MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 14 juillet 2011

P. 52. "Kafka au Congo", le film

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Libération :
- "Pour la 15e édition du festival Résistances, ce sont à nouveau huit détenus de la maison d’arrêt de Foix (Ariège) qui se sont portés volontaires comme membres d’un des jurys. Sur la sélection des 106 films, ils ont choisi de visionner principalement des films «d’évasion», et élu Kafka au Congo, d’Arnaud Zajtman et Marlène Rabaud.
«Ce qu’ils ont apprécié particulièrement dans ce film d’auteurs, c’est de ne pas être dirigés par une voix off», rapporte Valérie Guillaudot, coordinatrice.
Le documentaire sera projeté dans la prison, en présence du cinéaste, puis en ville - deux détenus ayant obtenu une permission de sortie pour l’occasion."
(9-10 juillet 2011).
Synopsis :
- "Il y a quinze ans que Gorette Mawazu, qui s’est fait ravir son terrain, se défend seule devant la justice congolaise.
De son côté, le député questeur Bahati Lukwebo, en charge des finances de l’Assemblée Nationale du pays, tente de conserver son poste, très convoité. Plongée dans les tribunaux du Congo, ce documentaire pénètre dans les méandres de la justice d’un pays où règne la corruption. Il suit les individus dans leur quête personnelle et leur lutte face à un système dont ils choisissent souvent de rire, de peur de devoir en pleurer..."

FIDADOC :

- "Marlène Rabaud a réalisé plusieurs films sur l’univers de Kafka, au cours de ses études de réalisation aux Beaux-Arts de Rennes et un film sur l’imaginaire colonial lié au Congo, au Studio Le Fresnoy. À l’issue de ses études, elle est partie au Congo afin d’y réaliser un projet personnel.
Diplômé en réalisation radio du Goldsmiths College de Londres, Arnaud Zajtman a été pendant dix ans correspondant de la BBC World Service au Congo. Il a co-réalisé avec Marlène Rabaud de nombreux reportages en Afrique centrale pour différentes chaînes de télévision. « Kafka au Congo » est leur premier documentaire."
(Festival International de Documentaire à Agadir, 9-13 novembre 2010).

Marlène Raboud et Arnaud Zajtman (DR).

Arnaud Zajtman :

- "J’ai vécu dix ans au Congo où j’ai été le correspondant permanent de la BBC et de France 24. J’ai beaucoup couvert les conflits qui ravagent ce pays et je suis arrivé à la conclusion que la guerre, les violences sexuelles, l’accaparement des ressources naturelles par des multinationales et la corruption des élites congolaises au plus haut niveau ne représentent pas la cause réelle du malheur des Congolais. Ce ne sont là que les conséquences d’une cause première qui est l’impunité. En effet, lorsque la justice ne fonctionne pas, des bandits dépourvus de la moindre once de sens commun s’en tirent et parviennent à investir le champ politique et à obtenir des postes de pouvoir d’où ils poursuivent leurs méfaits sans jamais être inquiétés.
Et pour illustrer la question de l’impunité et de la justice mal rendue, quoi de plus cinématographique qu’une salle d’audience, avec des personnages qui campent leur rôle de manière entière : le Procureur au service du pouvoir, le juge qui est de connivence avec lui…"
(Le Congo, 12 mai 20121).

Nicolas Crousse :

- "A l’heure où l’on s’apprête à célébrer les cinquante ans de l’indépendance du Congo, voici un documentaire qui ne devrait pas passer inaperçu. Réalisé par Arnaud Zajtman et Marlène Rabaud, correspondants en Afrique pour la BBC depuis de nombreuses années, Kafka au Congo propose un voyage inédit dans les coulisses de la justice et de la politique du pays.
On y suit ainsi les mésaventures d’une femme qui s’est fait ravir sa parcelle et qui lutte devant la justice pour obtenir gain de cause… depuis quinze ans. Trop pauvre pour se payer les services d’un avocat, Gorette va de bureau en bureau, telle une cousine lointaine de Joseph K de Franz Kafka, afin de faire atterrir son dossier. Mais à chaque nouveau rendez-vous, la mécanique se grippe, on lui demande de menus bakchichs, elle perd confiance.
A l’autre échelle de la justice, il y a le « député questeur » Bahati, en charge des finances de l’Assemblée nationale congolaise. Celui-là, c’est le gros poisson. Qui profite allégrement de ce système de corruption masquée, du moins le devine-t-on… mais qui reverse néanmoins au petit peuple de son village d’origine quelques oboles, destinées à lui gagner la sympathie populaire tout en préservant les pratiques clientélistes."
(Le Soir, 19 juin 2010).

