MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

lundi 24 juin 2013

P. 242. D'un "beau matin de mai" au 30 juin 1940 : témoignage de Jean Meckert

.
Jean Meckert,
La marche au canon
,
Préfacé et annoté par Stéfanie Delestré et Hervé Delouche,
Ed. Joëlle Losfeld, Collection Arcanes, 2005, 109 p.


Alternative libertaire :

- "Né en 1910, Jean Meckert passe une partie de son enfance à l’orphelinat puis commence à travailler en usine à treize ans. Il exerce différents petits boulots : magasinier, mécanicien, employé de garage… Mobilisé en 1939, interné en Suisse en 1940 à la suite de la débâcle, il profite des neuf mois passés là pour écrire son premier roman, Les Coups, publié chez Gallimard en 1942. Pour cela, il est encouragé par Gide, Queneau et Martin du Gard.
Il rejoint un maquis de la Résistance dans l’Yonne en 1943. Son deuxième roman, L’Homme au marteau, est publié cette année-là.
Dès 1950, sous le pseudonyme de John Amila puis Jean Amila, il écrit pour la Série Noire de Marcel Duhamel plus de vingt romans policiers, dont La Lune d’Omaha, Noces de soufre, Pitié pour les rats (1964), Le Boucher des Hurlus (1982). Il s’est imposé pendant trente ans comme l’un des meilleurs auteurs de polars français.
Antimilitariste et libertaire, Jean Meckert décrit avec sobriété l’horreur de la guerre dans La Marche au canon. Ce texte inédit a été retrouvé chez Meckert avec un cahier d’écolier, apparemment journal de bord de l’auteur entre le 14 et le 30 juin 1940."
(4 septembre 2005).

Christine Ferniot :

- «Je suis un ouvrier qui a mal tourné... je me suis mis à raconter des histoires populistes d'abord, puis, dans ce langage qui était le mien, j'ai raconté des histoires noires.» C'est ainsi que Jean Meckert résume sa vie d'écrivain, à sa façon bourrue et directe. Cet enfant de Belleville qui passa plusieurs années dans un orphelinat après la mort de son père et l'internement de sa mère a connu tous les petits métiers, s'instruisant seul, lisant beaucoup. C'est pendant sa mobilisation, en 1939, qu'il commence à écrire son premier roman, Les coups, qui évoque les difficultés d'un couple, et aussi l'affrontement entre bourgeoisie et classe ouvrière. Remarqué par Raymond Queneau, il est publié chez Gallimard en 1942 et considéré comme l'un des grands héritiers de la tradition populiste. La critique de la société, de l'hypocrisie, de la mesquinerie et l'absurdité de la guerre se retrouveront dans les livres suivants sans que le succès soit vraiment au rendez-vous. Jusqu'au jour où Marcel Duhamel, le patron de la Série noire, lui propose d'écrire des polars (…).
Méconnu du grand public, Jean Meckert a pourtant son fan-club, composé de gens aussi divers que Jean Vautrin, Didier Daeninckx, Jean-Jacques Pauvert. «Voyez-vous, ronchonnait Jean Meckert, je ne veux pas être traité en écrivain, c'est une pose au-dessus de ma taille.» Il serait temps de ne plus le prendre au mot."
(L’Express, 1 avril 2005).


(Doc. JEA/DR).

Présentation par l’Editeur :


- "Avec La marche au canon, les Éditions Joëlle Losfeld inaugurent la publication des inédits et des introuvables de Jean Meckert, alias Jean Amila.
"On n'était pas des héros, on le savait. L'écœurement était complet, sans qu'on dise. On flottait, on avait peur. On sentait que l'ultime assaut était proche et pouvait nous étendre en charognes au moment où la guerre était si près de sa fin. Ah non ! Vivre d'abord ! L'honneur de l'armée n'était pas entre nos mains ! Et si tous les officiers s'étaient cavalés, ces bien-pensants, ces bien-payés, ce n'était pas à nous de faire leur métier !"
Dans ce récit d'un jeune soldat parti pour faire la guerre et contraint de fuir précipitamment devant l'ennemi, il n'est question ni de combats, ni d'affrontements : seuls président la peur au ventre et le quotidien morne de ceux qui sont en train de briser leur jeunesse au fil d'un conflit dont les enjeux les dépassent, une drôle de guerre marquée par le désœuvrement et la lassitude. Malheureux matricule comme tant d'autres, Marcadet a l'amère impression qu'ils ont été sacrifiés.
"Dans tout ce qu'on avait prétendu me faire faire, je n'avais rien compris ! Rien partout ! Je savais seulement que j'étais devenu quelque chose d'insignifiant, de négligeable, qu'on pouvait tuer comme un moucheron ou une fourmi ! Mais je revendiquais aussi ma part de pauvre héros, dans ce conflit où je n'avais rien vu, rien compris, et où je m'étais seulement mis là où l'on m'avait dit. Et j'avais la haine ! Oh oui, la haine ! La haine risible, impuissante et tragique, contre tous ces grands qui n'avaient pas fait leur métier."
Tout aussi brillamment écrit que profondément antimilitariste, vraisemblablement composé au début des années 1940, La marche au canon est un récit inédit qui mérite toutes les attentions."

