Synopsis :
- "Dans les années suivant la guerre civile d’Espagne, marquées par la violence et la misère, un mystérieux meurtre vient secouer les secrets enfouis d’un petit village de Catalogne. Andreu, jeune garçon dont le père est injustement accusé du crime, pénètre dès lors un monde d’adultes fait de vices et de mensonges."
Philippe Azouri :
- "La sortie discrète en France de Pain noir est incomparable à l’émotion qu’a suscitée ce film en Espagne, où sa lecture des lendemains de la guerre civile - opposant deux régimes d’horreurs se parant derrière des idéaux politiques pour mieux cacher leurs secrets - a fait couler des barils d’encres polémiques...
Aux derniers goyas (les césars espagnols), le film raflait tout ou presque : neuf statuettes, dont meilleur film, meilleur scénario, meilleure photo, meilleur metteur en scène, et des récompenses par flopées pour les acteurs. En dehors du meilleur make up et du meilleur son (magnanimement laissés au reste du troupeau), Pain noir a tout pris, asseyant en Espagne le culte autour de son metteur en scène, Agustí Villaronga.
Celui-ci est surtout connu pour son inquiétant Tras el Cristal (1987), où il croisait Gilles de Rais et nazisme, torture et pédophilie. Etrangement, cette réputation, qui s’étend jusqu’aux Etats-Unis (ses films sont en DVD chez Cult Epics, et le Lincoln Center était fier, l’an passé, de le recevoir), n’a guère franchi les Pyrénées, sauf pour les trois folles de service spécialistes ès clips Mylène Farmer (laquelle lui a commandé celui de Fuck Them All)."
(Libération, 24 août 2011).
Romain Le Vern :
- "En apparence, Pain noir ressemble à une déclinaison de tout ce qui a déjà été fait dans le cinéma de genre espagnol, de L'esprit de la ruche (Victor Erice, 1973) à L'échine du diable (Guillermo Del Toro, 2001). La différence vient de son auteur, Agusti Villaronga qui, à l'intérieur d'un univers universel, invente une forme et traite d'une réalité spécifique au pays. En mélangeant trois romans de l'écrivain Emili Teixidor, il creuse une thématique qui le travaille depuis Tras el Cristal (1986), mais cette fois-ci sur un mode plus accessible. C'est sans doute ce qui lui a valu neuf récompenses à la dernière cérémonie des Goyas (équivalents espagnols des Césars)."
(excessif).
Le Journal du Dimanche :
- "Tendu sur une peinture très riche des ambiguïtés et des contradictions du monde catalan juste après la guerre civile, il propose un spectacle mémorable. "C’est un film émotionnel, note le cinéaste Agustí Villaronga. Il ne doit pas être une peinture de mœurs, ni la chronique d’une époque. C’est pourquoi il adopte la posture du mélodrame assez classique".
Au plus proche du regard de son héros, l’enfant narrateur, le film tire le meilleur parti de ce postulat grâce à une histoire enchevêtrée, où rien ne saurait être réduit à des oppositions simplistes. De plus, le film entrelace adroitement son atmosphère réaliste et bavarde à des débordements poétiques à la limite du fantastique, servis par de beaux effets visuels."
(22 août 2011).
Coralie Huché :
Coralie Huché :
- "Scène d'ouverture : une forêt, un double meurtre, un cheval poussé d'une falaise, dont le crâne se fracasse sur la paroi. D'entrée , Pain noir, d'Agusti Villaronga, ne dissimule pas sa violence, qui contrebalance l'omniprésence des secrets à venir. Il se montre ainsi fidèle au roman d'Emili Teixidor, qui usait parfois de crudité.
Nous sommes au lendemain de la guerre civile espagnole. Après avoir trouvé les corps, le jeune Andreu est envoyé chez sa grand-mère : son père est accusé du crime, sa mère s'échine à l'usine. Mais le dernier mot prononcé par l'un des mourants, "Pitorliua", stimule la curiosité de l'enfant. Andreu passe alors son temps à écouter aux portes, à se trouver aux bons moments aux mauvais endroits (…).
