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Ravel et la partition de sa Pavane (Mont. JEA/DR).
Maurice Ravel : né le 7 mars 1875 à Ciboure, d’un père originaire de Suisse et d’une mère aux racines basques, tous deux musiciens amateurs. Comme tous les bébés venant au monde, il porte en lui sa mort : lors de l'échec d'une opération au cerveau, le 28 décembre 1937.
Anne Genette
- "Musicien raffiné et pudique au plus haut point (…).
On ne peut pas à proprement parler d'évolution dans l'écriture de Ravel : dès les premières pièces, il affirme le style qui est le sien. Musicien-orfèvre, toujours à la recherche de la perfection, il déchaînera les passions pendant toute sa carrière : amitiés ou animosités, Ravel restera une énigme à bien des points de vue, un mystère."
(Médiathèque de Belgique).
Paul Danblon
- "La ravelophilie est un bonheur !"
Manuel de Falla
- "L'art de Ravel n'est pas "tout de finesse et d'esprit" comme l'affirment certains. Il atteste au dehors la force occulte qui l'anime. Art audacieux, de distinction suprême et de rare perfection, dont les procédés d'écriture, strictement liés au choix des moyens sonores, obéissent toujours à l'intention créatrice."
Un non conformiste cible des académismes !
Ravel le paya de ce record humiliant : il fut refusé à cinq reprises pour le Prix de Rome (bourse d'étude pour les étudiants en art). Dernière gifle : 1905.
Bien que réformé, son obstination le conduit à porter l’uniforme et à participer comme volontaire à la guerre 14-18 (chauffeur de camion à Verdun).
Il refusa la Légion d’honneur (1920) et ne dévia jamais de deux choix fondamentaux : Dreyfusard convaincu et fidèle à ses choix philosophiques (enterrement civil).
Quatre enregistrements parmi une discographie débordante (Mont. JEA/DR).
MusicMe
- "Éclectique par excellence tout en s'inscrivant dans une esthétique indiscutablement française, Ravel sut tirer profit de son intérêt pour les musiques de toutes origines. L’influence notoire jouée sur son imaginaire musical par le Pays basque (Trio en la mineur) et surtout l’Espagne (Habanera, Pavane pour une infante défunte, Rapsodie espagnole, Boléro, Don Quichotte à Dulcinée) participe beaucoup à sa popularité internationale, mais conforte aussi l’image d’un musicien toujours épris de rythme et de musiques folkloriques. L’Orient (Shéhérazade, Introduction et Allegro, Ma mère l’Oye), la Grèce (Daphnis et Chloé, Chansons populaires grecques) et les sonorités Tziganes (Tzigane) l’inspirèrent également."
Symphozik.info
- "Une entrevue avec Emmanuel Chabrier en 1893 influencera fortement Ravel qui composera ainsi sur des rythmes espagnols (Sérénade grotesque). Son père lui présentera aussi en 1893 un pianiste excentrique : Erik Satie. Satie a une grande influence sur de nombreux musiciens de l’époque. Il est le chef de file de plusieurs courants d’avant-garde. Les œuvres écrites par Ravel gardent une trace importante de cette période. Mais il se lasse des cours du Conservatoire, trop classiques à son goût, et est renvoyé en 1895 des classes d’harmonie et de piano. Il revient cependant deux ans plus tard pour suivre les cours de Gédalge et de Gabriel Fauré. Ravel compose un début d’opéra, Shéhérazade, dont la seule ouverture provoquera un tollé. Ravel est définitivement classé dans les compositeurs modernes. Cependant son œuvre Pavane pour une infante défunte lui apporte la célébrité et reste de nos jours très jouée."
La Pavane
- "Il semble que la pavane soit apparue en Italie du Nord dans la région de Padoue, au début du XVI° siècle, comme une danse de cour de tempo modérément rapide. Plus tard, elle fut largement adoptée en France, en Angleterre et en Espagne. Les plus fameuses pavanes de la Renaissance espagnole restent conservées dans le recueil en tablature intitulé El maestro (1536) dû à Luis de Milan (env. 1500 - env. 1561). La pavane connut un déclin au XVII° siècle, malgré un regain de faveur en Allemagne dans sa période tardive. A cette époque, elle était devenue une danse lente et grave, au caractère cérémonieux. Totalement oubliée pendant près de deux siècles, cette danse ancienne réapparaît dans les opéras de Camille Saint-Saëns comme Etienne Marcel (1879) ou Proserpine (1887), puis chez Gabriel Fauré, Ernest Chaussons et... Ravel."
