Journal de Samuel Pepys,
Traduction de Renée Villoteau, Préface de Jean-Louis Curtis,
le temps retrouvé, Mercvre de France, 2007, 572 p.
Les extraits figurant sur cette page du blog portent en références la pagination de cette édition.
4e de couverture :
- "Il semble que Pepys n'ait eu d'autre désir que de se montrer respectable et qu'il ait tenu un journal pour montrer qu'il ne l'était pas, disait Stevenson. Samuel Pepys, haut fonctionnaire de l'Amirauté, écrivit son Journal de 1660 à 1669.
C'est un document inestimable sur les premières années de la Restauration en Angleterre.
Cromwell meurt en 1658 et, deux ans plus tard, le fils du roi décapité est couronné sous le nom de Charles II. Commence alors une période marquée par une grande réaction contre le puritanisme.
Pepys est un grand bourgeois respectable et comblé, mais son journal - insoupçonné de ses contemporains - révèle un autre personnage, viveur, jouisseur, ingénu et cynique, curieux de tout, de la Cour comme de la ville.
Source incomparable de renseignements sur la vie à Londres au XVIIe siècle, le Journal de Samuel Pepys présente avec vigueur, pittoresque et drôlerie, le portrait d'un ineffable excentrique."
C'est un document inestimable sur les premières années de la Restauration en Angleterre.
Cromwell meurt en 1658 et, deux ans plus tard, le fils du roi décapité est couronné sous le nom de Charles II. Commence alors une période marquée par une grande réaction contre le puritanisme.
Pepys est un grand bourgeois respectable et comblé, mais son journal - insoupçonné de ses contemporains - révèle un autre personnage, viveur, jouisseur, ingénu et cynique, curieux de tout, de la Cour comme de la ville.
Source incomparable de renseignements sur la vie à Londres au XVIIe siècle, le Journal de Samuel Pepys présente avec vigueur, pittoresque et drôlerie, le portrait d'un ineffable excentrique."
L’Express :
- "Dix ans de la vie d'un haut fonctionnaire londonien sous le règne de Charles II. La restauration monarchique après Cromwell, la cour et la ville, l'essor d'une carrière, l'épouse et les maîtresses, des ennuis digestifs, l'amour de la musique, la peste de 1665, l'incendie de Londres en 1666. Un document saisissant de vérité. L'une des pierres angulaires de la civilisation britannique."
(19 avril 2001).
Détail d'un portrait de Samuel Pepys par John Hayl - 1666 (DR).
Bolcho :
- "Très peu connu chez nous, mais il paraît que tout bon Anglais en possède un exemplaire dans sa table de nuit, entre la Bible et le pot de chambre (enfin, pour le pot de chambre, je ne suis pas sûr).
Pepys a écrit son Journal entre 1660 et 1669 et la grande originalité de cette oeuvre est qu'elle n'était pas du tout destinée à être publiée, au point qu'elle a été écrite en langage codé. Cela vous donne un ton d'une sincérité assez surprenante; l'homme ne se montre pas que sous son meilleur jour. Et pourtant, il est extrêmement attachant. Pepys est haut fonctionnaire à la Marine à Londres. On va vivre avec luila Grande Peste de 1665, l'incendie de 1666 et la guerre contre la Hollande et la France par exemple. A côté de ces "reportages" de première main, on aura droit à tout ce qui fait la vie quotidienne de Samuel Pepys: sa femme qu'il adore (et toutes les autres qu'il bouscule goulûment), sa première consommation de thé en 1667 (eh oui, les Anglais ne l'ont pas toujours connu ce breuvage...), de chocolat chaud, de jus d'orange ("agréable, mais je me demandais si ça n'allait pas me faire du mal").
(...) Pepys est un grand curieux en matière scientifique. Il suit de près tous les progrès de l'époque (les lunettes d'approche, les premières transfusions de sang, les premières montres portables, les expériences sur la lumière, la discussion sur la génération spontanée, etc). Quelle époque !"
Pepys a écrit son Journal entre 1660 et 1669 et la grande originalité de cette oeuvre est qu'elle n'était pas du tout destinée à être publiée, au point qu'elle a été écrite en langage codé. Cela vous donne un ton d'une sincérité assez surprenante; l'homme ne se montre pas que sous son meilleur jour. Et pourtant, il est extrêmement attachant. Pepys est haut fonctionnaire à la Marine à Londres. On va vivre avec lui
(...) Pepys est un grand curieux en matière scientifique. Il suit de près tous les progrès de l'époque (les lunettes d'approche, les premières transfusions de sang, les premières montres portables, les expériences sur la lumière, la discussion sur la génération spontanée, etc). Quelle époque !"
