Joe Dassin :
- "Aux Champs Elysées,
aux Champs-Elysées,
au soleil, sous la pluie,
à midi ou à minuit,
il y a tout ce que vous voulez
aux Champs-Elysées..."
Flagrants délits sur les Champs-Elysées. Les dossiers de police du gardien Federici (1777-1791).
Edition présentée et annotée par Arlette Farge.
Postface de Laurent Turcot.
Mercvre de France, le Temps retrouvé, 2010, 449 p. (1).
4e de couverture :
- "En 1777, quand la promenade des Champs-Élysées devient un lieu public et que " tout Paris y est ", le comte d'Angiviller, directeur des Bâtiments du Roi, décide de la doter d'un gardien, fort d'une petite troupe de quatre soldats. Il les choisit parmi des militaires sûrs, les troupes suisses, et nomme à leur tête Ferdinand de Federici, originaire des Grisons, homme dévoué, zélé, d'extraction modeste, qui va faire de cette promenade sa "chose".
Chaque semaine, Federici écrit un "rapport", décrivant ses actions de police et son lien de plus en plus affectif à cet endroit entre ville et campagne, fréquenté par les aristocrates comme par les pauvres hères, lieu de jeux, de loisirs, de promenades et de parades, espace de la séduction, de la convoitise, du voyeurisme, mais aussi de l'émeute et de la violence.
Les querelles, les duels à l'épée ou au pistolet, les batailles collectives, les jeux de barres interdits, les chapardages, les émeutes d'étudiants, les ventes à la sauvette, les attroupements autour des carrosses, les dragues de prostituées et les "agissements des pédérastes" sont le pain quotidien de la garde des Champs-Élysées.
Les querelles, les duels à l'épée ou au pistolet, les batailles collectives, les jeux de barres interdits, les chapardages, les émeutes d'étudiants, les ventes à la sauvette, les attroupements autour des carrosses, les dragues de prostituées et les "agissements des pédérastes" sont le pain quotidien de la garde des Champs-Élysées.
Federici et ses hommes sont les rois du flagrant délit : ils surprennent la vie de Paris sur le vif, la ville la plus populaire comme la plus mondaine.
À chaque rapport, de son écriture vive, colorée, réaliste, Federici croque des scènes qui ressemblent à des esquisses de peintre, aux zébrures de la vie quotidienne du XVIIIe siècle, nous donnant des informations à la fois banales et captivantes."
À chaque rapport, de son écriture vive, colorée, réaliste, Federici croque des scènes qui ressemblent à des esquisses de peintre, aux zébrures de la vie quotidienne du XVIIIe siècle, nous donnant des informations à la fois banales et captivantes."
Gilles Heuré :
- "C'est cette sorte de main courante, conservée aux Archives nationales et présentée magnifiquement par Arlette Farge, qu'il nous est donné de lire.
Et il s'en passe de belles, dans ce lieu aux confins de la ville, à l'orée dela campagne. Federici , homme de guerre, est aussi amoureux de la nature. Il fait appliquer de la terre mouillée aux « blessures » des arbres, réprimande les paysans dont les vaches saccagent les allées, expédie des chevaux à la fourrière et, surtout, veille à la tranquillité des promeneurs. Car tout Paris défile là : petit peuple, voleurs, femmes vénales ou aristocrates."
Et il s'en passe de belles, dans ce lieu aux confins de la ville, à l'orée de
(Télérama, 7 juin 2008).
Marc Riglet :
- "En subordonné consciencieux, notre gendarme nous livre de savoureuses scènes qui nous informent précisément sur les moeurs de l'époque. Pour faire régner l'ordre et la vertu, le sieur Federici a, en effet, fort à faire. Prostitution, homosexualité - il est pour le coup assisté par une "brigade spéciale contre la pédérastie" -, duels surtout, la police a du pain sur la planche. Et , ce n'est pas le moindre attrait de ces témoignages, la personnalité de notre pandore apparaît attachante. Ne s'efforce-t-il pas d'être sévère mais juste ! Il est bien un peu obséquieux avec ses supérieurs, mais c'est qu'il désire tant qu'on lui décerne la croix de Saint-Louis. Las, lorsque la Révolution survient, il n'est pas encore parvenu à décrocher son hochet. Comment ne pas compatir à son désappointement ? Un petit livre frais, instructif et drôle."
(L’Express.net, 26 août 2010).
Rapport du 10 au 17 mars 1783 :
- "Hier au soir dimanche à neuf heures du soir, arrêté pour cause de pédérastie les nommés Jean Robin, marchand mercier, rue Mazarine (2), et Auguste Roz, serrurier en carrosse, demeurant rue Ferme-des-Mathurins (3), relaxés en considération de ce que ce dernier avait une femme et des enfants.
