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(Mont. JEA/DR).
Synopsis
- "Buenos Aires à la fin de l'été. Marina, Sofia et Violeta sont seules dans la maison familiale alors que leur grand-mère, qui les a élevées, vient de mourir. Chacune cherche, à sa manière, à combler cette absence. Marina se concentre sur ses études tout en prenant soin du foyer, tandis que Sofia est obnubilée par son apparence et sort avec des amis. Quant à Violeta, elle erre de la chambre au salon où elle reçoit, de temps à autre, la visite d'un homme. Désaccords, fou-rires, mesquineries et signes d'affection rythment cette période d'incertitude, jusqu'à ce jour d'automne où Violeta disparaît sans crier gare."
AFP
- "Milagros Mumenthaler dit aimer les films "d'atmosphère", qui "ne reposent pas simplement sur un scénario" et où "les petites choses prennent une assez grande place". Elle attend des spectateurs qu'"ils se laissent aller et comprennent peu à peu les relations et les personnages".
(L’Express, 13 juillet 2012).
Laura Tuffery et Milagros Mamenthaler
Question : - "La plupart des films ayant pour thème le deuil abordent rarement la période de reconstruction. Pourquoi avez-vous choisi de traiter du deuil et de ce moment très particulier où il faut faire face à l’absence pour votre premier long métrage ?
Réponse de Milagros Mumenthaler : - Le deuil immédiat raconte quelque chose de très différent qui m’apparaissait beaucoup moins intéressant à raconter que l’absence. Le deuil et l’absence sont des sentiments très différents. Le point central qui relie les sœurs dans le film est justement ce sentiment d’absence, ce quelque chose qui manque et qui les réunit. Ce thème me paraissait beaucoup plus riche à traiter, car c’est justement ce manque qui les pousse à rebondir plus rapidement, à accéder au monde adulte, à prendre des décisions. Je trouvais intéressant de raconter ce moment où elles se retrouvent orphelines, dans une grande vulnérabilité, ce qu’est leur relation et ce qu’elle devient quand le cœur familial n’est plus là et que l’équilibre s’est rompu."
(Mediapart, 17 juillet 2012).
Annie Coppermann
- "Ce coup d’essai d’une jeune réalisatrice née en 1977, Milagros Mumenthaler, est surtout nourri de ses propres souvenirs : née en Argentine, qu’elle a quittée à l’âge de trois mois pour la Suisse, avant de la retrouver à 19 ans pour y poursuivre ses études, elle a grandi avec deux sœurs, puis a vécu deux ans, à Mar del Plata, avec sa grand-mère pour enfin rompre avec le cocon familial en s’installant à Buenos Aires. Elle dit avoir voulu, ici, raconter « comment les changements irrévocables qui surviennent à l’adolescence ont une incidence sur les relations entre frères et sœurs : le moment où chacun tente de se construire indépendamment de la façon dont il a été élevé ». Et l’on sent bien, en effet, que bien des situations ont été vécues… Ce film « d’atmosphère » bénéficie d’un trio d’interprètes époustouflantes –des non professionnelles –…"
(LesEchos, 20 juillet 2012).
Aureliano Tonet
- "En espagnol, Trois sœurs s'intitule Abrir Puertas y Ventanas, que l'on pourrait traduire par "ouvrir les portes et les fenêtres". Empruntée à un dialogue de La Maison de Bernarda Alba, de Federico Garcia Lorca, l'expression dit avec justesse la grâce très finement chevillée du premier long-métrage de l'Argentine Milagros Mumenthaler, Léopard d'or au dernier festival de Locarno.
Car, comme la pièce de théâtre de Garcia Lorca, qui décrivait l'enfermement d'une mère et de ses filles à la suite de la mort de son mari, Trois soeurs est un faux huis clos. Même si l'action se déroule du premier au dernier plan dans une seule et même demeure, à Buenos Aires, il ne s'agit nullement d'un film d'intérieur, replié sur son pré carré.
Ce qui intéresse la réalisatrice, c'est l'air qui circule à travers les cloisons de la maison, ces portes et ces fenêtres qui claquent sans cesse, successivement ouvertes, fermées, forcées, brisées, rafistolées. Un air de fin d'été, à la fois neuf et ancien, chargé de promesses et de fantômes, où soufflent les vents contraires du grand large et des esprits frappeurs, et dont la caméra, délicatement mobile, semble guetter le moindre mouvement."
