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papa partmaman ment
mémé meurt
Fabienne Yvert, éditions Attila, 2011, 80 p.
Mot de l’Editeur :
- "Papa et maman se séparent. Mémé vieillit. La fille raconte.
«C’est maman qui me l’a dit en pleurant, les yeux rouges et le nez pincé : "c’est ton père, snif, il veut s’en aller". Elle bafouillait et moi je venais de me réveiller, alors j’ai pas tout de suite compris ce qu’elle disait, et puis après je me suis dit que ça allait encore être une journée terrible et que j’aurais mieux fait de dormir plus longtemps.»
Ce récit drôle, sidérant, sur la séparation d’un couple, est à mi-chemin du texte de transe et de la farce littéraire. Un chef-d’œuvre."
Annie Kiesel :
- "Inclassable Fabienne Yvert ! Les impeccables éditions Attila avaient publié d'elle, l'été dernier, le piquant Télescopages. Voici un petit ovni ne ressemblant à rien de connu sur terre, trois textes d'une sorte de poésie orale, d'hymne joyeux célébrant les allitérations, de dédramatisation d'épisodes familiaux qui pourraient être lourds, et qui sont ici de petits ballons gonflés à l'hélium. Telle la mémé qui, avant de mourir, « aimait tellement pépé, aimait tellement Pétain »... Écrites dans les années 1980, ces pépites pétantes de fraîcheur sont un cadeau à s'offrir. Et à faire passer."
(Ouest France, 14 août 2011).
Mot de l’Editeur :
- "Papa et maman se séparent. Mémé vieillit. La fille raconte.
«C’est maman qui me l’a dit en pleurant, les yeux rouges et le nez pincé : "c’est ton père, snif, il veut s’en aller". Elle bafouillait et moi je venais de me réveiller, alors j’ai pas tout de suite compris ce qu’elle disait, et puis après je me suis dit que ça allait encore être une journée terrible et que j’aurais mieux fait de dormir plus longtemps.»
Ce récit drôle, sidérant, sur la séparation d’un couple, est à mi-chemin du texte de transe et de la farce littéraire. Un chef-d’œuvre."
Annie Kiesel :
- "Inclassable Fabienne Yvert ! Les impeccables éditions Attila avaient publié d'elle, l'été dernier, le piquant Télescopages. Voici un petit ovni ne ressemblant à rien de connu sur terre, trois textes d'une sorte de poésie orale, d'hymne joyeux célébrant les allitérations, de dédramatisation d'épisodes familiaux qui pourraient être lourds, et qui sont ici de petits ballons gonflés à l'hélium. Telle la mémé qui, avant de mourir, « aimait tellement pépé, aimait tellement Pétain »... Écrites dans les années 1980, ces pépites pétantes de fraîcheur sont un cadeau à s'offrir. Et à faire passer."
(Ouest France, 14 août 2011).
Alain Nicolas :
- "Papa part, maman ment : la vie balbutie. Les accidents de la vie, comme on dit, prennent sous la plume de Fabienne Yvert le charme amer du bredouillis enfantin. Dans Télescopages, paru cet automne, Fabienne Yvert livrait 250 fiches, figurant une manière d’inventaire de son quotidien. Aujourd’hui, trois textes des années quatre-vingt, édités sous forme de livre d’artiste écrit à la main, reviennent au jour en un seul petit ouvrage. Trois événements de la vie vus par un enfant, reliés par ce regard, restitués par ce discours.
Papa part, maman ment, mémé meurt, et un discours se déclenche, qui tient du babil de l’enfant jouant avec les sons : « Maman ment, mama maman, ma maman ment. » Et très vite le jeu se déplace sur le langage, sur la manière de dire, d’éviter de dire « Mémé s’en va, mémé est partie, mémé part, mémé part en voyage, elle ne reviendra jamais, mémé s’envole (…) mémé est au ciel. » Mais c’est aussi l’inventaire cru et chirurgical des illusions, des prétextes, des mensonges, histoire de donner de fausses réponses aux vraies questions : pourquoi Papa part-il ? Où va-il ? La parole hésite, bute sur les évidences puis se lance vers l’excès baroque. « Papa va à Sainte-Hélène, papa part pour l’Everest. »
(L’Humanité, 26 mai 2011).
