MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

lundi 9 janvier 2012

P. 106. Mers de nuages

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Ault (Ph. JEA/DR).


Cirrus, cumulus, nimbus, stratus... Ils portent malgré eux des noms savants
mais heureusement, les nuages, ces somnambules-funambules, ne se prennent pas au sérieux.

Tous aiment les vagues à l'âme des rivages et bâtissent des châteaux de sable sur des plages sans marge.

Parfois, pour chasser le souvenir glauque d'un collabo belge, ils jettent quelques poignées de grêle sur le premier épouvantail venu.

Sinon, ils adorent retourner en enfance et jouer à saute-moutons avec des oiseaux de nuit insomniaques.

Des intégristes aussi troubles que troublés, leur reprochent de ne pas sortir en burka mais au contraire en tenue d'ève ou d'adam et qui plus est, de ne pas être complexés par leur âge !

Les nuages savaient bien avant Galilée que la terre est ronde sans pour autant avoir la tête qui tourne.

Par solidarité, ils lessivent jusqu'à l'os de leur matraque, les forces dites de l'ordre qui traquent les nomades à la trace !

Parole de nuage breton : me zo ganet e kreiz arr mor, je suis né au milieu de la mer (JEA/DR).

Les nuages n'arrivent jamais à bon ou à mauvais port,
eux qui ne cessent de partir...

Saint-Marcouf (JEA/DR).

Audresselles (Ph. JEA/DR).

"La chanson des vieux amants" de Brel :

- "Bien sûr, nous eûmes des orages
Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l'eau
Et moi celui de la conquête..."


(Ph. JEA/DR).

Tristan Tzara :

- "L'orage indescriptible dont se nourrit la mer des vitres."



Ciel faisant la Manche (JEA/DR).

Utah Beach. De loin la plage de Normandie la moins sanglante : un maximum de 200 tués, blessés ou disparus le jour du débarquement (Ph. JEA/DR).

Utah Beach, juin 1944 (Doc. JEA/DR).).

Ile Chausey (Ph. JEA/DR).

Jardeheu (Ph. JEA/DR). 

Le ciel de la mer du Nord comme un(e) ora(n)ge pressé(e) (Ph. JEA/DR). 

Pour continuer à vagabonder dans l'album photo de ce blog, cliquer : ICI



27 commentaires:

  1. Rare de voir citer Tristan Tzara, et ce n'est pas approximatif !

    Vos nuages sont aussi des photos de Françoise Sagan, douceur aiguë.

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  2. @ Dominique Hasselmann

    Tristan Tzara :

    - "...derrière le mur des mémoires
    la meute des brumes dissipées"

    voir aussi le dernier collage de Thadée (lien dans la colonne de gauche)

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  3. et après m'être baignée les yeux dans vos nuages, plaisir de votre échange tous les deux - réveiller doucement mon crâne

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  4. @ brigetoun

    en vous lisant, j'entends soudain annoncer sur France Musique le décès d'Alexis Weissenberg
    Christophe Bourseiller tient le micro et s'exprime sur un ton particulièrement m'en foutiste :
    - "il est mort mais que voulez-vous, la vie continue"
    (bonjour la délicatesse)

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  5. @ Taddée

    pardon d'avoir escamoté l'un de vos deux D dans la réponse au commentaire de Dominique Hasselmann

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  6. tout un monde pour vagabonder, se laisser porter mais non sans collecter au passage quelques citations au passage

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  7. @ Dominqiue

    les nuages en noir et blanc sont comme les émissions de Dumayet : fragiles, fugaces, mais laissant parfois des traces

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  8. Oh ces lumières, ces surgissements, ces danses, ces courses ! Paysages animés sans coup de pinceau, toiles de maître. Déclinaisons de couleurs, nuances d'encre.
    "Mers de nuages" - beau titre, JEA - je comprends pourquoi j'ai parfois l'impression d'être près de la mer au cinquième étage en ville - "Mille fois je pris mon envol".

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  9. @ Tania

    là si haut en votre presque gratte-ciel, il faut au moins tout le poids d'une vie de Sofia Tolstoï pour empêcher les alizés de vous emporter...