(Le Monde, 17 juillet 2012).
Jacques Morice
- "Du Tchekhov ? Presque. Comme dans la célèbre pièce de l'auteur russe, on retrouve trois soeurs et une maison, mais à Buenos Aires. C'est l'été, il fait une chaleur écrasante. Marina, l'aînée, celle qui semble la plus responsable, tente d'étudier ; Sofia passe son temps à se pomponner, sort quelquefois ; Violeta, la cadette, se traîne du lit au sofa, plongée dans une torpeur d'alligator. Les parents ? Seule la grand-mère est évoquée. C'est elle qui a élevé les filles. Elle était prof d'université, elle est morte récemment, en laissant des échos d'elle un peu partout dans la maison. Et les filles, livrées à elles-mêmes. Entre elles, on sent de l'agacement, quelques signes de jalousie, une certaine affection aussi mais comme teintée de prudence. Faut-il rester ensemble ou se séparer ?"
(Télérama, 18 juillet 2012).
Les trois soeurs (DR).
Laure Bedonnet
- "Trois sœurs joue avec délicatesse de l'ignorance de son spectateur. Il se dégage une langueur, d'abord déroutante, ensuite agréable de cette oeuvre. Les personnages se dévoilent lentement. L'opus interagit avec le temps, l'élément fondamental dans le travail de deuil et élabore une interprétation cinématographique de la sensation de durée - le pendant subjectif du temps. Dans une monotonie narrative, la réalisatrice frôle cet espace intime, ce flottement, et dépeint les difficultés de concevoir la mort. Si naturelle soit-elle. Milagros Mumenthaler ouvre la porte fictive d'une réalité, celle de la suspension temporelle au moment de la perte d'un proche et la fait vivre à son public. Les journées s'allongent, les mouvements prennent une autre saveur. Elle s'attaque à l'altération du quotidien: un changement quasi imperceptible inscrit dans la continuité."
(Ecranlarge, 17 juillet 2012).
François-Xavier Gomez
- "Que sait-on des proches qui nous ont précédés ? Connaît-on vraiment ceux qui partagent notre quotidien ? Autour de ces interrogations, l’Helvéto-Argentine Milagros Mumenthaler bâtit un film d’ambiance, dont le décor unique est le huis-clos d’une maison et de son jardin. Un huis-clos qui n’est pas pour autant claustrophobique : les espaces sont lumineux et le jardin agréable, surtout en plein été, quand commence le film. Une perception que modifie le passage des saisons, avec un automne triste et pluvieux."
(Libération, 18 juillet 2012).
Sophie Grassin
- "Milagros Mumenthaler (léopard d’or au dernier Festival de Locarno) filme en plans fixes et en lents panos une vacance de plus en plus intrigante. Elle capte de jolis moments (une chanson) et fait passer quelque chose du désarroi d’une génération qui, du fait de la dictature, a grandi sans adultes."
(CinéObs, 17 juillet 2012).
Nicolas Bardot
- "Comme le commente la réalisatrice : "Beaucoup d'enfants ont été élevés par leurs grands-parents durant les derniers jours de la dictature. Bien que ni le contexte, ni l'âge des filles ne correspondent à cette époque, je suis convaincue qu'il existe un courant de conscience, quelque chose de l'histoire récente de l'Argentine qui a laissé une marque dans la mémoire collective".
Trois sœurs fait partie de ces films qui laissent plus de place à ce qui n'apparaît pas à l'image qu'à ce que contient le cadre. Une ellipse, une absence d'explication (la disparition de la grand-mère est au centre du film mais aussi en pointillés), cachent une ellipse plus grande encore (que sont devenus les parents ?)."
(FILMdeCULTE).
Marianne Fernandez
- "Installé dans le quotidien des jeunes filles à l’intérieur de leur grande maison, Trois sœurs avance comme une série de cadres fixes, de natures mortes presque, dans lesquelles il s’agit de faire circuler, enfin, un peu d’air. Les filles sont là, les portes se ferment et se claquent, les fenêtres se brisent. Comment prendre vie dans cet espace sclérosé, comment embrasser la sensualité de l’âge adulte ? À cela, Milagros Mumenthaler répond très habilement en offrant avec ses personnages autant de possibles de la maturation de l’adolescence – dans l’amour, dans la fuite, la marche en avant s’accomplit. Elle s’incarne métaphoriquement par une manière d’habiter l’espace. Un espace plein de mystères (les silences du scénario) qui donnent au film cette surprenante vitalité : il semble ne rien se passer, et c’est là pourtant que s’accomplit le basculement vers l’âge adulte."
