MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

lundi 1 juillet 2013

P. 244. 2 juillet 1714 : naissance de Christoph Willibald Gluck


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La partition d'Iphigénie en Aulide et le regard de Gluck (Doc. et mont. JEA/DR).

Gluck sur les pas d'Euripide et de Racine...


Gluck

- "J'ai cherché à réduire la musique à sa véritable fonction, celle qui consiste à seconder la poésie afin de renforcer l'expression émotionnelle et l'impact des situations dramatiques sans interrompre l'action et sans l'affaiblir par des ornements superflus."

Opéra de Paris

- "Simplicité, vérité et naturel : tels sont, selon Gluck, les éternels attributs de la beauté."

France Musique

- "Mis à part des sonates en trio, quatre ballets et quelques œuvres de musique vocale, Gluck s'est consacré essentiellement à la composition d'opéras. Novateur passionné, admiré par Berlioz et Wagner, sa musique porte en elle tous les traits contradictoires d'un style en pleine mutation. Il crée des architectures monumentales où l'intensité expressive reste toujours subordonnée à l'action. A l'exception de Pergolèse, Gluck est le compositeur d'opéra le plus ancien dont les oeuvres ne disparaissent jamais complètement des scènes européennes."

Xavier Minnaert

- "L'opéra français (…) subit les assauts redoublés d'un courant d'italianisme soutenu par les Encyclopédistes et Rousseau à leur tête. Pour ceux-ci, la seule attitude véritablement défendable sur le plan musical réside dans la reconnaissance de la supériorité de l'opéra italien. Cette position résulte du fait (…) que la langue française ne convient pas à l'opéra. Il est piquant de rappeler à ce sujet la phrase célèbre de Jean-Jacques Rousseau : "Les Français n'ont point de musique et n'en peuvent avoir, ou que si jamais ils en ont une, ce sera tant pis pour eux !" (1753).
Gluck va quant à lui se ranger au parti adverse et donner habilement à l'Opéra de Paris son Orfeo (août 1774). (…) Il compte bénéficier de l'appui de l'épouse de Louis XVI, Marie-Antoinette, fille de Marie-Thérèse d'Autriche qu'il connaît depuis son séjour à la cour viennoise. Marie-Antoinette, effectivement, ne manquera pas de soutenir son ancien professeur de musique (…).
Gluck réussit donc, après de longues démarches, à ce que son nouvel opéra, Iphigénie en Aulide soit accepté à l'Opéra de Paris. Son amitié avec la souveraine lui permettra de surmonter les tensions qui vont surgir au cours des répétitions. Le compositeur se montre en effet d'autant plus exigeant et intransigeant qu'il sait pouvoir compter sur le soutien alors indéfectible que lui accorde la cour. La présence de Marie-Antoinette à la première, qui a lieu le 19 avril 1774, va placer le parti musical adverse dans l'obligation d'assister également au spectacle : l'opéra connaît un grand succès le jour même de sa création, malgré que l'on ait craint une certaine réserve. L'ouvrage finira même par s'imposer définitivement en raison de la remarquable qualité de cette partition."
(la-musiqueclassique).

BNF

- "Gluck avait refusé le modèle italien, alors très en vogue, et avait trouvé une nouvelle inspiration dans la tragédie grecque : la musique s'accordait mieux, selon lui, avec la situation dramatique et le chœur participait davantage à l'action. Gluck défendait aussi l'idée d'une ouverture qui "[préviendrait] les spectateurs sur le caractère de l'action [...] et leur [indiquerait] le sujet" (épître dédicatoire d'Alceste à l'archiduc Léopold). Refusant les vocalises, il tenta également d'imposer une certaine discipline aux chanteurs."

Hector Berlioz

- "Il y a deux grands dieux supérieurs dans notre art : Beethoven et Gluck. L’un règne sur l’infini de la pensée, l’autre sur l’infini de la passion ; et, quoique le premier soit fort au-dessus du second comme musicien, il y a tant de l’un dans l’autre néanmoins, que ces deux Jupiters ne font qu’un seul dieu en qui doivent s’abîmer notre admiration et notre respect."
(12 janvier 1856, lettre à Théodore Ritter).

Gluck : Iphigénie en Aulide, Opéra en trois actes (1774).

Pour faire court

- "Gluck présente l'épisode dramatique qui a précédé le départ des forces grecques pour Troie. Afin que le vent leur soit favorable, Agamemnon doit sacrifier à Diane sa fille Iphigénie, promise à Achille. Celle-ci se résigne, par amour pour son père, à subir son sort. La déesse s'interpose au moment crucial…"

Hector Berlioz

- "Les partitions me firent perdre le sommeil, oublier le boire et le manger ; j'en délirais. Et le jour où, après une anxieuse attente, il me fut enfin permis d'entendre Iphigénie... je jurai, en sortant de l'Opéra, que, malgré père, mère, oncles, tantes, grands-parents et amis, je serais musicien."
(Mémoires, V).