Guillaume Richard :

- "Le chaos est le sujet de Kafka au Congo. Quand, dans un pays, plus rien ne va et que ses institutions sont incapables de fonctionner, le champ se libère pour les crapules. Les deux cinéastes reprennent l’affaire Bahati Lukwebo, ce politicien accusé d’avoir détourné des millions de dollars pour son propre intérêt. Alors qu’il est discuté et sifflé par ses pères, l’homme distribue des billets de 200 dollars (sic) à la foule dans le but de conserver son poste. Dans ces moments-là, Marlène Rabaud et Arnaud Zajtman apportent un témoignage exceptionnel sur la situation politique et humaine au Congo."
(25e FIFF, 10 octobre 2010).

Stéphane Waffo :

- "Pour Marlène Rabaud et Arnaud Zajtman (…) toutes les institutions politiques sont conformes aux volontés des bâilleurs de fonds et des coopérations étrangères. Sauf que dans les faits, « il ne s’agit que d’un décor » insiste Arnaud Zajtman.
L’idée de ce documentaire qui laisse toute la place aux personnages (Pas de voix off, pas de voix des cinéastes), était de décrire le Congo de tous les jours dans «une unité de temps » bien clair, précise Marlène Rabaud. D’un côté, cette pauvre dame qui tous les jours depuis des années se bat pour protéger sa propriété. De l’autre, un individu dans un système, questeur à l’assemblée, battu par une équipe moralement réconfortée (entendu corrompue)."
(Touki Montréal, 28 avril 2010).

Gorette Mawazu, plaignante et symbole d'une cause perdue (DR).

Arte :

- "Comment défendre ses droits ou se faire élire au Congo, un pays où la corruption a été érigée en mode de fonctionnement ? Au travers de deux cas particuliers (une femme trop pauvre pour se payer un avocat, se défend seule devant les tribunaux/un député tente de conserver son poste très convoité de responsable des finances à l'Assemblée nationale), on assiste à un voyage tragi-comique dans les coulisses de la justice et de la politique au Congo."
(programmation 30 juin 2010).

Ghania Adamo :

- "Un film tragi-comique sur la corruption au Congo où magistrats, députés et hauts fonctionnaires de l’Etat actionnent à leur profit la «pompe à phynance», usant et abusant de la bonhomie de leur population. De quoi réveiller le ricanement d’un Jarry qui dans «Ubu Roi» caricatura à merveille les égarements d’un dictateur africain pansu. De quoi aussi donner quelques résonances à l’actualité."
(swissinfo, 14 février 2011).



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4 commentaires:

  1. Encore une fois le nom de Kafka est associé à un problème qui ne le concerne ni de près ni de loin, et surtout ne peut refléter l'esprit si sensible de Franz.
    Je ne juge en rien des problèmes soulevés par ce film, qui doivent être forcément vrais, mais on devrait interdire ce détournement de l'image de l'auteur, mal connu dans l'ensemble ...
    Combattre des idées reçues en en créant d'autres, je vois pas bien ...en tout cas cela démontre les raccourcis fait trop souvent par des gens sensés être au courant mais qui en fait sont des IGNORANTS.

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  2. Merci JEA, j'ai lu et regardé avec beaucoup d'intérêt votre billet qui parle du Congo kafkaïen. Ces dix minutes de vision m'ont permis de rentrer dans la peau de la courageuse Gorette. Il paraît que la corruption qui y règne y ressemble en tous points mais le voir et l'entendre sur place est particulièrement émouvant et vraiment très révoltant...
    Et parmi le jury qui a élu ce film (à sujet "barreau") il y avait 8 prisonniers, nous informe la Libération ; cela ne s'invente pas mais on les comprends.

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  3. Une impunité ahurissante, des crimes quotidiens contre les femmes de tout âge... Le terrible abandon des Congolais à leur sort, dans l'indifférence du pouvoir et de la communauté internationale !

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  4. @ JEA et Tania : "dans l'indifférence du pouvoir et de la communauté internationale" pas pour y trouver son compte!!!

    (pardon coquille dans mon com précédent on "comprend", sans s de "sort du monde qui va payer")

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