(Amazon.fr, critiques libres, 25 octobre 2001).
Première page "sténographiée" ou "encodée" du Journal. Samuel Pepys se protégeait ainsi des lectures indiscrètes (DR).
Pour voir pendre, écarteler et dépecer...
13 octobre 1660 :
- "Je suis allé à Charing Cross, pour voir pendre, écarteler et dépecer le major Harrisson (1); ce qui fut fait, le major paraissant d'aussi bonne humeur que peut l'être un homme en pareille circonstance. On le coupa en morceaux et l'on présenta sa tête et son coeur au peuple qui poussa de grands cris de joie. Ainsi, le sort a donc voulu que je visse décapiter le Roi (2) à Whitehall, et que je visse encore aujourd'hui, à Charing Cross, le premier sang versé pour le venger. De là chez Mylord, où j'ai retrouvé le capitaine Cuttance et M. Sephy pour aller des huîtres à la taverne du Soleil. Ensuite, par la rivière, chez moi où je me suis emporté contre ma femme qui laisse traîner ses affaires partout. Dans ma colère, j'ai brisé à coups de pieds le joli petit panier que je lui avais acheté en Hollande. J'en fus bien fâché ensuite. Passé l'après-midi à placer des rayons dans ma bibliothèque. Le soir au lit."
(P. 60).
15 octobre :
- "Ce matin, M. Carew (3) a été pendu et écartelé à Charing Cross. Par faveur extraordinaire, ses membres ne seront pas exposés.
(...)
J'ai très mal dormi cette nuit parce que ma femme avait le nez bouché, ce qui la faisait ronfler. C'est la première fois que cela lui arrive."
(PP. 60-61).
19 octobre :
- "Au bureau. Ce matin, on a terminé l'installation de ma salle à manger : tentures de serge verte et cuir doré. Ce matin, Hacker et Axtell (4) ont été pendus et écartelés, comme tous les autres. Ce soir j'ai veillé tard pour préparer les comptes de Mylord. Je m'aperçois qu'il me doit plus de quatre-vingt livres. Cela fait plaisir à voir et j'en remercie Dieu."
(P. 61).
20 octobre :
- "Cet après-midi, en allant chez mon tapissier, à Saint-Bartholomé, je vis les membres des traîtres, récemment mis à mort, exposés à Aldersgate. Triste spectacle. Nous venons de passer deux semaines sanglantes. il n'y a pas eu moins de dix personnes pendues et écartelées. A la maison, et, après avoir écrit à mon oncle, au lit."
(P. 61).
Samuel Pepys (5) : Ex libris (DR).
21 octobre (jour du Seigneur) :
- "Nous sommes allés à la taverne de la Couronne. En passant devant chez lui, Georges Vines m'a fait monter en haut de sa tourelle, d'où j'ai vu la tête de Cook et celle d'Harrisson, exposées chacune d'un côté du palais de Westminster, en châtiment de leur trahison. De là-haut, j'étais très bien mis pour les voir et pour admirer en même temps un fort beau point de vue sur les environs de Londres. Après souper, j'allai au lit. Ces deux derniers jours, ma femme a beaucoup souffert de ses clous, toujours au même endroit, ce qui la gêne énormément. A midi, j'ai accordé mon luth (Dieu me pardonne !) auquel je n'avais pas touché depuis bien longtemps."
(P. 62).
Notes
(1) La signature de ce major figurait parmi celles marquant la condamnation à mort du roi.
Né en 1600, Charles 1er fut porté sur le trône d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande en 1625.
(2) Le 30 janvier 1649.
(3) John Carew, autre régicide.
(4) Axtel commandait la garde au cours du procès en Haute-Cour du roi. Hacker exerça la même charge lors de l'exécution de Charles 1er.
(5) Pour parcourir Londres frappée par la peste en 1665 et décrite par Samuel Pepys, retrouvez le blog de Dominique, "à sauts et à gambades", page du 20 avril dernier. Cliquer : ICI.
(5) Signature de S. Pepys (DR).
.
Pour voir pendre, écarteler et dépecer...
