(Ph. JEA/DR).
Cette page pour aussi les habitants de mon village ardennais. A la dernière brocante, j'y étalai des bouquins n'ayant trouvé aucune bibliothèque pour se reposer au moins provisoirement en paix. Faute d'espaces, ils vivotaient comme dans des camps pour réfugiés. En équilibre précaire sur une poutre, dans l'escalade des escaliers, en tours imitant maladroitement celle de Pise, entassés dans des malles qui ne partiront jamais pour des Indes, galantes ou non...
A cette broquante, une évidence : les bouquins les plus recherchés étaient ceux portant sur la guerre d'Algérie (personne n'en demanda - en sortant du formol l'ancienne formule officielle - sur "les événements").
Pour la fête au village de cette année, je proposerai ces 62 nouvelles écrites au scalpel par Daniel Zimmermann.
L’auteur :
- "Daniel Zimmermann, mobilisé au moment de la guerre d'Algérie, y a passé onze mois.
L'abjection dont il a été témoin donna lieu à vingt-cinq feuillets écrits à vif, 80 exercices en zone interdite, publiés en 1961 par Robert Morel. Scandale, saisie, procès en correctionnelle pour injures à l'armée. Près de trente ans après les faits, il écrivit et publia (en 1988) ces Nouvelles de la zone interdite, où revient à la surface l'intolérable. Et, aujourd'hui encore, on ne sort pas indemne de la lecture de ces textes-constats dont l'efficace brièveté souligne l'horreur des faits relatés."
Lien proposé par sa fille (lire les commentaires), cliquer : ICI.
- "Daniel Zimmermann, mobilisé au moment de la guerre d'Algérie, y a passé onze mois.
L'abjection dont il a été témoin donna lieu à vingt-cinq feuillets écrits à vif, 80 exercices en zone interdite, publiés en 1961 par Robert Morel. Scandale, saisie, procès en correctionnelle pour injures à l'armée. Près de trente ans après les faits, il écrivit et publia (en 1988) ces Nouvelles de la zone interdite, où revient à la surface l'intolérable. Et, aujourd'hui encore, on ne sort pas indemne de la lecture de ces textes-constats dont l'efficace brièveté souligne l'horreur des faits relatés."
Lien proposé par sa fille (lire les commentaires), cliquer : ICI.
Babel, 1996, 112 p.
et le cherche midi, 2001, 107 p.
(Mont. JEA/DR).
4e de couverture :
- "Malgré les commémorations, célébrations et autres divertissements médiatiques à propos de la torture dont chacun connaissait l'usage depuis 1955, la guerre d'Algérie demeure un tabou pour la société française, quarante ans après la fin des hostilités.
Daniel Zimmermann exprime dans une suite de textes-constats l'horreur au quotidien dont il fut le témoin. Certaines pages de son témoignage sont presque insoutenables tant la sécheresse de son écriture souligne la brutalité et la bestialité des faits relatés.
Salué par une presse unanime lors de sa première édition, en 1988, Nouvelles de la zone interdite, devenu un livre-culte, a été plusieurs fois réédité et a été adapté à la scène par deux compagnies théâtrales. Daniel Zimmermann, en vue de l'édition définitive de cet ouvrage, avait écrit quatre nouveaux textes, intégrés à ce volume."
Daniel Zimmermann exprime dans une suite de textes-constats l'horreur au quotidien dont il fut le témoin. Certaines pages de son témoignage sont presque insoutenables tant la sécheresse de son écriture souligne la brutalité et la bestialité des faits relatés.
Salué par une presse unanime lors de sa première édition, en 1988, Nouvelles de la zone interdite, devenu un livre-culte, a été plusieurs fois réédité et a été adapté à la scène par deux compagnies théâtrales. Daniel Zimmermann, en vue de l'édition définitive de cet ouvrage, avait écrit quatre nouveaux textes, intégrés à ce volume."
(Le cherche midi).
Bon. "Pages presque insoutenables... livre-culte..." Il y a des effets de manche bien inutiles et hyperboliques.