Du seul point de vue du jeune garçon et à travers sa quête de vérité, on saisit les retombées de la guerre civile sur ce petit village catalan où tout le monde ment pour se protéger. Avec l'aide remarquable de ses acteurs, Agusti Villaronga tient l'ambiguïté des personnages. Ni noirs ni blancs, la plupart se présentent aussi complexes qu'humains. Gris donc, ou marron, à en croire la poussière de leurs habitations mal éclairées et la proximité des bois."
(Le Monde, 23 août 2011).
Louis Lepron :
- "Ici, point de vils riches et de courageux pauvres ; point d'idéalistes combatifs et de fascistes impitoyables. Chacun essaye de pourvoir à ses envies, à sa vie et à ses enfants. Les meurtriers et les hommes cruels ne sont pas ceux auxquels on pense.
Andreu perd ses illusions d'enfants. La caméra suit ses jambes et son dos, trouve son regard plongé dans la misère humaine, et s'accroche à sa seule arme : l'oubli.
Bien que le scénario soit parfois alambiqué tant il s'aventure vers divers sujets, la mise en scène classique permet de faire passer la trame de « Pain noir ».
En évoquant la persécution des homosexuels, en s'aventurant vers les idéaux des perdants de la guerre civile sans en rajouter et en s'attardant sur le destin tragique d'une petite fille mutilée, Agustí Villaronga réalise un film fort."
(Rue89, 24 août 2011).
Au 58e Festival de San Sebatian, Agusti Villaronga et les acteurs du Pain Noir (DR).
Sébastien Schreurs :
- "Ce Pain noir a le goût amer d’un passé tortueux dont l’Espagne n’arrive toujours pas à se défaire. Derrière l’intrigue complexe et captivante se dessine en filigrane la perte de l’innocence enfantine. Régalant jusqu’à la dernière miette...
(…)
Entremêlant trois romans de l’écrivain Emili Teixidor, Villaronga brouille vite les pistes en reléguant au second plan une histoire de règlements de comptes minant les habitants d’un village catalan qui prend sa source dans les convictions politiques des uns et des autres en pleine tourmente de la guerre civile. La force de ce récit initiatique d’une puissance psychologique rare est de se placer à hauteur du héros âgé d’à peine onze ans, premier témoin oculaire sur le lieu du crime, qui voit peu à peu d’un tout autre œil le monde des grandes personnes parsemé de secrets et de zones d’ombre. Autant le dire tout de suite, l’épilogue fait froid dans le dos. Et on comprend dès lors mieux pourquoi l’Espagne n’a pas fini de panser ses blessures..."
(aVoir-aLire, 23 août 2011).
Nicolas Gilly :
- "Sur un fil conducteur rectiligne, Agustí Villaronga tisse un drame d’une efficacité totale. Sauf que le bonhomme ne s’est pas transformé du jour au lendemain en gentil garçon qui fait des films pour toute la famille et en oublie son trop petit cercle d’amateurs. Ainsi, jouant comme un expert la carte de l’entrisme, il glisse dans son film un propos subversif en apparence anodin ou purement provocateur, mais en profondeur d’un pessimisme terrible. Qu’il touche au thème délicat et tabou de l’éveil de la sexualité chez l’enfant, de l’attirance envers l’adulte, qu’il enrobe dans une forme de fantastique, ou qu’il impose un jugement d’une froideur extrême dans son dernier plan, le réalisateur parcourt finalement le même chemin qu’avant, sauf qu’il ne le fait plus ouvertement mais impose une lecture qui passe par le détail et la réflexion, par la symbolique également. Et c’est finalement dans les scènes en apparence les plus anecdotiques qu’il balance ses plus grosses salves, comme quand cet officier s’adresse en espagnol à Andreu qui lui répond du tac au tac, et en catalan, qu’il n’a rien compris à sa question. En deux lignes de dialogues d’une simplicité enfantine, il soulève une problématique majeure de la société espagnole et invite à y penser sérieusement."
(filmosphère, 22 août 2011).
Chris :
Pour lire la critique, reçue via les commentaires, cliquer ICI .
Chris :
Pour lire la critique, reçue via les commentaires, cliquer ICI .
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Effectivement, je n'en ai pas entendu parler. Mais il est vrai que, pendant l'été, je vais très peu au cinéma.
RépondreSupprimerMerci pour cette critique qui met le doigt sur un film qui semble très intéressant!
Bonne semaine!