13 octobre 1660 :
- "Je suis allé à Charing Cross, pour voir pendre, écarteler et dépecer le major Harrisson (1); ce qui fut fait, le major paraissant d'aussi bonne humeur que peut l'être un homme en pareille circonstance. On le coupa en morceaux et l'on présenta sa tête et son coeur au peuple qui poussa de grands cris de joie. Ainsi, le sort a donc voulu que je visse décapiter le Roi (2) à Whitehall, et que je visse encore aujourd'hui, à Charing Cross, le premier sang versé pour le venger. De là chez Mylord, où j'ai retrouvé le capitaine Cuttance et M. Sephy pour aller des huîtres à la taverne du Soleil. Ensuite, par la rivière, chez moi où je me suis emporté contre ma femme qui laisse traîner ses affaires partout. Dans ma colère, j'ai brisé à coups de pieds le joli petit panier que je lui avais acheté en Hollande. J'en fus bien fâché ensuite. Passé l'après-midi à placer des rayons dans ma bibliothèque. Le soir au lit."
(P. 60).
15 octobre :
- "Ce matin, M. Carew (3) a été pendu et écartelé à Charing Cross. Par faveur extraordinaire, ses membres ne seront pas exposés.
(...)
J'ai très mal dormi cette nuit parce que ma femme avait le nez bouché, ce qui la faisait ronfler. C'est la première fois que cela lui arrive."
(PP. 60-61).
19 octobre :
- "Au bureau. Ce matin, on a terminé l'installation de ma salle à manger : tentures de serge verte et cuir doré. Ce matin, Hacker et Axtell (4) ont été pendus et écartelés, comme tous les autres. Ce soir j'ai veillé tard pour préparer les comptes de Mylord. Je m'aperçois qu'il me doit plus de quatre-vingt livres. Cela fait plaisir à voir et j'en remercie Dieu."
(P. 61).
20 octobre :
- "Cet après-midi, en allant chez mon tapissier, à Saint-Bartholomé, je vis les membres des traîtres, récemment mis à mort, exposés à Aldersgate. Triste spectacle. Nous venons de passer deux semaines sanglantes. il n'y a pas eu moins de dix personnes pendues et écartelées. A la maison, et, après avoir écrit à mon oncle, au lit."
(P. 61).
Samuel Pepys (5) : Ex libris (DR).
21 octobre (jour du Seigneur) :
- "Nous sommes allés à la taverne de la Couronne. En passant devant chez lui, Georges Vines m'a fait monter en haut de sa tourelle, d'où j'ai vu la tête de Cook et celle d'Harrisson, exposées chacune d'un côté du palais de Westminster, en châtiment de leur trahison. De là-haut, j'étais très bien mis pour les voir et pour admirer en même temps un fort beau point de vue sur les environs de Londres. Après souper, j'allai au lit. Ces deux derniers jours, ma femme a beaucoup souffert de ses clous, toujours au même endroit, ce qui la gêne énormément. A midi, j'ai accordé mon luth (Dieu me pardonne !) auquel je n'avais pas touché depuis bien longtemps."
(P. 62).
Notes
(1) La signature de ce major figurait parmi celles marquant la condamnation à mort du roi.
Né en 1600, Charles 1er fut porté sur le trône d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande en 1625.
(2) Le 30 janvier 1649.
(3) John Carew, autre régicide.
(4) Axtel commandait la garde au cours du procès en Haute-Cour du roi. Hacker exerça la même charge lors de l'exécution de Charles 1er.
(5) Pour parcourir Londres frappée par la peste en 1665 et décrite par Samuel Pepys, retrouvez le blog de Dominique, "à sauts et à gambades", page du 20 avril dernier. Cliquer : ICI.
(5) Signature de S. Pepys (DR).
.
.
m'agace et me séduit tour à tour Pepys, son honorabilité, sa dureté et son sentimentalisme
RépondreSupprimer@ brigetoun
RépondreSupprimerlui est particulièrement complexe et nous, perplexes...
Epique époque où le vert de la salle à manger répondait au rouge du sang répandu...
RépondreSupprimer@ Otli
RépondreSupprimerPomPomPomPom... Ici Londres... Voici nos messages du 24 octobre :
- "Ernest va devoir retirer ses Chaussons avant de tomber dans les pommes..."
- "Sa pomme d'Adam n'est pas une pomme d'amour..."
Il me semble qu'on y parle beaucoup de "pendre" d'"écarteler", de "dépecer" et puis de "nez bouché", de "joli petit panier(!)" ou d'"accorder son luth" et d'"aller au lit"... sur le même ton.
RépondreSupprimerEtrange époque tout de même où l'horreur côtoyait le quotidien en toute quiétude.
C'est sidérant ce contraste entre le rapport détaché des mises à mort publiques incroyablement cruelles quotidiennes de ses semblables et ses réflexions sur les petits tracas qui l'affectent réellement (le ronflement de sa femme par ex). Les suppliciés font parties du monde lointain et sa femme contre laquelle il râle mais pour laquelle il se fait aussi du souci lui est très proche.