Augustin Trapenard :
- "Pour l'exquise Fabienne Yvert, une crise familiale vaut bien un poème. En deux temps, trois mouvements, elle tourne le divorce en exercice de diction ou en solo de percussions. Ce père qui est sans doute parti pour une autre, elle lui invente de bonnes raisons : le voici mort-vivant ou grand aventurier. Elle jette tout sur le papier, laisse courir son imagination et prépare sa belle tambouille de refrains et de calembours. La misère du quotidien se teinte de merveilleux. « Papa part, maman ment, mémé meurt », c'est un petit livre quelque part entre le témoignage vibrant et le délire oulipien. C'est drôle, c'est déchirant, c'est beau comme du Prévert..."
(Elle, 1 juin 2011).
Marianne Payot :
- "Style : étonnant. Entre poésie et litanie, jeux de mots et plaies du coeur, récit enfantin d'une déflagration familiale et observation poignante de la lente décrépitude d'une femme délaissée.
Verdict : à lire, pour son propos, mais aussi et surtout pour son rythme et la finesse de l'exercice. Fabienne Yvert aime les mots plus que tout. Elle les fait chanter, comme hier Boby Lapointe."
(L’Express, 14 juin 2011).
P. 3 (DR).
Avis personnel. Des bouquins ? Je n'ai aucunement la prétention d'en connaître des foultitudes, d'en avoir escaladé toutes les montagnes, d'avoir conspiré avec les bibliothèques des quatre points cardinaux, d'être assez humaniste pour ne pas en avoir laissé tomber quelques-uns aux oubliettes... Néanmoins les livres qui m'ont fréquenté, ne se comptent plus.
Or, celui-ci est unique. Dès les premiers mots. Jusqu'à la dernière ligne. Et bien plus encore...
Ce volume n'est pas folioté mais des critiques scrupuleux ont décompté 80 pages. C'est mince ? En apparence, peut-être. Alors qu'il est prodigieux. Veuillez comprendre : étonnant, extraordinaire, généreux, surprenant...
Le talent de Fabienne Yvert rassemble dans un désordre artistique toutes les saisons de la littérature : la sève d'un printemps sans sevrage, l'été éthéré des espaces libérés, l'automne autodidacte des beaux-arts, l'hiver croque-mort et historien...
Charolles (Ph. JEA/DR).
papa part
- "Papa part, papa part au Pérou, papa est muté en Sibérie, est-ce que tu as vu papa ? papa fait semblant d'aller travailler, je l'ai vu au cinéma à la séance de 16 heures et de 18 heures, il chante dans les couloirs du métro avec un copain à lui qui joue du banjo, il pique dans les bagnoles sur le parking du supermarché, il mâche des Malabars toute la journée."
- "Papa est parti. Il s'est suicidé au gaz et la maison a explosé aussi, il a mis exprès un radiateur électrique dans la baignoire, il est mort quand l'eau a été trop chaude, il était tout rouge comme quand on est cuit, il a mangé que du savon pendant un mois, le mois d'après il faisait des bulles tout le temps et après il est mort, il a décidé un jour qu'il savait voler, il est monté sur le toit et s'est écrasé dans les bacs à fleurs, la nuit il a mangé son oreiller sans boire une seule fois, il est mort d'indigestion au petit matin."
maman ment
- "Elle dit qu'elle va partir mais elle est toujours là, elle dit qu'elle va lui parler mais elle nous dit as-tu parlé à ton père ? elle dit que ça va certainement pas se passer comme ça, et ça se passe exactement comme ça, elle nous dit qu'elle aime papa, mais elle ne parle que d'argent, elle dit qu'à l'autre elle lui arracherait bien les yeux, elle dit que c'est horrible d'être aveugle."
- "elle reste au lit pour ne pas petit déjeuner avec nous, elle s'enferme une heure dans la salle de bains pour ne pas nous dire au revoir quand on part, elle va se coucher tôt pour nous dire le lendemain matin qu'on a fait beaucoup de bruit hier soir, elle se rend malade pour nous dire qu'on la rend malade, elle a de l'eczéma pour nous dire qu'on lui donne des boutons, elle perd ses cheveux pour nous dire qu'on la rend chauve, elle se laisse pousser la barbiche pour nous dire qu'on la rend chèvre, j'aimerais bien pouvoir la rendre pour l'échanger."
mémé meurt
- "Elle mettait exprès les pieds dans le plat et quelque fois elle crachait dans la soupe."
