MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

lundi 9 juillet 2012

P. 162. Carax revient enfin...

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A lire régulièrement ce blog, du moins les pages cinéma, on pourrait croire qu'ici deux critères prévalent pour que des films soient à l'affiche. D'une part, qu'ils renouvellent le 7e art et ne soient donc pas du lard commercial jeté au public confondu avec des consommateurs manipulés. D'autre part que ces films restent handicapés par une distribution minimaliste.
Eh bien, voici une exception.
Pour le moins un sacré cinéaste ne sacralisant en rien les 25 images/seconde, Carax est actuellement à l'écran d'une centaine de salles obscures. Le festival de Cannes avait, paraît-il, été sérieusement secoué par Holy Motors. Il est temps que le public, celui qui "fait" aussi le cinéma, puisse croire ses propres yeux en se plongeant dans ce labyrinthe...

Synopsis

- "De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie. Mais où sont sa maison, sa famille, son repos ?"

Denis Lavant

- "Dès la lecture du scénario, c’est déjà extraordinaire. C’est un point de vue de poète du cinéma qui est aussi un modèle de lucidité."
(L’Humanité, interview par Jean Roy, 4 juillet 2012).

Julien Gester

- "D’Oscar, Holy Motors accompagne la course agitée de l’aube au cœur de la nuit. D’une extrémité à l’autre de cette journée l’attendent neuf rendez-vous, commandités par on ne sait quelle instance obscure, pareils à ceux d’un tueur à gages, mais qui sont autant de rôles à jouer et de costumes à endosser au milieu des autres pour les besoins d’une caméra invisible. Le film le cueille au matin, alors qu’il est encore à son dernier rendez-vous de la veille, grimé en banquier arrogant et grisonnant habitué du Fouquet’s. Puis, il sera successivement une mendiante cassée en deux sur le pont Alexandre-III, un ouvrier spécialisé en motion capture, un patriarche autoritaire en 205, un faune monstrueux sorti des égouts, l’assassin et l’assassiné, un vieillard agonisant dans un palace tombeau…
Chacune de ses exténuantes incarnations transfigure le film lui-même, dans la clarté éblouissante de ses effets comme l’intensité mate de son mystère, en un jeu de dupes et de doubles."
(Libération, 3 juillet 2012).

Jacques Morice

- "Moteur ! Pas de meilleur sésame pour symboliser le caractère dynamique du cinéma. Moteur ô combien sacré (holy motor) pour Leos Carax qui voue un culte au cinéma. Rite de passage, théâtre d'ombres projetées, c'est sur cette thématique ténébreuse que s'ouvre le film : un dormeur — joué par Carax en personne — se lève de son lit et trouve une porte dérobée, qui donne sur une salle de cinéma remplie de spectateurs fantomatiques. Le démiurge disparaît ensuite, laissant la place à Denis Lavant, son alter ego favori depuis son premier film, Boy meets girl. Souvent présent, ce jumeau angélique et satanique devient, ici, omniprésent, puisqu'il enchaîne une dizaine de rôles. Tout un répertoire, à la hauteur de son talent protéiforme.
Chargé d'une étrange mission, il se nomme Monsieur Oscar (clin d'oeil au vrai prénom de Leos Carax), nom prononcé avec déférence par Céline (formidable Edith Scob, tout en S, silhouette serpentine...), sa fée protectrice."
(Télérama).


Edith Scob (DR).

Emmanuel Cirodde

- "On tremble souvent à l'idée que le film sombre dans une folie stérile, que se rompe ce mince filin qui le relie encore au spectateur. Mais Carax récupère toujours son récit et étaye précisément son édifice. Dans un chaos magnifique, il nous livrera ses visions pour "la beauté du geste", comme le répète son héros protéiforme et alter ego. Attention, Carax est de retour."
(Studio Ciné Live, 3 juillet 2012).

Jean Roy

- "Au volant de la limousine blanche qui fend la nuit parisienne, l’impavide 
Édith Scob, inoubliable interprète des Yeux sans visage, de Franju, dont elle porte le masque, ce qui suffit pour y penser constamment. À l’arrière, Denis Lavant, le comédien fétiche et le double du cinéaste, ici dans onze rôles quoique interprétant le même personnage, monsieur Oscar, homme d’affaires très riche, dans une suite d’avatars à transformations, tel un héros de Feuillade poursuivant ses missions. Un film d’une liberté suprême, le seul à avoir divisé Cannes entre thuriféraires et dédaigneux n’en retenant qu’une photo exceptionnelle."
(L’Humanité, 4 juillet 2012).

