MO(T)SAIQUES 2
"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."
Milosz
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."
Milosz
lundi 29 octobre 2012
P. 193. Messages personnels...
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Une aube comme une auberge espagnole (Ph. JEA/DR).
toujours pas de permis d'inhumer la mer morte
quand la terre s'arrête trop longtemps de tourner, je m'invente une balançoire dans le cerveau
les négateurs vivent toujours à l'heure allemande
sur la carlingue du charter, ils dessinent une valise par famille expulsée
une sirène tuant le temps dans un sablier
l’ahurissement de chauves-souris aux ailes plombées par la douane
les corneilles mangent les pissenlits par les racines
les pièges et les poisons et les chasses gardées des mélancolies
un horizon décidément dissident
une dernière énigme sous le premier paillasson venu
un marécage rustique et misanthrope
un renard a pris la clé des champs et ne l'a pas rendue
un aria à la mémoire des parias
un soleil si singulier et sirupeux
une bartavelle se prenant pour une dugazon
une lanterne sourde et muette
un récif récidiviste en naufrages
un hippopotame hystérique sur les bords de la Tamise
(Ph. JEA/DR).
hédonisme d’un hérisson accro aux champignons hallucinogènes
et la palme de l'huile la plus exécrable revient à... l'huile de palme !!!
le dernier mot d’une rose morose
la lune a perdu ses lunettes en faisant des claquettes
un pavé de Mai 68 dans un coffre de banque
mille poches sous les yeux d'un bouillon de culture
les heurts et les bonheurs détricotés par une horloge
élever comme il faut une statue au tchador inconnu
une aube comme une auberge espagnole
le chagrin d’une chimère en chômage
marcher par les chemins surchargés de ratures
les nuages et les coquillages, ces colporteurs de rumeurs
un seul caillou discourtois et la fenêtre éclate en sanglots
ne tirez pas sur le pigeon pianiste
un crépuscule sans scrupules a scalpé la colline
des historiens confondent les tiroirs de la mémoire avec des tirelires
les fermières d'hier ont été remplacées par des ouvrières dans ces usines qui, aujourd'hui, ferment à leur double tour
dépassé par son passé, il marche à reculons
la solitude a mis des gants blancs pour traverser le désert
Ombrelles (Ph. JEA/DR).
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leur poésie délectable
RépondreSupprimerGonçalo Tavares :
Supprimer- "La manière la plus civilisée d'instaurer une distance de sécurité..."
J'aime beaucoup l'ensemble de ces messages (surtout charmée par la recherche des figures de style) ; et l'image qui me plaît le plus est celle du caillou qui ferait pleurer la fenêtre...
RépondreSupprimermais il y a aussi des éclats d'obus, de tonnerre, de voix, de joie, de la jeunesse...
SupprimerDépassé par son passé, il marche à reculons.
RépondreSupprimerUne phrase angoissante pour moi.
Je préfère:
Dépassé par son passé, il marche à tâtons.
Belle semaine Jea!!!!
dépassé par son futur, il ne tourne plus en rond...
SupprimerQue de jolies trouvailles ! La balançoire dans le cerveau me séduit tout particulièrement. :)
RépondreSupprimerparfois un cerveau terrain vague, parfois parc pour enfants (et statue de la liberté)
SupprimerIl parait que c'est bon pour les neurones de s'amuser avec les mots, je suis sûr que les vôtres frétillent et s'en donnent à coeur joie
RépondreSupprimerCe jolie hérisson a peut être fait une orgie de violettes ?
un hérisson qui nous apporte le bonjour de Blaise Cendrars...
Supprimerhou! les corneilles et le pavé!!!
RépondreSupprimerbravo JE!
biz
les corneilles rendent les vers tragiques
Supprimertombant dans une mare, le pavé évite toujours les canards...
J'aime ces chocs d'images... et tout ce qu'ils éveillent dans l'esprit.
RépondreSupprimerrendez-vous jeudi prochain
Supprimeraimeras-tu mon billet
avec les Compagnons du Champeau, l'orchestre Aria, Brahms et son opus 45 ?
