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Reflets sur un crayon de J-P Félix (Ph. JEA/DR).
délibérément et jusqu'à leur trentre-sixième dessous
les sous-sols sont des réserves naturelles
pour celles et ceux reconnaissables
à leurs yeux en creux
à leurs mains en vain et
à leurs chevelures victimes de bavures
des ascenseurs comme des échardes
dans la paume d'une lumière artificielle
descendent à contre courant
vers des galeries sans glaces :
à chaque niveau s'étrangle un carillon
comme s'il annonçait une heure étrange
et qui serait la dernière
la suite ressemblerait à un jeu de tarots
quand des graines de pavots
troublent l'équerre et le compas
de l'anesthésie :
le patient derviche se sent encerclé
par des uniformes verts camouflant
les ongles carminés des chaircutiers
par des blouses blanches
donnant un air innocent
aux auxiliaires des bourreaux experts en tremolos
par les habits bleus de gratte-papiers
conservant dans le formol
les infinies beautés de la bureaucratie
tout un carnaval avec ses hiboux géants
ses bouts de choux
ses (é)poux éplorés
ses cailloux écaillés
ses bijoux biodégradables
tous ces feux et ces artifices
en ces lieux privés de cieux
en haut, par ailleurs
remuent ménages et méninges
se labyrinthent allées et (a)venues
s'impassent des jardins en terrasses
se ravagent des feuilles à la pelle
et des oripeaux de chevaux remplacent
les vaches aux yeux vitreux
pour regarder passer les trains
qui sifflent trois fois la fin de la partie
...
ancien forain devenu forçat sans forces
mais pas pour autant inscrit aux abandonnés absents
il me reste encore assez d'encre indélébile
pour écrire sans machine
que je l'aime
.
Très très beau ; éloquent, émouvant, sans équivalent.
RépondreSupprimergrand merci
Supprimeroh la belle image !
RépondreSupprimeroh le bon texte ! bel accueil pour le matin
crayon : l'homme qui parlait à l'oreille d'une corneille...
Supprimerun bon souvenir ce dessin...
RépondreSupprimertrois générations déjà pour l'apprécier...
SupprimerEtonnant et beau dessin - une histoire.
RépondreSupprimerCommenter ces sous-sols, non, y marcher doucement dans votre lumière d'encre.
Philippe Héraclès :
Supprimer- "On peut s'éteindre sans avoir été une lumière..."
Et la fin ( du poème) consommée, repartir avec la force intra-veineuse communiquée à la lectrice, humble spectatrice.
RépondreSupprimerForce des images (toutes), des parenthèses bien accrochées,des mots ciselés font le livre de chevet de l'émotion.
et même parcourant (parfois même sur le dos) ces sous-sols : des pèlerins, comme chez vous...
SupprimerMoment de méditation : un poème d'images fortes et acérées, lourdes de notre inhumanité, apposé à une musique céleste. De quel côté sont les hommes ?
RépondreSupprimerAragon :
Supprimer- "Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.
Est-ce ainsi que les hommes vivent ???"
Merci pour ce poème.
Supprimerdans la version de Philippe Léotard :
Supprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=wnr50u9qwSU
Fort, beau et comme une porte vers la réflexion et la méditation...
RépondreSupprimerretour à la case 21 de ce blog :
Supprimerhttp://motsaiques2.blogspot.be/2011/03/p-21-porte-porte.html
Ah, cet encrier posé délicatement, le sang de la vie.
RépondreSupprimerça ne s'invente pas, pendant la dernière plongée : "Al Santo Sepolcro" de Vivaldi dans la version de l'Akademie für Alte Musik Berlin...
SupprimerAh, là, là, Ami J-E. Grand merci ! JCh
RépondreSupprimerFugain :
Supprimer- "Pour mes amis
...
On me demandait pas mon avis
Et puis j'ai été deux
J'ai été trois et c'est drôle
J'ai plus jamais eu froid
Alors pour ça je veux vous dire merci
Et tant pis si ça vous fait sourire."
Douceur de la musique, mots forts et beaux, image surprenante; des œuvres si humaines.
RépondreSupprimerA propos de ces Variations Goldberg, Viet-Linh Nguyen :
Supprimer- "L'interprétation est évanescente, fragile, désespérée, intemporelle..."
C'est étrange, je viens à l'instant de lire, un texte sur la rencontre Gould / Menuhin qui a donné naissance à une pièce actuellement à l'affiche interprétée par Charles Berling et Ami Flammer.
RépondreSupprimerPour accompagner également votre magnifique poème
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=Uz2TnU5dJSs#!
Chère Zoë
Supprimernous ne cessons de le déplorer mais blogger refuse obstinément des liens directs dans les commentaires
après bien des cafouillages, car je tenais à vous remercier, les hasards et les nécessités de mon obstination (traduction : mon mauvais caractère un rien ardennais sur les bords de la Meuse) aboutissent aux retrouvailles de Gould et de Menuhin sous l'égide de Bach, et ce, au-dessus de la colonne droite de ce blog
encore toute ma gratitude
Vous êtes adorable
Supprimerils sont émouvants
SupprimerUn peu de sérénité apportée par Gould après le trouble dans lequel le magnifique poème m'a plongée
RépondreSupprimersous les doigts de Gould, chaque note comme une partition entière...
Supprimertes mots sont beaux et forts, cher JEA
RépondreSupprimermais Gould, ce fabuleux pianiste qui musait la musique en même temps qu'il jouait...
C'est un beau moment, merci!
A chaque chantier en sous-sol correspond un nouveau (et volumineux, c'est indispensable) bouquin : en ce moment, Semprun :
Supprimer- "On utilise les mots comme écran pour voir le monde..."