4e de couverture :

- "On votait pour la paix, on payait pour la guerre. Partout les innocents, enfournés par wagons, roulaient dans les nuits calmes. Et ceux qui pleuraient le
faisaient en silence.
" Inhumain. C'est l'adjectif qui revient le plus souvent à l'esprit lorsqu'on lit ce texte. La marche au canon, c'est la lente dégradation de l'honneur, la guerre que l'on fait à coups de canons (celui qui tue et celui que l'on boit pour oublier les atrocités). Le narrateur n'est pas né pour être un héros. Très vite, il se rend compte que tous les militaires, les non-gradés, ne sont bons qu'à faire de la chair à canon pour ceux qui gouvernent, pour les patrons. Ils essaient d'oublier, à coups de mauvaises plaisanteries mais la réalité est là qui leur colle aux basques. C'est l'horreur de la guerre, écrite avec sobriété, mais où la cruauté des faits emplit le lecteur d'une mélancolie infinie."

Alexandra Morardet :

- "Jean Meckert, dans ce court roman, La marche au canon, parle de cette chair à canon, envoyée sur le front, pendant la guerre de 1939-45. Son héros, Augustin Marcadet, alter-ego, est un homme comme tant d’autres, perdu au milieu de soldats désorientés, séparé de sa femme et de sa fille contre son gré. Dubitatif quant à l’utilité de sa vie face à la guerre, broyeuse d’hommes, il profite de la débâcle pour déserter, fuyant devant les percées de l’ennemi et la pagaille des troupes.
Cette vision crue de la guerre, à travers les yeux d’un simple soldat, révolté, déçu par le pays qui l’a envoyé au casse-pipe, est bouleversante, criante de vérité. L’évocation de souvenirs récents et pourtant lointains, camouflés sous la peur de mourir, maintiennent le héros à flot momentanément."
(Arte, 14 août 2008).


Exode et débâcle dans l'imagerie populaire (Doc. JEA/DR).

Jean Meckert :
- "J'avais perdu tout ce qui faisait de moi un homme..."


Partir en guerre :

- "Les officiers avaient un wagon entier de première classe, pour faire le voyage bien à l'aise. Malgré les rideaux bleus tirés ça faisait une tache de luxe dans la nuit. On disait : les vaches, et on leur en voulait (...).
Par wagons, par centaines et milliers, par centaines de milliers de wagons à bestiaux, le monde partait ainsi en guerre. Et les nouveaux soldats partout dormaient, chantaient, vomissaient, ou pleuraient dans la guerre qui pointait.
Partout tragique, puni contre sa destinée, sans vouloir et sans savoir, on partait innocent."
(P. 15).

La première bombe :


- "Un beau matin de mai, on a entendu un sifflement dans le ciel, qui descendait et s'amplifiait, passait au grave et puis au rauque, en moins de trois secondes, et devenait puissant comme une catastrophe.
C'est tombé dans le pré en face, à cinquante mètres, avec une gerbe verticale haute comme une maison, un nuage gris-roux et une explosion énorme qui nous a fait bondir sous nos wagons (...).
C'était la première. Elle avait fait dans le sol un trou chaud, où on pouvait trouver des bouts de métal léger.
C'est ainsi qu'on appris que la drôle de guerre avait pris fin, et que les panzers étaient entrés en Belgique."
(P. 35).

Lapin :

- "Lapin ! qu'on m'a dit plus tard avec un brin de mépris... Et pourquoi pas ? Après tout, c'est sympathique un lapin. Ça n'aime pas la guerre et en cas de coup dur, ça détale. On a eu de la chance, au moins, de détaler en train (...)
On foutait le camp, tout le monde était content (...).
Je ne l'avais pas voulue, cette guerre; ni non plus la façon dont on nous la faisait perdre. On m'avait dit : "Mets-toi là", et je m'étais mis là. On m'avait bombardé, on avait tiré sur moi. J'avais donné tout ce que je pouvais. Pour rien."
(P. 49 à 51).