Classique en Provence

- "Créée à Paris, à l’Académie royale de musique, le 19 avril 1774, la tragédie-opéra en trois actes et quatre tableaux Iphigénie en Aulide repose sur un livret de François-Louis Gand Le Bland du Roullet, inspiré de Racine. Compositeur et librettiste se sont rencontrés à Vienne, alors que ce dernier est attaché d’ambassade. C’est le Français qui suggère à Gluck cet opéra adapté de Racine. Grâce au soutien de Marie-Antoinette, il s’installe dans la capitale et obtient un succès considérable avec cette première Iphigénie, qui se maintiendra sur scène jusqu’en 1824. Grand admirateur de Gluck, Richard Wagner en donne une version allemande, à Dresde, en 1847."

Opéra national du Rhin

- "L’aspect central dans Iphigénie est d’aller du point A (Mycène) au point B (Troie), l’Aulide en étant l’antichambre. Pour pouvoir aller au point B, les Grecs vont devoir trouver des solutions aux conflits qui les immobilisent. Allons-nous vers un « naufrage » ? Il est vital de pouvoir traiter ici de la solitude du politique qui se retrouve devant la fatalité de devoir donner un prix à son propre sang. Quelle est la valeur d’un sacrifice ? Combien vaut une vie en échange d’une guerre ? Gloire ou oubli ? Le tapis rouge est à la fois le symbole de l’honneur, de la route d’Agamemnon interrompue et du destin qui attend Iphigénie. Ce tapis réservé aux puissants de la terre permet de cacher le sang qu’il nécessite."
(Strasbourg, 2008).

Tristan Monségur

- "Grandeur héroïque, lyrisme sobre et sincère, toujours la musique suit la volonté de clarté et d'intelligibilité. En ce sens l'ouverture est éloquente : son souffle tragique, sa démonstration furieuse indiquent ce qui attend l'auditeur par la suite. Sur le plan de l'intrigue et de l'action poétique, il n'en va pas de même car le livret de Roullet dilue la tension, dérape souvent, répète jusqu'à l'ennui les épanchements des coeurs, les langueurs des âmes douloureuses... Pourtant, sur le plan musical, l'oeuvre offre quelque grands moments dramatiques: première scène enchaînée après l'ouverture où Agamemnon terrassé par le doute et la crainte, fait front à Calchas et un choeur furieux, par exemple. Du reste, le père d'Iphigénie est parfaitement restitué : noble basse, profonde et morale. Gluck a respecté dans son personnage l'idéalisme tendu de Racine. Les scènes collectives sont les plus inspirées : Gluck semble relire avec génie l'effet des compositions grecques sur le tympan des temples antiques. Plusieurs duos, un trio palpitant, deux quatuors font du compositeur, le fondateur de l'opéra tragique et sentimental, légitimement admiré par Berlioz et donc Wagner."
(classiquenews, 8 mars 2007).


Version des Musiciens du Louvre-Grenoble, dirigés par Marc Minkowski (2011).

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12 commentaires:

  1. j'oublie que je suis ramiste, et j'avoue que j'aime aussi Gluck - penser demain à lui souhaiter cet anniversaire dans un coin de crâne

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    1. pour vous remercier : ce "Ballet des ombres heureuses" par les Violons du roi
      http://www.youtube.com/watch?v=EpCaDsVyXlk

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  2. Le sacrifice d'Iphigénie, comme sujet d'inspiration n'est pas prêt de s'éteindre... et dans mon microcosme tranquille et heureux du rangement ménager (le bazar post week-end) cet opéra résonne comme un rappel brutal à la tragédie guerrière universelle !
    (Votre montage du regard de Gluck est étonnant : les notes sont des petits yeux qui dansent ;-)

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    1. séquelles d'un problème de santé, j'en ai gardé de telles notes qui dansent sans cesse dès que j'ouvre les yeux, ce qui oblige à quelque rigueur quand je suis au volant d'une voiture, ce qui ajoute comme des dessins animés fantaisistes quand des paysages retiennent mon attention, ce qui doit me donner des regards interrogateurs quand je fixe un interlocuteur...

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  3. L'enthousiasme de Berlioz fait plaisir à lire !

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    1. et son humour :
      - "Je vais être un grand Maître, demain..."

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  4. On finit (presque) à croire aux Dieux, aux déesses...tant c'est beau.
    Merci JEA, un anniversaire qu'il ne fallait pas manquer!

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    1. Fr Jacquin :
      - "La beauté me surprend encore
      Voilà pourquoi j'hésite
      A propos de tout..."

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  5. pour moi Gluck est avant tout Orphée...et Orphée je l'ai trouvé en Thrace où je retourne bientôt! Merci pour cette version de Minkovski !

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    1. pour vous souhaiter bon voyage, cette version d'Orphée et Eurydice :
      http://www.youtube.com/watch?v=EENw_ptgGcg

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  6. une découverte pour nous. On mesure notre inculture

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    1. si la culture tient un peu du mille feuilles (au moins), impossible de tout déguster en même temps...

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