MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 6 septembre 2012

P. 179. "La vierge, les coptes et moi" (le film)

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Site de la distribution du film : cliquer ICI.

Namir Abdel Messeeh :
"J'ai utilisé tout ce qui empêche de faire un film pour le faire... »


Synopsis

- "Namir part en Égypte, son pays d'origine, faire un film sur les apparitions miraculeuses de la Vierge au sein de la communauté copte chrétienne. Comme dit sa mère : «Il y a des gens qui la voient, il y a des gens qui ne la voient pas. Il y a peut-être un message dans tout ça.»
Très vite l'enquête lui sert de prétexte pour revoir sa famille, et pour impliquer tout le village dans une rocambolesque mise en scène…"

Constat

- "En théorie, tous les Egyptiens sont frères. En pratique, les musulmans n'aiment pas les coptes, les coptes n'aiment pas les musulmans, et tout le monde déteste les juifs."

Xavier Leherpeur

- "Au départ, il y a un documentaire qu’ambitionne de réaliser un jeune cinéaste d’origine égyptienne maladroit sur les apparitions de la Vierge dans le pays de ses parents. Plus le film lui échappe, plus il doit multiplier les solutions de secours et plus l’hypothèse d’avoir recours à la fiction le ramène (malgré lui ?) à la raison véritable de son voyage. Un vrai faux journal intime mais maligne radiographie politique, religieuse et sociale d’un pays. Une comédie savoureuse dont l’humour faussement naïf évite tout didactisme et transcende le sérieux du sujet sans jamais l’édulcorer."
(CinéObs, 28 août 2012).

Anne Lec’hvien

- "Parmi les bouts de ficelle dont est fait le premier long métrage de Namir Abdel Messeeh, il y a un fil rouge : les apparitions de la Vierge. «Ça révèle des choses sur l’Egypte que je voudrais comprendre», explique-t-il à un chauffeur de taxi du Caire, paralysé par le ramadan… Coiffé d’une inamovible casquette verte, Messeeh se met en scène, devient un personnage en quête de témoignages sur ce phénomène mystique. Il se filme dans les rues de Zeitoun, lieu d’une mémorable apparition mariale qui, en 1968, a rassemblé des centaines de milliers de coptes et de musulmans. Du micro-trottoir maladroit à l’appel à témoins mitigé, cette démarche se délite dans la première moitié du film, très tâtonnante. Non seulement le réalisateur s’éparpille, mais Messeeh se heurte aussi à des résistances sourdes : «De croyances, on ne discute pas», reconnaît-il.
De cet échec initial, dont se plaint le producteur dans des coups de fil excédés, Messeeh tire un autre film. Autour de la Vierge se nouent des questions intimes qui le font basculer. Le cinéaste retourne dans le village de Haute-Egypte où il a grandi avant de venir en France. Il retrouve la famille copte avec laquelle il était brouillé depuis qu’il avait «perdu la foi», une quinzaine d’années plus tôt. Et pour provoquer la parole, éprouver ses limites, il entreprend de reconstituer une apparition fictive de la Vierge dans ce même village (…).
A la croisée du documentaire et de l’autofiction, entre Lost in La Mancha et Woody Allen, le film fait son chemin, léger, improbable et singulièrement drôle."
(Libération, 28 août 2012).

Vincent Ostria

- "Ce cinéaste de culture franco-arabe livre une comédie sur l’Égypte chrétienne au moment où, après sa récente révolution, le pays est pris en tenailles entre les islamistes et les militaires. D’ailleurs, quelque part dans le film, vraisemblablement tourné avant 2011, une voix off fait grief au cinéaste de son ignorance de ce bouleversement.
Cela dit, cet essai drolatique sur la communauté copte, dont fait partie la famille paysanne du cinéaste, est très instructif quant à la vitalité de ce courant chrétien calqué sur la mentalité musulmane (les deux camps vénérant la Vierge Marie, du moins en Égypte). C’est le ton du film, à la fois pince-sans-rire et chaleureux, qui fait son style.
Comme d’autres cinéastes arabes, Namir Abdel Messeeh, élevé en France, tire une force humoristique rare de son déracinement. Le contraste entre tradition égyptienne (notamment religieuse) et modernité européenne lui permet de porter un regard à la fois tendre et critique sur sa famille et les archaïsmes de sa communauté."
(les inRocKs, 28 août 2012).


La Vierge (DR).

Vincent Ostria

- "Namir Abdel Messeeh, constamment à l’image, sert de go-between entre spectateurs et Égyptiens. Sa réussite, au-delà de son humour permanent mêlé d’autodérision, c’est sa manière maligne et décomplexée d’inclure dans les pérégrinations de ce héros cartésien – s’escrimant à trouver des témoins des apparitions de la Vierge au Caire, avant de déclarer forfait et de changer son fusil d’épaule –, les problèmes d’un réalisateur en train de tourner un film. Voir notamment ses conversations houleuses avec son producteur. Son autre grand atout est évidemment l’aspect documentaire : son regard sur la vie égyptienne, et notamment sur cette communauté chrétienne, dont on découvre les nombreux points communs avec les musulmans locaux, y compris l’adoration de la Vierge. Mais la star du film est la mère du cinéaste, qui crève l’écran avec ses coups de gueule intempestifs. Un inestimable trésor comique."
(l’Humanité, 29 août 2012).