Un moribond :


- "Notre petit médecin adjudant est arrivé enfin, le visage sérieux et crispé. Il avait une blouse et son casque sur la tête. Très gentil et très froussard; il aurait voulu être ailleurs (...).
On a attendu un moment, et puis soudain le cri est venu, prolongé, veule, grave, avec des grognements d'étouffement et des stridences brutales... Ça durait ! Ça durait !... Ça devenait plaintif, doux, tendre, et puis violent, animal, agressif ! Ça tenait au ventre, dans l'horreur. Ça clamait la dernière agonie, la souffrance, la peur, le dernier désespoir. On se taisait. On ne se regardait pas. Des femmes étaient plus loin, attentives et secouant la tête, comme devant un accouchement."
(P. 63).


Stukas, maîtres du ciel de France (Doc. JEA/DR).

Abandon :

- "On abandonne le train (...) !
- Chacun pour soi ! disait Poquette. Rendez-vous à Pontarlier ! Quatre-vingt kilomètres à pied !
On voyait nos derniers officiers, sac au dos, revolver à la ceinture, qui s'amenuisaient au loin dans un chemin creux, suivis d'une horde qui leur collait aux fesses. tant pis pour les traînards !
Alors ça, c'était le bouquet ! On n'avait ni cartes, ni rien et l'abandon était tellement inopiné que les trois quarts des gars étaient à peine prévenus (...).
Déjà les péquenots du coin envahissaient les wagons pour rafler nos débris. Par familles entières, avec des caisses et des brouettes, ils déménageaient des couverture, des bottes, des vêtements, des fusils, des boules de pain."
(PP. 77-78).

S'en sortir :

- "Mais la route est coupée ! Les blindés vont arriver !
- Depuis trois cents kilomètres qu'on les annonce !
- D'accord ! Mais nous, on n'a qu'une vie !
- Gardez-la ! criait Mourlet (...).
Il m'a agrippé la vareuse.
- Je veux ma conscience nette. Je veux aller aussi loin que je peux !
- Moi, ai-je dit, j'ai une femme et un gosse. on ne va pas s'engager sur une question de panache ! (...)

- On ne s'en sortira pas ! disait Gallois. Notre ressource, elle est par là !
Il indiquait la gauche.
- La Suisse ?
- C'est à dix kilomètres !
On avait un peu honte. L'équipée en camion qui nous semblait si belle, on la voyait maintenant avec des âmes de déserteurs."
(PP. 89-90).

Rien :

- "J'avais du soleil sur mes godasses. Le sous-bois était doux, gentil, à la lumière tamisée. Il n'y avait plus aucun bruit.

J'ai regardé à mon poignet. Il était six heures. je me suis levé et je me suis tapé pour secouer la terre. S'il n'y avait pas eu la guerre, c'était l'heure de quitter le boulot (...).
J'avais perdu tout ce qui faisait de moi un homme (...). Je n'avais vu que des éclaboussures. Rien vu ! Rien ! (...) Je n'avais rien vu et je n'avais rien à raconter. Rien !
Dans tout ce qu'on avait prétendu me faire faire, je n'avais rien compris ! Rien partout ! Je savais seulement que j'étais devenu quelque chose d'insignifiant, de négligeable, qu'on pouvait tuer comme un moucheron ou une fourmi !"
(PP. 101-102).


La Petite Gironde, 23 juin 1940 (Doc. JEA/DR).

NB : Deux petits grains de sel personnels...

Plus d'un critique littéraire présente Jean Meckert comme "le rival" de Céline, ou pire encore comme "le Céline de la Série noire".
Ces comparaisons se veulent sans doute flatteuses. Comme si flatterie était de mise avec un anar. De plus, laissons Céline à son antisémitisme obsessionnel et à la Pléiade où Drieu lui tient compagnie. Plutôt que de placer son or au Danemark, de fuir en Allemagne bien avant la libération de Paris et de se présenter comme un persécuté des... juifs, Jean Meckert choisira la résistance, lui.

