MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 5 avril 2012

P. 132. "Le policier" : film israélien...

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Site du film ? Cliquer : ICI.

Prix spécial du jury international au Festival du Film de Locarno, 2011.

Synopsis :

- "Yaron se trouve au cœur d’un groupe de policiers d’élite, appartenant à une unité anti-terroriste israélienne. Ses compagnons et lui sont l’arme, le fusil pointé par l’Etat sur ses adversaires, « l’ennemi arabe ». Yaron adore l’unité, la camaraderie masculine, son corps musclé, sa beauté.
Yaron est très excité, sa femme, enceinte est sur le point d’accoucher ; il pourrait devenir père d’un moment à l’autre. Sa rencontre avec un groupe peu commun, violent, radical, le confrontera à la guerre des classes israélienne et à celle qu’il livre à l’intérieur de lui-même."

Le réalisateur :

- "Nadav Lapid a réalisé plusieurs courts métrages lors de ses études à l’École de Cinéma Sam Spiegel, films qui furent projetés à Cannes, à Berlin et Locarno. Son film de fin d’études, «La Petite Amie d’Émile» (50 minutes) a notamment été distribué en France.
Il a participé à la Résidence du Festival de Cannes où il écrivit le scénario du «Policier». Le projet a gagné le prix du Festival du Film de Jérusalem et du Festival du Film de Thessaloniki en 2008.
Son livre de nouvelles, «Danse Encore» a été publié en Israël et en France.
Nadav Lapid a étudié la philosophie et l’histoire et a travaillé comme journaliste pour le sport et la culture, été critique de télévision et cadreur sur des documentaires."
(Rencontres internationales du cinéma, Vincennes, 27-30 janvier 2012).

Nadav Lapid à propos de ses personnages, policiers ou révolutionnaires :


- "Tous sont complètement prisonniers de leur propre univers, de leur propre système moral. Une forme d’innocence mortelle, un dévouement total à leurs causes, à la fois impressionnant et terrifiant, un autisme existentiel leur permettent peut-être d’agir, mais rendent certain leur échec à apporter un changement.

Nadav Lapid à la question : "Comment le film a-t-il été reçu en Israël ?"

- "Il a provoqué de multiples réactions. À mon grand bonheur, la presse et les critiques l’ont aimé et défendu. Par contre, le film a fait l’objet d’une censure souterraine. Il a été interdit aux moins de 18 ans, ce qui est très rare en Israël, alors qu’il ne comporte aucune scène de violence ou de sexe explicites. Cela a provoqué un scandale. Des journaux ont parlé de censure politique. Même le Ministère de la Culture a demandé de réviser cette interdiction. Un journal a raconté les nouvelles délibérations. Ce qui choquait, visiblement, c’était la violence des révolutionnaires qui kidnappent des milliardaires. Certains trouvaient qu’ils pouvaient avoir un rôle dangereusement incitatif pour la jeunesse. A contrario, la violence des policiers ne dérangeait pas du tout. La violence, c’est toujours celle des autres…"
(Actualité Israël, 27 mars 2012).

Des policiers d'élite déboussolés...(DR).

Des policiers du "plus beau pays du monde"
confrontés à la guerre... des classes !


Pamela Pianezza :

- "D’un côté, un policier anti-terroriste charismatique, musclé et respecté. De l’autre, une frêle étudiante aux idéaux communistes révolutionnaires préparant la prise en otage d’un riche patron de Jérusalem. Leurs routes se croiseront, mais Nadav Lapid prend d’abord le temps de les suivre au cours d’une journée ordinaire dans un surprenant récit en deux chapitres. Délaissant le conflit judéo musulman, il ausculte l’ennemi intérieur, dissèque les contradictions de la société israélienne et prophétise une inévitable guerre des classes."
(Première).

Camille Esnault :

- "Le Policier de Nadav Lapid avait un sujet fort et pertinent, parler du terrorisme en Israël, mais au sein même de la communauté juive. L'ennemi n'est plus la Palestine, il se trouve à l'intérieur, dans les âmes les plus pures, les enfants. Le réalisateur nous montre en effet, que la société israélienne souffre du même mal que toutes les autres, des inégalités de classe, des jeunes sans opportunités d'avenir, un système qui enrichit les riches, et appauvrit les pauvres. Dans ce chaos ambiant, un groupe de jeunes décide que ces riches doivent mourir, alors qu'un policier anti-terroriste, Yaron, entraîné pour tuer des poseurs de bombe palestiniens et non des enfants de son pays, va donner vie à une petite fille. Les deux parcours sont mis en parallèle et en même temps très nettement séparés au sein de l'économie narrative. La première partie est celle consacrée à Yaron, policier qui aime la vie, sa famille, son métier, ses coéquipiers et surtout son pays, « le plus beau du monde ». La deuxième partie est celle de Shira, jeune fille issue d'un milieu bourgeois, intégrant un groupe de jeunes révolutionnaires décidé, par tous les moyens, à redonner la parole aux classes populaires."
(toutlecinecom).