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  10. jeux de nuages... des plus sombres aux plus lumineux
    ceux qui jouent en liberté sur les plages désertes
    mais aussi ceux qui ont accompagné les soldats de la dernière chance...
    J'aime tes photos, mais s'il fallait choisir (choix cornélien s'il en est!) je choisirai celle que tu as prise à l'île de Chausey, à cause de la petite fenêtre rouge

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  11. @ Coumarine

    les îles Chausey qui doivent à la famille Renault de ne pas avoir été occupées de toute la guerre...

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  12. Superbes ciels tourmentés, ombres et lumières comme le texte qui les accompagne. J'aime particulièrement le nuage breton, Jardeheu (je ne connais pas) et les îles Chausey (connais pas non plus). Merci aussi pour le beau texte de Brel.

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  13. @ Danièle Duteil

    Jardeheu : un sémaphore à la pointe Est du Cotentin, pas loin du plus petit port de France : Racine et de la maison où Prévert choisit de finir ses jours (avant que l'usine de La Hague ne vienne empoisonner le tout)...

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  14. j'aime les ciels nuageux, je les préfère au bleu parfait, j'aime les voir danser au-dessus de nos têtes. Vos mers de nuages me transportent !

    Comme on dit au Burundi : On n'enterre pas l'oiseau dans le ciel

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  15. @ Lautreje

    Comme Paul Celan l'écrivit à propos des victimes à Auschwitz :
    - "... il crie assombrissez les accents de violons
    alors vous montez en fumée dans les airs
    alors vous avez une tombe au creux des nuages on n’y est pas couché à l’étroit."

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  16. "- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
    - J'aime les nuages... les nuages qui passent.. là-bas...là-bas... les merveilleux nuages."
    Baudelaire, L'ETRANGER - Le Spleen de Paris

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  17. Vos photos sont trop belles et découragent le peintre ;-) oui, rien de tel que de s'envoyer en l'air en noyant ses yeux dans les nuages !!

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  18. @ K. role

    sous les nuages, très exactement
    merci pour ce Baudelaire qui ajoutait :
    - "La révolution a été faite par des voluptueux"...

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  19. @ MH

    la photographie (celle de ce blog) évolue dans l'instantané
    un coup, un clin d'oeil
    puis quelques cercles concentriques autour de la photo
    mais la peintre, elle crée tout de rien à partir de la toile blanche
    rien ce comparable
    et surtout, me semble-t-il, pas de guerre de tranchées entre ces deux expressions

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  20. Ces nuages sont une invitation au voyage...

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  21. @ Chrys

    J-M Rivat et D. Dubois :

    - "Sur le Gange ou l'Amazone
    Chez les blacks chez les sikhs chez les jaunes
    Voyage voyage
    Dans tout le royaume
    Sur les dunes du Sahara
    Des îles Fidji au Fuji-Yama
    Voyage voyage
    Ne t'arrêtes pas
    Au-d'ssus des barbelés
    Des cœurs bombardés
    Regarde l'océan..."

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  22. Cher JEA, vous savez ma propension à fréquenter les nuages. Les vôtres sont somptueux. Vos photos concentrent ce que j'aime dans les nuages, ces formes à la fois compactes, dodues et évanescentes, ces couleurs inouïes qu'un peintre n'oserait risquer et ce "somnambulisme" qui n'est "pas sérieux".

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  23. @ zoé lucider

    quand, pour vous, je photographie un arbre, on croirait le frère d'un nuage
    (ce ne sont que des masculins grammaticaux...)

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  24. j'adore tout; la poésie et les images dans votre livre d'images à mi-ciel.

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  25. @ Maïté/ Aliénor

    sur cette page, tout le monde peut croire au ciel ?!?

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  26. j'admire, je lis, au même moment vous regarder les miens, si modestes, de nuages.

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  27. @ la Mère Castor

    les nuages ont le chic pour ne pas porter d'uniformes, ni respecter on ne sait quelle hiérarchie, ils ne sont la propriété privée de personne, en vacances ou au turbin jamais ils ne perdent leur humour
    sur vos photos comme sur mes clichés, ils restent libertaires

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