La nuit du vendredi au samedi dernier, un particulier de Chaillot nommé Coutellier est mort de froid dans les ornières de la nouvelle rue du Colisée (4) que l'on construit." (P. 214).
Rapport du 17 au 24 mars 1783 :
- "Jeudi 20, à la patrouille de M. le Commissaire Foucault pour la pédérastie, il y a eu un particulier d'arrêté.
Hier au soir dimanche vers les neuf heures du soir, arrêté le nommé Pierre Jounelle, demeurant rue Saint-Louis au marais (5), pour cause d'insulte commise à des passants, relaxé quelque temps après, vu qu'il avait du vin." (P. 214).
Gravure de 1789 (DR).
Rapport du 31 mars au 7 avril 1783 :
- "Mercredi 2, Jean Dinette, demeurant rue de l'Anglade (6), arrêté à la requête des sieurs Nicolas Gringois et Pierre Blanchet, bourgeois de Paris, pour cause d'insulte et de menaces faites à eux-mêmes, ainsi que pour avoir molesté une femme hors de la grille. Relaxé trois heures après.
Le soir, même jour, arrêté deux dragons, l'un du régiment du Languedoc et le second de la Reine, qui étaient le sabre à la main pour se battre, relaxés.
Samedi 5, arrêté Autin Toussain pour cause de vol d'une paire de bas en plein jour, prise sur la croisée du corps de garde appartenant aux Suisses. Des bourgeois qui étaient au jeu de paume en ont averti et la garde a arrêté cet homme dans la rue de Marigny (7), qui s'évadait (...).
Hier dimanche, arrêté deux mendiants, remis aux gens de M. l'Escase, inspecteur de police." (PP. 214-215).
NOTES :
(1) L'illustration de couverture représente un détail d'une "Chasse au taureau", Ecole vénitienne, Musée Civico à Belluno (Italie). On cherche vainement le début d'un rapport avec les Champs-Elysées juste avant la Révolution ?!? Autant le Mercvre enchante avec des publications, y compris en format poche, de mémoires et autres documents précieux, autant cette légèreté dans une illustration à l'as de pique, laisse pantois.
(2) A l'origine : rue des Fossés-de-Nesle.
(3) En 1881, il a été décidé de donner le nom de Pierre Alexandre Vignon à cette rue.
(4) Ancien Chemin des Gourdes.
(5) Depuis 1865, rue de Turenne.
(6) Absorbée aujourd'hui par la rue de l'Echelle.
(7) Voie tracée en 1770 par le Directeur général des bâtiments du Roi, le marquis de Marigny.
.
oh que j'aimerais parcourir ce livre !
RépondreSupprimer@ brigetoun
RépondreSupprimerpuis-je vous offrir mon exemplaire ? pas trop écorné ni annoté
Un livre à recommander à Monsieur Claude Guéant : les histoires de gueux le passionnent.
RépondreSupprimer@ D. Hasselmann
RépondreSupprimerA la fin du XVIIIe, pas d'interdiction pour le public des Champs, de porter des signes religieux. Heureusement pour les voiles des nonnes...
Un billet qui donne vraiment envie de se plonger dans cette main courante d'un autre temps ! Mais qui, au final, n'est pas sans nous rappeler que, aujourd'hui... les mains courantes sont toujours aussi "extraordinaires" ;)
RépondreSupprimer@ le blög d'ötli
RépondreSupprimeraujourd'hui et à propos de mains courantes, on trouve au moins :
- les chroniques de Serge Reynaud
- les archives réunies par Pierre Miquel
et
- le roman de Didier Daeninckx
mais je n'ai hélas ouvert aucun de ces trois livres ?
et vous, si ce n'est trop indiscret ???
Sur le champ j'allais déposer un commentaire...mais votre reponse à brgetoun m'a fait repenser à un petit geste de mon passé. Lorsque j'habitais au rez de chaussée d'une rue très passantes je déposais mes livres lus sur le rebord de ma fenêtre avec un petit mot : "je l'ai fini, si cela vous dit prenez le. Bonne lecture."
RépondreSupprimer@ Les Héphémères
RépondreSupprimerPar nos jours, un livre posé à la sortie d'une école avant qu'une mère et son fils n'y risquent l'arrestation pour cause d'étrangeté sans papiers ...
....ils "resonnent" fort les "mots" d'aujourd'hui...
RépondreSupprimer@ Les Héphémères
RépondreSupprimerRéseau des mots sans frontières...
Délits et délires ! Que dire de : "...relaxés en considération de ce que ce dernier avait une femme et des enfants" ?
RépondreSupprimer@ Danièle Duteil
RépondreSupprimerA la lecture de ses propres notes, il apparaît que ce de Federici, à la tête de sa mini-garde, décidait quasi en toute souveraineté. C'est ainsi qu'il montre une grande sévérité, y compris vis-à-vis des nobles, quand les arbres ou les prés placés sous sa protection sont l'objet de vandalisme.