Mathilde Blottière

- "Namir Abdel Messeeh retourne dans son pays d'origine, l'Egypte, pour y réaliser un do¬cumentaire sur les mystères de la foi. Mais dès le début de cette enquête, prétexte à un drôle d'exercice d'autofiction et d'autodérision, le réalisateur mécréant se plaît à mettre en scène son fiasco. Dans les rues du Caire, le loser nonchalant passe ses journées à courir après des témoins récalcitrants, tout en essayant de faire mentir son ouragan de mère, très sceptique sur ses talents de cinéaste, et de calmer son producteur, peu enclin à suivre ses intuitions géniales (…).
Souvent cocasse — voir la mère de Namir, juchée sur une charrette, un mégaphone en main, rabattant des figurants pour son fils —, cette mise en abyme offre aussi une réflexion, brouillonne et poétique, sur le cinéma comme art de l'apparition."
(Télérama, 29 août 2012).

Benoit Smith

- "Avant de s’intéresser au choc des cultures et des croyances, ou au rapport entre cinéma du réel et cinéma de fiction, Namir Abdel Messeeh – le filmeur et le filmé – s’intéresse surtout à lui-même : à ses préconceptions sur le monde, à son désir d’acquérir coûte que coûte le statut de réalisateur en finissant un film, à son égocentrisme qui le pousse à ignorer les objections des autres. Un tel narcissisme, appliqué à un film de bric et de broc et semblant être sa propre et exclusive raison d’être (soit un film qui n’existerait que pour être là, pour attester de la présence de son auteur), a bien sûr tout pour devenir rapidement pénible – même en ayant la malice de s’afficher en se mettant lui-même en abyme. Cependant, Abdel Messeeh rend son autocentrisme pertinent en n’occultant pas, en contrepoint, les témoignages extérieurs parfois violents face à son attitude, bridant ainsi la tentation de la complaisance."
(Critikat).


A coups de mégaphone, la mère cherche des figurants pour le film de son fils (DR).

Francis Dubois

- "La vierge, les coptes et moi…" n’est pas, comme pourrait le laisser supposer le titre et l’affiche, une comédie débridée, penchant du côté de l’excès et de la caricature.
C’est tout au contraire, une comédie fine et subtile sur les racines, la religion, sa pratique et les idées reçues et sur…le cinéma.
L’intelligence, la retenue, le tact avec lesquels Namir Abdel Masseeh mène son récit n’empêchent pas son film d’être à la fois drôle, rocambolesque et audacieux, de trouver dans des séquences de franche comédie une efficacité réjouissante qui pourrait aisément se mesurer à la charge comique de nos grosses comédies à succès."
(Le SNES, 29 août 2012).

Frédéric Pages

- "Ce documentaire impossible décolle très haut dans les airs. La religion, c’est comme le cinéma : c’est du sérieux et chacun y voit ce qu’il veut. Béni soit donc Namir Abdel Messeeh d’avoir utilisé « tout ce qui empêche de faire un film pour le faire ». Epatant de drôlerie et de malice, son documentaire nous en apprend beaucoup sur l’Egypte, les coptes – cette minorité qui résiste depuis des siècles à l’islamisation – et… la maternité. Un vrai miracle !
(Le Canard enchaîné, 29 août 2012).




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26 commentaires:

  1. un film pas du tout politiquement correcte un peu débridé c'est ce qu'il faut en ces temps moroses
    des apparitions de vierge en Egypte ....faut oser !!!

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  2. Il faut absolument que je voie ce film! Intéressant de se demander le devenir de cette communauté après le printemps 2011!

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    1. chère miriam,
      vous pourriez être notre envoyée spéciale via votre blog de globe-trotteuse...

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    2. la globe-trotteuse a visité les couvents coptes en 2008 et 2009; est-ce que c'est toujours possible? Et la synagogue qui se trouve dans le Vieux Caire, est ce qu'on peut toujours la visiter tranquillement?

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    3. Egypte : 5 synagogues au XIVe, 15 au XVIIIe, 11 au XXe...
      la plus ancienne synagogue du pays : celle de Ben Ezra dans le Vieux Caire, a été rénovée en 2010 avec l'aide du patrimoine architectural égyptien
      elle figure toujours dans les circuits touristiques
      mais je vous écris du fond de mon bureau, sans chaussures avec les ailes du vent aux pieds...

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    4. je reviens du ciné, au début c'est long, mais ensuite cela décolle et je'ai adoré!
      pour la synagogue Ben Ezra; je l'ai visitée autrefois mais maintenant???