Ensuite, une lecture parallèle de La marche au canon, de La Débâcle de César Fauxbras et de La drôle de guerre de Roland Dorgelès
(1) n'est pas sans intérêt... Trois personnalités, trois écritures si différentes emportées par le même fleuve d'une effroyable déroute. Deux troufions et un correspondant de guerre face à la fin d'une "douce France". Tout un monde réduit en ruines. Certes le haut commandement militaire s'estimait intouchable et omniscient. Il se croyait encore en 14 avec des tranchées d'où seraient "grignotés" les nazis. Mais les envahisseurs mirent vite la France à l'heure allemande. Eux, fanatiques, surhommes conditionnés et suréquipés, avec des tactiques militaires ne sentant pas la naphtaline, bras armés de ce Reich de mille ans voulu par Hitler...
Alors, la République tombe comme un château de cartes. Ses ennemis intérieurs, prenant leur revanche sur le Front populaire, deviennent des collabos de l'occupant et de sa barbarie. A Vichy, l'extrême droite détient enfin le pouvoir. Elle va prouver de quoi elle est capable ! Depuis, elle garde toujours ses nostalgiques qui ont fait des petits (2)...

Note
s :

(1) Roland Dorgelès, D'une guerre à l'autre, Présentation de Jean-Pierre Rioux, omnibus, 2013, 959 p.

(2) Ce 20 juin 2013, lors des cérémonies marquant les 70 ans de l'arrestation de Jean Moulin à Lyon et se déroulant devant la prison de Montluc, des énergumènes ont sifflé "Le chant des marais" au nom de leur opposition... au mariage pour tous !!! C'est insupportable sauf à constater que, mettant allègrement en pratique une confusion totale, d'aucuns parmi eux s'affirment grands "résistants" face à une liberté et à une égalité accordées aux homosexuels, face à la "dictature" de l'actuel président mais encore face à une Réplique dont la démocratie les horripile...
Comme nous ne l'avons pas oublié, ce "Chant des marais" remonte à 1933. Il fut composé derrière les barbelés du camp de Börgermoor (Basse-Saxe) où les nazis rodaient leur système concentrationnaire. Paroles de Johann Esser et de Wolfgang Langhoff, musique de Rudy Goguel, tous trois internés pour opposition au nazisme.



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27 commentaires:

  1. j'avais été heureuse de voir renaître le blog, mais ne trouvais pas où le dire.
    Là il y a l'évocation de ce livre, les citations et puis, en bas, la possibilité de vous dire bonjour et merci

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    1. Chère Brigitte,
      les traditions se renouent : aux aurores, le premier commentaire provient invariablement d'Avignon et porte votre signature, inimitable... alors ne renversons point les rôles, les remerciements sont les miens

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  2. Le soleil sous ses pieds ... on l'oublie trop souvent !
    Heureux de te retrouver JE :-)

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    1. Cher Christophe
      (message personnel mais comment t'en informer autrement) le dernier de mes courriels vers toi est revenu quelques fois, refusé par on ne sait quelle machine chagrine (le stigmatisant en spam ?)

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  3. merci de nous faire connaître un auteur de polar (j'en lis aussi) et ce témoignage

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    1. en ces périodes de commémoration du débarquement de Normandie, "La Lune d'Omaha", version Jean Meckert, tombe à pic...

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  4. oui, je suis heureuse de voir que les commentaires sont à nouveau possibles...
    heureuse aussi de voir renaître ton blog...
    Bonne "route" JEA

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    1. Chère Coumarine :
      - "En marchant, se fait le chemin..."
      Antonio M. Molina

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  5. coucou JE!
    moi aussi j'aime les polars et me voilà avec un nouvel auteur! quel plaisir:-)
    plus "sérieusement", me voilà toute contente de te retrouver et de retrouver ta plume allègre!
    plein de bisous
    miche

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    1. Chère Miche
      pour ta prochaine venue sur le plateau des vaches condruziennes, quelques C. J. Box t'attendent, tu ne seras pas déçue...

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  6. J'essaierai d'ajouter "La marche du canon", à tous les textes lus sur ces odieuses boucheries avec lesquelles on n'en a jamais fini.
    Lectrice de polars, je ne crois pas en avoir lu d'Amila.
    Je pense à Claude Simon qui n'en avait jamais fini avec la débâcle de 40, "La Route des Flandres" et "L'Acacia" qui renversent le dispositif héroïque de la guerre en une scène de théâtre où les glorieux combattants sont à la recherche du front et où le chef de guerre se fait tirer comme un lapin...

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    1. ah "La Route des Flandres", merci de la rappeler (par contre in illo tempore non suspecto, je suis passé à côté de "L'Acacia")
      sur les rayons des bibliothèques, figure encore le "Week-end à Zuydcoote" de Robert Merle...

