MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 4 août 2011

P. 58. Amnistie, le film

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Synopsis :
- "Le gouvernement albanais vient de publier une loi permettant aux prisonniers mariés de rencontrer leur conjoint dans l'intimité une fois par mois. Elsa se rend donc à date précise à Tirana pour rencontrer son mari emprisonné pour loyers impayés. Sheptim s'y rend également pour rencontrer son épouse, incarcérée pour faux et usage de faux. Une histoire d'abandon commence entre ces deux êtres solitaires."

Thomas Sotinel :

- "En Albanie, pour se faire bien voir de l’Union européenne (c’est un gardien de prison qui le dit), le gouvernement fait bénéficier tous les détenus mariés d’un parloir conjugal mensuel. C’est l’une des choses que l’on apprend à la vision d’Amnistie, court film d'une sobriété qui confine trop souvent à la sécheresse. Reste aux Albanais à apprendre que cette mesure d'une grande humanité n'est qu'un rêve pour les détenus de la plupart des pays membres de l'Union."
(Le Monde, 5 juillet 2011).

Restent 3-4 cinémas en France
pour projeter ce film albanais...

Vittoria Scarpa :

- "Une mélancolie profonde habite Amnistie, l'intense premier long métrage de l'Albanais Bujar Alimani, qui a remporté le Prix spécial du jury, le Fipresci et le Prix Cineuropa lors du Festival du cinéma européen de Lecce 2011.
Ce film fait le portrait d'une Albanie partagée entre le désir de progresser vers l'Europe et les traditions qui l'ancrent dans le passé. Il se déroule dans une ville de Tirana grise, défraîchie, où il n'y a pas de travail. Elsa (Luli Bitri) est au chômage. Elle vit avec ses deux enfants et son beau-frère (Todi Llupi), amer et rétrograde. Spetim (Karafil Shena) travaille de son côté dans une usine de peinture et quand il n'est pas devant un film érotique, il se bat avec sa machine à laver récalcitrante. Leurs vies sont misérables, déprimantes, sans issues. Un jour, en attendant leur tour pour la visite conjugale, ils se retrouvent par hasard à servir de témoins de mariage pour un détenu, qui épouse la belle et radieuse Maya (Mirela Naska)."
(Cineuropa, 25 mai 2011).

Elsa - Luli Bitri (DR).

Benoît Smith :

- "Les films qui franchissent les frontières albanaises pour hanter d’autres lieux qu’une poignée de festivals sont suffisamment rares pour susciter une sincère curiosité. Et tant mieux si cette curiosité ne s’avère pas seulement touristique, si l’intérêt réel d’un de ces films le distingue du lot des marchandises exotiques au rabais (de toutes provenances) sournoisement refourguées chaque mois par quelques distributeurs-trafiquants.
On n’est donc pas fâché de découvrir en salles l’existence du cinéaste Bujar Alimani, à travers son premier long métrage Amnistie qui, s’il semble conserver des réflexes de conteur-technicien sage et se refuse à donner chair à toutes ses intentions, révèle dans ses plus modestes aspects une sensibilité intéressante."
(Critikat.com).

Thierry Chèze :

- "Pour ses débuts, Bujar Alimani s'impose par son aisance à créer une atmosphère tout à la fois chargée mais jamais étouffante et l'écriture fluide de de son récit. Peuplée de très belles idées de cinéma (comme celle de ne jamais montrer les visages des conjoints respectifs), ce drame poignant qui rappelle par beaucoup d'aspect - en particulier celui de l'évocation de la condition féminine - L'étrangère, sorti voilà quelques semaines, révèle donc un cinéaste à suivre."  
(L’Express, 5 juillet 2011).

File de licenciés... (DR).

Cécile Mury :

- "Des personnages, de leur histoire antérieure, on ne verra que quelques traces : des créanciers en haut d'un escalier, un bas coincé dans une machine à laver, une bouteille d'alcool planquée dans un placard... A nous de remplir les blancs, d'apprivoiser ces personnages et leurs univers. Elsa, par exemple, habite loin de la prison : chaque visite, en bus, en taxi, à pied, devient une odyssée qui exprime son désir de fuir, d'échapper à la grisaille...
Avec la même retenue, le même sens du détail, le réalisateur filme l'Albanie d'aujourd'hui. Description aiguisée : on y découvre un monde de débrouille et de pauvreté, où l'on vivote entre émigration massive (la femme du héros est incarcérée pour une histoire de faux passeports) et chômage. Le film s'ouvre, d'ailleurs, sur une vision saisissante, presque allégorique : fraîchement licenciés, des ouvriers résignés attendent de toucher leurs indemnités. File interminable : image d'un pays en suspens, entre espoir et tragédie."
(Télérama, 6 juillet 2007).

Xavier Leherpeur :

- "Liberticide devoir conjugal, violence du code de l’honneur et amour adultérin culpabilisateur : pour son premier film, Bujar Alimani édifie à partir d’un fait de société une tragédie inéluctable. Choix judicieux tant par le genre, porteur d’un fort potentiel émotionnel, que par l’option d’une mise en scène sèche et réaliste, à travers laquelle il esquisse un portrait lucide de l’Albanie contemporaine et de ses contradictions sociétales."
(CinéObs).

Romain Biard :

- "C'est le genre de film où les silences en disent plus que les dialogues. Et puis surtout il nous montre tout le poids de cette société patriarcale, où l'homme règne en maître sur le foyer ; où la filiation n'est pas un vain mot. Le fils en prison, c'est le beau père qui dit à sa bru comment se comporter, ce qu'elle peut faire, doit faire ou ne pas faire. C'est le genre de société où on considère que la femme n'est pas apte à prendre de décisions. Tout juste fait-elle suffisamment bien son travail au foyer en plus de l'éducation des enfants et d'un éventuel job."
(Chroniques d’un breton, 20 juillet 2011).


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2 commentaires:

  1. j'ai beaucoup aimé "Une séparation" le film iranien primé cette année. Votre billet m'avait donné envie de le voir. Là aussi, j'ai envie de voir "Amnistie", même si j'aurai certainement l'impression de sortir d'une essoreuse à la fin.

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  2. J'irai le voir... comme pour Lautreje vos choix sensibles m'y invitent à chaque fois !! Merci JEA.

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