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    5. évidemment, j'avais souhaité inviter ici ce film sans savoir qu'un autre copte (basé lui aux USA si j'ai compris) allait venir polluer le cinéma avec son truc anti-islamique d'une telle médiocrité que cet ersatz de film ne mériterait que le mépris
      mais les morts s'accumulent et voici que dans nos démocraties (en Belgique par exemple) s'élèvent des demandes pour instaurer un "délit de blasphème"...

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  3. Faire une comédie avec la vierge Marie, voilà qui est audacieux... à voir !!

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    1. mais je n'ai pas trouvé trace d'une programmation en Belgique...
      seul le site Belgiquecatho semble s'être montré attentif à ce film jusqu'à ce jour

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  4. Mais où est ce qu'on dégotte de pareils films ?!... comme la plupart des films présentés ici, c'est un film qui semble original et qu'on a vraiment envie d'aller voir ! Mais encore faut-il trouver une salle qui le diffuse... ;?

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    1. Sauf erreur involontaire de ma part, ce film est toujours à l'affiche dans les villes suivantes :
      Amiens, Angers, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Paris, Rennes, Saint-Étienne, Strasbourg, Toulouse et Tours...

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  5. Souvenir.
    Il y a une vingtaine d'années une dame, 45 ans, fort opulente et résidant à Palma, avait eu une vision: la Vierge allait apparaître dans un un vieux et énorme chêne vert, loin de toute route ou endroit fréquenté, à 300m de chez moi.
    Forte de cette annonce elle aurait couru les 15 km et vu la Vierge.
    Je ne vous dit pas le ramdam médiatique et le nombre de visites...elle n'est jamais réapparue mais le site, délicieusement ombragé, a été fermé par les propriétaires. Pour si jamais.

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    1. nous pourrions suggérer un jumelage entre chez vous et Beauraing ?

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  6. Intéressant ce film et tellement d'actualité!Je tâcherai de le voir.

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    1. pour paraphraser Faulkner :
      - "Entre le cinéma et le néant, c'est le cinéma que je choisis..."

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  7. Un ton léger pour traiter des sujets graves, le plus efficace ! Merci !

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    1. Chère Danièle,
      je vous dois des excuses pour le sort funeste de la page 26 qui était et reste la vôtre
      sans aller jusqu'à imaginer des malveillances volontaires, cette page a été frappée par je ne sais quelle foudre
      mots devenus illisibles car en petits caractères et en noir sur fond bleu ou tout "simplement" disparus
      jusqu'à présent, la première moitié a été sauvée tant bien que mal
      mais je patauge assez lamentablement pour restaurer la seconde partie...

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    2. ouf, je sors les mains du cambouis informatique et votre page a retrouvé tout son éclat...

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    3. Désolée, cher JEA, de vous avoir causé bien involontairement des ennuis. Sur mon ordinateur aussi il s'est passé d'étranges choses aujourd'hui et j'ai dû me mettre également les mains dans le cambouis.

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  8. @ JEA : vous nous en dévoilez un peu trop...

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    1. comme le gravait Félicien Rops :
      - "non hic piscis omnium..."

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  9. Vous me tentez avec ce film!!!!
    Vraiment.

    Plus que 3 jours pour le voir à Lyon....

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    1. La Grande Sophie :
      - "J'ai longtemps cherché comment résister
      Aux pouvoirs de la tentation
      J'ai enfin trouvé
      Maintenant je me dis
      "Le mieux c'est d'y céder !"

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  10. @ JEA : une citation (traduite) : "C'est très facile de s'arrêter de fumer : je le fais pour la deux-centième fois !" (Oscar Wilde)

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    1. La citation précédente, appelle une explication. H. de Régnier la propose :
      - "Il y avait en 1890, au numéro 9 de la Chaussée d'Antin, une étroite boutique dont la devanture offrait au passant un étalage de livres, accompagnés de tableaux et de gravures d'un symbolisme qui ne laissait aucun doute sur les tendances de la maison. Cette boutique avait d'ailleurs déjà un passé littéraire. Edouard Dujardin y avait installé les bureaux de la Revue Indépendante, et ces bureaux avaient reçu plus d'une fois la visite de Stéphane Mallarmé, de Villiers de l'Isle-Adam, de Paul Verlaine, de Jules Laforgue. Cette brillante collaboration n'avait pas cependant suffi à assurer la durée de la publication d'Edouard Dujardin qui, passée aux mains de François de Nion, avait abandonné la Chaussé natale où l'éditeur Edmond Bailly avait établi son « Comptoir d'édition » devenu bientôt la « Librairie de l'Art Indépendant », d'où sortirent plusieurs volumes maintenant non sans rareté et qui portent pour marque un médaillon ovale encadrant la figure d'une sirène dessinée par Félicien Rops, avec la devise : Non hic piscis omnium..."
      Henri de Régnier : Vues. Le Divan, Les Soirées du Divan -22-, 1926, in-12, broché, 140 p.

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