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    2. Dans "L'acacia"(1989), un père meurt en 1914 (comme le père de Claude Simon) et un fils survit à la débâcle de 40.

      "Week-end à Zuydcoote" : vous aviez fait un billet. Je vais le rechercher.

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    3. je n'ai pas souvenir d'avoir mis sur la toile - Mo(t)saïques 1 et 2 - un billet consacré au roman de R. Merle et/ou au film d'H. Verneuil (mais des collections de médocs au quotidien ne soufflent guère sur les étincelles mentales)
      par contre, "L'acacia" est déjà réservé grâce à vous...

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  7. Un auteur dont j'ignorais tout, jusqu'au nom! Pristi!
    Merci donc JEA....gris, il fait tout gris ce lundi, je vous enverrai du soleil mañana.

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    1. ici aussi, soupe à la grimace, le ciel s'est grimé tout en gris...

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  8. "J'avais la haine contre tous ces grands qui n'avaient pas fait leur métier", voilà bien le sentiment qui persiste à travers toutes les guerres et par delà !

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    1. Henri Jeanson :
      - "La guerre, ça commence toujours par des heures historiques... et ça finit par des minutes de silence."

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  9. Je vois que "La marche au canon" de Jean Meckert est préfacé et annoté par Stéfanie Delestré et Hervé Delouche. J'avais rencontré Hervé Delouche à deux reprises au Mai du Livre à Tarbes. Une fois avec Didier Daeninckx, une autre fois avec le grand écrivain anglais de roman noir, Robin Cook (qui signait aussi Derek je crois). Le grand Robin Cook (Les mois d'avril sont meurtriers / J'étais Dora Suarez...), qui avait quitté sa vie dorée d'après Eton pour aller travailler en Espagne, puis dans l'Aveyron où il discutait inlassablement avec les jeunes gens dans les cafés pour leur parler de la Guerre d'Espagne dont ils ne soupçonnaient même pas l'existence, ce qui désolait Robin Cook. (A ne pas confondre avec l'homonyme américain Robin Cook, qui écrit des thrillers médicaux de basse facture).

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    1. S. Delestré et H. Delouche ont en effet cosigné la préface et les notes de cette édition : "Le rythme saccadé et heurté des phrases, les mots répétés, comme scandés, ancrent le texte dans cette pesanteur du temps qui n'en finit pas de s'écouler..." (P. 10).
      A propos de volontaires anglais dans les Brigades internationales, ces quelques "instants de guerre" :
      http://motsaiques.blogspot.be/2009/05/p-110-instants-de-guerre-despagne-par.html

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    2. "Instants de guerre" de Laurie Lee, c'est noté. Merci J.E.

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  10. "Chair à canon", l'une des expressions les plus horribles de la langue française - dans toutes les langues, je veux dire.

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    1. En 14-18, Joffre, pas encore maréchal, avait inventé cette expression aussi cynique qu'atroce pour décrire la boucherie des tranchées :
      - "Je les grignote..." (bien à l'abri, tout à l'arrière du front)

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  11. Quand les témoins vivants auront tous disparu, il restera les témoignages écrits de ce mal incroyable qui broya tant de vies en Europe et ailleurs. Était-ce donc un cauchemar ? Mais non, ce fut la réalité toute crue. Merci de rendre vie à ces témoignages.
    Et... bon vent à ce blog et à ceux qui suivront ! Je suis tellement heureux de te relire.

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    1. sur la première version de ces Mo(t)saïques, figurait la disparition du dernier Anglais qui s'était enfoncé dans les boues des Flandres en 14-18
      depuis, no man's land pour cette première guerre mondiale
      comme tu le soulignes, le même processus ronge maintenant les rangs des acteurs et des témoins de la seconde
      reste à ne pas limiter l'histoire à des caves et à des greniers...
      (merci pour le bon vent car c'est un peu galère pour écrire ces nouveaux temps)

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  12. Amatrice de polars, je ne connaissais pas non plus les noms de cet auteur.
    J'ai lu avec intérêt, les témoignages des uns et des autres, préfaces et extraits.
    merci pour cette mise en lumière et cette lutte contre l'oubli à mesure que l'on s'éloigne dans le temps.
    Nous avons eu la chance, dans notre enfance et adolescence de "devoir" et pouvoir dialoguer avec d'anciens soldats témoins de cette "boucherie" afin d'alimenter les cours d'Histoire. mais quid des nouvelles générations?
    merci JEA

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    1. Gramsci :
      - "L'ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour, dans ce crépuscule prolifèrent les monstres..."

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