(Critikat,).
Camille Esnault
- "La tristesse et la douleur n'éclatent jamais dans de grands emportements, mais se fait sentir dans la tension ambiante, les lents déplacements à l'intérieur de la maison vide et l'exploration des objets ayant appartenu aux disparus. Le film n'offre pas un accès direct aux sentiments et met le spectateur à l'épreuve. Il lui laisse le temps de s'installer dans cet atmosphère, avant de pouvoir revenir encore et encore sur la difficulté de s'affranchir des liens fraternels. Trois Sœurs fait partie des longs-métrages qui vous hantent longtemps après la projection, rien n'y est évident, tout est insondable, comme le sont les sentiments humains les plus forts et ça Milagros Mumenthaler semble l'avoir bien compris."
(ToutLeCine).
David Fontaine
- "La force de ce premier film talentueux de Milagros Mumenthaler est de réussir à capter ce moment fugace qui marque le passage de l'adolescence à l'âge de femme. Dès la première scène montrant les trois soeurs alanguies dnas la torpeur de l'été comme dans un tableau de Balthus (...). Jusqu'à la dernière scène, qui les réconcilie - par-delà l'absence de la plus jeune partie au loin - avec le poids du passé, familial et national, sans qu'il soit rien besoin de préciser, sur la dictature ou la crise, hors champ.
Enrte deux, le film culmine dans un pur moment de grâce : côte à côte sur un canapé, les trois soeurs écoutent sur un vieux disque vinyle la chanson "Back to stay" de Nico. Sans mot dire. Sur leur visage se peignent l'émotion, la nostalgie, la tristesse, peut-être, d'éclore progressivement. Chacune perdue dans son monde, comme si le film montrait l'instant précis où leurs vies jusqu'ici étroitement tressées de soeurs s'apprêtaient à diverger.
Une parenthèse enchantée, dans un été indécis."
(Le Canard enchaîné, 18 juillet 2012).
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savez créer envie de voir
RépondreSupprimerHélas, pour toute la France, ce film n'est projeté que dans 17 villes. Et pas à Avignon...
SupprimerUn film qui a de fortes chances de me plaire !
RépondreSupprimerune condition ciné qua non...
SupprimerOuvrir portes et fenêtres....un magnifique programme. Peut-être passera-t-il ici alors.
RépondreSupprimerMerci de le signaler, de donner envie.
Sinon, et comme toujours, le temps: 33º, temps lourd et couvert. Pas la joie. Déjà maussade chez vous?
c'est en clin d'oeil amical à votre blog que les affiches de ce film sont bilingues...
Supprimerdans les ardennes, deux jours de soleil, mais le ballet des fermiers est aux urgences : les orages menacent déjà et selon la météo, retour au ciel éponge dès la semaine prochaine...
Muchas gracias et grand merci!
Supprimerles fermiers les plus proches, sortent déjà de petites laines pour demain...
Supprimerpetites laines...des moutons d'en face?
Supprimertoujours lourd, 34º, couvert. Hier soir il a plus du sable.
pas en Condroz mais en Ardennes de France
Supprimerles orages ont accompli un premier tour de piste vers 11h30
mais le ciel ne ressemble pas à un sablier...
Votre présentation donne l'impression d'un film tendre et touchant (bien que le contexte semble assez violent). Donc aussi l'envie d'aller le voir !
RépondreSupprimerla violence serait en négatif...
SupprimerLe sujet me tente beaucoup, je vais attendre le passage du film ici!
RépondreSupprimerCôté distribution, il semble que ce soit une peau de chagrin. Après une semaine à l'affiche, ne restent que 17 salles pour toute la France ! A moins d'un incroyable sursaut, ce film semble condamné à une confidentialité injuste...
SupprimerMerci pour la revue de presse. Le titre original me plaît davantage. Plus terrasse que ciné depuis mon retour, mais ce film m'intrigue, oui. Un coup de "coeurs" !
RépondreSupprimerOuvrir portes et fenêtres (par ces temps lourds, ce n'est pas de refus;-) et faire entrer des soeurs, de la tendresse et de l'insondable, ce n'est pas de refus non plus ! Encore un petit bijou à voir...
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