MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 27 décembre 2012

P. 210. On disait que Mario Ramos n'était pas mort...


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Mario Ramos (Mont. JEA/DR).

Nicolas Guégan

  -"Mario Ramos, l’une des figures de la littérature jeunesse, est mort dimanche 16 décembre à l’âge de 54 ans. «Je suis né à Bruxelles, en 1958, de mère belge et de père portugais. Mon enfance est rythmée par les séjours chez ma grand-mère à l’orée du bois, et les vacances au soleil au Portugal.» C’est ainsi que l’homme aimait se présenter sur son site officiel.
Cet auteur-dessinateur avait publié plusieurs dizaines d'albums dont les plus connus sont «Quand j’étais petit», «le Roi est occupé», «Un monde de cochons» ou encore «Le monde à l’envers». Au fil de ses publications, Mario Ramos avait gagné le coeur des enfants mais aussi celui des plus grands par la manière dont il distillait une critique affûtée du monde moderne."
(BibliObs, 19 décembre 2012).


Mario Ramos, Le monde à l'envers, Ed. L'Ecole des Loisirs, Coll. Lutin poche, 2006, 35 p.

Mario Ramos


- "Les premières histoires en images qui m’ont émerveillé sont les films de Charlot et les albums de Tintin. Très tôt, je suis fasciné par tout ce qu’on peut transmettre par un petit dessin. Études supérieures de communication graphique. Je découvre les fabuleux dessins de Tomi Ungerer et de Saul Steinberg. On s’inscrit toujours dans une continuité, c’est bon de remonter aux sources. Je commence par réaliser de nombreuses affiches, des dessins de presse, et finalement des livres pour enfants qui deviennent mon activité principale. Avec un crayon et du papier, tout est possible. C’est magique!"

Laurence Bertels

- "Lors de notre première rencontre, dans son atelier schaerbeekois, il s’était lui-même présenté comme un optimiste désespéré, un enfant doux, calme et rêveur, ennemi du ballon rond et souvent sujet aux moqueries dans la cour de récré. Graphiste formé à La Cambre, illustrateur de presse, notamment pour La Libre, il est venu à la littérature jeunesse grâce à Hergé, Tomi Ungerer et Saul Steinberg, père de tous les dessinateurs. Il ne se consacra réellement au livre pour enfants qu’à l’âge de quarante ans et publia une trentaine de livres. Il ne connaissait pas l’angoisse de la page blanche mais celle de la mise au net qui représentait pour lui “une réelle souffrance car alors, je sais que l’aventure s’achève et que je n’y ai peut-être pas mis tous ce que je voulais mais tout ce que je pouvais”, nous confiait-il également, lui qui rencontrait très souvent les enfants tant leur contact lui importait."
(La Libre Belgique, 18 décembre 2012).


Mario Ramos, Roméo & Juliette, Ed. L'Ecole des Loisirs, Coll. Lutin poche, 2004, 30 p.

Béatrice Cherry-Pellat

- "La différence (Roméo et Juliette, Un monde de cochons), la peur (Le petit soldat qui cherchait la guerre, Loup y es-tu ?, La peur du monstre), l'identité (Le loup qui voulait être un mouton), le pouvoir et la responsabilité (Nuno le petit roi, Le roi est occupé, Arrête de faire le singe) sont des thèmes récurrents dans l'œuvre de Mario Ramos. "À travers une fiction, il est possible d'aborder des thèmes difficiles pour les enfants. C'est la distance de la fiction qui apporte cette facilité". Le tout teinté d'humour.
(L’oiseau lire, 18 décembre 2012).

Mario Ramos - Citrouille n° 58

- "Je différencie mon travail d'illustrateur jeunesse de celui de l’artiste qui crée en solitaire et pour qui l'œuvre existe par elle-même, sans interaction obligée avec un public. Si les albums nécessitent des moments de solitude et de retrait, je les réalise toujours cependant en pensant à mes lecteurs, avec l’intention délibérée de les toucher. Si j’organise donc des temps de création pendant lesquels je ne fais pas d'animations, les moments de rencontres et d'échanges auquel je participe par ailleurs me nourrissent et font partie de mon travail. Il ne faut cependant pas se perdre avec des rencontres trop nombreuses qui empiéteraient trop les plages créatives. Elles doivent rester porteuses d'équilibre et d'interaction: j’aime découvrir ce que les gens perçoivent et comprennent dans mes albums, les questions qu'ils se posent après la lecture de mes livres. Comme je m’intéresse par ailleurs à tous les acteurs de la chaîne du livre, de l’éditeur au libraire, en passant par l’imprimeur ou le distributeur..."
(Librairies jeunesse, 18 décembre 2012).