@ Chrys
RépondreSupprimerContrairement à la majorité des films passant par ce blog, ce Pain Noir n'est pas quasi introuvable en France. Mais au contraire largement diffusé dans le créneau de la rentrée...
Bonne semaine aussi aux lectrices et lecteurs de votre Journal.
JEA
@ JEA : effectivement, je ne me souviens pas avoir vu de critiques sur ce film.
RépondreSupprimerMais là, vous nous permettez de rattraper cette inattention !
@ Dominque Hasselmann
RépondreSupprimerResté des mois dans les sous-sols d'une ville qui se voulait néanmoins hospitalière, j'y appris cependant la suspension volontaire de votre blog. Un choc ! Avec des ondes se prolongeant.
Grâce à vous, pouvoir continuer à déambuler curieusement dans un Paris jamais gagné et au mieux de provinces intemporelles. Mais encore sortir des affiches et des discours électoraux, des sondages et des populismes, pour se réapproprier la politique.
Votre singularité sur la toile nous manque.
Une période douloureuse encore difficile à affronter pour les Espagnols, un cinéaste à découvrir. Neuf Goyas !
RépondreSupprimer@ Tania
RépondreSupprimerMa gratitude pour les oeillets que vous déposâtes ces derniers mois au gré de vos passages par ce blog.
@ Dominique Hasselmann
RépondreSupprimerSe réhabituer à la lumière des jours...
Mes excuses pour le temps mis à distinguer sur l'horizon de la toile votre nouvelle plaque marquant "Le Tourne-à-gauche" (voir la liste de blogs à emporter sur une île déserte).
Ma première réponse en est complètement dépassée mais reste sincère.
Tout d'abord, bonjour JEA, quel bonheur de vous retrouver, vous parler en direct. C'est le plus beau jour d'août !
RépondreSupprimerJ'ai regardé sur mon quotidien national si "Pain noir" était chroniqué. Un entrefilet. Merci donc de nous ouvrir, comme vous le faites toujours si bien, des horizons...
J'irai voir Pain noir. D'autant que je sors d'un magnifique petit livre de Fernando Marias, "La lumière prodigieuse" (éditions Cénomane 2010 pour la traduction, sorti en Espagne en 91), où il est question de l'assassinat de Lorca en 36, sous un angle surprenant.
Concernant Dominique Hasselmann, il a simplement marqué un tournant. Pensez, un Irréductible ! (sourire)
http://doha75.wordpress.com/
Je vous embrasse, JEA.
Moi aussi, un temps de décalage,(sourire), je recherchais la chronique de "Pain noir" sur mon journal...
RépondreSupprimerJe vous envoie le soleil qu'il fait ici, sur les Pyrénées...
@ Michèle
RépondreSupprimerPlusieurs pages des Mo(t)saïques première version portaient sur la guerre d'Espagne et ses suites.
Il n'en reste plus qu'un éclairage de secours...
Soyez remerciée pour votre ciel des Pyrénées. Il m'en reste des nostalgies, de ce ciel faisant de grands écarts. Du moins de ces tracés d'évasions en Ariège. Mais aussi des ravages de la Milice. Quand des juifs partis de la mer du Nord aboutissaient à des barrières de neige têtue et que leurs souffrances étaient encore rendues plus aiguës par les occupants, leurs collabos et de l'autre côté, les franquistes...
Mais encore de ces républicains reçus comme des chiens avec leur famille, dans les camps français. Ou venus avec leurs armes ouvrir des maquis et qui participeront à la libération de la France !
Cher JEA, quel plaisir de vous retrouver "en direct". C'était mon anniversaire hier,c'est donc un joli cadeau.
RépondreSupprimerComme d'autres, je n'avais pas entendu parler de ce film, mais je vais le guetter dans le programme de mon Utopia, il devrait y figurer en bonne place.
@ zoé
RépondreSupprimerse prenant pour un filazane
des Ardennes rugueuses au pays chaleureux de Toulouse
une étoile filante mais quelque peu style école buissonnière
vous apporte mon cadeau d'anniversaire...
