JEA avait préparé un texte pour « le jour où il apprendrait son interdiction d’entrée et de séjour
dans tout autre continent que celui encore plus vieux que vous. »
Texte laissé à l’état d’ébauche et sur lequel il revenait ponctuellement, sans perception d’urgence, imaginant ce jour encore lointain, d’autant qu’il avait décidé sereinement d’en fixer la date et les modalités quand le seuil du supportable serait atteint.
La grande faucheuse n’a pas eu la politesse d’attendre d’être conviée. Son passage le petit matin
du 11 septembre 2013 nous a tous pris de court : JEA, ses proches, ses ami(e)s et lecteurs(trices)
de Mo(t)saïques.
(Ph. Andreux F. ©)
Ce texte le voici, tel que laissé par JEA. Comme titre il avait choisi les mots
de Tristan Tzara « Minuit sonne dans les choses »
Le passé se penche toujours moins discrètement par la fenêtre d'un train aboutissant à une voie de garage. L'avenir (se) défile dans un rétroviseur fêlé.
L'école est fermée. Paix aux craies et aux plumes qui tomberont en poussières, aux encriers et aux bouquins
qui ne serviront plus de barricades.
Et merci à toutes celles et à tous ceux qui par des moments de lassitude, de soulagement, de délassement, d'interrogations, d'hésitations, de dépressions, de répressions, d'exaltations, de récréations, d'inventions, de réflexions, de trêves, de rêves, vinrent partager ici le pain du bûcheron, un grain de folie et l'eau de vie,
les pages-nuages et les images, les notes baroques et les plans tirés sur les comètes, et toujours en vrais potes (masculin grammatical)...
JEA
(Ph. Andreux F. ©)
(Ph. Andreux F. ©)
Au lieu dit : Gravier du bois • Rouge-Ventre (Ph. Andreux F. ©)
Quelques citations épinglées par JEA dans son carnet de lecture...
« Enfant, j’espérais devenir un livre, quand je serais grand. Pas un écrivain, un livre :
les hommes se font tuer comme des fourmis. Les écrivains aussi. Mais un livre,
même si on le détruisait systématiquement, il en subsisterait toujours quelque part
un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d’un rayonnage
dans quelque bibliothèque perdue, à Rykjavic, Valladolid ou Vancouver. »
Amos Oz
les hommes se font tuer comme des fourmis. Les écrivains aussi. Mais un livre,
même si on le détruisait systématiquement, il en subsisterait toujours quelque part
un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d’un rayonnage
dans quelque bibliothèque perdue, à Rykjavic, Valladolid ou Vancouver. »
Amos Oz
Soyons fidèles à ce souhait et faisons en sorte que Mo(t)saïques 2 reste en mouvement,
ainsi les trésors qui se trouvent à chaque page seront préservés. Ainsi JEA vivra …
Ciel d'Ardèche (Ph. Andreux F. ©)
« La chanson que jamais je ne dirai s’est endormie sur mes lèvres
chanson d’étoiles vives sur un jour perpétuel »
chanson d’étoiles vives sur un jour perpétuel »
F Garcia Lorca
Nuages au Rouge-Ventre (Ph. Andreux F. ©)
Merci pour le texte et les photos : JEA reste présent parmi nous.
RépondreSupprimerJ'aurais aimé partager encore longtemps le pain du bûcheron, un grain de folie et l'eau de vie avec JEA.
RépondreSupprimerJe lève les yeux " aux ciels " , j'imagine son esprit flottant dans les nuages, fredonnant " la chanson d'étoiles "...
Merci à vous de laisser la porte de Mo(t)saïques entr'ouverte, il fait si bon s'y ressourcer.
Merci à JEA & à vous pour ce beau texte, et ces ciels extraordinairement beaux.
RépondreSupprimerSi souvent envie de partager des pensées, des émotions avec lui, sur des sujets qui lui tenaient à cœur, au hasard d'un mot - "toponymie" - ou en retrouvant sur d'anciens billets de blog un de ses commentaires. Le partage se fait - en pensée.
Salut amical à vous qui gardez ouvert ce chapitre de sa vie.
Oui...