(HarpeBudin).
La pavane pour une infante défunte
- "Ecrit alors que Ravel étudiait la composition dans la classe de Gabriel Fauré au Conservatoire de Paris. Cette Pavane fut composée pour la princesse Edmond de Polignac (Winaretta Singer, 1865-1943), mécène responsable de nombreuses commandes auprès des plus célèbres compositeurs du début du XXe siècle (Debussy, Fauré, Ravel, Stravinsky, Falla, Poulenc, etc.).
Création de la version pour piano le 5 avril 1902.
L'orchestration de cette première version pour piano suivit en 1910. A Paris, aux Concerts Hasselmans, le 25 décembre 1911 et sous la baguette d'Alfredo Casella."
Ravel et la musique
- "Je me refuse simplement mais absolument à confondre la conscience de l’artiste, qui est une chose, avec sa sincérité, qui en est une autre [...]. Cette conscience exige que nous développions en nous le bon ouvrier. Mon objectif est donc la perfection technique. Je puis y tendre sans cesse, puisque je suis assuré de ne jamais l’atteindre. L’important est d’en approcher toujours davantage. L’art, sans doute, a d’autres effets, mais l’artiste, à mon gré, ne doit pas avoir d’autre but."
- "Mais la musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre pourvu qu'elle charme et reste enfin, et toujours, de la musique…"
Ravel et sa Pavane
- "Il ne faut pas attacher de l'importance au titre : Pavane pour une infante défunte. Je l'ai choisi seulement pour ses qualités euphoniques. Il importe donc de ne pas dramatiser. Ce n'est pas une lamentation funèbre sur un enfant mort mais plutôt une évocation de la pavane qui aurait pu être dansée par une petite princesse peinte par Velasquez."
- "J’en perçois fort bien les défauts : l’’influence de Chabrier, trop flagrante, et la forme assez pauvre. L’interprétation remarquable de cette œuvre incomplète et sans audace a contribué beaucoup, je pense, à son succès."
John Anthony Cheek
- "L'œuvre témoigne de l'attrait de Ravel pour les vieilles danses (…). Le compositeur décrivait son style mélodique comme résultant de "l'influence excessive de Chabrier". Cependant, connaissant l'admiration qu'il portait envers Chabrier, l'on peut croire que le ton lugubre de la Pavane ne devait pas lui déplaire. Ravel décrivait une interprétation du pianiste Charles Oulmont en ces termes, suite à une série de concerts où le tempo choisi lui semblait beaucoup trop lent : "J'ai écris une pavane pour une princesse morte, pas une pavane morte pour une princesse."
(ANALEKTA).
et Osawa en prime, merci pour ce petit régal
RépondreSupprimerici, nous nous préparons à un retour de la neige, c'est dire la nécessité de faire le plein de musiques pour les futures nuits glacées...
SupprimerUn parcours très complet et une Pavane pour fermer le bal !
RépondreSupprimerfaute de temps, ce qui n'est pas une excuse, je ne propose pour ce parcours, qu'une quinzaine de pauses musicales,c'est arbitraire et limité, mais mieux que de l'indifférence envers ce jour anniversaire...
SupprimerMerci pour ce grand plaisir , Ravel ... :-)
RépondreSupprimermerci pour ce grand plaisir : te lire...
SupprimerUn beau jour ! et oui, merci :)
RépondreSupprimerun vrai matin pour le monde : celui de la naissance de Ravel...
SupprimerSe prémunir le corps et le cœur contre la bise et la neige avec Ravel...peut-on rêver mieux?
RépondreSupprimerMerci JEA.
et la grisaille joue déjà son retour sur du velours...
SupprimerQuel bonheur, Jean-Emile, de nous remettre en mémoire Maurice Ravel et toutes ces oeuvres que nous gardons à l'esprit, ces oeuvres toutes en distinction, comme il est dit ci-dessus. Pourtant c'est le Boléro qui me tient le plus à coeur, oeuvre étrange, fascinante, chef-d'oeuvre d'orchestration.