Ces nouvelles ont représenté une objection de conscience. Ecrites à l'acide, elles rongent toujours. Et l'auteur et les lecteurs.
Les extraits qui suivent, sont arbitrairement présentés par ordre alphabétique des sujets.
La Zone Interdite entre l'Algérie et le Maroc (DR).
L'arbre :
- "Sur les hauts plateaux, entre El Aouedj et El Aricha, il n'y avait qu'un arbre au milieu de l'alfa. Au passage, par jeu, les hommes lui décochaient des rafales. Un T.6 l'a achevé à la roquette."
(P. 57).
Le colonel :
- "En ce soir de juillet la bière coulait à flots dans tous les escadrons, il fallait bien arroser ça, le colonel venait de sauter sur une mine. Certes il n'était pas mort, mais avec les deux jambes brisées, on ne le reverrait pas de sitôt, ce qui diminuerait d'autant le nombre de crapahutages inutiles."
(P. 78).
Elle :
- "Son corps était plus jeune que son visage, et les mecs, ils n'avaient pas vu de femmes depuis des mois. Avec le premier, elle a crié, marrant, elle était vierge, ensuite elle s'est laissé faire. Et puis après elle ne bougeait plus, étendue dans l'alfa. Alors le margis il a sorti son pistolet, c'était mieux pour elle."
(P. 56).
Le maquisard :
- "Il subsiste un maquisard, retranché dans une excavation coudée, à l'abri donc des tirs tendus. L'homme sait qu'il va mourir et il discourt en français, presque sans accent. Il prétend que les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes. Il soutien qu'un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre."
(P. 26).
Un progrès :
- "Sous les politiciens du Système, les Mitterrand (1), les Guy Mollet (2), les Edgar Faure (3), les Bourgès-Monoury (4), c'était l'anarchie. Maintenant, sous la Ve République, les interrogatoires ne sont plus confiés à des amateurs sadiques ou brouillons, mais à des pros efficaces et les pims (5) fusillés par représailles sont devenus des suspects abattus lors de tentatives de fuite."
(P. 53).
Un record :
- "L'adjudant Martin a ajouté huit fells à ses quatre-vingt-onze. Quand il sont sortis de la cache les bras levés, il les a abattus un à un avec sa carabine semi-automatique. Plus qu'un et il paiera un de ces gueuletons à ses hommes."
(P. 45).
Le soleil :
- "Parfois il aimerait arrêter la course du soleil. Un soir il y parvient presque."
(P. 101).
(DR).
NOTES :
(1) François Mitterrand.
Ministre de l'Intérieur du gouvernement Pierre Mendès France : du 19 juin 1954 au 23 février 1955.
Garde des sceaux du gouvernement Guy Mollet : du 1 février 1956 au 13 juin 1957.
(2) Guy Mollet.
Premier ministre du gouvernement le plus long de la IVe République.
(3) Edgar Faure.
Premier ministre du 23 février 1955 au 24 janvier 1956.
(4) Maurice Bourgès-Monoury.
Ministre des Forces armées du gouvernement Mendès France : du 20 janvier au 23 février 1955.
Ministre de l'Intérieur du gouvernement E. Faure : du 23 février au 1er décembre 1955.
Ministre de la Défense nationale du gouvernement G. Mollet du 1er février 1956 au 13 juin 1957.
Ministre de l'Intérieur du gouvernement Félix Gaillard du 6 novembre 1957 au 14 mai 1958.
(5) NdA : Prisonniers d'intérêt militaire.
(1) François Mitterrand.
Ministre de l'Intérieur du gouvernement Pierre Mendès France : du 19 juin 1954 au 23 février 1955.
Garde des sceaux du gouvernement Guy Mollet : du 1 février 1956 au 13 juin 1957.
(2) Guy Mollet.
Premier ministre du gouvernement le plus long de la IVe République.
(3) Edgar Faure.
Premier ministre du 23 février 1955 au 24 janvier 1956.
(4) Maurice Bourgès-Monoury.
Ministre des Forces armées du gouvernement Mendès France : du 20 janvier au 23 février 1955.