RépondreSupprimerFinalement nous réagissons de la même façon avec le spectacle des attentats et supplices en Arabie ou en Afrique vus à la télévision sauf que nous faisons un peu semblant de nous affecter pour ne pas paraître sans coeur. Et puis ce ne serait guère sain non plus s'il se préoccupait plus de ce que ressentent des gens qui semblent ne lui être rien que de ce qu'éprouve sa femme.
Finalement il se pourrait que nous ne soyons pas aussi différent qu'on pourrait le croire à première vue.
Il aurait pu chroniquer de la même manière - même si ça manque de... peps' à mon goût - le sort infligé à Kadhafi et la remise au goût du jour, en Libye "libérée", de la charia avec sa cohorte de lois rétrogrades.
RépondreSupprimer@ MH
RépondreSupprimerHorreurs sans (fausses ?) pudeurs, comme des tumeurs... Elles rongent une société qui ne se sait pas malade.
@ Euterpe
RépondreSupprimerA lire votre blog, on apprend qu'à Berlin, aujourd'hui, de multiples yeux ont été arrachés aux portraits de personnages de la Renaissance pour être accrochés comme des trophées sur des édifices publics-piloris de la capitale.
Merci d'avoir délaissé le temps d'un précieux commentaire, votre quête fantastique aux entrées pour cette Expo Renaissance qui vous tient tant à coeur.
@ Dominique Hasselmann
RépondreSupprimerVoir lyncher qui que ce soit en entendant hurler en même temps : "Dieu (quel qu'il soit) est grand" !!!
Quand, sous nos yeux, l'horreur est quotidienne, devient-elle banale, anodine à ce point?
RépondreSupprimerNous réfugions-nous dans des détails pour la surmonter?
Questions, questions...
@ Colo
RépondreSupprimerLe mot "question" (cet oxygène de la pensée) fut même détourné vers l'euphémisme cynique pour évoquer des tortures destinées à faire avouer...
La mort en spectacle : épouvantable. Une banalité à l'époque de Pepys. La nôtre banalise l'horreur à sa manière.
RépondreSupprimer(Les commentaires passent sans problème à présent, pour info.)
@ Tania
RépondreSupprimerLe conseil de Colo a été suivi d'effets bénéfiques : abandonner explorer qq chose pour firefox.
Les commentaires ont retrouvé leur liberté. Par contre, surviennent des pépins pour déterminer la grandeur des caractères sur les nouvelles pages.
Je suis nul en informatique et c'est sans espoir...
Bravo pour la nouvelle belle apparence !
RépondreSupprimerA propos du journal de Pepys, je me permets de vous joindre un lien : http://www.pepysdiary.com/archive/
@ Adria Cheno
RépondreSupprimerQue vous soyez sensible au nouveau masque et à la nouvelle plume de ce blog, me touche beaucoup.
Merci aussi pour le lien d'une autre dimension que cette page...
Impossible à lire d'une traite dans sa version intégrale car il y a beaucoup de passages ennuyeux mais un condensé doit être pas mal, je saute allègrement les pages quand je le lis et j'aime particulièrement les passages sur la vie quotidienne, un monsieur qui ne devait pas être drôle tous les jours ! mais un portrait fabuleux de l'époque
RépondreSupprimerMerci JEA pour le lien vers mon billet
@ Dominique
RépondreSupprimerMais c'est justement votre billet qui m'a rappelé ce volume du "temps retrouvé", une collection que je fréquente assidument...
Moi qui fus traumatisé dans ma prime jeunesse à la lecture du récit de l'éxécution du roi Charles par Alexandre Dumas, suis bien content d'apprendre aujourd'hui comment ses juges et ses bourreaux furent punis !!!
RépondreSupprimerSérieusement dans ces temps violents il n'y avait pas lieu de s'offusquer à la vue de ces orgies de vengeance, elles étaient quasi naturelles, tout comme aujourd'hui de voir la tête à Kadhafi implorant qu'on ne le tue pas ...
@ Vinosse
RépondreSupprimerLa vengeance est un plat qui se goinfre dégueulasse...
Pas sûr que je tiendrais sur la longueur cette lecture d'un journal....
RépondreSupprimerJ'en feuilletterais quelques pages avant de me lancer!
Belle journée à vous!!!
@ Chrys
RépondreSupprimerPas vraiment la fantaisie d'un Guiseppe Arcimboldo...