Pour revenir aux homosexuels, les Champs semblent représenter les bois de la périphérie actuelle. de Federici ne s'acharne visiblement pas. Et attribue ou non des "circonstances atténuantes" comme - à ses yeux - être bisexuel, avec femme à charge et ayant prouvé sa virilité en ayant des enfants (ces arguments ne peuvent d'aucune manière illustrer mon avis)...
..mais alors que fait la police ?
RépondreSupprimerUn livre qui promet d'être passionnant.
RépondreSupprimer@ Gérard Méry
RépondreSupprimerElle se demande s'il y a photo...
@ Danièle Duteil
RépondreSupprimerParmi les surprises de ce livre: 1789. Avec ses gardes suisses, de Federici passe à travers l'orage de la Révolution sans même en recevoir une goutte...
Un personnage tout à fait singulier, écolo et protecteur de la nature avant l'heure, cela le rend sympathique, les extraits donnent envie d'en lire plus,
RépondreSupprimerc'est vraiment une superbe collection et sa version poche la rend accessible
@ Dominique
RépondreSupprimerPas un mauvais bougre, seulement obsédé par une décoration qu'il ne recevra jamais.
Comment ne pas vous approuver sur cette collection ? Seuls quelques rares fanas d'archives souvent même ignorées, auraient le monopole de ces documents si le Mercvre ne les publiait à des prix vraiment démocratiques...
Mon regard s'arrête longuement sur la superbe gravure de Watteau: autres temps!
RépondreSupprimerJe me demandais ce que donnarait une étude des Las Ramblas de Barcelona à l'époque...
@ Colo
RépondreSupprimerLa honte quand on apprécie la qualité des oeuvres d'art présentées sur votre blog bilingue.
Ici, j'ai ramé. Et faute de mieux, j'ai retenu sans enthousiasme cette gravure à la reproduction très approximative...
Il ne faisait pas bon s'aventurer de nuit sur les Champs-Élysées à l'époque... Qu'en est-il aujourd'hui? ...
RépondreSupprimer@ Kenza
RépondreSupprimerDu fin fond de ma campagne marginale, je laisse à d'autres le soin de vous répondre. Il y a par exemple D. Hasselmann ce piéton qui ne cesse de nous découvrir Paris.
Par contre, pas d'heures (d'ailleurs elles s'effacent d'elles-mêmes) pour se réfugier dans la clairière de votre blog (et même plus de coucou pour vous plagier)...
puis-je me permettre une mini-critique ? (tu opines du chef donc je m'aventure ;-) : ton compte-rendu de lecture est intéressant et documenté, mais très impersonnel je trouve... tu ne donnes pas ton avis ? ou bien tu estimes que les critiques des autres et les extraits suffisent à faire comprendre que tu as aimé ce livre ?
RépondreSupprimer@ madame de Keravel
RépondreSupprimermini ? maxi aussi...
il n'y a que les insultes (et non les critiques) du style :
- "vous recommencez à baver. C'est en effet obsessionnel ! Et assez intolérant pour ne pas dire davantage" (Solko)
qui n'ont pas à être tolérées ici (du moins, à mon estime : je ne suis pas un crachoir)
pour le fond, vous avez raison, je reste plutôt en marge
encore que le choix de sujet n'est déjà pas neutre, ni celui des extraits
mais le XVIIIe n'est vraiment pas dans mes supposés champs de compétence
et je serais sans excuse - pour caricaturer - de donner ne serait-ce que l'impression d'être tenté d'infantiliser les lectrices, les lecteurs
c'est sans doute un pli mental pris dans la pratique de l'enseignement : éviter d'influencer, de jouer à l'adulte référent...
ceci dit sans hypocrisie, autant que possible
"Il y a tout ce que vous voulez aux Champs-Elysées" chante Joe Dassin mais à vous lire il se passait bien plus au 18 ième !! quioque à part la nature disparue la vie y est tout aussi foissonnante actuellement... on marche, on drague, on parle, on s'aime, on se dispute, on vole, on vend on achète etc. et le on est multiple... "non rien n'a changé" ;-))
RépondreSupprimer@ madame de Keravel
RépondreSupprimerpardonne-moi, le "vous" est venu automatiquement
sur le clavier
ce n'est en rien une marque de mauvaise humeur déplacée...
@ MH
RépondreSupprimerune différence, néanmoins
le Président himself qui radote toujours le même discours pour justifier le travail le dimanche en prenant le faux exemple des trottoirs droit et gauche des Champs...
pour toi le vous est signe de mauvaise humeur ? sont bizarres ces ardennais... ;-)
RépondreSupprimer@ madame de Keravel
RépondreSupprimerentendant un Ardennais passer sans transition du "tu" au "vous"... même un chat va dresser l'oreille et chercher des yeux une éventuelle sortie de secours