RépondreSupprimerTu as le don, d'espace de temps en espace de temps, de planter les arches d'un pont au-dessus de nous qui nous ramène à l'essentiel.
Bertrand Dernoncourt :
Supprimer- "Maurice Ravel aimait les paradoxes et les boutades. Lorsqu'on lui demandait quel était son chef-d'oeuvre, le compositeur avait coutume de répondre : "Le Boléro, voyons ! Malheureusement, il est vide de musique." C'était sa manière à lui de se moquer de ceux qui ne voyaient dans cette étrange partition qu'un simple exercice d'orchestration, une vaine machine rythmique..."
(L'Express, 11 septembre 2007).
merci pour ce rappel et cette mise en lumière et écoute.
RépondreSupprimerc'est à moi à remercier pour la lecture et l'écoute de cette page...
SupprimerMerci pour cette évocation de notre musicien local; sa maison natale à Ciboure est toujours là pour nous rappeler son souvenir; même s'il y a peu vécu, il y revenait chaque été:
RépondreSupprimerhttp://www.ciboure-paysbasque.com/il_etait_une_fois/maison_ravel.php
Et Jean Echenoz a publié en 2006 un excellent livre sur les dix dernières années de sa vie.
4e de couverture du passionnant roman d'Echenoz :
Supprimer- "Ravel fut grand comme un jockey, donc comme Faulkner. Son corps était si léger qu'en 1914, désireux de s'engager, il tenta de persuader les autorités militaires qu'un pareil poids serait justement idéal pour l'aviation. Cette incorporation lui fut refusée, d'ailleurs on l'exempta de toute obligation mais, comme il insistait, on l'affecta sans rire à la conduite des poids lourds. C'est ainsi qu'on put voir un jour, descendant les Champs-Elysées, un énorme camion militaire contenant une petite forme en capote bleue trop grande agrippée tant bien que mal à un volant trop gros.
Ce roman retrace les dix dernières années de la vie du compositeur français Maurice Ravel (1875-1937)."
Un peu hors sujet, mais j'ai pour Satie une profonde admiration le musicien et le personnage déjanté (il avait crée sa propre église !). Avez-vous lu ses "correspondances" ? Saviez-vous qu'il répondait à des courriers qu'il n'avait jamais ouverts et que l'on retrouva dans son capharnaüm dont il refusait l'entrée à quiconque ?
RépondreSupprimeroui, dans deux pianos désaccordés mais attachés par des cordes...
Supprimerde Ravel Satie estima :
- « Ravel vient de refuser la Légion d’honneur, mais toute sa musique l’accepte. »
phrase à double tranchant
je tenterai de proposer ici une page Satie près du 16 mai prochain
va falloir qu'on s'y mette, on est assez incultes de ce côté là
RépondreSupprimerune autre approche : les ballets de Béjart pour le Boléro...
SupprimerL'Enfant et les Sortilèges, écouté le dimanche soir, après le bain, les cheveux mouillés et les joues rouges, quand j'étais enfant. Si loin de l'enfance, je le connais toujours par coeur. Et le Boléro chorégraphié par Béjart, et et et ... Mes parents m'ont appris à aimer la musique et celle là en faisait grandement partie, merci à eux, merci à vous d'en parler si bien.
RépondreSupprimerL'enfant et les sortilèges, présentation par l'Opéra de Dijon :
Supprimer- "On doit à Colette cette éducation sentimentale en miniature où l’enfant découvre peu à peu les vertus de la compassion et le poids de ses actes sur ceux qui l’entourent. Autour de ce livret tout en subtilités et en finesses sur le monde vu à hauteur de trois pommes, où les objets du quotidien prennent les travers des humains, le compositeur tisse un pastiche extraordinaire. Mais menuet et ragtime, chansons de la renaissance et lyrisme à la manière de Puccini, miaulements vocalisés de chat en goguette et orientalismes de la tasse chinoise débouchent sur l’univers plus inquiétant des animaux qui disent leurs souffrances infligées par les hommes. Une fois de plus, l’art coloriste de Ravel déploie des merveilles de féerie, de parodie & de douceurs dans l’évocation de cet univers de l’enfance qui lui était si proche..."