Ministre de l'Intérieur du gouvernement E. Faure : du 23 février au 1er décembre 1955.
Ministre de la Défense nationale du gouvernement G. Mollet du 1er février 1956 au 13 juin 1957.
Ministre de l'Intérieur du gouvernement Félix Gaillard du 6 novembre 1957 au 14 mai 1958.
(5) NdA : Prisonniers d'intérêt militaire.
.
Je ne le connaissais qu'au travers ses écrits poédagogiques (la communication non-verbale). Du coup, cela a ouvert une curiosité!!!
RépondreSupprimerMerci
Je ne connaissais pas ton blog;
RépondreSupprimerCe billet du lundi évoque l'intolérable....
guerre et dérives, conscience, remords ?????
Merci de nous réveiller.
La bonne chaleur d'un escalier aux livres.
RépondreSupprimerEt puis l'horreur, hors des oubliettes.
Je viens de faire un commentaire sur un blog pour dire que la littérature rose bonbon très peu pour moi, j'ai l'impression qu'on est du même côté des livres : ceux qui engagent, qui crient, qui protestent, bref de vrais livres
RépondreSupprimerJe ne connais que le nom de D Zimmermann et pas du tout ce livre mais je vais réparer ça promptement car le miracle d'internet m'a permis de le réserver illico à la médiathèque
Je lirai Zimmermann sans doute. De fait, mon père ayant pris part à cette guerre et ayant observé sur ce sujet un silence complet, j'ai toujours hésité à me documenter sur cette question... Alors que je l'ai fait sur beaucoup d'autres. Comme si j'avais hérité de son malaise (?)
RépondreSupprimer@ Le Journal de Chrys
RépondreSupprimerContrairement à d'autres bouquins judicieusement proposés à votre fille par son prof de lettres, celui-ci ne me semblerait ouvert à des ados qu'à partir de 16 ans (enfin, il faut bien évidemment individualiser)... Et avec quelques clés d'explications non pour alourdir la lecture mais pour que ces "nouvelles" ne risquent pas de rester un iceberg dissocié de l'histoire de France (et de l'Algérie).
@ Christyn
RépondreSupprimerUn double remerciement : et pour la venue jusqu'ici et pour le commentaire.
Il n'y a que de "sales" guerres et toute paix devrait être "bonne" à partager...
@ Tania
RépondreSupprimerMerci pour vos camélias et leurs éclats de douces heures...
@ Dominique
RépondreSupprimerLinn Hulmann écrivait :
- "Les livres sont ma maison"
ce qu'illustre sur les bords la première photo.
Maintenant que la maison soit une bonbonnière, une pétaudière, un tapis volant, un radeau flottant, un igloo, une grotte (miraculeuse ou non), une clairière, une longère, un château (de cartes)...
voilà qui est laissé aux choix de celle, de celui qui choisissent leurs bouquins
@ le blög d'Otli
RépondreSupprimerN'étant pas de nationalité française mais participant à des activités municipales ou de recherches historiques
voici longtemps que j'ai observé cette aimantation entre hommes de la même génération, qui ont servi "là-bas", qui ne se confient quasi qu'à voix filtrée, pas devant d'autres témoins
ils savent que furent utilisées des "méthodes" trop proches de celles reprochées à juste titre aux occupants de 40-45, que les droits de l'homme furent réduits à l'état de chiffons
eux ont été des pions finissant dans le camp de vaincus mais avec en plus l'imbroglio d'une guerre ne disant pas son nom entre des coloniaux et des colonisés plus l'imbroglio d'une guerre civile avec même des généraux haïssant la République
ils n'en sont pas revenus intacts, ni fanfarons
les silences se sont élaborés comme des mille-feuilles pour mille et une raisons qui vont des silences du tortionnaire se recyclant sur le continent à ceux des hommes sous l'uniforme français qui abandonnèrent dans le déshonneur et à un sort atroce d'autres porteurs du même uniforme mais qui étaient "harkis" et utilisés jusque-là comme des "collabos"
et donc comme j'ai leur âge, parfois ils s'imaginent que j'y fus aussi, ils rentrent la tête dans leurs épaules et recherchent leurs mots comme en terrain miné
ma réponse étant une grande incompréhension devant tant de nouveaux historiens contemporéanistes et qui évitent le sujet alors que les témoins s'en vont peu à peu et que les archives sont loin d'avoir livré des contenus appelant des travaux de fond...
