"Atteindre la sérénité du souvenir exige le lent dépôt du temps. Les arêtes vives des premières douleurs s'émoussent, hébétude et protestations font place à une progressive acceptation de la réalité ... Le chagrin se creuse. Avec des moments de vide, d'absence, de tumulte. Plus tard se répand une tristesse empreinte de douceur"Lydia Flem (1)
Se souvenir, assurer une transmission permet à l'être aimé de rester vivant, c'est notre volonté en veillant à la pérennité de ce blog.
Pour ce 7ème anniversaire nous avons souhaité rééditer le texte "Un matin sans la plus petite fenêtre" écrit par JEA en février 2012.
Florence, Suzy, François.
Droits réservés F. Andreux
Un matin sans la plus petite fenêtre...
un matin
sans la plus petite fenêtre
... à l’horizontale
sur une table artificielle
et sous les ampoules métalliques...
le valétudinaire amer
étendu de tout son large
dans un théâtre
aux rideaux et aux miroirs
de neige mélancolique
des acteurs costumés en facteurs
collectionnent les pertes
de mémoire et les plumes
de corbeaux albinos
les arbres se sont débranchés
et ne répondent plus
le chemin s’est arrêté
sur une aire de rien
quel écho jettera-t-il la pierre
aux ombres nouvelles
qui goudronneront le paysage ?
le suivant ira plus loin
mais n’en reviendra pas
le dernier oubliera
jusqu’au visage du premier
et le silence d’un survivant
restera infiniment
déchiré par les tourments
Un matin sans la plus petite fenêtre...
JEA
L'accroissement continu des pages lues sur ce blog concrétise le souhait de JEA (qui faisait sien celui d'Amos Oz) : "Enfant j'espérais devenir un livre quand je serai grand.
Pas un écrivain, un livre: les hommes se font tuer comme des fourmis, les écrivains aussi. Mais un livre... il en subsisterait toujours un quelque part, un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d'un rayonnage dans quelque bibliothèque perdue...".
Pas un écrivain, un livre: les hommes se font tuer comme des fourmis, les écrivains aussi. Mais un livre... il en subsisterait toujours un quelque part, un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d'un rayonnage dans quelque bibliothèque perdue...".
(1) Lydia Flem " Comment j'ai vidé la maison de mes parents".
triste anniversaire mais qui me permets de vous retrouver
RépondreSupprimerSept ans déjà. Les souvenirs restent intacts, à la hauteur de l'homme. Emotion de lire un de ses poèmes qui nous le rend vivant.
RépondreSupprimerIl nous manque, ses analyses, sa sagesse, son humour et sa poésie en ces temps troubles.
RépondreSupprimerMerci d'entretenir ce lieu de mémoire
Merci pour cette photo, ce regard. Je viens lire ceci après deux années de pandémie qui nous ont chamboulés. Ma mère est décédée en avril 2020, seule, interdite de visite depuis plusieurs semaines. Grâce à JEA, nous étions allées ensemble au Service des victimes de la guerre (Bruxelles) pour consulter le dossier de son frère résistant. Elle fut heureuse de pouvoir y déposer son propre témoignage.
RépondreSupprimerMerci pour ce poème de JEA photographe dont une photo de la fenêtre de Marin-Marie tient compagnie aux livres de poésie dans ma bibliothèque.