Mario Ramos (DR).

Philippe-Jean Catinchi

- "L'œil vif et coquin de Mario Ramos a su nettoyer celui de ses lecteurs. Et si son sourire malin qui commentait en silence le tour qu'il venait de jouer manquera à celles et ceux qui l'ont croisé, dans les ateliers qu'il animait comme dans les salons de littératures jeunesse où il faisait le show, restent ses livres, adressés à tous et résolument humains. Sans encombrement moraliste ni lourdeur didactique. Simplement justes."
(Le Monde, 21 décembre 2012).

François Place et la Charte des auteurs et des dessinateurs jeunesse

- "C’est un coup de massue, ta disparition. Celle d’un garçon, tant tu étais juvénile, l’œil rieur, l’humour toujours à fleur de peau. Concerné, aussi. Révolté plutôt qu’indigné. Généreux dans l’amitié. Et tes albums, au dessin si juste et si tendre : des histoires toute simples, à belle hauteur d’enfance, des albums pour faire peur et pour faire rire, des albums pour apprivoiser les petites misères et les grands chagrins… Des albums à tenir très fort entre ses bras, comme on voudrait tant pouvoir le faire avec toi, Mario, parce que ce chagrin-là, il ne passe pas, il nous laisse sans voix, et c’est trop tôt, trop dur pour les souvenirs. Nous pensons à Andréa, à Tania, et nous mêlons nos larmes à leurs larmes. Et aussi, nous pensons à toi, Mario, où que tu sois."

Pastel Bruxelles et l’Ecole des Loisirs


- “Le petit Guili était curieux de tout et n'avait peur de rien. Il aimait faire rire ses amis.”
Mario Ramos, Le petit Guili

Mario Ramos aimait tant nous faire rire dans ses livres. Il prenait un soin et une attention passionnée à raconter des histoires aux enfants. Leur donner les moyens pour se défendre face aux plus forts, pour se construire.
Mario était curieux de tout, généreux, talentueux et très fidèle.
Ses loups, cochons, singes, crocodiles et autres petits lardons sont chargés de toutes les émotions.
Chaque rencontre lui tenait à cœur, “Faire rire et réfléchir les petits et les grands est la plus belle récompense pour un auteur.”

Mario nous a quittés dimanche 16 décembre.
Il va nous manquer énormément."


Mario Ramos (DR).

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8 commentaires:

  1. Dans l'arbre ou sur l'oreille d'un éléphant, délicate souris qui a perdu son maître.
    Bonne journée, JEA.

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  2. Toucher les enfants, n'est-ce pas la plus belle chose qui soit ? C'est un bel hommage...

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  3. Une oeuvre peut-elle exister sans le regard de l'autre. Peut-on être artiste et solitaire ?
    Combien d'oeuvre sont-elles à jamais solitaire ?
    C'est peut-être bien ainsi.
    Mario Ramos aurait-il raison ?
    Le rêve est-il plus fort que l'oeuvre ?
    Ce serait alors un vrai rêve, non ?

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  4. Avec un crayon et du papier, tout est possible dit-il, comme arriver à faire penser, rire et pleurer les enfants. Magie!

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  5. Un auteur que j'apprécie énormément et d'ailleurs mes élèves l'apprécient tout autant. C'est un bonheur de les voir captivés par l'une ou l'autre de ses histoires lues en classe.

    Belle fin d'année JEA.

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  6. Découverte un peu tardive...

    Merci pour cet hommage à l'auteur dont les dessins restent comme des cendres imprimées et non volatiles.

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  7. Merci pour cet hommage.
    J'ai eu l'occasion de m'appuyer sur plusieurs de ses livres pour mon travail. Ils ont été prétextes à bien des discussions et point de départ d'activités.

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  8. J'adore la littérature jeunesse et Mario Ramos était un auteur de grand talent ...

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