maman et Papa, j'ai été placé dans un home jusqu'à avance des SS dans les Ardennes. J'ai assisté à l'intervention des allemands qui venaient pour arrêter 4 juifs et moi-même. Nous avons pu nous soustraire à cette arrestation grâce à l'intervention du personnel du home. Nous avons passé 24 heures dans le noir caché derrière l'autel de la chapelle de l'établissement.
    Souvenirs terribles.

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    1. eux quatre, des persécutés raciaux
      et toi, fils de deux résistants...

      sur la première mouture de Mo(t)saïques
      relire cette page 105 avec des lettres inoubliables de ton Père, écrites à la prison de Namur avant sa déportation
      http://motsaiques.blogspot.com/2009/04/p-105-leopold-de-hulster-lettre-depuis.html

      heureusement, une bonne amitié empêche parfois de désespérer

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  8. Soeur de Paris24 mai 2012 à 23:57

    Je n'aurais rien à ajouter à cette page,seulement mille fois MERCI à mon très
    "cher frère"
    J'espère que le blog fera le tour du monde pour faire connaître ces merveilleuses personnes nommées JUSTES parmis les Nations, qui au péril de leur vie, n'ont pas hésité
    à sauver des êtres humains.

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    1. C'est assez mal parti pour que ces deux pages de Crouy.
      Hier leurs références ont soudain disparu de Google, moteur de recherche.
      Dès leur publication très matinale, ces pages répondaient en première place pour les noms des Justes Ardourel et pour Albert Szerman.
      Objectivement, aucun autre site ni blog n'a d'ailleurs jusqu'à présent proposé un tel écho à leurs destins.
      Mais plus rien sur Google.
      En soirée, j'ai tenté de réintroduire les pages sur le moteur de recherche Google. Elles y figurent à nouveau mais après l'AJPN, le Comité Français, une Union professionnelle juive et l'Union.
      Il n'empêche que jusqu'à présent, ces deux pages ont été principalement ouvertes depuis la France, la Belgique, l'Angleterre, les USA, l'Espagne, la Russie, la Grèce et la Suisse (en ordre décroissant).

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  9. Pouvons-nous dire : nous sommes désormais à l'abri de telles horreurs ? Une nation de haute culture comme l'était l'Allemagne a sombré dans la pire des barbaries. Le "comment" nous échappe, malgré ce que les historiens nous en disent. Merci, Jean-Emile, de garder la vigilance.

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    1. Quand je suis trop pris de vertiges, je relis Hannah Arendt et sa "radicalité du mal, banalité du mal" :
      - "Les oubliettes n'existent pas. Rien d'humain n'est à ce point parfait, et il y simplement trop de gens dans le monde pour rendre l'oubli possible. Il restera toujours un survivant pour raconter l'histoire... La leçon de ces histoires est simple et à la portée de tous. Politiquement parlant, elle est que, dans des conditions de terreur, la plupart des gens s'inclineront, mais que certains ne s'inclineront pas... Humainement parlant, il n'en faut pas plus, et l'on ne peut raisonnablement pas en demander plus, pour que cette planète reste habitable pour l'humanité."

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  10. 70 ans et c'est hier. L'horreur absolue.

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    1. 70 ans...
      comment mettre des mots sur cette étrangeté ?
      effectuer des recherches sur des victimes plus âgées que vous quand la Shoah les frappa
      et tenter de mener à bien ces recherches aujourd'hui, alors que l'on est plus âgé qu'elles ???

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  11. Dignité et émotion dans ce témoignage, encore une page qui honore votre blog, JEA.
    Devant ces listes de noms d'enfants, je me suis attardée sur chaque prénom - comme une prière.

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    1. merci à vous

      de tous les témoins entendus sur leur expérience de la Shoah
      ceux qui refusent le plus tout pardon et ne supportent pas le mot oubli
      ces témoins ne cessent de revoir les bébés, les enfants, les ados
      que les nazis et leurs serviteurs ont envoyé à la mort, et quelle mort...

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Les commentaires sont modérés dans la mesure où les spams ne sont pas vraiment les bienvenus (ils ne prennent pas de vacances)