Romain Le Vern

- "Malgré les multiples métamorphoses et la volonté de jouer sur la confusion fertile entre réel et imaginaire, on n'est jamais perdu. Tout simplement parce que ce conte enchanteur passe par tous les états du cinéma, toutes époques confondues. Denis Lavant, lui, est capable de provoquer toutes les émotions (l'effroi, le rire, la tristesse). Carax a construit ce dédale méandreux en considérant le cinéma comme une forme artistique libre, un élément fondamental de l'inconscient collectif en même temps que le plus grand travailleur de la mort."
(excessif.com).

Guillaume Loison

- "Dérive poétique, délire narcissique prophétisant la mort du cinéma, éructant (avec humour) le pourrissement du monde occidental, « Holy Motors » est forcément plus que cela, œuvre buissonnière débordant sans cesse de son programme (la succession de « missions », toutes plus iconoclastes les unes que les autres exécutées par Lavant), Carax investissant chaque interstice pour y déployer une idée de cinéma. Ici, un mur que le cinéaste fait lui-même voler en éclats, là, les pièces nues des magasins de feu la Samaritaine, où beauté des ruines et lyrisme noir se donnent la main – séquence d’anthologie. Une œuvre-somme qui, en dépit de son absence au palmarès du dernier Festival de Cannes, appartient déjà à l’Histoire."
(CinéObs, 3 juillet 2012).

Thomas Agnelli

- "Loin de sombrer dans la mélancolie facile, il rappelle que le cinéma permet de rendre le réel vivable, qu’il faut en faire pour la beauté du geste, au même titre qu’il faut apprendre à revivre. Derrière l’aspect ludique de ce dédale tortueux, Leos Carax ne masque pas son désenchantement, son impuissance face à une industrie cinématographique sclérosée. On aimerait tant lui dire que son Holy Motors est triste et euphorisant comme une fête de fi n du monde, d’une puissance désarmante, à en redonner le goût du cinéma aux morts et aux blasés. Que tout ce qui s’y joue, s’échange, se montre et se murmure nous bouleverse. Et que, grâce à lui, les limousines vrombiront encore longtemps."
(PREMIERE).


Denis Lavant (DR).

Quelques phrases encore, dispersées dans les média

Simon Riaux

- "Un long-métrage d'une intensité renversante, un de ces objets indéfinissables, capables de transformer durablement le medium auxquels ils appartiennent. Holy Motors est une œuvre débutée bien avant son premier photogramme pour hanter bien après une conscience collective qui ne pourra que l'embellir et la faire grandir."
(ECRANLARGE.com, 23 mai 2012).

Jean-Baptiste Thoret

- "Holy Motors" navigue sur cette crête étroite qui sépare le kitsch de l'éblouissement et évite presque tous les écueils de sa structure éclatée."
(Charlie Hebdo).

Danièle Heymann

- "Carax, pactisant avec l'ennemi - le numérique -, réussit à nous entraîner dans un carrousel d'images aussi étrangement émouvantes que celles du cinéma des premiers âges, et, multipliant les réminiscences, les rémanences (...) nous fait monter sur son vertigineux manège des métamorphoses."
(Marianne).

Thomas Sotinel

- "Holy Motors est à la fois un film fauché et une superproduction - une vue d'ensemble de l'histoire du cinéma (du chronographe de Marey aux capteurs numériques des tournages sans caméra) et le portrait intime d'un cinéaste qui n'a pas réalisé de long-métrage depuis 1999."
(Le Monde, 3 juillet 2012).

Pascal Merigeau

- "Enfin du cinéma qui ne va pas avec tout ! Et même, tiens, qui ne va avec rien, peut-être bien. Par là il faut entendre surtout que « Holy Motors » ne cherche pas à plaire à tout le monde, c'est ce qui le fait si hardi, c'est ce qui déjà le rend unique absolument."
(CinéObs, 5 juillet 2012).

Jean-Marc Lalanne

- "Conquérant souverain, faussement mélancolique, incroyablement ludique, sidérant d'originalité et d'invention : Carax décoche un film génial."
(Les Inrockuptibles).



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5 commentaires:

  1. Comme dirait Godard, ce n'est pas un film, c'est du cinéma...toujours créatif, Carax,quelquefois déroutant, mais un style unique!

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  2. Semble bien intéressant, mais je sais qu'il n'arrivera pas ici. Alors plaisir d'en voir un extrait. Merci JEA.

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  3. Un film qui fait peur plus par l'étrange que par le réel, je me trompe ? J'irai le voir comme chacun des films que vous nous conseillez et qui passe à Bruxelles. Merciiiii !

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  4. Film fascinant et donc inquiétant, qui me tente et me fait peur. Mais c'est cela sa qualité première semble-t-il en même temps que se poser comme une mise en abime du cinéma lui-même. Amitiés Jean-Emile.

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