Cela m'a fait repenser à un autre livre sur la guerre d'Algérie : "Le désert à l'aube", de Noël Favrelière, Editions de Minuit (1960-2000).
RépondreSupprimerUn témoignage implacable qui renvoie à "La Question" d'Henri Alleg, en ces jours (hier encore) où parade derechef l'ex-lieutenant Le Pen de sinistre mémoire historique.
(Des films ont peu à peu réussi à briser le tabou concernant cette période : voir, dans les plus récents, "La Trahison", de Philippe Faucon, 2005.)
Merci pour ce rappel toujours nécessaire.
@ D. Hasselmann
RépondreSupprimerMerci pour tous rappels auxquels s'ajoutent trois pages de feu "Mo(t)saïques" :
- P. 69, 17 janvier 2009 : Georges Arnaud et son procès ;
- P. 179, 29 septembre 2009 : P. Teitgen et les "crimes de guerre" en Algérie ;
- P. 189, 5 novembre 2009 : Romans de la guerre d'Algérie.
Une période très noire et très douloureuse pour moi.
RépondreSupprimerMon père était militaire de carrière ( dans les transmissions ), nous vivions pas très loin d' Alger, en casernement.
C'était à la fin de la guerre, le moment de l'indépendance, j'étais haute comme trois pommes.... Je me souviens encore ...
Je me souviens de
- Mon père envoyant des messages en morse sur le fameux télétype, je n'ai jamais oublié le son de cet appareil!
- de la boutique qui a sauté quelques instants après notre sortie ma mère et moi
- d'avoir retrouvé notre chien " Black " tué, le ventre ouvert ...
- de la maison qui tremblait, vibrait, lorsque les "plastics" sautaient ...
Je me souviens
- de notre retour en France dans le Nord en plein mois de décembre, via Marseille
- de mon frère ainé qui se battait à l'école parce que les gens, pensaient que nous étions des " bounioules " à cause de notre peau bronzée
- d'avoir vu et lu la haine dans les yeux de ces gens là
- du taudis que l'armée française nous avait trouvé pour nous loger, sans électricité, sans chauffage, sans meuble. Nous sommes tous tombés malades, et c'est le médecin qui a expliqué à tout le monde que nous étions des français, et qui plus est des gens du Nord comme eux ...
Je me souviens
- du revirement de situation de ces gens, nous apportant des légumes et des fruits . Là nous avons enfin déménagé pour nous rapprocher de Lille afin de pouvoir vivre d'une manière plus descente.
- du moment ou nous avons récupéré nos meubles et affaires un an et demi après notre retour en France. Tout avait été cassé , pillé par les dockers du port de Marseille!
Je me souviens
- de la dépression nerveuse de ma mère
- qu'un jour mes parents nous ont dit ( nous étions 6 enfants, j'étais la seconde ), c'est fini, on n'en parle plus ....
Et le silence sur LE SUJET s'est installé ....
@ Regard de femme
RépondreSupprimerCes regards d'enfants qui ne se sont pas dilués dans ceux de la femme !
En élaborant une page de blog, sauf à être un peu crapaud pataud sur les bords du plus proche ruisseau, on pense à éviter autant que possible les éclats de miroirs, les clous à plusieurs pointes, les soufrières risquant de blesser qui vient lire ici.
Si les non-dits représentent au moins le danger de laisser proliférer tous les fantasmes et d'alourdir les montagnes des incompréhensions, entrouvrir la porte des silences engendre bien des risques aussi. Dont celui d'avoir atteint un regard de femme...
Je vais bien, ne t'en fais pas ....