Isabelle Regnier :

- "Dans ce film, la guerre qui ronge Israël est une guerre des classes, la religion dominante est celle du confort matériel et de l'ultra-libéralisme. Volontairement maintenu hors champ, le conflit israélo-palestinien n'entre dans le film que par la bande, lorsque l'on comprend que la brigade d'élite est inquiétée pour avoir causé la mort d'un vieillard et d'un enfant palestiniens. Le fait divers lui-même est contourné, le film se concentrant sur la manière dont les policiers choisissent de sacrifier le plus faible d'entre eux pour s'éviter la sanction disciplinaire.
Israël apparaît comme une sorte de Far West où les dominants asphyxient jusqu'à leur faire rendre gorge les plus faibles, ce qui inclut bien entendu les Palestiniens. Pour autant, et sans qu'elle donne la moindre illusion quant à une possible réconciliation, la fin est porteuse d'une secrète espérance. Dans un final surprenant, très beau, dont on se gardera de révéler la teneur, une croyance dans l'humanité tout entière affleure avec une douceur inouïe. Le film n'en est que plus fort."
(Le Monde, 27 mars 2012).

Policiers - terroristes : un affrontement entre Israéliens (DR).

Corinne Renou-Nativel :

- "La mise en scène, intrigante et froide, comme à distance, reflète la psychologie des personnages. Lors de sa sortie en juillet 2011, le film a provoqué une vive polémique en Israël : il évoque la fracture sociale d’une économie développée où sévissent les plus fortes inégalités, rendue taboue jusque-là par la cohésion nationale contre les Palestiniens. Depuis l’été dernier, la contestation sociale a pris une place tout à fait inédite en Israël."
(La Croix, 27 mars 2012).

Alliance :

- "Si les policiers sont les représentants de l’ordre, ils n’en sont pas moins les premières victimes d’un système qui exploite leur naïveté, tandis que les jeunes gauchistes sont issus d’un milieu bourgeois favorisé. Même si leurs intentions sont louables, la méthode violente employée est forcément vouée à l’échec. Le dernier plan qui nous montre le doute s’emparer du policier peut sans doute s’apparenter au désarroi d’un réalisateur constatant que l’époque où l’ennemi venait de l’extérieur est révolue. Désormais, l’Etat d’Israël, inclus dans la mondialisation libérale, est traversé par les mêmes lignes de faille que toutes les grandes puissances du globe, à savoir un écart de plus en plus intolérable entre les plus pauvres et les plus riches. Jusqu’au point de rupture…"
(27 mars 2012).

Julien Mathon :


- "Dans cette tragédie grecque, Nadav Lapid impose toutefois la pudeur : évitant le piège narratif facile de la scène de tuerie hollywoodienne, un écran noir masque ce qui aurait pu être du voyeurisme. Y aurait-il des limites à un cinéma qui est présenté par son auteur comme réaliste ? Déjà, les terroristes, aux physiques de mannequins font vaciller la crédibilité du scénario.
Quelqu’un sort-il grandi de cette prise d’otage à grande échelle ? La scène finale, tuerie générale dont les seuls survivants et vainqueurs sont les personnages les plus forts, laisse un arrière goût de pessimisme… On en sort avec le sentiment d’avoir été soi-même otage d’un réel sans issue."
(critique-film.fr).





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9 commentaires:

  1. ne vois pas pourquoi le plus beau pays du onde échapperait à la lutte des classes (et crois avoir entendu dire que la société de ce pays est passablement dure, par un ami qui avait pensé s'y établir)

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  2. une façon d'essayer de comprendre ce pays par un autre bout que celui de la guerre c'est très tentant et fichtrement intéressant

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  3. "Déboussolé" comme les autres ce pays...on en parle peu, mais bien peu y échappent.
    Faut que je le trouve ce film.
    À bientôt JEA.

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  4. c'est décidé j'y vais demain!

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  5. J'ai vu ce film le lendemain de sa sortie, il possède un grand pouvoir de choc.

    C'était justement après l'affaire Mohamed Merah.

    Une oeuvre puissante, dialectique et admirablement scénarisée et filmée.

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  6. j'en reviens!
    violence gratuite?
    Rien pour donner un minimum d'espoir. Nadav Lapid a filmé ses héros sans aucune empathie, tous détestables, des gros bras musclés face à des gosses de riches complètement paumés. La scène de tir sur le pauvre arbre du désert m'a fait autant détester ces révolutionnaires qui se gargarisent de logorrhée révolutionnaire que les brutes de policiers antiterroristes!

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    1. Ah Miriam, je ne peux m'empêcher de réagir à votre commentaire même si je n'imagine pas que vous lirez la réponse mais, comme Pagnol le faisait déjà dire à son héros Topaze, les hommes ne sont point bons !
      Un film sans espoir, dites vous, mais la vraie vie vous donne t-elle plus d'espoir ? si oui, alors vous avez de la chance...

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    2. Eh bien si! je lis les réponses!
      Les hommes ne sont pas bons. Certes,
      Mais ils sont le plus souvent complexes et ambivalents dans la vraie vie, ils hésitent parfois, se repentent, même si au bout du compte....Tandis que dans le film ce sont des brutes, des machos (les policiers) ou des "révolutionnaires" décervelés.
      Sans parler des parvenus milliardaires...
      Ou alors, pire encore, 60 années de guerre et45 d'occupation auraient décervelé les gens?

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  7. La bande annonce m'a impressionné, un film dur et sans espoir ?... à voir

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