J'irai le voir. Vos nombreux billets sur la guerre d'Espagne m'ont informée et m'ont aidée à mieux comprendre ce pays. Suivant votre conseil j'ai vu le documentaire "Les chemins de la mémoire", terrible... on comprend ce lourd silence qui dixit une cousine espagnole hante encore tous les esprits et continue à diviser les familles. "Pain noir" serait le titre approprié pour désigner toute l'époque, car il n'est absolument pas "digéré".
RépondreSupprimer@ MH
RépondreSupprimerA l'exception de Viviane, ma soeur de Paris, vous êtes ici la lectrice la plus fidèlement attentive. Quand s'ouvrent les volets de ce blog, toujours vous venez y peindre des commentaires qui rendent vivants les murs, même les plus obscurs...
un message plus perso
RépondreSupprimermERCI pour vos passages chez moi, et surtout pour la façon que j'apprécie tant, que vous avez d'écrire vos commentaires...
Ce film est à l'affiche ici,et j'espère qu'il y sera encore début septembre . grâce à vous qui avez mis l'accent dessus, j'irai le voir.
RépondreSupprimer@ Coumarine
RépondreSupprimerVotre proche interview dans les locaux de la SABAM à Bruxelles : l'ombre de Paul Louka ne sera pas loin, bienveillante...
@ Maïté/Alienor
RépondreSupprimerPour éviter les équivoques. Pas question de pouvoir me plonger dans les salles obscures pour cause de santé. Mais je rêve de films non vus. Sans pour autant chercher le moins du monde à les imposer. Ce serait trop vulgaire, triste et déplacé...
C'est toujours avec plaisir que nous consultons votre blog. Le rayon de soleil nous manquait, mais il est revenu. A bientôt pour la prochaine page.
RépondreSupprimer@ Viviane
RépondreSupprimerTant qu'il ne ratak pas à plour...
Nous ne lirons pas tous les livres et nous ne verrons pas non plus tous les films dont vous parlez, ce que nous faisons, que nous aimons, c'est rêver avec vous, parler avec vous.
RépondreSupprimerEt il y a matière...
@ Michèle
RépondreSupprimerRabah Belamri :
- "Les oiseaux traversent le mur,
la maison s'ouvre en forêt
où le rêve fait son nid."
Le film est intéressant et je le conseille. je l'ai vu dans le cadre du festival du film espagnol à Nantes. Ma critique complète ici : http://chris666blogsallocinefr.over-blog.com/article-pain-noir-82275471.html
RépondreSupprimer@ Chris
RépondreSupprimerIncapable de placer dans un commentaire un lien, j'ai mis le vôtre juste avant la bande annonce du Pain Noir.
Bonjour JEA, ce film "Pa Negre" (titre original en catalan) a évidemment fait beaucoup de bruit ici, à voir évidemment.
RépondreSupprimerSans doute aidera-t-il peu à peu à "essayer de commencer à pardonner".
@ Colo
RépondreSupprimerNe pas oublier, encore moins censurer...
Tenter de comprendre, d'expliquer.
Pour la justice, il est bien trop tard.
Pour l'histoire, il n'est jamais trop tard ?
Quel plaisir JEA de vous retrouver
RépondreSupprimerRien je n'ai rien lu sur ce film mais grâce à ce billet je fonce voir si il est présent dans certaines salles de Lyon car (et ce n'est pas pour faire plaisir à Colo) mais tout ce qui touche au cinéma et littérature espagnol et la guerre civile plus encore
@ dominique
RépondreSupprimersauf erreur forcément involontaire, il semblerait que plus aucune salle de Lyon ne l'ait gardé à l'affiche
par contre, deux cinés le proposent encore pour une semaine à St-Etienne :
- le Meliès
et
- le France...
Heureusement, encore une fois, Mot(s)saïques est là pour éclairer ce qui reste dans l'ombre...
RépondreSupprimer@ blög d'Otli
RépondreSupprimerje n'en suis souvent qu'à l'âge des silex...
@ JEA : merci pour vos remarques amicales, j'ai été heureux de vous retrouver d'attaque !
RépondreSupprimer@ Dominique Hasselmann
RépondreSupprimerlà je pataugeai quelque peu
mais l'annonce de votre nouveau blog vint se poser dans mes prairies ardennaises alors que les femmes et hommes en blanc me retenaient toujours en Belgique
je ne suis de retour provisoire que ce samedi 3 décembre...