MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

mardi 13 mars 2012

P. 125 bis. Selon Le Parisien, l'occupation de la Belgique débuta en... 1942 !

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Capture d'écran du Parisien en date du 7 mars 2012 :


Nous ne résistons au plaisir de vous proposer de partager de visu et avec les lecteurs du Parisien, ces perles agrémentant la nécrologie de M. Carette-Marceau telle que publiée avec le plus grand sérieux par ce quotidien.

- "Chroniqueur à la radio-télévision belge de 1936 jusqu'à l'Occupation allemande (1942), il s'exile en France à partir de 1944".

Et voilà ! Carette n'est point à la tête du service actualités de Radio Bruxelles dès que celle-ci nait des oeuvres de la Propaganda Abteilung. Il reste gentiment un "chroniqueur" et n'a forcément pas été collabo. L'aurait-il même envisagé que le temps lui aurait manqué. Car il quitte la radio en 1942, année de... l'occupation allemande de la Belgique. Le Parisien va devoir exiger sans plus de retard une révision de tous les manuels scolaires. Et attendre des historiens un peu plus de rigueur, eux tous qui jusqu'à cette révélation du Parisien, retenaient mai 1940 comme date de la mainmise du IIIe Reich sur le Royaume.

Au passage, ne craignant visiblement pas le ridicule, Le Parisien écrit que la Belgique bénéficiait déjà à l'époque d'un service officiel de... télévision.

C'est du tout grand n'importe quoi. Le bonnet d'âne au fond de la classe des nécrologies !

Une dernière précision. Contactée à propos de ces deux grossières erreurs, la rédaction du quotidien a répondu texto : "hors sujet" !!!

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12 commentaires:

  1. 42 c'est ma naissance, c'est pas le début de l'occupation allemande - coquille du Parisien ou idiotie ?

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    1. L'hypothèse de la coquille ne tient guère la route.
      Hier 12 mars, je leur écrivis sans polémiquer mais pour relever principalement le "1942" et accessoirement la télévision en 1936. Tout en précisant l'évolution du statut de L. Carette avant et dès l'occupation.
      La réponse de la rédaction du Parisien s'est limitée à ces deux mots : "hors sujet" ?!?
      Ce 13 mars, la capture d'écran en atteste, Le Parisien persiste et signe.

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  2. Toute cette affaire journalistique à propos de Marceau me fait penser qu'il y a deux vertus capitales qui ne sont jamais assez aiguës : l'esprit critique et la vigilance. Songeons à ce qu'elles soient bien enseignées et transmises à nos enfants.

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    1. cher Albert

      évitant à ce blog de prendre un peu l'eau, merci de répondre par le rappel de vertus essentielles à un journalisme rimant avec je m'en foutisme...

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  3. On ne cesse jamais de réécrire l'histoire, certes, mais de cette manière c'est un peu gros, non ?

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  4. Ce que je trouve quand même incroyable c'est qu'un journal d'information se refuse à reconnaître ses erreurs. Car après tout, on peut entendre que la méconnaissance de l'Histoire puisse porter à écrire de fausses informations mais quand celle-ci est relevée, signalée, répondre de la sorte me paraît des plus fantasques!!!!
    Quel sens donner à cette réponse?

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    1. Après ce rappel : ce n'est pas une nécrologie rédigée dans l'urgence, dans un contexte de surprise...
      Ce premier constat : c'est Le Parisien qui glissé de sa seule initiative deux erreurs dans la nécrologie (hors toute influence d'un communiqué de presse erroné). La rédaction a donc estimé que ces deux points relevaient bien du sujet F. Marceau.
      Second constat : quand on s'étonne de lire qu'une chaîne de tv officielle fonctionnait en Belgique en 1936 de même que la datation de l'occupation de la Belgique n'aurait pas débuté avant 1942, la même rédaction décrète que soudain il n'y a pas matière à s'interroger, encore moins à rectifier.
      En résumé, quand elle se trompe sur deux points, c'est dans le cadre du sujet. Si on lui fait remarquer les confusions, ça devient hors sujet...
      Reste le laconisme de cette réponse en deux mots : "hors sujet". Réponse qui ouvre la porte à bien des interrogations comme la vôtre.

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  5. Si l'Histoire est "hors sujet" pour "Le Parisien", on s'attend à ce qu'il nous annonce très bientôt que Sarkozy est donné à 98 % d'intentions de vote pour le premier tour des élections présidentielles le 22 avril.

    Un sondage Ifop, avec mame Parisot comme aval.

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    1. 1944 : Le Parisien libéré se compte au nombre des nombreux journaux fleurissant dans l'air épuré de l'après occupation
      le quotidien se proclame : "journal populaire et de qualité"
      1986 : il abandonne sa référence à la Libération (et au Gaullisme)
      aujourd'hui, Le Parisien ne propose jamais d'éditoriaux pour ratisser le plus large possible dans un lectorat attiré par les faits divers
      à son estime, le quotidien est ainsi resté "populaire"
      à la mienne, la "qualité" laisse plus que dubitatif...

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  6. Pour bien juger de cette affaire Carette-Marceau, il faudrait être sûr pourtant des motifs qui ont poussé notre homme à quitter son poste en 1942. Imaginons que ce soit du remords, par exemple, notre vision de l'homme peut en être changée.

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    1. Cher Albert

      Ses "Années courtes", soit ses mémoires sur cette époque, n'évoquent aucune sorte de remords, même en lisant entre les lignes. Au contraire, comme notamment "Le Monde" le souligna, F. Marceau se considérait comme victime, répétait-il, de la "connerie" de la Belgique.
      Rares parmi ceux qui collaborèrent, se détachent ceux qui ont exprimé des regrets voire des remords, reconnu des erreurs, espéré du moins faire comprendre leur itinéraire. La très grande majorité se mura dans le déni. Ils n'ont rien fait et donc de quoi seraient-ils coupables ? Ou alors ils banalisent car n'ayant jamais agi que "comme les autres".
      Mais tu as raison, objectivement, nous ignorons les motivations profondes du sieur Carette.

      Hors sujet : malgré l'ordonnance nazie du 28 octobre 1940, les professeurs de l'ARN n'avaient, semble-t-il, pas connu de collègues interdits de profession car juifs. Suite à une autre ordonnance du 29 août 1941, la petite communauté juive de Namur a été obligée de se disperser entre Charleroi, Liège et Bruxelles, si pas Anvers. Ces élèves ayant quitté par la force Namur, les enseignants de l'Athénée ne les virent donc pas expulsés directement des classes en application de l'ordonnance du 1er décembre 1941 interdisant l'enseignement public aux jeunes juifs. Mais dans les quatre seules villes du Royaume où les nazis concentrèrent les persécutés raciaux, quelles furent les attitudes des enseignants face aux applications de la Shoah ? Individuelles ou par affinités. De la résistance à la collaboration en passant par le repli égoïste sur soi.
      Mais jamais le Secrétariat général à l'enseignement ne marqua une indignation officielle ni ne tenta de protéger les collègues et les enfants ou les adolescents frappés par l'antisémitisme. Voilà encore une page aucunement glorieuse mais écrite par de hauts fonctionnaires que leurs consciences ne troublèrent pas...

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