Chaque phrase fait choc...
RépondreSupprimeret en dit long, du moins dans la tête et le coeur de celui qui lit...
André Rollin :
Supprimer- "Rien n'est simple. Je voudrais que de longues phrases, avec des labyrinthes et des prairies, arrivent sous ma plume, se déroulent sur le blanc de la page du matin..."
Tous ces mots-images qui alimentent dès l'aube les appétits des convives...espagnols ou pas.
RépondreSupprimerPuisse la balançoire vous faire traverser les nuages et recevoir le rayon d'un soleil pas avare ce matin.
vous imaginez bien si l'auberge espagnole vous est dédiée d'autant qu'elle se situe sur une île...
SupprimerLa solitude a mis des gants blancs pour traverser le désert : quelle élégance dans cette phrase!
RépondreSupprimerSaint-Exupéry :
Supprimer- "On mourait de soif. Et cette soif-là, on ne pouvait mystérieusement l'abreuver que dans le désert."
La sirène et le sablier, l'hippo et la Tamise, le pavé de mai au coffre, la colline scalpée, le chagrin d'une chimère, les fermières et les ouvrières etc.. toutes des petites histoires fantasques, drôles ou tristes, évoquées en une seule phrase !! Merci JEA.
RépondreSupprimer( "Ombrelles", c'est une belle photo qui interpelle, notamment par ce grand carré d'ombre devant )
la fenêtre : à ménager pour cause de vitre déformée par les âges
Supprimerl'arbre : un bouleau nostalgique de l'époque hippies
les taupes : absentes pour cause de sieste
les ombrelles : pas celles des villes mais celles des Ardennes...
comme un bocal de bonbons, les uns doux les autres amers, mais tous savoureux.
RépondreSupprimerBrel :
Supprimer- "J’vous ai apporté des bonbons
Et nous voilà sur la Grand-Place
Sur le kiosque, on joue Mozart..."
je ne sais laquelle je préfère , le hérisson ou le dugazon?????la solitude est splendide!
RépondreSupprimerdugazon chante faux et le hérisson est un maître chanteur si l'on pose distraitement la main sur son dos à la sauce piquante...
Supprimer"marcher par les chemins surchargés de ratures" : j'imagine vos lignes chantées par Léo Ferré - nuages noirs - ou Claude Nougaro - lumière solaire. C'est très beau.
RépondreSupprimerA l'ombre du bouleau pleureur, je dépose la chaleur d'un petit E. tenu dans mes bras hier (message personnel).
et Michel Berger (avec Françoise Hardy en double)
Supprimersur YT, une étrange version de "Message personnel" par Isabelle Huppert
(message personnel : le petit E. a peut-être un ange gardien, le petit J.)
La façon de dire les choses leur donnent leur véritable dimension.
RépondreSupprimerVotre verve n'a d'égale que vos vers et verbes !
mes vertubleus à l'âme et mes vertuchoux de Bruxelles...
SupprimerOn sourit, on s'émerveille, on comprend et on apprend... et faut le lire pour le croire !
RépondreSupprimerle lire pour ne pas perdre tout espoir...
Supprimer"toujours pas de permis d'inhumer la mer morte", vous commencez fort et tout est à l'avenant, votre humour délicat est un baume.
RépondreSupprimerl'humour est un sans domicile fixe (masc. gram.)
SupprimerTout ! J'aime tout ! Un régal
RépondreSupprimerBalzac himself :
Supprimer- "Un petit feu de bourrées, nommées des régalades..."
impossible de tourner en rond tant vous nous poussez d'image en image de jeu de mot en marelle: un, deux, trois, soleil des mots!Mes yeux s'illuminent.
RépondreSupprimerSylvie Germain :
Supprimer- "Ecrire est le plus précieux des jeux... On écrit un peu à la façon dont on joue à la marelle, on pousse les mots de ligne en ligne, de page en page, on avance à cloche-main, et les espaces traversés ne sont pas sans danger..."