- "Sans avoir vu la mer. Sans avoir fait de ski, sans avoir quitté la France, sans avoir lu Rimbaud, Queneau, Rouboud. Pendant la retransmission du patinage artistique à la télévision."
- "Elle mangeait des pâtes quand Dieu lui est apparu comme à la publicité. Il lui a dit : Madeleine, finis tes pâtes, ne gâche rien, pense aux petits affamés, j'attends. Elle lui a dit : oui mon Dieu mais elle avait du mal à avaler. Dieu lui a dit : mets du beurre ça passera mieux, comme à la publicité. Mémé a dit à dieu : passe-moi l'beurre ! Comme au cinéma avec Marlon Brando."
La bibliothèque de ce blog ? C'est par... ICI.
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vrai que l'écriture et rythmée et imagée dans les extraits, vrai que faire sourire avec cela est une réussite
RépondreSupprimeron dit d'une pierre précieuse qu'elle est de la plus belle eau, ici, une écriture de la plus belle encre...
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup les écritures "décalées"...
RépondreSupprimerJ'ai souri de lire les extraits...
Bonne journée
@ Coumarine
RépondreSupprimerhélas ici en petits caractères (depuis le passage au nouveau fond de ce blog, je ne maîtrise plus cette fonction)
mais sur votre clavier, une touche permet d'agrandir les textes
douce journée à vous
Un souffle neuf, un écriture souple et inventive...très attirant.
RépondreSupprimerÀ défaut d'être l'avenir de ...?, les femmes sont-elles le renouveau?
J'y pensais l'autre jour en écoutant chanter certaines jeunes femmes, dont Camille; une nouvelle façon d'exploiter des talents vocaux.
Bonne fin de journée et merci.
@ Colo
RépondreSupprimerni coq, ni âne à l'horizon de cette page
mais cette Camille d'aujourd'hui me rappelle soudain celle chantée par Reggiani et qui se nommait Claudel :
- "Camille, la vie, c'est le seul vrai mélo,
Ça part d'un grand éclat de pleurs,
Ça rit avec des trémolos...
Camille, la vie, c'est un superbe enfer
Et Dieu est un curieux sculpteur
oui JEA...je peux agrandir les caractères... donc pas (trop)de problème!!
RépondreSupprimerMerci de votre souci
Tant d'éloges! Je prends note, je note...
RépondreSupprimer@ Coumarine
RépondreSupprimernous sommes gens de caractère(s) !
@ Kenza
RépondreSupprimersans vile flatterie ni panégyrique
mais des compliments sincères
Il me semble très très joueur ce livre, très joueur avec les mots, les expressions, les situations....
RépondreSupprimer@ Chrys
RépondreSupprimerbeaucoup d'humour mais avec de vrais désespoirs
J'en jouis déjà, si j'ose.
RépondreSupprimer@ Tania
RépondreSupprimercette lecture m'a rappelé ("j'ai la mémoire qui flanche...") comment on appelle une grand-mère en wallon : nénène...
Ah se replonger dans l'imaginaire de l'enfant avec ses folies, ses rêves aliciens, ses traversées de chaussées les yeux fermés, ses exagérations croustillantes, seul celui qui gardé son âme d'enfant peut le faire et le partager. Il me semble au vu des extraits que c'est le cas ici et cet enthousiasme nous emporte au-delà du tragique de la situation. Dans un tel cas, un enfant trouve toujours le moyen d'embellir ou d'échapper à la cruauté.
RépondreSupprimerMerci pour cette découverte.
@ saravati
RépondreSupprimerun livré imprimé en Belgique, avec cette mention :
- "nous avons fait imprimer ce livre
par les imprimeries Bietflot
à la veille du printemps 2011,
quand les oiseaux chantent."
Des extraits savoureux et des commentaires qui donnent vraiment envie d'aller voir ce qui se passe en tre les pages.
RépondreSupprimer@ Danièle
RépondreSupprimeril vient de me revenir d'un prêt très bref : un "enchantement"...
L'imprimeur est poète, lui aussi.
RépondreSupprimer@ Dominique Hasselmann
RépondreSupprimermais pas insensible à votre reconnaissance...