RépondreSupprimerHier 11 septembre, anniversaire fatidique de l'écroulement des deux tours
Mais je me suis souvenue: 11 septembre est aussi le jour du départ de JEA
Je me souviens du coup au coeur que j'ai ressenti
Je savais qu'il avait décidé de partir quand il n'en pourrait plus:
Hier j'ai pensé à la dédicace qu'il avait inscrite dans e livre qu'il m'avait offert: Une femme fuyant l'annonce de David Grossman
Je l'ai relue avec émotion, car oui, JEA reste quelqu'un de PRESENT
"J'ai arrêté les cadrans horaires
les horloges cacochymes et les carillons tapageurs
Juste le temps de t'offrir avant minuit
ce livre libellule..."
Jean-Emile
Je me souviens avoir souri au terme de livre libellule: ce livre compte 665 pages!
Merci pour ces mots de JEA, préparés pour ses lecteurs
Les photos sont magnifiques et ouvrent un espace infini
Bonjour à vous tous, ses proches par le sang, l'amour, l'amitié, les idées.
RépondreSupprimerAdmiration profonde pour ce trajet mental anticipé dont JEA a été allégé malgré lui.
Je comprends votre douleur devant ce destin pris de court où La Grande Faucheuse prend vraiment tout son sens.
Ma première réaction a été: "ça ne m'étonne pas" tant cette attitude digne, cette lucidité, cette grandeur d'esprit et la poésie qui l'a accompagné jusqu'au bout sont en harmonie avec l'homme tel que je pouvais le comprendre et l'imaginer.
Une force de caractère qui ne tenait vraisemblablement qu'à un fil physique et dont, je ne vous le répéterai jamais assez, vous avez mille fois raison d'emprunter le sillon, de garder la flamme, de prolonger la VIE.
Ces ciels, frangés de pans s'ouvrant sur le vertige, ces ciels comme des fleuves où se ressourcer, avec leurs craquelures de cuirasses laissant percer la lumière, ces grands théâtres venant contredire l’immobilité apparente, tous ces signes sont le flambeau qui jamais ne s’éteindra.
Et puis il y a ces trois arbres en marche sur la colline. Peut-être, même, en distingue-t-on un quatrième plus petit qui se joint symboliquement à eux. La brume ne les effraie pas. Ils en ont vu d’autres. De toutes les couleurs. Les roses violettes du matin se drapent pour regarder passer le train. Il n’y a pas de voie de garage ; simplement un fil rouge qui se noue dans les arbres.
Je revendique haut et fort, à vos côtés, d’avoir goûté à cette « eau de vie » à travers ses mots.
Merci.
Une parmi tant d’autres.
Je tremble d'émotion en lisant ce billet qui vous rend si présent, ami JEA, en revoyant vos photos de lumière où tremblait toujours une lueur d'espoir..
RépondreSupprimerMerci, merci infiniment.
Merci à vos enfants qui savent si bien honorer votre mémoire, c'est un merveilleux cadeau qu'ils vous font, qu'ils nous font !
Des photos superbes où le photographe cherche la lumière, des paroles fortes et chaleureuses. Tout Jean-Emile est là. Il vit toujours dans le cœur de ceux qui l'aiment.
RépondreSupprimerDes nuages traversés de lumière, des paroles fortes et sans concession : tout Jean-Emile est là. La fidélité est une des plus belles choses qui soient.
RépondreSupprimerL'émotion et l'amitié toujours renouvelées à travers mots et paysages.
RépondreSupprimerGrand merci à vous de poursuivre ce blog qui nous a tant offert.
Amicalement.
Merci à vous, la famille de JEA de continuer le blog et de perpétuer la mémoire de cet être cher qui nous manque.
RépondreSupprimerNous le retrouvons à chaque page de son blog.
Merci à vous
RépondreSupprimerMerci pour ces photos et la citation d'Amos Oz. Nous continuerons à feuilleter (dérouler plutôt) le blog
RépondreSupprimerCes ciels sont sublimes... merci !
RépondreSupprimerQue votre père parte le 11 septembre lui correspond parfaitement.
Je pense souvent à lui.
J'ai gardé ce blog dans mes liens, pour mémoire... et je suis heureuse de voir que c'est une mémoire vive ! Merci pour lui, pour nous...
RépondreSupprimerMerci à vous de nous livrer ces textes et photos sublimes de celui qui nous manque tant. Il reste dans nos coeurs comme une petite lumière qui scintille, portée par les mots qui l'accompagnent depuis toujours et à jamais!
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