RépondreSupprimerSurtout ne pas oublier mais aller de l'avant! .... L'idée de l'avenir est plus féconde que l'avenir lui-même, et c'est pourquoi l'on trouve plus de charme à l'espérance, au rêve qu'à la réalité
@ Regard de femme
RépondreSupprimerDominique Dessanti :
- "L'amitié : ce sang du courage de vivre."
nouvelles écrites au scalpel ..écrivain chirurgien..rare ! ! !
RépondreSupprimer@ Gérard Méry
RépondreSupprimerPeut-être pour un abcès de fixation de l'histoire...
C'est horrible...que dire de plus ?
RépondreSupprimerLire les horreurs est-il pire que les imaginer?
RépondreSupprimerJe suis toujours étonnée du peu de "paroles" sur cette guerre.
Quand elle sont récentes, des témoins encore vivants, cela représente-t-il un tel danger qu'il faut taire et faire taire...tout en dénonçant le "manque de transparence" dans d'autres pays?
(Voyez aussi les "difficultés" du juge Garzón relatives à la guerre civile españole)
Merci pour billet JEA.
@ Euterpe
RépondreSupprimerOui, ainsi, tout est dit !
@ Colo
RépondreSupprimerHenri Jeanson :
- "La guerre, ça commence toujours par des heures historiques... et ça finit par des minutes d silence."
Comme Tania, cette photo heureuse m'émeut et puis on lit le texte qui se trouve dans ces mêmes livres.
RépondreSupprimer@ MH
RépondreSupprimerMais tous les livres photographiés ne sont pas de la même encre. Certains plongés bien plus profondément dans la nuit et le brouillard. D'autres comme des cafés noirs bien serrés. Il y en a comme des galets porte-paroles de bien des océans. D'autres comme des mouchoirs avec des trésors officiellement de peu de prix mais si précieux. Certains ont fait le tour de leur monde. Il y a en aussi tendres que des papillons allant s'envoler pour la première fois... Bref des bibliothèques. Certes pas des mers mortes.
Je suis comme vous intéressée par ces histoires dont les auteurs parfois signent avec leurs tripes ! ( bien que je sois de Caen et que je n'aime pas les tripes , ni la viande ! rire )
RépondreSupprimerC'est une hérésie de vouloir vendre ses livres à la brocante ! Non ? Zimmerman un auteur sachant pointer les mots là où la mémoire se fait défaillante ! J'ai lu à plusieurs reprises justement Nouvelles de la zone interdite , à chaque fois je suis bouleversée . Pour lui cela dut être un exorcisme de relater ses horreurs ...Chaque homme , femmes , enfants qui vivent ou on vécu un état de guerre , ont des problèmes psychologiques à vie ! Je peux en parler car en ce moment dans l'hôpital de jour où je travaille , beaucoup de Tchétchènes , Géorgiens , Ivoiriens arrivent avec des blessures internes ...J'aime beaucoup cette phrase de Henri Jeanson , elle dit tout ...
Bon après midi ...
@ Marie
RépondreSupprimerQuand j'arrivai en ce village ardennais, ce fut une des premières curiosités locales : découvrir que j'étais résolument hérétique.
Mais simultanément le chiffre de lecteurs du "Canard enchaîné" doubla magiquement dans mon hameau.
A la brocante annuelle, aucun livre n'avait été proposé jusque-là aux passants. Or, en ouvrant des caisses chlorophormées depuis presque 20 ans parfois, ce fut l'occasion de libérer quelques espaces pour les nouveaux bouquins qui eux, mois après mois, s'accumulent et ne peuvent rester sur le pas de la porte...
De la brocante 2010, j'ai gardé ce souvenir. Pas un livre n'est parti sans avoir auparavant échangé avec la personne intéressée. Souvent ignorante du contenu voire des auteurs. Mais cherchant sur un thème, un genre, une époque. Et donc ce fut un temps partagé en restant autour de ma table, pour discuter, argumenter, non pour vendre, mais pour rencontrer des curiosités, des envies. Mon plus bel étonnement fut une jeune étudiante d'une vingtaine d'années qui repartit avec 5 ou 6 ouvrages que j'avais été rechercher dans le coffre de ma voiture, conséquence d'un préjugé débile : la certitude que ceux-là étaient "trop" (intellos, difficiles, tout ce qu'on voudra...).
Le silence de ceux qui ont vécu ces moments en dit long, très long. Un témoignage qui ne m'étonne pas et qui râcle la crasse jusqu'à l'os.
RépondreSupprimerJe comprends ... Mais j'ai beaucoup de mal à me séparer de mes livres ... Et pourtant !
RépondreSupprimerOn tous des préjugés parfois débiles le plus important est de le reconnaître :)
@ Danièle Duteil
RépondreSupprimerCes éclats de silences mis dans le cercueil d'un passé que l'on voulait enterrer...
@ Marie
RépondreSupprimerLinn Ullmann écrivit :
- "Les livres sont ma maison".
Avec "maison" au singulier". Quand celui-ci devient plusieurs pluriels, la terre ne suivant pas le mouvement, on se retrouve dans une ville envahissante, on se perd dans des buildings trop hauts, et le ciel, par chez moi, n'aime pas être gratté ainsi...
Restent des séparations à l'amiable, le livre est passé comme un témoin, il va se construire ailleurs, avec d'autres.
je suis Claudine Zimmermann, la fille de l'auteur, Daniel Zimmermann
RépondreSupprimermerci pour ce blog, aujourd'hui date anniversaire de sa mort en décembre 2000, il m'est heureux de voir que sa pensée survit à son décès ..
j'ai été programmée pour naître vite, libérant mon père de ces dix huit mois d'atrocités (au 2e enfant les appelés étaient libérés...)mon frère étant né en octobre 57, je suis née (avec quelques semaines d'avance) en mai 59, redonnant la liberté à mon père...
je me permets de mettre un line sur une page consacrée à Daniel Zimmermann au sujet de ce livre
merci à ceux qui font vivre encore ses écrits
http://www.domainepublic.ch/articles/4431
salut Claudine
SupprimerBB (de toulouse)
@ Claudine Zimmermann
RépondreSupprimerC'est très émouvant de vous lire, soyez-en remerciée.
Le lien précieux que vous apportez, a été placé juste sous la très brève présentation de votre père par Babel.
Je suis Algérien d'origine et j'ai eu l'honneur d'échanger quelques mots avec monsieur Zimmerman quelques temps avant sa mort .... je suis allé le voir un jour avec Bertrand Ehrhart qui avait adapté un texte des nouvelles de la zone interdite en chanson .... j'ai aussi eu l'honneur de chanter cette adaptation et de la jouer a la guitare ...
RépondreSupprimeraujourd'hui encore l'émotion m'étreint quand je repense a ce texte, je me souviendrai toujours de ce refrain :
"L'adjudant martin a ajouté 8 morts a ses 91
Quand ils sont sortis de la cache les bras levés
Il les a abattu 1 a 1 avec sa carabine ..." ... un texte qui commençait pourtant par "Qu'est-ce qu'on a bien rigolé ... on a beaucoup voyagé ..."
Le tabou était tel autour de la guerre d'Algérie et notamment dans ma famille que c'était la première fois que j'en entendais parler de manière vraiment concrète ...
tout ça pour vous dire que les Auteurs sont importants ... ils sont même bien plus que cela ... en particulier des auteurs aussi sensibles et sincères que Zimmerman
J'ai lu les nouvelles de la zone interdites suite a cette rencontre et je dois bien dire qu'entre ma discussion avec Zimmerman et la lecture des nouvelles je n'avais jamais eu auparavant autant d'informations concrètes sur cet évènement ...
Merci à Mr Zimmerman pour cela
Kamal B.
@ Kamal B.
RépondreSupprimerSoyez remercié, Monsieur, d'avoir élargi et enrichi le contenu de cette page.
Il est d'ailleurs temps que les paroles sur cette guerre ne restent plus séparées par un mur artificiel.
Il semble qu'en ce moment, une tentative soit proposée :
- "Guerre d'Algérie. Mémoires parallèles". Un hors-série du "Monde". En kiosques, 100p., 7,50€.